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Interviews

26 janvier | 20h04

Enzo Reale : « J’en pouvais clairement plus de la mentalité dans le foot français »

Après avoir porté les couleurs de huit clubs français, Enzo Reale (30 ans) a quitté l’hexagone pour rejoindre le CD Manchego en 4e division espagnole. Sa formation à l’OL, la victoire à l’Euro U19, sa dernière expérience en France, c’est un entretien avec plein de franchise que nous a offert l’ancien milieu de Béziers. (Crédit photo : IconSport)

EXPAT Enzo Reale

Comment s’est goupillé ton transfert vers l’Espagne ?

Ce n’était pas du tout prévu. Je voulais aller en Espagne depuis des années et des années. En quittant Béziers cet hiver, j’ai reçu un appel de quelqu’un qui devait déjà me placer à Manchego l’été dernier. Ce n’est pas du tout un choix financier parce qu’il n’y a pas beaucoup d’argent ici. J’ai vraiment rejoint ce club pour vivre l’expérience de jouer en Espagne, au moins une fois dans ma carrière.

A 30 ans, c’est ta première expérience à l’étranger. Mais durant ta carrière, as-tu déjà eu l’occasion de quitter la France ?

Oui. J’ai eu l’opportunité de jouer à l’étranger, notamment en Écosse, en Belgique, en Lituanie ou même au Kazakhstan. Mais étant séparé, je ne voulais pas trop m’éloigner de mes filles. Maintenant qu’elles ont grandi, je me suis dit qu’il ne me reste plus beaucoup de temps et qu’il fallait que je tente le coup, surtout pour jouer en Espagne qui colle parfaitement à mon foot.

Ça fait plusieurs semaines que tu es installé désormais. Quelles sont tes premières impressions sur ton nouveau club ?

On a fait deux matches. Un nul et une victoire. Les coéquipiers sont au top, ils m’ont tous très bien accueillis. Les entraînements sont qu’à base de jeu de ballon, de possessions, de taureau, etc… Même les séances physiques se font avec la balle donc oui je suis très satisfaisait et très heureux d’être ici.

Les Espagnols viennent aux matches pour voir avant tout un spectacle

Par rapport à tout ce que tu as pu connaître en France, sens-tu qu’il y a une ferveur particulière en Espagne ?

C’est complètement différent. Les Espagnols viennent aux matches pour voir avant tout un spectacle. Ils veulent des buts, des belles actions. Même si le résultat est important, le spectacle compte aussi. Après, je ne veux pas comparer toute ma carrière en France avec deux semaines d’Espagne. C’est encore trop tôt pour me faire un vrai constat.

Que retiens-tu de ta dernière expérience dans l’hexagone avec l’AS Béziers ?

J’en pouvais clairement plus de la mentalité dans le foot français. Je ne suis pas du genre à dénigrer la France. Mais dans la façon de jouer … c’est tellement frileux que ça donne beaucoup de mauvais matches et des rencontres « moches » ! Béziers est un club où je me sentais quand même très bien, mais j’avais besoin de tourner la page.

Avec du recul, regrettes-tu d’être resté aussi longtemps dans les championnats français ?

Oui ! J’aurai dû partir il y a 10 ans carrément ! Antoine Griezmann m’avait dit de le rejoindre en Espagne quand on était en sélection de jeune ensemble et il avait peut être raison. On ne le saura jamais …

Pourtant, tu faisais partie des meilleurs jeunes durant ta formation à l’OL. Qu’est ce qu’il t’as manqué selon toi pour faire une carrière plus importante à Lyon, puis en France ?

Je ne sais pas vraiment, mais surement beaucoup de choses … Lors de mon passage à l’OL, j’ai sans doute manqué de patience, la chose la plus importante quand on est jeune.

Je n’aime pas parler de moi, mais je faisais partie des plus forts. Peut-être même que je l’étais

À cet âge-là, par rapport aux autres jeunes de ta génération, où te situait-tu dans la hiérarchie ?

Je n’aime pas parler de moi, mais je faisais partie des plus forts. Peut-être même que je l’étais. D’ailleurs j’ai une anecdote à te raconter à ce sujet. Un jour Bruno Genesio est entré dans le vestiaire et devant tous le monde, il y avait Alexandre Lacazette, Clément Grenier, Jordan Ferri etc... Il nous a dit : « Aujourd’hui il y en a qu’un seul d’entre vous qui est prêt pour jouer dans le niveau au dessus et c’est Enzo.» Mais je n’aime pas parler du passé, et surtout je ne regrette rien de mon parcours. J’ai toujours fait mon taff, je n’ai jamais été un « branleur. »

Te souviens-tu d’un éducateur à l’OL qui a pu te faire passer un cap ?

Cyril Dolce puis Armand Garrido. Les deux m’on vraiment fait franchir des paliers. Le cap final on va dire que c’est avec Armand, et juste avant c’est sous les ordres de Cyril. Avec Armand j’ai acquis la justesse dans mes mouvements, j’ai appris à faire les bons choix aux bons moments, ce qui est le plus dur dans le football, et j’ai surtout beaucoup gagné en maturité.

Armand Garrido est un nom qui revient souvent. Beaucoup de joueurs passés par lui pensent comme toi …

Parce qu’il est sévère, et rigoureux ! Je m’en souviens encore, j’ai passé des mois et des mois à une touche de balle à l’entraînement parce qu’il me l’imposait (rires).

Tu faisais partie de la sélection U19 qui a reporté l’Euro en 2010, aux côtés de joueurs talentueux comme Lacazette, Griezmann, Grenier, ou encore Bakambu ... Comment s’était cette aventure ?

On était des gamins insouciants. On ne faisait que rigoler en sélection. Un Jour Francis Smerecki qui est décédé malheureusement, nous avait dit « quartier libre mais vous restez à l’hôtel ». C’était juste après qu’on passe les poules. Nous qu’est ce qu’on a fait, on est tous partis faire du scooter des mers en dehors de l’hôtel. Quand il a su cela, il voulait carrément nous renvoyer en France et déclarer forfait pour l’Euro (rires).

Es-tu toujours en contact avec les joueurs de cette sélection ? Cela reste un moment inoubliable pour vous tous …

Non plus trop, chacun fait sa vie. Mais bien entendu certains sont devenus des amis comme Alex (Lacazette), Clem (Grenier), Gilles Sunu, ou Gueida Fofana …

As-tu déjà réfléchi à ton après-carrière ?

J’ai quelques idées oui. Je vais passer mes diplômes d’entraîneur par exemple. Mais pour le moment, j’ai surtout envie de me faire plaisir tout en étant bon et compétiteur le plus longtemps possible.

Propos recueillis par Ahmet RAYMAN

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