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Interviews

9 novembre | 16h00

Départemental 1 (F) : la grande complexité à s'imposer

Le football féminin a connu une refonte des championnats a l'aube de la saison 2023-2024. Celle-ci a eu de nombreuses conséquences pour les clubs. Cinq entraineurs de Départemental 1 ont été interrogés au sujet du niveau bouleversé par ce changement, des effectifs ainsi que sur l'avenir du football féminin. (Crédit photo : Trinité SPFC).

Féminines

La restructuration du football féminin a eu de nombreuses conséquences au niveau de la pratique amateur. Passant de deux poules en D2, à une seule, créant une nouvelle division D3 comportant elle-même deux poules de 12 équipes, une seule division régionale (R1) et une autre au niveau district. Parmi les entraîneurs interrogés en Départemental 1, tous déclarent que celui-ci est coupé en deux, que le niveau des équipes n'est pas homogène. Axel Talmoudi, entraineur de l'équipe réserve de l'AS Monaco, énonce que "certaines équipes sont proches de monter en R1 et d'autres, ne sont pas prêtes. Nils Villemans, entraineur du FC Mougins précise que, "Il y a 4/5 équipes présentes depuis plusieurs années et 4/5 autres qui débutent. Les écarts de niveaux sont là mais on les retrouve juste au-dessus aussi en Régional 1. Au sein d'un championnat, il y a deux minis-championnats."

Du côté de Cagnes-sur-Mer, Carine Rosa témoigne de son expérience en Ligue il y a deux saisons de cela, "C'est très différent. Le niveau reste assez bas car de nombreuses joueuses n'ont pas joué avant, ou ont commencé tardivement. Ce n'est pas homogène. Lorsque j'ai connu la montée en R1, il y avait toujours deux trois équipes qui jouaient la montée. Depuis, Cannes est monté, Monaco n'a plus la même réserve qu'avant, c'est différent." "En district on parle vraiment de débutante pour beaucoup, elles sont en apprentissage, elles vont moins vite progresser. Elles peuvent faire du foot à 11, même celles de plus de trente ans en sénior car souvent ce sont des filles qui n'ont pas pu en faire avant et qui en ont sûrement manqué." Remy Roman, coach de Villeneuve Loubet rejoint les propos de Carine Rosa. Ce dernier est arrivé cette saison à la tête de l'équipe féminine district, entrainant précédemment en U18 R. "En U18 ligue, c'était de la tactique, on cherchait quelque chose, la D1 c'est moins de jeu posé, plus d'expérience. La D1 est plus un jeu direct."

Un manque d'effectifs constaté

Tous expliquent la différence entre les équipes et cette compartimentation du championnat par le même facteur : le manque d'effectifs à tous les niveaux. Il y a trop peu de joueuses en comparaison au football masculin, ce qui amoindrit drastiquement les possibilités d'évolution rapide et tenace. "C'est lié au manque d'effectifs, clairement, ce n'est pas mon cas mais de ce que je vois, les équipes en bas de tableau en souffrent, que ce soit en quantité et sur l'âge pour certaines équipes. Dans mon équipe à Villeneuve, les joueuses ont entre 18 et 21 ans, seules deux ont plus de 30 ans", poursuit Remy Roman. Nils Villemans confirme en ajoutant que les équipes contenant des débutantes dans leur effectifs se voient être freinées en comparaison des autres équipes encrées depuis plus longtemps. "C'est totalement lié à l'effectif, le foot féminin est en plein développement, dans chacune des équipes des joueuses sont plus expérimentées, d'autres plus débutantes, pour les sections qui viennent de s'ouvrir, les écarts dans le championnat sont créés là-dessus. Le nombre de licenciés est plus faible, comparé aux garçons."

Du côté de Valbonne, Sébastien Dujardin déclare que les plus grandes villes sont dotées de plus de possibilités pour s'étoffer quantitativement. Le ratio nombres d'habitantes autour de la ville et le potentiel est très impactant. " La cause est géographique et démographique, la densité de population autour de certaines villes est faible, il y a peu de monde et donc peu de potentiel. C'est en train de se développer. Les plus grosses villes sont avantagées comme Nice avec l'OGC Nice par exemple. Il y a aussi Mougins et Cannes qui ont un gros réservoir. Les autres villes sont plus en difficulté pour récupérer des joueuses. À Cagnes-sur-Mer, la dynamique mise en place leur permet d'être plus compétitive, pour les autres, c'est compliqué."

