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24 avril | 20h20

Analyse vidéo (1/3). Un métier à l'ère du numérique

Voici le premier des trois volets de notre dossier sur l'analyse vidéo, outil en plein développement dans le milieu amateur. Actufoot met aussi en relief les différences qui existent avec le monde professionnel. (Crédit photo : AS Nancy Lorraine)

ANALYSE VIDEO

Actufoot s’est intéressé au monde de l’analyse vidéo, un outil qui se développe fortement aujourd’hui et apparaît désormais fréquemment même au niveau amateur. Pour évoquer ce sujet, nous avons eu la chance de nous entretenir avec trois analystes vidéo actuellement en poste dans des structures de différents niveaux. Cyprien Holzhammer (ASNL, National), Jimmy Abahmaoui (AS Monaco, Régional 1) et Valentin Oberkugler (RC Pays de Grasse, National 2) ont répondu à nos questions et nous ont donné leur vision de leur métier.

La formation

Comme tout domaine en développement, des formations et diplômes voient le jour afin de préparer et former des experts en la matière. Des cursus qui n’existaient pas encore il y a de ça quelques années. Nous avons eu la chance de voir que nos trois protagonistes avaient des parcours différents et donc qu'il existe plusieurs chemins pour atteindre ce poste d’analyste vidéo. Premièrement, Cyprien, actuellement en poste à l’AS Nancy Lorraine a obtenu un bachelor en management du sport et suit actuellement une formation avec l’Ecole des Métiers du Football en parallèle de son expérience avec le club du chardon où son tuteur est José Martinez, un analyste vidéo confirmé. Pour Jimmy, l’aventure a commencé par STAPS où il a découvert rapidement l’analyse vidéo grâce à Vincent Brunet, analyste pour le PSG et s’est vu proposer de rejoindre le DU (Diplôme Universitaire) d’analyste vidéo à Font-Romeu. Pour finir, Valentin s’était formé sur tout ce qui était montage vidéo grâce à son bachelor et suit la formation FRFP (Formation des Recruteurs du Football Professionnel) dédiée donc aux recruteurs et aux analystes vidéo. Les possibilités sont multiples, le métier se développe et la passion se crée dès la jeunesse.

Actufoot • Cyprien Présentation ASNL

Cyprien Holzhammer lors de la séance photo de présentation du staff de l'ASNL.

Les outils de travail

Pour travailler sur de la vidéo, il y a tout d’abord une nécessité de filmer, donc des caméras mais ensuite de réaliser un travail de montage pour identifier certaines séquences, donc des logiciels. Au plus petit niveau cela peut se faire avec très peu, comme nous dit Jimmy « il suffit d’une caméra et quand tu n’as pas une automatique tu peux toujours trouver quelqu’un, un joueur du club, un bénévole, un supporter ou autre. » Aujourd’hui à l’ASNL, Cyprien a lui commencé avec encore moins de moyens au club de Pagny-sur-Moselle, évoluant en R1 dans le Grand Est. Pour lui « on peut faire des choses sans utiliser beaucoup de moyens, j’ai même débuté avec juste un téléphone et un trépied. » Nous évoquions avec lui comment les clubs amateurs se tournaient petit à petit vers ce travail et il nous a délivré un exemple particulièrement intéressant. « Je suis conscient que le travail par la vidéo n’est pas la priorité de tout le monde mais je sais que ça commence à prendre, par exemple un club de R3 de ma région s’est récemment acheté des caméras Veo ! » (Caméra automatique spécialisée pour la captation dans le sport).

Actufoot • Valentin Oberkugler Grasse

Valentin Oberkugler sous les couleurs du RC Pays de Grasse.

Lorsque l’on passe au niveau supérieur, forcément cela nécessite des outils beaucoup plus pointus et performants. Valentin a lui apporté un petit plus personnel au RC Pays de Grasse, qui est pourtant équipé grâce à son niveau (N2), et nous explique comment il travaille. « Pour le séquençage j'utilise Première Pro et ONCE pour dessiner. Pour la captation on a les caméras Speedeo qui sont sur le stade puisque toute la N2 est rattachée avec eux. Mais pour tout ce qui est lié aux entraînements, je filme avec un drône qui m’appartient. » De même lorsque l’on est une structure professionnelle comme l’ASNL, les moyens mis à disposition sont beaucoup plus importants.

