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6 décembre | 16h01

ESCR - OM : la fête est gâchée

Soutenus par leurs élus, les dirigeants de l'ES Cannet-Rocheville dénoncent les difficultés auxquelles ils font face pour l'organisation de leur 32e de finale de Coupe de France face à l'OM. Le club est aujourd'hui dans une impasse.

MARTIN VILLENEUVE Naïm Dhib CDJA COUPE DE FRANCE ES CANNET-ROCHEVILLE

Au Cannet l’euphorie d’une première participation historique aux 32es de finale de la Coupe du France, couplée à l’immense joie d’avoir vu le tirage au sort désigner l’Olympique de Marseille comme prochain adversaire de l’ESCR lundi dernier, a laissé place à la déception et à l’incompréhension. La faute à des difficultés d’organisation qui mettent le club cannetan dans une véritable impasse. En effet, moins de deux semaines avant la tenue du match, on ne sait toujours pas où celui-ci va bien pouvoir se dérouler. C’est la raison pour laquelle les dirigeants du club et de la municipalité ont convié les médias ce lundi matin pour une conférence de presse organisée à l’Hôtel de Ville. Et c’est l'ancienne maire du Cannet, aujourd'hui Députée des Alpes-Maritimes, Michèle Tabarot, qui a planté le décor : « C’était une grande joie, une grande fête et nous étions tous prêts à participer à ce grand moment. Recevoir un club comme l’OM est quelque chose de mythique pour l’ESCR, comme pour la ville, mais aujourd’hui nous sommes déçus de ce qui est en train de se passer et des difficultés que nous rencontrons depuis quelques jours ».

Actufoot • Conf cannet

La prise de parole du co-président de l'ESCR, Emmanuel Stella, aux côtés de Michèle Tabarot, Christian Lopez et William Ayache.

L'Allianz Riviera, une option trop coûteuse

Des difficultés relatives à l’impossibilité pour l’ES Cannet-Rocheville d’organiser cette rencontre au Stade Maillan qui accueille habituellement les matches à domicile de l’équipe fanion évoluant en National 3. Si l’aire de jeu y est homologuée pour l’organisation d’un 32e de finale de coupe de France, l’accueil du public y est impossible pour la réception d’un adversaire comme l’OM en raison d’une capacité très limitée et d’une configuration inadaptée à la tenue d’un tel évènement. Très rapidement les dirigeants du club se sont donc mobilisés pour trouver, dans le département des Alpes-Maritimes, un stade leur permettant d’organiser ce qui doit être une grande fête du football. « Mais ce qui était une immense joie est en train de devenir un cauchemar », confie Emmanuel Stella, co-président de l’ESCR (en photo d'illustration principale avec son homologue, Jean-Marie Pena).


Soutenus par la municipalité, les dirigeants ont envisagé diverses possibilités. Une éventuelle organisation du match à l’Allianz Riviera de Nice en était une. Elle a rapidement été balayée par des conditions financières prohibitives, « de l’ordre de 80 000 € juste pour ouvrir les portes du stade », précise Michèle Tabarot. Plus évidente encore, la tenue du match au Stade Pierre-de-Coubertin de Cannes a été très sérieusement étudiée. Il fallait déjà obtenir l’accord de la municipalité voisine de Cannes, mais également celui de la FFF, étant donné que l’AS Cannes participe également aux 32es de finale, avec la réception prévue de Dijon FCO, actuel pensionnaire de Ligue 2, le samedi 18 décembre.

Il est hors de question pour nous d’aller jouer à Parsemain (Fos/Mer) ou à Turcan (Martigues) comme cela nous a été proposé.

Emmanuel Stella, co-président de l'ESCR

Des dirigeants dépités

Si ces deux obstacles ont été passés positivement, c’est du côté de la Préfecture des Alpes-Maritimes qu’est venue la plus grande difficulté. Le club et la commune se sont tout simplement heurtés à un refus d’organiser cette rencontre le dimanche 19 décembre prochain dans l’enceinte cannoise. La raison invoquée est d’ordre sécuritaire. L’organisation des fêtes de fin d’année, notamment les marchés de Noël, les exigences en matière de lutte contre le terrorisme ou encore les soucis d’accueil des supporters marseillais et de possibles heurts avec des supporters niçois voulant en découdre, ont été avancés pour argumenter ce refus. Comme l’ont souligné Michèle Tabarot et le conseiller municipal, Gérard Stella, la Préfecture a malgré tout laissé une porte ouverte en imposant des conditions drastiques pour une éventuelle organisation du match à Cannes.


