« Si à chaque fois qu’il entre il marque un ou deux buts ça me va… », affirmait Niko Kovac ce vendredi soir après le match nul concédé par son équipe face au LOSC au Stade Louis-II. Quelques minutes auparavant Wissam Ben Yedder avait offert l’égalisation à l’AS Monaco dans ce match d’ouverture de la 14e journée de Ligue 1. Un match que l’international français n’avait, une nouvelle fois, pas débuté à la grande surprise de nombreux observateurs, mais aussi des supporters.

Le jeune attaquant néerlandais, Myron Boadu, lui avait été préféré pour occuper le poste d’avant-centre. Kovac voulait ainsi récompenser le bon travail de ce dernier durant la trêve internationale, mais aussi tenter de profiter d’éventuels espaces dans le dos de José Fonte, comme il l’a argumenté face aux caméras de Prime vidéo. L’entraîneur croate de l’ASM avançait également que son attaquant vedette, sélectionné en Équipe de France pour les rencontres face au Kazakhstan et à la Finlande, n’avait pas été présent avec le groupe durant dix jours.

Être international, un handicap ?

Faire partie de l’une des meilleures sélections du monde serait donc un handicap aux yeux de Niko Kovac… À ce titre il aurait également pu laisser Aurélien Tchouaméni sur le banc puisque ce dernier était aussi présent avec les Bleus durant cette trêve internationale. Pourtant le milieu de terrain était bien titulaire au coup d’envoi, donnant du plomb dans l’aile à l’argumentation de son coach sur le cas Ben Yedder. Car la question qui se posait à la lecture de la feuille de match l’était encore plus au coup de sifflet final, tant ce dernier a apporté à son équipe durant les 23 minutes qu’il a passé sur la pelouse.

Au-delà du but égalisateur inscrit 11 minutes après son entrée en jeu, WBY a démontré sur chacun des ballons qu’il a eu à négocier que se passer de lui durant les 3/4 du match est une absurdité. Figure de proue de l’AS Monaco depuis son arrivée en 2019, Wissam Ben Yedder affiche pourtant des statistiques édifiantes. Face au LOSC, il a marqué son 50e buts en 93 matchs disputés sous le maillot rouge et blanc ! Également auteur de 18 passes décisives, son bilan parle très largement en sa faveur. Son comportement aussi, le joueur n’ayant jamais montré de signe négatif face au traitement des plus curieux à son encontre depuis que Kovac a pris les commandes de l’équipe durant l’été 2020.

Seulement 10 matchs complets sur 53 en L1 !

Car malgré ces chiffres édifiants, malgré le fait qu’il n’ai manqué qu’un seul des 54 matchs de Ligue 1 disputés par son équipe depuis le début de saison 2020-2021 (positif au coronavirus, il avait manqué la réception du PSG lors de la 11e journée la saison dernière, ndlr), Wissam Ben Yedder ne semble pas indispensable aux yeux de son entraîneur. Remplaçant à 9 reprises, dont 4 cette saison, il n’a disputé que 11 rencontres en intégralité. Quand il débute les matchs, il est aussi le plus souvent le premier attaquant à être remplacé par Niko Kovac. Une tendance qui n’échappe ni aux observateurs, ni aux supporters qui ne comprennent pas ce traitement réservé à un joueur qui est en plus le capitaine de son équipe…

Déjà présentes la saison dernière, les interrogations se font plus fortes aujourd’hui au regard des résultats décevants de l’AS Monaco depuis le début de l’exercice 2021-2022. L’exceptionnelle phase retour des Monégasques durant le premier semestre 2021 ne laissait que peu de place à la polémique. Mais au-delà des résultats, c’est aussi le casting qui accentue cette situation inconfortable. Quand Ben Yedder était sur le banc ou sortait en cours de match la saison dernière, c’est le talentueux et expérimenté Stevan Jovetic qui le remplaçait le plus souvent. Le Monténégrin semblait enfin tenir la route après de multiples pépins physiques, mais son contrat, qui prenait fin en juin 2021, n’a pas été renouvelé.

Kovac/Ben Yedder, une relation ambigüe

L’AS Monaco, qui s’est également séparée de Pietro Pellegri et Willem Geubbels, éternels espoirs abonnés à l’infirmerie, a préféré miser sur le jeune international espoir néerlandais, Myron Boadu. Une idée séduisante sur le papier cet été, un cuisant échec aujourd’hui. Certes Boadu n’est pas blessé, certes il montre un état d’esprit positif et travailleur, mais ses lacunes techniques sont criantes et ses statistiques faméliques. Auteur d’un seul petit but en Ligue Europa sur la pelouse du PSV Eindhoven, Boadu n’a toujours pas trouvé le chemin de filets en Ligue 1 cette saison en 12 apparitions. Pour beaucoup, le préférer à Wissam Ben Yedder pour débuter les matchs s’apparente presque à un manque de respect tant la différence de niveau est abyssale entre les deux joueurs. Le problème serait-il humain entre les Kovac et son buteur vedette ?

Pour tenter de donner encore un peu de crédit à ce curieux choix de Kovac, on peut avancer l’enchaînement des matchs avec l’ajout d’une compétition européenne cette saison. Le coach fait tourner son effectif, c’est logique. Si l’AS Monaco s’impose jeudi prochain face à la Real Sociedad avec un Ben Yedder titulaire et buteur, Kovac aura encore un peu raison et c’est tout ce que l’on peut lui souhaiter. Mais s’il voulait déstabiliser un joueur qui est tout de même le leader de son équipe, il ne s’y prendrait pas autrement… Pour conclure, on peut aussi avancer que Wissam Ben Yedder est le premier coupable en donnant toujours raison à son coach, puisqu’il a marqué face au LOSC son 8e but de l’année après être entré en jeu. Quelle idée d’être bon en toutes circonstances…