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28 février | 15h35

De Roanne à Rennes, l'explosion de Lucas Da Cunha

16 ans et 190 jours. C'est l'âge, auquel Lucas Da Cunha, milieu offensif polyvalent du Stade Rennais, a signé son premier contrat professionnel avec le club Rouge et Noir en décembre dernier. Un record dans l'historique rennais, une ascension exceptionnelle pour le natif de Roanne (Loire).

Lucas Da Cunha

De son départ de Roanne (juin 2016), à la signature de son premier contrat professionnel à Rennes (décembre 2017), s'est écoulé quinze mois. Quinze mois durant lesquels Lucas Da Cunha a connu une ascension fulgurante, de son arrivée au club breton, à ses premières sélections en Equipe de France, jusqu'à cette première consécration : Un contrat pro au Stade Rennais à seulement 16 ans et demi. Un signe fort envoyé par les dirigeants bretons lorsqu'on connait la qualité de la formation rennaise. Vincent Decaluwe, éducateur du milieu de terrain chez les U15 Elite au Roannais Foot 42 reconnaît l'immensité du chemin parcouru par son ancien protégé : "Très sincèrement, on savait qu'il avait un gros potentiel. C'est le meilleur jeune que le club ait connu depuis longtemps. Ce qu'il a montré là-bas depuis quinze mois, intégrer un centre, devenir le plus jeune pro du club, rejoindre l'Equipe de France... Ca va à 2000 mille à l'heure. Ce n'est pas une progression que Lucas a connu, c'est une explosion. Il a franchi plusieurs caps". Armando Bianchi, son éducateur chez les U13, confirme :"A l'époque, je voyais déjà qu'il était déjà au dessus du lot. Il était déjà doué en U12-U13. Il avait toutes les qualités, un pied gauche remarquable, de grosses capacités physiques, intelligent dans le jeu, travailleur et à l'écoute. Sa progression est très rapide mais il a été patient. Pendant deux saisons en U14 et U15, il a presque maintenu l'équipe élite à lui tout seul. Il était prédestiné à ce qui lui arrive en ce moment "appuie l'ancien joueur professionnel du Paris Saint-Germain (78-81).

Recalé à l'OL et à l'ASSE

Si tout semble aller de plus en vite dans la carrière du jeune ailier, que Vincent Decaluwe utilisait en meneur de jeu chez les U15 Elite de Roanne "pour bonifier l'équipe, car il marquait et faisait jouer les autres", Lucas Da Cunha n'a pas eu un parcours facile avant de rejoindre le pensionnaire de Ligue 1 : "C'était un peu les montagnes russes avec Lucas. Il a passé beaucoup de détections au sein des clubs pros, notamment à l'OL et à Saint-Etienne, mais également au Pôle Espoirs de Dijon. Il a essuyé des refus, je recevais les coups de fils des clubs pros et il fallait les annoncer à Lucas et à sa famille. Mais je pense que c'est le point central de l'histoire. Cela a développé chez lui une certaine rage de réussir plutôt que de sombrer dans la déception. Ca l'a fait murir" raconte son dernier formateur au RF42, qui l'accompagnait à chacune des détections tentées. Il essaye d'expliquer ses premiers échecs : "C'est difficile, on sentait que c'était un bon joueur mais il n'était pas encore au-dessus des autres lors des détections. C'est de février à mai (2016) qu'il a explosé. C'était peut-être trop tard pour la plupart des clubs qui avaient bouclé leur recrutement. On est un club partenaire de l'ASSE, on aurait évidemment aimé qu'il rejoigne Saint-Etienne, mais on n'a aucune rancœur envers eux ni envers l'OL". Finalement, c'est après plusieurs observations de la cellule de recrutement rennaise lors de cette même période, suivies d'une semaine d'essai concluante au sein de l'Académie rennaise, que Lucas Da Cunha allait enfin décoller.

