"On n'a pas le même maillot, mais on a la même passion". Ce dicton, très
célèbre dans le monde du football, Hugo Capron l'a bien en tête. Lui, qui
est aujourd'hui arbitre au niveau régional, et qui envisage de grimper les
échelons, explique pour Actufoot le parcours, la formation, les missions,
et le quotidien des hommes en noir au niveau amateur.Comment en vient-on à devenir arbitre de football amateur« Pour ma part, cette trajectoire m’est en quelques sortes un peu tombée
dessus. Ce qui m’a donné envie de suivre cette formation, c’est
essentiellement le fait de découvrir de nouvelles choses. Je me suis aussi
dit qu’au final, on parle peu de l’arbitre. Généralement, on voit beaucoup
les 22 joueurs mais moins l’arbitre. Ce constat m’a intrigué et je me suis
dit ‘pourquoi pas me lancer’. Aujourd’hui, j’ai la chance d’être licencié
au RC Lens. Ce qui fait que j’ai l’opportunité d’arbitrer des matches
amicaux de certaines équipes du club, les U19 et la N2, tout comme je peux
officier au tournoi international U10 La Gaillette Cup. »La formation« La formation se décompose en deux parties : une théorie et une pratique.
La première se déroule sur quatre journées. Ce peut aussi être sur quatre
samedis. Chaque fois, de 8h à 18h. Au cours de ces journées, il nous est
enseigné les lois du jeu, les courses, les déplacements et placements de
l’arbitre, ainsi que la manière de gérer un conflit. Au terme de celles-ci,
un examen théorique écrit est à passer. Pour le valider, il faut obtenir la
note minimale de 15. S’ensuit un examen pratique et physique, pour lequel
le but est de courir une certaine distance en un laps de temps donné. En
jeunes, c’est 30 fois 64 mètres, en Ligue 30 fois 68 mètres, et plus on
monte de niveau, plus la distance s’allonge.Une fois ces deux étapes validées, nous avons la possibilité de participer
à des matches tests. On est accompagné par un parrain, lui aussi arbitre
officiel, qui observe notre prestation. Généralement depuis les tribunes,
il prend des notes, remplit une grille de compétences qu’il doit
transmettre aux délégués, et à la fin de la rencontre, il nous dit ce qui
va, ce qui va pas et les axes à améliorer. En sachant que l’on dispose d’un
quota maximal de quatre matches tests.La rédaction d’Actufoot vous propose 5 idées qui visent à améliorer
l’arbitrage professionnel du football français ⬇️ #Ligue1 #L1
@Ligue1UberEats #Football #Arbitrage #VAR #professionnel
https://t.co/k4ArFi4aFY— Actufoot (@Actufoot_com) January 11, 2021A qui s’adresser ?« Pour celles et ceux qui souhaitent devenir arbitre, il faut avoir minimum
13 ans. Cette voie est ouverte à tous. Si la personne est affiliée à un
club, il faudra alors se rapprocher de son président ou de son référent
arbitre. Si elle ne l’est pas, il faudra alors se tourner vers son district
ou sa Ligue. »Les qualités demandées« L’une des qualités indispensables est d’être bon physiquement. Il faut
pouvoir tenir la cadence car le football est de plus en plus athlétique.
