27 février | 0h00
Edgard Palle : "Avec FanLive Fantasy, on veut amener un esprit communautaire"
A l'inverse des autres jeux de fantasy foot, FanLive Fantasy propose aux supporters une expérience "100% live" sur la L1. Entretien avec son co-fondateur.
En septembre 2020, vous lanciez FanLive Fantasy. Aujourd’hui vous cumulez plus de 70 000 utilisateurs et vous avez signé des partenariats d’ordre majeur. Pouvez-vous nous en dire plus sur le développement de ce jeu ?
Lorsque l’on a lancé l’application en septembre 2020, on l’a fait sans bruit. On a été assez étonné de voir l’ampleur des téléchargements. En définitive, le constat était de se dire que le fantasy foot, en dehors des frontières hexagonales, était beaucoup plus important et généralement utilisé à hauteur de 10% par les populations. Aux États-Unis par exemple, on recense 60 millions de personnes qui jouent au fantasy foot. En France, vous devez avoir seulement 1, voire 1,5 millions de personnes qui y jouent. Or le potentiel est énorme puisque vous avez 22 millions de personnes qui disent aimer le foot. Ces chiffres sont issus de la Fédération française de football et des différentes Ligues. On a lancé un jeu beaucoup plus simple d’utilisation et surtout grand public. Le jeu, sans publicités, fonctionne plutôt bien. Toutes les semaines on a encore plus d’abonnés qui viennent sur l’application. C’est un jeu qui devrait dépasser le million d’abonnés à court terme.
Quand vous dites « à court terme », qu’entendez-vous ?
On aimerait que cela se produise dans les 12 prochains mois. Le fantasy foot est une place qui est occupée par MPG (Mon Petit Gazon) aujourd’hui. Pour autant, MPG est une solution qui fonctionne très bien, même si elle est plus adaptée à des initiés, parce qu’il y a plus d’algorithmes, assez complexes. Nous sommes beaucoup plus proches de la réalité. Par exemple, si vous avez un Thauvin ou un Mbappé qui marque un but, vous gagnez un certain nombre de points. Et tout se fait en live contrairement aux solutions concurrentes. On joue vraiment ce rôle de double écran, qui permet de regarder un match de foot, jouer en même temps, regarder l’évolution de vos points gagnés en direct, et pouvoir interagir avec le système de carte bonus et malus.
Comment y joue-t-on et quel est le principe du jeu ?
Le but c’est tout simplement d’être le meilleur manager des fans de foot en France. En fonction des choix que vous allez faire, vous gagnerez plus ou moins de points. Il faut suivre l’actualité, il faut savoir si le joueur que vous voulez faire jouer n’est pas blessé, pas sous le coup d’une sanction, son état de forme, etc. A l’inscription, vous choisissez votre club de cœur. A partir de là, vous sélectionnez 4 joueurs de votre club et 2 joueurs maximum par équipe de Ligue 1. Dès que vous avez constitué votre équipe, vous participez au championnat. Les écrans vont alors se modifier pour entrer en mode live. Celui-ci permet de présenter votre équipe avec tous les joueurs qui, à l’instant T, jouent ou non leurs différents matches. Vous avez du scoring en live aussi, ce qui fait que vous voyez les scores des autres matchs en direct. Quand je dis live, c’est quasiment live car entre le temps où Opta Sports saisit les statistiques et le temps où ca revient chez nous, on a 20 secondes. Au fur et à mesure que vos joueurs jouent, ils gagnent des points.