« Mais sans nous garantir un accord si nous parvenions à réunir l’ensemble des conditions », précisent les élus cannetans. Prise en charge des coûts pour la sécurité globale de l’organisation, avec un minimum de 25 000 € à la charge du club, mise en place d’une centaine de stadiers pour l’accueil du public dans le stade et renforts de la police municipale du Cannet sur le territoire voisin, font notamment partie de ces conditions. Soutenu par sa mairie, le club est aujourd’hui enclin à répondre à toutes ces demandes, mais ne comprend pas le flou qui lui est imposé alors que l’évènement approche à grands pas. « Si le problème majeur est l’accueil des supporters marseillais, pourquoi Monsieur le Préfet n’interdirait tout simplement par leur déplacement comme il a déjà pu le faire par le passer ? », s’interroge Gérard Stella.


Pour le co-président, Emmanuel Stella, la pilule a beaucoup de mal à passer : « On nous met des bâtons dans les roues, on est complètement dépités de ce qui se passe, ça nous dépasse complètement. Tout ça à cause du refus du Préfet d’organiser ce match à Coubertin, alors qu’il y a un match la veille au même endroit entre Cannes et Dijon qui ne pose pas de problèmes et qu’ils sont en capacité d’organiser. Là parce que c’est l’Olympique de Marseille ça devient compliqué, je n’arrive pas trop à comprendre. On cherche des solutions, on va demander au Préfet qu’il nous dise où est-ce qu’on peut jouer, si il a un terrain de repli pour qu’on puisse jouer dans les Alpes-Maritimes, car il est hors de question pour nous d’aller jouer à Parsemain (Fos/Mer) ou à Turcan (Martigues) comme cela nous a été proposé ».

Il faudrait quand même que la Fédération Française de Football, qui est l’organisatrice de la compétition, prenne position et nous aide à trouver une solution. C’est à elle de trancher.

Christian Lopez, directeur sportif de l'ESCR

L'OM ne veut pas ouvrir le Vélodrome

On le comprend aisément, la priorité absolue du club demeure de disputer cette rencontre dans le 06. Mais d’autres solutions sont donc étudiées hors des Alpes-Maritimes si aucune issue n’est trouvée dans la semaine. Si le club exclut logiquement que le match se déroule à Fos/Mer ou à Martigues, une inversion de l’affiche a été l’un des premiers axes envisagés la semaine dernière, mais là aussi le club s’est heurté à un mur, comme le souligne Christian Lopez, l’ancien international français et figure emblématique de l’ESCR dont il est aujourd'hui le directeur sportif : « Nous avons proposé à l’OM d’aller jouer sur leur terrain, ils nous ont répondu défavorablement en raison des coûts représentés par l’ouverture du Stade Vélodrome (de l’ordre de 300 000 € a précisé en amont Michèle Tabarot, ndlr). La question que je pose aujourd’hui est donc pourquoi s’inscrire à une compétition si on ne peut organiser un match sur son terrain ? C’est toujours difficile à comprendre, car nous on est toujours du côté du terrain et pour le moment ça devient une déception car tomber contre un grand club français c’est toujours un évènement. Pour nous c’était l’occasion de fêter cela avec nos supporters, nos dirigeants. Cela aurait mis en lumière le travail qui est réalisé dans notre club, un club qui travaille bien, avec plus de 700 licenciés. On pensait sincèrement que cette solution allait convenir à l’OM, car elle leur évite un déplacement, elle leur garantit un bon terrain, ce qu’il nous ont d’ailleurs demandé quand on a discuté pour la première fois de l’organisation de ce match. On leur a tout donné entre les mains, alors effectivement ça leur coûte de l’argent, mais à un moment où à un autre ils seront bien obligés de jouer un match de Coupe de France à domicile. D’ailleurs je pense que s’ils avaient joué contre une équipe pro ils auraient accepté d'ouvrir le Stade Vélodrome. À partir de là il faudrait quand même que la Fédération Française de Football, qui est l’organisatrice de la compétition, prenne position et nous aide à trouver une solution. C’est à elle de trancher. ».

On a de la peine car quoi qu’il arrive maintenant le fête & été gâchée. Ça va rester, quelle que soit l’issue de la rencontre et où celle-ci se jouera, c’est gâché.