Trois clubs favoris faisant l'unanimité

Le podium des favoris semble unanime. Les pressentis pour une montée sont le FC Mougins, Cagnes-sur-Mer et la Trinité, sans ordre particulier. Concernant Monaco, évoqué furtivement, Axel Talmoudi déclare à propos du club, "Nous jouons le haut du tableau. Le projet sportif est de soutenir la R1, nous ne sommes pas la priorité. Du côté de Cagnes ou Mougins ce sont des équipes premières, elles ont les moyens de le faire. Pour nous il faut aussi que notre équipe de R1 puisse monter un palier aussi."

Nils Villemans évoque le club de Cagnes, d'après lui l'équipe favorite numéro 1 : "Cagnes est l'équipe qui est la mieux structurée cette saison, qui a l'effectif le plus armé, compétitif, mieux placé pour jouer le barrage d'accession. Puis derrière, il y a nous le FC Mougins, la Trinité, Monaco et Carros. Nous sommes un peu les outsiders et nous pouvons jouer les troubles fêtes."

À propos des équipes favorites à une montée en Régional, Carine Rosa de l'ASCC évoque la complexité de souhaiter à tout prix monter en division. "Monter en R1 pour monter en R1, sans avoir une réserve sénior, et d'autres équipes de jeunes derrière n'est peut-être pas la bonne option. Cannes par exemple joue en D3, le club a aussi une équipe de R1, de U18 ligue etc... C'est bien de vouloir monter, mais il y a parfois une méconnaissance du niveau au-dessus. Si c'est pour monter en ligue et être toujours en bas de tableau, tirer sur les organismes ce n'est pas non plus la solution. J'ai vécu cette situation avec mon ancien club. Rester en ligue pour rester ligue devient compliqué. Ce n'est presque plus du plaisir, on veut se maintenir, derrière il y a des blessées et pas de jeunes derrière donc c'est difficile."

Un championnat qui tend à progresser

L'entraineur de la réserve de l'ASM FF évoque les évolutions s'installant au niveau des formations des jeunes joueuses, "Le foot féminin de manière général progresse même si la refonte des championnats ne nous a pas aidés à notre niveau. Actuellement, il y a davantage d'adhérents, les clubs de proximité, les plus petites villes ont mis en place des formations pour les féminines dès le plus jeune âge. Les écoles de foot commencent à envoyer des filles en préformation, des U11 à U15, il y a de plus en plus de joueuses. En sénior, d'ici 3/4 ans, on va avoir beaucoup plus de joueuses formées et formées depuis longtemps. À l'heure actuelle on a des joueuses qui n'ont jamais joué au foot avant."

Sébastien Dujardin, du même avis, "Je pense que le niveau est en train d'augmenter, plusieurs équipes se détachent mais en comparaison d'il y a quatre ans, j'ai remarqué une progression. Techniquement, footballistiquement le niveau augmente. Les raisons, le football féminin devient davantage populaire." Rémy Roman (Villeneuve Loubet) rejoint les propos d'Axel Talmoudi (Monaco) : "Le niveau progresse car les filles qui arrivent plus jeunes ont commencé le foot plus tôt, le niveau va progresser au fur et à mesure à condition qu'on ne perde pas les effectifs. Le problème dans le foot féminin c'est que l'on perd pas mal de filles au niveau de la terminale. On en perd avant et après, avant lié aux révisions et après car elles poursuivent leurs études parfois dans d'autres villes. Le recrutement est dur, il n'y a pas beaucoup de joueuses. A Villeneuve nous avons 150 licenciés féminins, en U15 nous avons deux équipes à 11, nous sommes le seul club du département à avoir deux équipes à 11. En U18 elles sont 22/23. En sénior on peut surclasser au moins trois joueuses des U16/U17 et U18. En U18, on ne peut pas surclasser des U15, beaucoup de clubs se retrouvent en difficulté, il y a un trou car il y a beaucoup de U15 mais peu de U18."

Nils Villemans du FC Mougins reste plus mesuré, mettant en exergue le manque de fiabilité que le championnat féminin peut rencontrer en comparaison du football masculin. "En comparaison avec la saison passée, nous étions 12 au début pour finir à 10 le championnat suite à des forfaits d'équipes. Il y a des risques de forfait également sur cette saison, la Fontonne a déclaré un premier forfait face à la Trinité à la 2e journée, au bout du troisième une équipe peut être déclaré forfait sur la saison. À Mougins, il y a une avancée, nous avons passé le cap des 100 licenciés, les catégories jeunes sont structurées. D'ici quelques années cela sera bénéfique pour les séniors. À l'avenir si les clubs continuent de développer les catégories de jeunes, le championnat sénior sera davantage enrichi."

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