21 avril | 0h00
Farid Tabet, un coach qui brille dans l'ombre
Pour Actufoot, des acteurs du football qui ont côtoyé Farid Tabet ont essayé de dresser le portrait d'un coach qui aime briller dans l'ombre.
C’était écrit. Farid Tabet était prédestiné à embrasser ce rôle d’éducateur, d’entraîneur. Alors âgé d’une vingtaine d’années, et joueur de l’ES Vitrolles (13), l’actuel technicien pense déjà à sa reconstruction. Issu d’une famille de footeux, où lui et son frère ont joué à un bon niveau, sa passion est allé au-delà du rôle de joueur. Osama Haroun, dirigeant de l’ES Vitrolles qui l’a connu à ses grands débuts nous raconte. « Quand on était en Séniors, il était déjà en avance sur tout le monde et on voyait qu’il avait ce petit truc en plus. Il a commencé à passer des diplômes et on sentait qu’il voulait s’investir en tant qu’éducateur. »
Il commence par la première marche et les plus petites catégories (débutants), mais gravit rapidement les échelons jusqu’au « moins de 13 ans » de part sa réussite et ses résultats explique Osama. « On sentait que c’était un passionné, et qu’il avait ça dans la peau. En réalité, il avait cette facilité à réussir, c’était impressionnant à l’époque vue son jeune âge. Durant les 7 saisons passé au club, il n’a fait que confirmer son talent chaque année. «
Si le travail a payé à Vitrolles, il va également porter ses fruits dans l’ensemble des Bouches-du-Rhône. Passé par la suite aux Pennes Mirabeau et à Burel, c’est un coach fidèle à ses principes qui n’a jamais changé de méthode. « Globalement, de partout où il est passé, son travail n’a pas été oublié et de nombreux coaches s’inspirent de lui », affirme son ami de longue date qui se remémore également une saison où ils étaient en concurrence. « On avait tous les deux des -de 15 ans excellence et on voulait faire la montée ensemble en DHR ensemble. C’était vraiment une très belle saison et l’une des seules « concurrences saines » que j’ai eue dans ma vie d’éducateur. »
Cannes comme tremplin
Après plus de 10 saisons à écumer les stades des Bouches-du-Rhône, Farid Tabet décide de changer de cap. Le choix est pris, directement la Côte d’Azur et plus précisément Cannes et son club mythique. Alors licencié en -de 14 ans, c’est au sein de l’institution cannoise que Mickael Darnet le rencontre. « Dès son arrivée au club, les gens ont vite compris que ça allait changer. » Ses méthodes, sa rigueur, sa détermination à chaque épreuve font de lui une référence en matière de management explique l’actuel joueur de l’ES Cannet Rocheville. « Nous étions jeunes, mais il avait déjà une exigence hors normes et des techniques d’entraînement pas comme les autres. Et ça a payé puisque la saison 2004-2005 avec lui en -de 15 ans est exceptionnelle puisqu’on monte en 16 nationaux (photo) ».
En plus de la réussite, c’est aussi quelqu’un qui a su transmettre son savoir aux autres assure son actuel vice-capitaine. « À Cannes, en -de 14 ans, le coach était David Bettoni (actuel adjoint de Zinédine Zidane à Madrid, ndlr). On pourrait dire que c’était un peu son mentor, son formateur. Il a joué son rôle dans la magnifique carrière de David Bettoni, ça j’en suis certain. »
Comme dans ses anciens clubs, il gravit les échelons et enchaîne les bons résultats dans toutes les catégories (-de 16 ans, -de 18 ans). Malgré cela son parcours chez les Dragons s’arrêtera aux portes de l’équipe fanion. Dix années de bons et loyaux services au sein d’une des institutions les plus prestigieuses du football azuréen. Sa carrière prend alors un nouveau rebond en 2012. Coach Tabet décide de rejoindre le voisin du Cannet-Rocheville. Au sein de son nouveau club, il ne tarde pas là aussi à faire ses preuves. Très rapidement, il met en place une philosophie et un sens du jeu reconnus dans toute la région. « Je pense qu’il aurait pu diriger l’équipe A de l’AS Cannes, après quand on voit son parcours avec le Cannet, on peut dire qu’il a fait le bon choix », commente Mickael Darnet.