Venant du niveau amateur, Cyprien a dû rapidement prendre en main tous les nouveaux outils qui lui étaient mis à disposition. Il raconte son adaptation lorsqu'il a intégré le staff d'Albert Cartier (qui a aujourd'hui été remplacé par Benoît Pedretti). « J’ai dû me familiariser avec Hudl Sportscode, c’est le logiciel qui est leader sur le marché alors que moi auparavant j’utilisais ONCE, un logiciel qui permettait simplement de récupérer les vidéos, de séquencer, de mettre des petites animations. Surtout, il était très abordable, alors que celui que j’utilise maintenant ne rentre pas dans les mêmes sommes et est donc difficile d’accès pour un club amateur. Avec ma formation et mon tuteur, on a poussé au niveau des logiciels, du codage et de la data pour être au point rapidement. » Un logiciel que Jimmy a lui aussi la chance de pouvoir utiliser grâce à sa formation mais n’a accès qu’à une partie limitée qui lui permet cependant de travailler efficacement. « Grâce à l’école j’ai accès à des logiciels de base, je peux travailler sur Hudl mais avec un accès limité, je n’ai pas tout l’aspect dessin, je peux tout de même accéder au séquençage et aux fiches de stats. Pour le reste j’utilise Dartfish, donc j’exporte mes séquences que je fais avec Hudl sur ce logiciel et ensuite je peux faire du dessin. »

Actufoot • Cyprien Ordinateur

Cyprien Holzhammer, travaillant sur son logiciel, Hudl Sportscode.

Une semaine type

Pour nous donner une idée du travail d’un analyste vidéo à son niveau, Valentin nous a expliqué comment se déroule une semaine de travail type pour lui au sein du RC pays de Grasse en National 2. « On travaille de cette façon : Le mardi on fait le retour vidéo sur le match, l’aspect offensif puis défensif et toutes les choses que nous avons faites de positif ou de négatif. Après dans la semaine on a les vidéos individuelles ou par secteur donc les défenseurs, les milieux et les attaquants. Le vendredi on a une vidéo sur la présentation de l’adversaire et sur sa façon de jouer et ses schémas de jeu. Et pour finir, le samedi, avant le match, on a une séance où on va montrer les failles que l’on peut utiliser pour déstabiliser l’adversaire. » Sans oublier tout son travail de récupération vidéo, de montage et de dessin pour obtenir des séquences intéressantes, attractives et pertinentes.

Au niveau supérieur (National), après avoir connu un changement d'entraîneur et travaillant désormais avec Benoît Pedretti, Cyprien nous raconte comment il fonctionne et quelles sont ses missions. "La semaine dépend de quel jour on va jouer, donc à J-6 je vais rendre au coach un résumé sur l'adversaire afin qu'il puisse préparer les séances avec les adjoints. A J-5 et J-4, on fait les retours de matches, un jour animation offensive et l'autre animation défensive. Ensuite à J-3 on analyse les coups de pieds arrêtés offensifs et défensifs de l'adversaire. J-2, on commence à monter des images aux joueurs par exemple leurs buts ou leur dernier match, on sélectionne aussi les séquences qu'on souhaite montrer aux joueurs pour la séance vidéo. Je fais également le montage avec les schémas s'il faut en rajouter grâce à Hudl. J-1 je prépare des analyses individuelles des joueurs adverses qui seront ensuite affichées dans le vestiaire, ainsi que la préparation de nos coups de pieds arrêtés avec le coach et l'entraîneur des gardiens. Voilà enfin le jour J, on démarre par la séance vidéo le matin en arrivant au stade. Ensuite durant le match, j'ai mon matériel pour coder la rencontre et faire de la data que je vais ensuite montrer au coach dans le vestiaire pour la deuxième mi-temps." A tout cela s'ajoute un travail de fond qu'il ne faut pas négliger, la clé est surtout l'organisation pour Cyprien. "Voilà en gros une semaine type mais il faut y ajouter certaines choses. Les séances d'entraînements sont filmées grâce à VEO, on filme toutes les séances sauf les décrassages les lendemains de rencontre. Ensuite j'ai des matches à coder pour la semaine d'après sur le prochain adversaire, j'essaye d'avoir toujours une semaine d'avance. Une fois le rythme trouvé, ça va tout seul et il ne me reste plus qu'à faire le remplissage des données du match d'avant pour la data."

Voici donc les bases du métier d’analyste vidéo, comme nous l’avons introduit dans cet article, il existe forcément une frontière entre le monde professionnel et amateur et c'est ce sur quoi nous nous pencherons lors de notre seconde partie ce mercredi à 20h…

Jules Gris

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