Jeune du 18. Abel Rodrigues (génération 2001), qui habite alors à Château Rouge, grimpe encore un peu plus au Nord de la capitale pour prendre une première licence à l’ES Parisienne, à six ans. Il n’y restera pas longtemps, sa famille déménage à La Courneuve et lui signe à l’AS Courneuvienne dans la foulée. Puis, à neuf ans, il se pose (un peu) en s’engagent avec le Paris FC. Le club où son père, qui est aussi son homonyme, a terminé sa carrière. Un Abel Rodrigues part, un autre déboule. Plus tard, son petit frère Sandro effectuera quelques années de sa préformation au Paris FC, avant que son grand frère Kévin n’y devienne éducateur des U9 et U10.

Abel, qui a déjà des conseillers à douze ans, est, lui, repéré par Liverpool alors qu’il effectuait un test à Manchester City… C’est ainsi que, jusqu’à qu’il atteigne les U17 Nationaux avec le Paris FC, le jeune latéral gauche multiplie en parallèle de sa formation les stages chez les Reds, pour disputer avec eux des tournois entre autres. Il passe un an en U17 Nat avec le PFC, puis un autre avec les 17 de Montrouge, avant de partir pour la grande aventure et traverser la Manche… Son arrivée au Liverpool FC coïncide avec le retour au premier plan du club, Abel est en plein rêve. De Château Rouge aux Reds.

Changement de galaxie

Un autre monde. « La manière de travailler était complétement différente de ce que j’avais connu auparavant. C’était très axé sur le physique », se rappelle l’intéressé. Avant de détailler sa pensée : « On m’a tout de suite mis à la musculation et j’ai dû prendre dix kilos ! L’intensité des entraînements, c’était quelque chose aussi… Tout était carré et professionnel. Avec un suivi individualisé et constant. On se pesait quasiment tous les matins… » Le tout avec une source d’inspiration cinq étoiles : « On se calquait sur les pros. Ce qu’ils faisaient en match, on essayait de le reproduire à l’entraînement. Par exemple, à mon poste, on regardait le nombre de courses qu’avait fait (Andrew) Robertson sur l’ensemble d’une rencontre, et en fonction de ça le coach me montrait le nombre de courses que je devais réaliser au prochain match… »

Mais si l’aventure est belle, son dénouement arrive plus tôt que prévu pour Abel. Touché par la maladie d'Osgood notamment, il voit son contrat ne pas être reconduit en 2020. Le défenseur ne se formalise pas : « Le foot est comme ça. Quand tu es dans un club, c’est éphémère. Un jour tu es là et l’autre ailleurs. J’ai vite accepté la situation. C’est la vie. Je me dis que si je travaille, j’aurais une autre chance ! » De retour en région parisienne à l’été 2020, en pleine pandémie sanitaire, Abel Rodrigues rebondit rapidement à l’US Lusitanos Saint-Maur (National 2 - Groupe B). Encore une fois, sans revendiquer quoi que ce soit, mais en espérant un jour pouvoir toucher son rêve du doigt.

Augustin Delaporte