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7 octobre | 11h50

Fabio Vanni : "Le week-end, je joue avec les gants de Steve"

Entretien avec Fabio Vanni (20 ans) transfuge de l'OM à Furiani (N2) où le gardien débute une seconde vie. (Crédit photos : AS Furiani-Agliani).

AS FURIANI AS FURIANI N2 Fabio Vanni GBS France

Fabio Vanni le dit lui-même dans l'entretien : "13 ans à l'OM, c'est une vie !". Ses anciennes couleurs olympiennes, il les a portées sans discontinuer des U8 à l'équipe première, effectuant même un banc en Ligue 1 lors de la victoire phocéenne en terre bordelaise qui a mis fin à 44 ans de disette. Après l'échéance de son contrat au 30 juin dernier, il s'est engagé à l'AS Furiani-Agliani, club corse promu en National 2 au terme d'une saison franchement réussie malgré la présence dans la poule de l'AS Cannes, un club historique en quête de son glorieux passé. Il était impossible de ne pas lui parler de l'OM, de la folle année vécue avec Jorge Sampaoli et de Mandanda "son père du football". Mais on s'est aussi intéressé à son choix de rejoindre l'Ile-de-Beauté, dont le climat et la douceur l'air ne l'ont pas trop dépaysé ni la mentalité corse qu'il a déjà adoptée. Vingt minutes d'entretien au téléphone avec le jovial Fabio Vanni, c'est si rafraîchissant qu'on en vient à regretter de ne pas l'avoir sollicité en pleine canicule.

Quitter l'OM avec tant de souvenirs, c'était un moment déchirant sur le plan émotionnel ?

C'est une question qu'on m'a beaucoup posée (sourires). C'est sûr que ça fait quelque chose mais tôt ou tard, il fallait que je parte. Oui, j'aurais peut-être préféré rester un peu plus mais à titre personnel et pour mes objectifs, vous savez comme moi que je devais trouver du temps de jeu ailleurs.

De quelle manière cette longue aventure s'est-elle terminée ?

Bien. Quand cela fait 13 ans que tu es au club et que tu y connais tout le monde, tu sais à peu près comment les choses vont se passer. J'étais en fin de contrat, le directeur sportif (David Friio) n'était là que depuis un an, l'OM se qualifie en Ligue des champions... Je savais que du lourd allait arriver au club. Et en plus, à la fin de l'été, même si je n'étais plus là, Steve (Mandanda) est parti et le club a recruté. C'est normal.

Quelques jours en compagnie de Luis Henrique au Brésil avant de poser tes valises en Corse, le 18 juillet. Elles étaient comment ces premières semaines "post OM" ?

J'ai passé mes vacances au Brésil avec Luis juste après la fin de saison puis j'ai entamé ma préparation physique en attendant que mes représentants me guident un peu. J'en ai profité pour me vider la tête parce que 13 ans à l'OM, c'est une vie ! Il fallait donc que j'en commence une nouvelle tout en faisant ce que j'ai appris à Marseille : jouer au foot !

Actufoot • Vanni Furiani

"Je ne me vois pas numéro 1, 2 ou 3. A l'entraînement ou en match, je fais ce qu'on me demande de faire"

Pourquoi le projet de l'AS Furiani-Agliani ?

Parce que le coach (Patrick Videira, ndlr) m'a appelé et j'ai ressenti qu'on avait le même caractère. On a parlé de l'identité du club et comme c'était le dernier jour pour ne pas être muté hors-période, j'ai donné mon accord. Bien sûr, j'ai observé la saison que l'équipe venait de faire avec cette montée à la clé et regardé un peu l'effectif. L'image et la mentalité corse que Furiani prône me correspondaient.

Les infrastructures de l'OM représentaient un certain confort de travail que tu n'a pas eu peur de ne pas retrouver en club amateur ?

Je sors peut-être d'une structure professionnelle comme l'OM mais je tiens à souligner que nos installations pour un club de National 2 sont vraiment magnifiques. Si j'avais signé ailleurs, je n'aurais pas non plus retrouvé les mêmes infrastructures. C'est Marseille, c'est incomparable. J'ai été très agréablement surpris des conditions que nous avons ici. Chapeau au club.

Tu sors d'une année chargée en émotions avec Jorge Sampaoli...

Elle a été incroyable. Mais je n'oublie pas non plus celle avec Villas-Boas. La différence, c'est que je savais que j'allais vivre la saison d'après en Ligue des champions. Celle-là, je la suis évidemment mais ce n'est pas pareil car je ne suis plus à l'intérieur.

Raconte-nous ton acclimatation à Furiani, au vestiaire, la cohabitation avec les autres gardiens et l'entraîneur des gardiens Arnaud Paoli.