Un jeune avec la tête sur les épaules

Si son âge lui permet encore d'évoluer au sein de la catégorie U17, le natif de Roanne poursuit sa progression sous le maillot des U19 Nationaux du Stade Rennais voire du groupe National 2. Un statut qui fait de lui un joueur "double surclassé". Vincent Decaluwe le connaît par cœur : "Techniquement, il sait tout faire. Pour nous, c'était le joueur complet. Il sait se mettre en évidence tout étant très altruiste. S'il est capable de faire basculer le match à tout moment, il est aussi en mesure de bonifier l'effectif et faire gagner ses copains. Physiquement, il avait peut-être un retard musculaire chez les U13, mais il a évolué athlétiquement, ce qui lui a permis d'exploser en U15. Je l'ai vu progressé sur l'aspect défensif, savoir où se placer, être plus agressif. Il a beaucoup travaillé le plan défensif. Sur cette dernière année, il a su passer un cap et montrer d'autres choses sur le plan mental". L'éducateur, qui entretient aujourd'hui une belle relation avec son ex protégé, se souvient d'un match où Lucas Da Cunha avait particulièrement brillé : Du temps où notre club s'appelait encore Loire Nord Football, on a été battre l'équipe 1 de l'OL en U15 élite à Gerland (2-3). Il avait été énorme individuellement et avait bonifié l'équipe de façon sensationnelle. Je m'étais arrêté de coacher, je le regardais, il pouvait tenter n'importe quel geste, il réussissait. Je ne le compare pas à Zidane, mais il avait rayonné sur la rencontre comme Zidane avait pu le faire lors de France-Brésil à la Coupe du Monde 2006. Sans compter son doublé et sa passe décisive, il avait marché sur l'eau. Ce jour-là, on s'est dit qu'il n'y avait plus aucune contestation possible quant à son avenir".

 Lucas, c'est un garçon qui a des facilités intellectuelles, de l'humilité, il est capable d'aller vers les autres, il passe bien avec tout le monde

En plus de son talent indéniable, l'ailier aux 5 buts en Equipe de France (U16-U17) est un garçon équilibré, qui peut compter sur des parents bien derrière lui : "On les croise quoitidiennement. Le papa est un dirigeant du RF42, qui nous aide beaucoup. On a gardé de très bonnes relations. Quand le contrat pro a été signé, ils ont proposé de faire un pot avec les éducateurs du club pour montrer leur reconnaissance. Quand on écoute le discours des parents, on ne se fait aucun soucis pour lui. Quant à Lucas, c'est un garçon qui a des facilités intellectuelles, de l'humilité, il est capable d'aller vers les autres, il passe bien avec tout le monde. Beaucoup de joueurs qui percent dans leur club respectif ne laissent pas la super image qu'il a laissée ici". L'explosion extraordinaire de l'ancien du FC Matel reste cependant à surveiller tant elle grimpe : Est-ce que ca va trop vite ? J'en discute beaucoup avec son papa mais aussi avec Lucas. Le message que j'essaye de faire passer, c'est que tout va très vite dans le football aujourd'hui. Il sera important qu'il gère du mieux possible le premier couac, sa première blessure, sa première non-convocation etc". Même son de cloche chez Bianchi : "On decelait un gros potentiel, je pense que des clubs comme Lyon ou l'ASSE regrettent de ne pas l'avoir pris, même si Rennes a eu le soupçon de réussite de l'observer à son meilleur niveau. Pour lui, le plus dur est à venir. Son énorme atout, c'est qu'il a la tête sur les épaules. Certains pensent que tout est arrivé lui non. On a tellement vu de jeunes disparaitre au bout de trois ans car ils n'ont pas été sérieux. Je reste persuadé qu'il faut rester très mesuré car une carrière professionnelle dépend de tellement de paramètres... Mais il a des parents très solides derrière" . Fort d'une carrière pro, l'ancien milieu de terrain est aujourd'hui fier d'avoir pu contribuer à l'éclosion d'un jeune talent qui vise le même rêve que lui : "En tant qu'éducateurs, cela nousfait évidemment très plaisir de le voir arriver là. C'est notre travail de tout mettre en oeuvre pour que les gamins se donnent les moyens de réussir. Il faut qu'il continue de respecter la vie telle qu'elle est, de travailler, et d'avoir confiance en lui, même si c'est le cas, je pense, aujourd'hui. C'est sur la longueur du temps qu'on pourra juger".

Reconnaissant, Lucas Da Cunha n'avait pas omis d'exprimer sa gratitude envers ses clubs formateurs et ses différents éducateurs, dans une interview pour le site du RF42 après sa signature à Rennes : "Déjà, à l’heure d’aujourd’hui, si je suis au Stade Rennais, c’est grâce au RF42. Tous les éducateurs que j’ai eus m’ont tous apporté, en commençant par ceux de Matel, puis au RF42". Qui sait, dans 10 ans, c'est peut-être Sabri Lamouchi que le prodige de 16 ans et demi remerciera...

Visuel : Actufoot / photo joueur (Breizh Images)

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