28 avril | 20h00
Analyse vidéo (3/3). Le futur de la profession
Troisième et dernier volet de notre travail sur l'analyse vidéo. Nous concluons ce dossier en parlant de l'évolution possible du métier, comment peut-il se perfectionner et quels seront les débouchés pour les passionnés ? (Crédit photo : DR)
La dernière partie de notre travail met en lumière comment le monde de l’analyse vidéo dans le football pourrait se développer dans le futur ainsi que les changements auxquels le métier pourrait faire face. Nous vous laisserons vous faire votre propre idée mais pour l’instant la parole est à nos spécialistes.
L’herbe est peut-être plus verte ailleurs…
Jimmy Abahmaoui, qui suit actuellement son DU analyste vidéo, a la chance de pouvoir rencontrer et échanger avec des analystes vidéo venant d’autres sports et pour lui, le football, qui est le sport avec le plus de moyens, est encore en retard sur certains. En effet on peut se poser la question, comment le football n’est-il pas au top sur le reste du monde sportif ? Pour Jimmy, il faudrait apprendre auprès d’autres personnes. "Lorsque je parlais d’échange, mes formateurs travaillent dans d’autres sports. On voit ce qui est fait au rugby ou handball par exemple, tous ces échanges permettent de s’améliorer. Quand on entend tout ce qu’ils font dans ces sports où il y a moins de moyens, ça peut donner des idées pour le football, d’amener de nouvelles façons de travailler. Je trouverai ça hyper intéressant de mélanger les sports, pour moi c’est comme ça qu’on pourra s’améliorer encore plus. Il pourrait y avoir de la collaboration entre les ligues et entre les clubs."
Son exemple le plus marquant est, pour lui, chez nos amis du ballon ovale. "Au rugby, je trouve ça incroyable leur façon de travailler, le coach n’est pas sur le terrain il est en haut avec les analystes vidéo, il regarde en temps réel les statistiques et les séquences et transmet des consignes aux préparateurs physiques qui sont eux sur le banc. Il donne leurs consignes en temps réel, c’est le sport qui pour moi est le plus développé en termes de vidéo. Par exemple l’entraîneur peut demander une action directement en temps réel à son analyste vidéo, après c’est un sport où il y a plus de temps morts, mais il peut tout observer en temps réel et transmettre ses consignes par talkiewalkie aux personnes sur le banc. Je sais qu’au foot les analystes vidéo commencent à se rapprocher de plus en plus du terrain pour avoir plus d’impact. Je pense que c’est comme ça que l’on pourra se développer encore plus dans le football, en prenant exemple sur d’autres sports qui avec moins de moyens arrivent à faire aussi bien voire mieux."
Une vision que partage Valentin, qui a lui aussi l’envie d’aller voir ce qui se fait ailleurs pour pouvoir s’en inspirer dans son travail. "Je pense que c’est important de voir ce qui se fait ailleurs, pour s’imprégner de tout ce qui se passe dans les autres sports. Je sais qu’au basket et au rugby ils poussent beaucoup plus loin le travail vidéo mais je ne me suis pas encore informé là-dessus, pour l’instant je me suis tourné uniquement sur le foot mais c’est très bien d’en parler en effet."

Jimmy Abahmaoui, analyste vidéo du groupe R1 de l'AS Monaco.
L’avenir de l’analyse vidéo
Dans une ère où l’informatique est de plus en plus présente et capable de réaliser de plus en plus de choses, on peut se poser des questions sur l’avenir du métier d’analyste vidéo. Seront-ils remplacés par des machines ? Mais aussi, avec le développement de ce métier, est-ce que les jeunes qui désirent se lancer dans cette voie pourront tous trouver un poste à temps plein dans un club ?
Pour Valentin, nul doute que le métier va subir des changements, mais dans le bon sens du terme. "C’est possible que beaucoup de choses s’automatisent, avec l’arrivée de toute la data c’est une grosse force pour la vidéo. Je pense que comme dans tous les corps de métier au bout d’un moment peut-être que les robots peuvent prendre le dessus, mais pour analyser la tactique je ne pense pas, car il faut avoir un œil assez avisé sur le sujet et avoir un échange avec le staff."
Jimmy voit les choses de la même façon, pour lui l’avancée du numérique pourra permettre à l’analyste vidéo de gagner du temps et ainsi accentuer son travail sur d’autres aspects très intéressants. "C’est une question qu’on se pose souvent entre nous étudiants et même avec nos professeurs et la réponse que j’ai envie de donner c’est que la vidéo il y a de l’automatisation des données, encore plus au niveau professionnel, on a des statistiques en temps réel, c’est très impressionnant, on l’a vu à la Coupe du Monde. Finalement c’est un gain de temps et un avantage pour l’analyste vidéo, qui grâce à ça peut se concentrer sur d’autres choses. A mon niveau, si je n’avais pas à faire tout le séquençage je pourrais me pencher sur d’autres aspects, il y a tellement de combinaisons à faire sur le mélange des statistiques et les facteurs de performance qu’au final on ne s’arrêtera jamais. Je pense qu’un ordinateur ne pourra jamais analyser comment joue une équipe, en tout cas c’est mon point de vue, il faudra toujours une analyse personnelle pour pouvoir la communiquer au coach ensuite. Les personnes qui travaillent à haut niveau peuvent trouver de nouveaux indicateurs de performances, de nouvelles indications, de nouvelles combinaisons de statistiques. Il y a pleins de possibilités et le fait d’avoir accès à tout cela nous permet de travailler encore mieux."

Cyprien Holzhammer pendant une séance d'entraînement de l'ASNL.
De la place pour tout le monde ?
Au niveau des places qui vont se créer dans le futur pour réaliser ce métier, Cyprien voit déjà, au niveau amateur, des staffs qui deviennent de plus en plus "professionnels" et donc cela devrait, pour lui, se répercuter sur le monde pro. Il sent de plus en plus d’engouement autour de ce domaine, pour son plus grand bonheur. "Dans un club de R1 comme Pagny-sur-Moselle où j’ai travaillé, le staff était de cinq personnes sans compter le kiné, les intendants etc. Je pense que le football amateur se développe beaucoup. Et c’est pareil dans mon domaine, je reçois beaucoup de messages de personnes qui veulent des conseils sur le métier, des clubs aussi qui me contactent pour me demander comment je faisais auparavant, ça fait plaisir." Valentin, lui, pense que toutes les personnes intéressées et passionnées par ce métier peuvent avoir l’opportunité de trouver un poste, il reste en effet de la place sur les bancs des rectangles verts. "A ce niveau-là, d’après ce que j’ai pu comprendre en N2 la plupart des équipes travaillent sur la vidéo, certaines ont un analyste vidéo associé comme moi et d’autres c’est le staff qui s’en occupe. Même en National, tout le monde n’a pas forcément un analyste vidéo attitré. Je n’ai aucun doute là-dessus c’est un métier qui peut se développer et il y a des opportunités." Alors, chers passionnés, nous n’avons qu’un mot à vous dire, lancez-vous !
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