Il existe aussi un deuxième mode de jeu, consacré à la semaine…
Vous avez aussi la possibilité, pendant la semaine, entre deux journées de championnat, de jouer à des quiz et des pronostics. Ces deux modes permettent de gagner des cartes bonus ou malus. Et là où ça devient intéressant et interactif par rapport aux autres jeux, c’est que, si admettons un de vos joueurs livre un match correct, mais que vous sentez d’un seul coup qu’il est en pleine bourre et que vous vous dîtes « c‘est pas possible il va marquer un but dans les 10 prochaines minutes », alors là vous pouvez placer une carte bonus x2, x5, x10, sur un joueur. Et si vous mettez une carte bonus x10 (qui correspondent à 10 minutes), la machine va calculer que tous les points rapportés par ce joueur là seront multipliés par 5. Tout ça en live. A contrario, si vous avez un de vos collègues qui vous tanne un petit peu au classement, et que cela vous agace, à ce moment là vous pouvez vous rendre sur son équipe en live, voir comment réagit son équipe, voir les joueurs qui jouent, et si vous voyez qu’un joueur engrange trop de points, vous pouvez lui mettre une carte malus. Un carton jaune ou un carton rouge. Ça va freiner la quantité de son nombre de points remportés.
Finalement, que propose FanLive Fantasy de plus que l’actuel leader dans le domaine, Mon Petit Gazon ?
Toute cette interactivité. Ce côté live. MPG vous dit de faire votre équipe. Une fois que c’est fait, vous attendez que la journée de championnat soit finie. Nous ne sommes pas du tout dans la même démarche. Nous sommes vraiment au plus proche du terrain sur ce point là, avec un système de double écran. La deuxième chose qui fonctionne très bien, c’est que l’on ne constitue pas des ligues pour s’affronter entre nous, qui est au demeurant une philosophie très intéressante. On a pris le problème à l’envers. On va faire des ligues où chaque personne peut jouer avec 10 de ses potes. L’idée est de faire un petit peu comme « Clash of Clans« . C’est-à-dire d’avoir la ligue la plus forte. On a un classement par joueur, un autre général, établi depuis le début de la saison, et on a un autre classement par joueur sur chaque journée de championnat. Et chaque week-end vous avez des lots à gagner. Vous avez des airpods Apple, des montres connectés et d’autres objets exclusifs comme ça. Vous avez aussi de l’autre côté un classement par ligue. Là, l’idée, si vous avez 10 amis qui jouent avec vous dans votre ligue, c’est de faire de la votre la plus forte possible. Donc vous allez encourager vos amis plutôt que d’essayer de les vaincre.
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Qui sont les adversaires d’un utilisateur alors ?
Ce sont tous les utilisateurs de FanLive Fantasy qui deviennent vos adversaires. Ou alors, toutes les autres ligues qui ont été constituées de 11 autres joueurs. Il y a un autre classement, qui est super intéressant, à partir du moment où vous êtes fan d’une équipe. Prenons Nice par exemple. On a mis en place un classement où, tous les FanLivers qui se sont inscrits sur la plateforme en mettant comme équipe de cœur l’OGC Nice vont cumuler leurs points. Et un classement par communauté de supporters est disponible. Vous pourrez donc savoir quelle est la communauté de supporters la plus active, et quels sont les meilleurs managers de France parmi les fans de foot.
En quoi ce fonctionnement peut-il relancer l’intérêt du public pour la Ligue 1 ?
Aujourd’hui, vous ne pouvez plus vous rendre dans les stades. La seule alternative est de regarder du foot derrière son écran, ce qui est déjà pas mal. Mais on s’aperçoit que le fantasy prend de plus en plus son envol. Le but est donc de mettre du fantasy entre les mains du supporter et amener un esprit communautaire. Je vais vous donner un exemple très simple. Je sais qu’entre l’OGC Nice et l’OM, ce n’est pas le grand amour. Mais je peux vous assurer qu’entre Marseille et Paris ça l’est encore moins (sourire). A partir de ce postulat, on remarque que l’on a actuellement, sur la plateforme, la meilleure communauté de supporters, car plus grande en nombre, qui est celle de Paris. Juste derrière eux, vous avez les Marseillais. Et nous, nous discutons pour l’heure avec différentes associations de supporters de Marseille et d’autres clubs aussi – de Lens, de Lille, pas mal d’associations. Mais les Marseillais ne supportent pas d’être derrière les Parisiens, donc on sait que là on a quelques mouvements marseillais sur Facebook qui sont en train de se créer et de se dire : « Mettez vous sur FanLive, qu’on dépasse les supporters parisiens ! » Et cela crée une vraie rivalité.
