Éducateur depuis maintenant plus de 5 ans, Azad M'Changama, entraîneur U10
et responsable foot à 5 de l'AS Moulins s'est exprimé sur son rôle de
formateur et ses projets futurs.Azad, pour commencer, pouvez-vous nous rappeler votre parcours ?J’ai commencé il y a 5 ans à l’ECM Victorine en tant qu’éducateur.
J’amenais très souvent mes deux petits frères à l’entraînement et deux
personnes du club m’ont incité à me lancer. Moi, ça m’intéressait
énormément et j’admirais leur travail du coup j’ai commencé à prendre en
charge une équipe U9 que j’ai suivie plusieurs saisons. Après ça, je suis
parti à l’AS Moulins et j’y suis depuis 3 ans en tant que responsable du
foot à 5 et éducateur d’une équipe U10.Avez-vous des diplômes ?Je suis actuellement en apprentissage BMF (Brevet Moniteur Football) et
j’ai passé les C.F.F 1 et 2, la saison passée.« Une personne qui doit inculquer des valeurs fortes à ses joueurs. »Pour vous, c’est quoi un vrai formateur ?Je dirais que c’est d’abord une personne qui doit inculquer des valeurs
fortes à ses joueurs. Le respect, l’humilité, la fraternité… Après, je
pense qu’il doit être un exemple donc il doit savoir de quoi il parle. Il y
a évidemment la notion de progrès à prendre en compte et surtout de plaisir
à cet âge-là. Si je devais choisir trois mots, je dirais travail,
discipline et plaisir. Je pense qu’il faut aussi surtout rester proche de
ses joueurs pour qu’ils ne se sentent pas mis à l’écart mais impliqués.Globalement, quel bilan faites-vous de cette saison ?On avait eu des plateaux et tout se passait bien, mais ce fut court. Avec
l’arrêt des compétitions, ça devient un peu compliqué. On a notre
programmation annuelle qui a été déréglée à cause du sans-contact, les
plannings ont changé… Après, on a surtout mis en place des ateliers
ludiques et PEF. Le plus important reste que les enfants prennent du
plaisir et continuent à progresser à leur rythme.« Cet engouement autour de la compétition nous manque énormément. »Vous êtes déjà concentré sur la saison prochaine du coup ?Oui, logiquement on travaille déjà en interne sur la saison qui va arriver.
Je vais rester au club donc il va y avoir du boulot dans les semaines et
les mois à venir. J’ai une proximité particulière avec ce club, c’est mon
quartier et j’aimerais continuer à apporter ma pierre à l’édifice pour
continuer à le faire grandir.Le manque de compétition a-t-il un impact sur la progression de vos joueurs
?La compétition c’est le rendu du travail fait la semaine, donc notre moyen
de voir dans quels domaines, ils ont encore des lacunes ou dans lesquels
ils ont réellement progressé. Ça va être dur à mesurer mais il y aura
logiquement de l’impact. Au-delà de ça, il y aussi de la frustration et
tout cet engouement autour de la compétition nous manque énormément. On
essaye donc de leur faire comprendre que c’est difficile pour tout le monde
et que la récompense sera méritée. En plus, avec tout ce qu’on met en place
au club, les ateliers, les spécifiques, on peut dire qu’ils oublient vite.« Faire revenir les jeunes du quartier qui se sont exilés dans les clubs
alentours. »Dans votre club, il y a aussi un vrai aspect social à gérer.Oui, c’est l’un des points très importants de notre travail. On a essayé
d’enlever un peu cette image de « club de quartier », avec l’arrivée d’Anthony Rimbert et Jean-Baptiste Scimeca. On travaille à
fond depuis 3 ans sur l’éducatif et le social. Le club veut vraiment
permettre aux jeunes de prendre du plaisir et éviter de trainer. Avec tout
ce qui peut se passer, on ne peut pas se permettre de les perdre en route.
On fait les stages pendant les vacances, des sorties, des ateliers PEF, et
de nombreux évènements au club grâce à notre label « Club de Vie ». Franchement c’est un plaisir pour les gamins. Ça nous permettra par la
suite de plus travailler le côté sportif.Justement, avez-vous des projets à l’avenir ?Ça fait deux, trois saisons qu’on se focalise énormément sur l’aspect
social et éducatif, du coup par la suite on veut monter en gamme au niveau
sportif. On veut d’abord faire revenir les jeunes du quartier qui sont
partis dans les clubs alentours. Ça nous permettra de devenir le grand club
formateur de Nice-Ouest. À l’image du Cavigal à l’Est. En formant bien nos
jeunes, on pourra évoluer à un bon niveau dans la plupart des catégories.
Si on y arrive, on pourra élever le niveau de la pratique et attirer
beaucoup plus de joueurs. Mais, on va devoir être encore plus exigeant en
passant par la formation des éducateurs, et le recrutement. Je suis
quelqu’un d’ambitieux, et quand je m’investis c’est à 2000%. J’ai seulement
23 ans et encore beaucoup à donner et à apprendre donc je ne me fixe pas de
limite.