Jean-Claude, comment avez-vous rebondi au CSC de Cayenne ?

Quand j’ai arrêté le football, j’ai d’abord voulu rentrer en Guyane pour retrouver ma famille et me ressourcer un peu, tranquillement. Puis, mon ami de toujours Steeve Falgayrettes, qui était alors sélectionneur de la Guyane à ce moment-là, m’a demandé si je ne voulais pas reprendre du service pour donner un coup de main à la sélection. Alors, pendant un mois et demi je me suis préparé, j’ai perdu 12 kilos, et on a participé avec la sélection à la compétition caribéenne où l’on a eu de bons résultats. J’étais même capitaine. C’est comme ça que je me suis remis un peu dans le football, puis j’ai passé la première partie de mes diplômes d’entraineur. Entre-temps, Falgayrettes a repris le CSC (de Cayenne), et il m’a encore appelé... Pour que j’apporte mon expérience. Et, comme on avait déjà travaillé ensemble, et que ça c’était très bien passé, je me suis dit : " pourquoi pas ? " Ça me permettait de mettre le pied à l’étrier. On a alors repris l’équipe.

Qui était proche de la relégation l’an passé…

C’est vrai, le Covid nous a un peu sauvés. Puis on a recruté malin. En plus de la base qu’il y avait déjà. Aujourd’hui, notre début de saison est très bon : on a gagné la Coupe de France régionale et on est premier pour le moment en championnat. Maintenant, soit l’aventure s’arrête samedi, soit elle continue. On ne sait jamais. J’ai été professionnel et j’ai vu pas mal de petits poucets éliminer des équipes bien supérieures à eux sur le papier. Donc si c’est arrivé avant, pourquoi pas nous ? Même si, je ne vous cache pas que ça sera très compliqué. On a tiré le gros lot. Mais en même temps, ça va servir d’expérience pour les joueurs.

Falgayrettes, c’est une personnalité importante du football guyanais ?

C’est ça. Il faut savoir qu’il est un éducateur très respecté en Guyane. Ça fait 37 qu’il est dans le milieu. La plupart des jeunes joueurs guyanais partis en métropole, notamment Ludovic Baal ou Donovan Léon, … Tous ces joueurs-là sont passés entre ces mains. Il a une connaissance très approfondie du football. Et cela fait très longtemps que l’on se connait. Donc, comme je sais qu’il est très performant dans ce qu’il fait, je n’ai pas vraiment hésité. Nous formons un bon trio avec Christian Tisserand, qui, il y a quelques années, a été champion avec le club. On a la même vision du football. On se complète. On a aussi en commun le fait de vouloir faire circuler le ballon, de ne pas le dégager n’importe comment et de refuser de subir. Oui, le PFC est favori, mais on doit se battre avec nos armes. Si on gagne on créera la surprise, et si on perd on doit le faire en montrant nos valeurs. Pas en passant notre temps à défendre. On veut montrer qu’on sait jouer au football.

Vous jouez encore, c’est exact ?

Oui je joue encore en vétéran. Ça fait trois ou quatre années que je suis meilleur buteur, donc ne vous inquiétez pas je suis toujours présent (Rires) ! J’ai même le record sur une saison avec 55 buts. C’était il y a trois ans. Alors que l’ancien record était de 35. Comme je savais que j’allais passer de l’autre côté, j’ai mis un record qu’on ne pourra pas battre (Grands éclats de rire).

Vous avez d’autres projets en parallèle ?

J’ai un projet immobilier que j’ai fini de mettre sur place, et j’avais une boite de nuit, mais depuis l’année dernière j’ai dû la fermer à cause de la crise sanitaire. Pour un retraité, je suis pas mal occupé (Sourire).

L’envie d’entraîner en métropole est toujours présente ?

Bien sûr. J’espère que mon passage à ce niveau-là va m’y aider. Je n’ai pas encore de piste, mais j’ai passé une partie de mes diplômes en Guyane et ça va venir petit à petit, j’imagine. J’ai joué dans pas mal de clubs en métropole, ça peut m’aider. Et puis je n’ambitionne pas de prendre une équipe première tout de suite, mais si je peux entrer dans une structure pour apporter mon expérience, puis faire mon chemin au fur et à mesure, je prends.

Comment se passe l’acclimatation de l’équipe depuis lundi, notamment avec le froid ?

Vous avez bien fait de m’appeler aujourd’hui. Ça aurait été en début de semaine, je vous aurais dit que c’était difficile… Mais là, après quatre jours, c’est mieux. On s’est entraîné lundi en arrivant, puis deux fois mardi et deux fois mercredi. Aujourd’hui c’est le jour de repos, donc on a donné deux heures aux joueurs pour qu’ils aillent faire du shopping, qu’ils se changent les idées. Ça commence à aller au niveau de l'acclimatation. Mais je ne vous cache pas que c’est difficile en ce moment. On a malgré tout préparé des consignes spécifiques pour que l’équipe puisse s’entraîner. Le petit souci que l’on a c’est que le terrain d’entrainement n’est pas éclairé, donc on ne peut pas s’entraîner à l’heure du match, on doit le faire l’après-midi.

Mince, embêtant ça non ?

Ce n’est pas idéal mais les infrastructures sont de qualité. Hormis ce petit problème d’éclairage, on est très bien logé, il y a la thalasso, une piscine, un spa, etc On est dans une structure de très haut niveau.

Quel joueur faut-il suivre samedi du côté du CSC de Cayenne ?

… (Silence) On a un bon collectif, mais je vous laisse la surprise pour samedi. Si je vous donne le nom d’un joueur, connaissant Thierry Laurey qui est un entraîneur très malin… (Rires) Il faut qu’il ait la surprise !

De manière plus générale, quel état des lieux faites-vous du football guyanais ?

Par rapport à ce qu’il se faisait il y a dix ou quinze ans, le football guyanais a régressé. C’est d’ailleurs l’un de nos chevaux de bataille. On aimerait reboosté le football guyanais, parce que les trois dernières années sont assez loin de qu’il se faisait dans le temps. Il faut s’y investir et repartir de la base pour rehausser le niveau.

Pourquoi a-t-il régressé ?

Je ne veux pas polémiquer, il faudra poser la question aux dirigeants de la Ligue.

Votre plus beau souvenir en Coupe de France, c’est…

Forcément la victoire avec Lorient en 2002, on gagne 1-0 et je suis buteur. Après, si on peut créer l’exploit samedi…

Augustin Delaporte