Et entre les clubs et leurs supporters ?
Avec la Covid c’est quelque chose qui était déjà engagé auparavant, donc ce n’est pas inédit. Les clubs vivaient un petit peu dans leur coin et avaient assez peu de relation avec leurs supporters. Aujourd’hui, certains d’entre eux sont en train de signer des partenariats avec nous, mais je pense que d’ici la fin de l’année on aura signé avec les 20 clubs de Ligue 1. Actuellement, l’idée, c’est vraiment de créer du lien entre les clubs et les supporters. Les clubs jouent vraiment le jeu, dans la mesure où ils disent : « Allez sur FanLive, défendez nos couleurs ». C’est l’une des façons de recréer du lien entre les clubs et les supporters. C’est cet esprit communautaire que l’on veut mettre en avant.
Est-ce que vous avez connaissance, aujourd’hui, de joueurs professionnels qui ont téléchargé l’application ?
Il y en a oui. On avait quelques joueurs bordelais, et on a aussi pas mal de journalistes. Ce qui est aussi intéressant, c’est qu’on est en train de créer une émission spéciale sur le Fantasy. Ca cartonne beaucoup aux USA. Ce sera une émission télévisée et on a déjà pas mal de journalistes. La personne qui sera en charge de ça est une femme qui connaît très bien l’environnement. C’est une ancienne chroniqueuse d’Europe 1 et de C8 sur le foot. Elle connaît très très bien le foot. Elle aura quatre chroniqueurs avec elle, et un invité chaque semaine qui sera coach de Ligue 1 ou autre. L’idée est de faire cette émission le jeudi ou le vendredi pour aider les FanLivers à constituer leur équipe. Il y aura également quelques surprises, des personnes très connues, mais pour le moment on est en discussions. C’est en tout cas un aspect en plus. On veut vraiment amener tout un écosystème afin de permettre aux FanLivers de vivre le foot de manière différente.
Dans l’optique où le jeu se répand dans le monde professionnel, que les joueurs y prennent part et qu’ils partagent leurs choix sur les réseaux sociaux, ne craignez-vous pas d’être confronté au cas de figure vécu par Aston Villa, qui a interdit à ses joueurs de jouer à un jeu de fantasy afin de ne pas donner d’indication sur leur état de forme ou celui de leurs coéquipiers ?
Si cela se produit, ce n’est pas très grave dans la mesure où on s’adresse surtout aux fans. Après, si les joueurs veulent y jouer, tant mieux, c’est super. On a pleins de connexions avec les joueurs, du fait notamment de la présence d’Alain Roche (co-fondateur, ndlr) dans le board. Mais on a aussi un partenariat avec la LFP et avec des joueurs pros. En tout cas, pour nous, l’objectif est de fournir une application aux fans de foot, pas aux joueurs de foot. Si les joueurs veulent jouer, ils sont les bienvenus, je sais que certains y jouent déjà mais ce qui s’ensuit c’est de la responsabilité du club.
A côté de ça, vous évoquez les partenariats avec les clubs. Qu’apportent-ils ?
C’est du win-win. Les clubs vous apportent de la notoriété et communiquent sur votre application,. Et nous, de notre côté, on amène du contenu digital. C’est vraiment l’objectif : recréer du lien entre les clubs et les supporters. Inciter les supporters à soutenir leur club via la mise en place du contenu digital.
Dans les prochains mois, les prochaines années, quelles sont vos ambitions ?
On a signé un gros partenariat avec Orange. On se lance à la conquête de l’Afrique car Orange a le souhait de partir en Afrique étant donné que c’est un marché important pour eux. Cela devrait se concrétiser dans les deux prochains mois. A la fin du mois de mars, on devrait avoir trois ou quatre pays africains qui vont pouvoir jouer sur la Ligue 1. Il y a beaucoup de choses qui sont en train de se faire actuellement. On espère se développer dans une dizaine de pays d’ici la fin de l’année.
Propos recueillis par Harry Hozé, avec Rami Aissaoui
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