Comme tout jeune Sang et Or qui se respecte, Enzo Daoud (19 ans) ne manque
pas d'ambition. L'attaquant de la réserve du RC Lens, dont l'évolution a
été un temps freinée par un souci au poumon, a pour objectif d'intégrer le
plus rapidement possible le groupe pro. Portrait.New year, same goals. Traduisez : « nouvelle année, objectifs similaires ». Ce dicton, assez
populaire dans le domaine du sport notamment, Enzo Daoud en a fait sien.
Car en vue de ce nouveau cru 2021 qui débute, le jeune attaquant lensois de
19 ans n’a pas revu ses ambitions à la baisse : il s’agira de « marquer les esprits en National 2 – quand le championnat reprendra – et
taper dans l’oeil du coach de l’équipe première » afin de s’octroyer une place dans le groupe pro de façon définitive. Pour
y parvenir, il pourra s’appuyer sur ses qualités de percussion, sa vitesse
et son appétence pour le dribble.Lui, qui est capable d’évoluer sur les différents postes de l’attaque,
admet toutefois avoir une préférence pour celui de numéro 9… Mais qu’il
reste encore un domaine dans lequel il doit faire des progrès. « J’ai toujours eu un peu de difficulté dans le jeu dos au but, reconnaît le buteur sang et or, auteur de 2 réalisations et 2 passes
décisives en 8 matches disputés cette saison, meilleur ratio de son équipe. Mais c’est un style que j’essaye d’affiner avec le temps, aux
entraînements. » Sous les ordres de Yohan Demont, coach de la réserve lensoise, le jeune homme bénéficie de conseils avisés.A lire aussi :Yohan Demont : « A Lens, on a besoin de se construire à partir de la
formation »Au-delà du pur aspect tactique et technique, l’ancien défenseur
emblématique du RC Lens (2005-2013) apporte son expérience sur la vie du
footballeur professionnel, les engagements de celui-ci et la voie qu’il
doit suivre pour s’imposer au plus haut niveau. « C’est motivant d’avoir un entraîneur comme lui, témoigne l’attaquant de 19 ans. Il a eu une grande carrière, ce qui le rend complètement légitime dans son
rôle, et son franc-parler est un plus. Personnellement, son discours m’aide
dans la gestion des matches et le contrôle de mes émotions. Et d’une
manière générale, il peut vite nous rattraper quand ça ne va pas. »Ces qualités sont d’autant plus bénéfiques pour le Lensois qu’il aurait pu
connaître une trajectoire bien différente de celle qui fut la sienne. Car à
Avion, à partir 10 ans, puis à Arras, et enfin du côté de La Gaillette,
Enzo Daoud, souvent surclassé au cours de sa période de formation, a
toujours exposé un très bon niveau de jeu. « Enzo s’est rapidement imposé comme un élément fort de l’équipe que
j’entraînais. Il disposait de réelles qualités intrisèques. C’est clair,
net et précis. Et je savais pertinemment qu’il avait un très bon
potentiel », se souvient Christy Senga, éducateur U11 à Arras, qui a vu débarquer le
jeune garçon en cours de saison 2011-2012.Auteur de 2 buts et 2 passes décisives sur les 8 premières journées de N2,
Enzo Daoud est le joueur le plus prolifique de la réserve lensoise.Mais de son propre aveu, et de ce qu’il a pu constater, ce qui a permis à
Enzo Daoud de rejoindre le RC Lens un an plus tard, ce sont ses facultés
mentales. Pourtant, au départ, celles-ci n’étaient pas encore suffisamment
développées. « Quand il est arrivé à Arras, Enzo était un petit peu un ‘gamin’ dans sa
tête. Il manquait de caractère et devait s’aguerrir », relate le technicien, toujours en contact avec le joueur aujourd’hui. Dès
lors qu’il s’en est rendu compte, il a donc pris l’initiative, en accord
avec les parents, de se mettre davantage « sur le dos » de son poulain.Une discussion avec son papa notamment a d’ailleurs constitué un déclic
dans l’évolution du joueur. « Je lui ai expliqué qu’il fallait qu’on tire tous dans le même sens, rembobine le formateur préparateur en technique, aujourd’hui à Mouscron. Qu’il y avait un réel projet à envisager, mais que s’il n’était pas plus
autonome, ce serait compliqué. Alors j’ai un peu bousculé Enzo. Et depuis
ce jour-là, on n’a plus eu le même joueur. De février à juin de cette
année, il était extraordinaire. » Aujourd’hui, selon les mots de Senga, Enzo Daoud continue de le remercier. « Mais il ne le doit pas. J’ai simplement fait mon boulot, dit-il, un peu gêné. C’est auprès de son entourage qu’il doit être reconnaissant. » Une blessure et des enseignementsD’autant plus que par la suite, en raison de son départ pour le centre de
formation de Lens, le jeune footballeur n’a pas toujours pu compter sur le
soutien de l’éducateur de 34 ans, né en région parisienne. Et que d’autres
personnes sont intervenues dans le processus de formation du joueur.
Notamment à des moments qui auraient pu s’avérer très compliqués pour la
suite de sa carrière. C’est le cas de cet épisode, que le Sang et Or a vécu
à deux reprises : une première fois, il y a un peu plus de deux ans lors
d’un entraînement, puis l’année suivante, lors d’un match face à Caen et de
façon plus violente, Enzo Daoud se décolle le poumon.L’opération est inévitable. De même que la période de convalescence, loin
des terrains. « Je me suis rendu compte, à ce moment, de l’importance de la santé. J’ai
eu le soutien de coaches, de supporters, de ma famille, du kiné qui a fait
un super boulot avec moi et je suis vite revenu. Cela m’a fait grandir,
prendre conscience de certaines choses, comme le fait que le football
prenait une place énorme dans ma vie, mais aussi qu’il faut toujours être
vigilant. Et depuis, j’aborde les choses avec encore plus de motivation et
d’envie », relativise le Lensois qui fêtera ses 20 ans le 2 avril prochain. D’ici
là, pas certain que le championnat de National 2 ait repris. Mais peut-être
qu’il aura eu l’occasion de « taper dans l’oeil » de Franck Haise.Harry Hozé☟ CONTINUEZ VOTRE LECTURE ☟ Yohan Demont : « A Lens, on a besoin de se construire à partir de la
formation »