Par ailleurs, il faut savoir s’imposer sur le terrain en ayant une autorité
naturelle, et sans tomber dans l’autoritarisme. L’idée est de pouvoir
« gérer » son match. Enfin, être arbitre nécessite d’avoir un certaine
confiance en soi. Mais comme les autres qualités, celle-ci se travaille
aussi. »Les exemples d’arbitres« Etre un ancien joueur n’est pas indispensable pour pouvoir assurer ce
rôle. On peut toujours regarder des matches en se focalisant sur les hommes
en noir, ou pas. Personnellement, il m’arrive parfois de regarder des
matches sans nécessairement prendre en compte ce que fait l’arbitre. Pour
évoluer en terme de niveau, il faut avoir sa propre personnalité. Donc on
peut, en district, en Ligue ou en pro, s’inspirer, prendre quelques
conseils que l’on applique ensuite, mais il ne s’agit pas de reproduire
exactement ce que fait un pro. »A lire aussi :Tony Chapron : « Etre arbitre amateur, c’est flippant ! »Le travail au quotidien« Pour continuer à garder le rythme et s’exercer au-delà des 90 ou 120
minutes que l’on dispute à chaque rencontre, on est amené à courir,
plusieurs fois par semaine pendant une certaine durée. Dans mon cas
personnel, je fais quatre footings de 1 heure chaque semaine. On peut
également travailler sur les appuis, le gainage, et sur plein d’autres
exercices athlétiques. Chaque année, on a, dans nos districts ou nos
Ligues, un rassemblement qui est fait, durant lequel on travaille sur des
séquences vidéos avec des points et des actions de jeu bien précis. Il nous
est demandé la décision que l’on va prendre, et cet exercice peut aussi
être fait en individuel, chacun chez soi. C’est ce que j’essaye de faire,
de temps en temps : je m’arrête sur des faits de jeu et je réfléchis à la
façon dont j’aurais arbitré. »Les contraintes et difficultés d’un arbitre amateur« Pour commencer par les contraintes, l’une des principales est qu’il faut
nécessairement être disponible le week-end. Ce peut-être ennuyeux car cela
nous empêche de faire d’autres choses, comme de voir notre famille par
exemple. Et puis, les contestations, ce sont les difficultés auxquelles
nous sommes le plus souvent confrontés. On peut tomber sur des joueurs
insistants, véhéments, mais cela fait partie du football et il faut s’en
accommoder. Chaque année, il y a des arbitres agressés. Il y en a peu, mais
c’est déjà trop. Et je pense que c’est une des raisons pour lesquelles
beaucoup ne veulent pas se lancer. Cette problématique nuit au
développement du secteur. »Un bon arbitre, c’est quoi ?« Comme je dis souvent, un bon arbitre c’est un chef d’orchestre qui est là
pour accompagner le jeu, et le diriger en fonction des lois du jeu. Il
donne un jugement personnel, c’est vrai, mais il permet que les 90 ou 120
minutes se déroulent dans de bonnes conditions. »« J’aimerais que l’on se détache de cette image de l’arbitre comme étant
quelqu’un qui court, qui siffle et qui met des cartons. Il faut voir
l’arbitre comme un fan de foot. »Hugo Capron, arbitre amateurLa particularité d’un arbitre amateur par rapport à un pro« Ce qui change, c’est principalement le niveau de jeu. Plus on monte en
terme de catégorie, plus le niveau est élevé. Je ne dis pas que chez les
pros c’est forcément plus facile d’arbitrer, mais on constate qu’en amateur
il y a davantage de contestation, de fautes, et on laisse davantage jouer
en professionnel. Après, de mon côté, je n’ai jamais réellement fait de
distinction entre la façon d’arbitrer entre amateur et pro. Pour ma part en
tout cas, que j’arbitre en district, en Ligue, en N2 ou en amical, j’adopte
toujours la même ligne de conduite. »La promotion de l’arbitrage« J’aimerais que l’on se détache de cette image de l’arbitre comme étant
quelqu’un qui court, qui siffle et qui met des cartons. Derrière ce
portrait-robot, il y a beaucoup de travail. On s’entraîne physiquement et
mentalement, on se met en condition, et il y a une réelle préparation
d’avant-match. Quand on reçoit nos désignations, on va chercher des infos
sur les équipes. Après la rencontre, il y a un suivi qui doit être établi
concernant les cartons notamment, et le rapport disciplinaire. Il faut voir
l’arbitre comme un fan de foot. On n’a pas le même maillot, mais on a la
même passion. L’arbitrage, c’est l’école de la vie. Il permet de s’ouvrir
aux autres, de prendre confiance en soi et d’être responsable puisqu’il
demande de prendre des décisions en quelques secondes seulement. La
contestation, ça fait partie du football, mais il faut que cela reste
modéré. Puisque les joueurs sont les premiers à critiquer quand l’arbitre
prend une décision qu’ils jugent mauvaise, mais nous on ne les critique pas
quand ils rate une frappe ou un tir. »