Tout s'est fait naturellement. Le groupe est composé de tops mecs. D'ailleurs, je suis arrivé le 18 juillet et deux jours, c'était mon anniversaire. Ca a été encore mieux pour mon acclimatation de le fêter avec eux. Concernant Arnaud, je pense que c'est l'un des meilleurs de l'Ile et même de France, car c'est très fort ce qu'il met en place lors des spécifiques. C'est drôle parce que j'avais un peu peur de ça avant d'arriver mais maintenant, je me dis que s'il est dans un club pro, c'est pareil. Et je dis ça en ayant eu les entraîneurs de Villas-Boas, Sampaoli et ceux du centre de formation de l'OM.

Remplaçant lors du lancement du championnat, tu as depuis enchaîné 5 titularisations pour 3 clean-sheets. Est-ce qu'on peut dire que ton installation se fait naturellement ?

J'ai raté le match de Sainte-Geneviève et fait mes débuts contre Fleury. J'ai pu me rendre compte que j'avais une équipe vaillante, agressive qui ne lâche rien. J'ai une défense très solide qui fait tout pour m'aider. Je touche du bois et j'espère que ça ne changera pas (sourires). C'est des mecs qui donnent tout à l'image de notre capitaine et les résultats qu'on a (1-0, 2-1) sont révélateurs de notre état d'esprit. Me concernant et je le disais au coach, si j'ai deux ou trois ballons à gérer dans le match, je dois répondre présent.

A 20 ans, l'envie d'être sur le terrain atteint souvent son paroxysme. Tu te sens dans la peau d'un numéro 1 ?

Non, je ne me vois pas numéro 1, 2 ou 3. A l'entraînement ou en match, je fais ce qu'on me demande de faire. Si je suis sur la liste le week-end c'est bien, si je n'y suis pas je repars de plus belle pour y être la semaine suivante. Si je ne suis pas pris, c'est que je n'ai pas fait assez tout simplement. A Marseille, il faut se souvenir que j'étais toujours en tribune !

Actufoot • Mandanda Vanni

Steve, c'est mon père au football (...) Après, je suis lucide, je ne ferai jamais mieux que lui !

Côtoyer au quotidien un gardien de la dimension de Steve Mandanda, qu'est-ce ça apporte concrètement ?

Steve, c'est mon père au football. En dehors, on est plus que proche et son fils, c'est comme mon frère. Et pour vous dire encore mieux, le week-end, je joue avec les gants de Steve. Il m'a pas tout appris mais il m'a donné tellement de conseils, encore jusqu'à cet été. Après, je suis lucide, je ne ferai jamais mieux que lui !

Il est vrai que la marche est très haute mais en football...

Mais c'est ça qui est bon. J'ai appris à côté d'un mec... c'est pas que je ne pourrai pas le dépasser mais... (il se reprend). En fait non, je ne pourrai pas le dépasser (rires). C'est un gardien qui est l'idole de beaucoup de jeunes. S'entraîner avec lui c'est incroyable parce que techniquement et humainement, c'est un monstre. Mais tu apprends encore plus quand il te parle que lorsque tu es sur le terrain. Il faut enregistrer ces paroles.

Il distillait aussi les conseils même dans une période plus compliquée pour lui l'an dernier ?

Justement, la saison dernière il n'a rien lâché et il s'est entraîné comme il sait le faire. Il nous a tous montré et aux jeunes l'état d'esprit à avoir. Quand le coach faisait appel à lui, il faisait toujours l'arrêt qu'il fallait et l'OM gagnait. A la fin, il a rejoué. Même si le coach avait décidé de mettre sur le banc la légende et le capitaine du club, lui montrait à l'entraînement qu'il pouvait marcher sur tout le monde. C'est "tôt ou tard" comme il le dit si bien.

Et c'est quoi le "tôt ou tard" de Fabio Vanni ?

La suite pour moi, c'est le match de vendredi (en Coupe de France face à la National du FC Borgo). Puis celui de samedi prochain et ainsi de suite si on a la chance de passer en Coupe. Il faut que je m'installe, que je m'intègre bien dans mon nouveau club. Parce que si demain vous me rappelez mais que je ne joue plus, comment on fait ? Il peut se passer plein de choses en une année. Je me vois au coup de sifflet du prochain match. C'est dur de projeter plus loin pour l'instant.

Le futur attendra mais en ce qui concerne le passé, tu as tout de même eu le temps de te retourner sur 13 années à l'OM ?

J'ai regardé les photos, vu les personnes qui ont passé toutes ces années à côté de moi. Je me dis que c'est fou. Comme je l'ai dit tout à l'heure, l'OM c'est une vie. J'ai tout fait à Marseille, l'école, le foot... j'ai grandi et appris à être un homme à Marseille.


Propos recueillis par Thomas Gucciardi (Twitter / @thomgucciardi)

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