Jean-Marie Pena, co-président de l'ESCR

Plus de 2000 appels au siège du club

« De toutes façons le soufflet est retombé, l’euphorie de la victoire contre Bastia-Borgo qui nous a autorisé à recevoir l’OM est passée et la fête est déjà un peu gâchée, poursuit Gérard Stella. C’est quelque chose d’unique et d’historique pour nous, mais cette situation nous empêche de programmer un évènement exceptionnel pour notre club, comme notre commune, et c’est bien regrettable. Après le tirage su sort il y a eu un engouement considérable. Le club a reçu plus de 2000 appels au téléphone sans pouvoir répondre aux questions qui se posaient. Nous devrions aujourd’hui mobiliser toute la ville autour de ça, afficher chez les commerçants, mettre toute la ville aux couleurs du club… Mais au lieu de cela nous sommes dans le flou total depuis ce refus de la Préfecture qui nous a été notifié vendredi ».


Le visage marqué par l’ascenseur émotionnel provoqué par cette situation, Jean-Marie Pena, co-président de l’ESCR, exprime lui aussi son immense déception : « Je suis très déçu de ce qui se passe parce que la grande famille de notre club est désolée, on a de la peine car quoi qu’il arrive maintenant le fête a été gâchée. Ça va rester, quelle que soit l’issue de la rencontre et où celle-ci se jouera, c’est gâché. On ressent une grande peine, on a de tout petits enfants, on se faisait une joie de leur ouvrir le stade quel qu'il soit pour qu’ils puissent assister à cette rencontre et finalement on arrête pas de dire qu’on n’est pas au courant. On passe un peu pour des imbéciles vis-à-vis de certains parents et amis car ils s‘étonnent que nous club nous ne sommes pas au courant de l’endroit où on doit jouer ».

Ces questions se posent devant une ministre des sports qui est en dessous de tout sur la communication en matière de sécurisation des manifestations sportives.

Philippe Tabarot, Sénateur des Alpes-Maritimes

Des clubs amateurs abandonnés ?

Autre possibilité évoquée, celle de se rendre à Monaco pour disputer le match au Stade Louis-II, mais avec là aussi des obstacles de taille comme le fait de passer la frontière française et de s’adapter aux exigences sécuritaires et sanitaires propre à la Principauté, mais surtout au coût également prohibitif de l’utilisation de l’enceinte monégasque. « Le club comme la municipalité sont prêts à faire des efforts financiers pour que cette fête se déroule de la meilleure manière possible, mais dans une proportion raisonnable », explique Michèle Tabarot.


Présent aux côtés des élus cannetans et des dirigeants du club, à l’instar des anciens internationaux, Bruno Bellone et William Ayache, le Sénateur, Philippe Tabarot a également pris la parole durant cette conférence de presse à laquelle assistaient de nombreux médias : « On peut tout simplement se poser la question de l’organisation d’un évènement sportif en France aujourd’hui. Faire cohabiter une compétition entre professionnels et amateurs est-ce que c’est possible aujourd’hui encore ? Est-ce que la Coupe de France à une place dans le football français ? Est-ce que les clubs amateurs peuvent organiser un match de phase finale ? Ces questions se posent devant une ministre des sports qui est en dessous de tout sur la communication en matière de sécurisation des manifestations sportives. Je veux bien croire qu’on organise les prochains Jeux Olympiques et que nous devons tous être mobilisés pour cela, mais il y a chaque semaine des soucis d’organisation d’évènement sportifs qui se passent mal et dont certains sont annulés pour cause de sécurité… ».

Actufoot • Conf escr 2

Michèle Tabarot face aux journalistes à l'issue de la conférence de presse.

La balle dans le camp du Préfet

Alors que le flou règne aujourd’hui, une semaine décisive s’annonce donc pour l’ESCR pour que la fête soit sauvée et que la joie vienne atténuer l’amertume qui a surgi ces derniers jours. L’esprit de la Coupe de France sortira-t-il vainqueur comme chacun l’espère ? Aux instances politiques et sportives de faire en sorte qu’il en soit ainsi. À travers cet exemple, c’est tout le football et plus généralement le sport amateur qui est en droit d’attendre un minimum de considération. Car sans eux, le monde professionnel n’existerait pas. « On nous laisse entendre qu’il y a un refus mais il faut qu’on nous aide à trouver une solution, conclue Michèle Tabarot. Pour ce qui est des clubs de l'OM et de l'OGC Nice, cela nous fait d'autant plus mal qu'ils ne puissent nous aider à trouver une solution que la plupart des licenciés de l'ESCR sont supporters de l'un ou l'autre... Enfin, pour finir sur une note d’humour, la seule chose qui pourrait nous remonter le moral serait de battre l’OM dans quinze jours et là je vous assure que la fête continuerait ». Cela serait totalement improbable, mais moins que pour l’ESCR de pouvoir organiser ce match dans les meilleures conditions…

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