Un fin tacticien…
Comment parler de Farid Tabet sans évoquer l’aspect tactique et technique. Fidèle à ses principes, sa méthode est particulière. La plupart des joueurs diront même qu’ils ont un peu redécouvert le foot avec lui. Ou l’ont clairement vu d’un autre oeil. Lucas Rouabah, défenseur central sous ses ordres depuis 6 ans, parle d’une « méthode Tabet ». « J’ai joué longtemps au foot dans ma vie, mais je n’ai jamais travaillé de la même manière qu’avec Farid. Après, je ne sais si tout le monde y adhèrerait. Je pourrais le comparer à Bielsa quand il était à l’OM ».
Un mélange de rigueur, de justesse et d’exigence en y ajoutant une touche d’amour à la place de la folie. « Le football de Farid, c’est une ode à l’envie et à la détermination. Mais aussi au beau jeu. Avec lui, on dégage aucun ballon. Ça peut paraître flatteur, mais pour moi, c’est le meilleur », sourit Mickael Darnet.
Pour jouer sous ses ordres, il faut prendre en compte un aspect très important : le physique. Les joueurs parlent souvent de ses préparations d’avant-saison notamment. Même Mickael Darnet, coach sportif, en a souffert tous les étés. « Les préparations physiques de Farid ? Ah, il faut être prêt. Si tu n’arrives pas en condition, t’es foutu », sourient Lucas Rouabah et son compère. Mais avec lui, tout n’est qu’une question de calcul et d’anticipation. « En réalité, tout ce travail « intensif » est en lien avec son plan de jeu qui se résume à être à 2000%, avoir un pressing constant, et énormément de transition rapide. Et quand la machine est bien huilée, je peux vous dire que le moteur tourne à merveille », explique Sylvain Coulon, son entraîneur adjoint, auparavant capitaine de l’équipe.
Et quand le moteur tourne à merveille, les résultats suivent. Car oui, l’art de la gagne, il l’a en lui. Mais il reste l’homme le plus honnête du monde. « C’est un humain donc il a le droit de se tromper. Et même quand il perd, il est le même, et reste toujours juste. Si tu n’as pas été bon, il te le dira clairement », assure Sylvain Coulon. Une personne de confiance, qui est aussi un grand formateur. On le voit notamment dans son équipe du Cannet-Rocheville, où il privilégie beaucoup la jeunesse. « Pour lui ça reste une essence très importante. Il est coach mais aussi formateur, donc il veut amener ses joueurs le plus loin possible et leur faire passer des caps », affirme son adjoint.
…qui n’aime pas la lumière !
Malgré ses réussites, Farid Tabet fait preuve d’une grande humilité et n’aime pas le devant de la scène et la lumière. Loin d’être arrogant, il met toujours en avant le travail des autres et particulièrement de ses joueurs. « Ce sont les joueurs qui font le football et non moi », rabâche-t-il très souvent. Évidemment, les joueurs font le football, mais les coaches participent également à son rayonnement. Et pour les siens, ils auraient pu y contribuer à plus grande échelle. « Les gens ne se rendent pas compte de son talent car ils ne le connaissent pas ou peu, mais il aurait clairement pu entraîner une équipe professionnelle », assurent Sylvain et Lucas
Mais la vie en général, le travail et le temps ont certainement dû jouer en sa défaveur. Osama Haroun en est certain, s’il avait été plus « égoïste », il n’aurait pas eu de mal à se faire une place au plus haut niveau. « Dans une famille, il y a le gendre idéal, bah, Farid c’est un peu ça mais en tant qu’entraîneur pour un club. De partout où je suis passé, si je devais prendre un entraîneur, ce serait lui. Après, il y a dû avoir quelque chose qui a fait qu’il n’a pas été plus loin, et c’est peut-être dommage. Mais ça n’enlève rien à tout son très beau parcours. »
Un parcours qui n’est pas prêt de se terminer pour lui et ses joueurs. « Franchement avec tous ces arrêts, on pourrait ne plus avoir envie et arrêter, mais le fait que Farid soit le coach change beaucoup de choses », soulignent Mickael et Lucas. Car c’est aussi son côté humain qui est très attachant, comme nous l’explique Sylvain Coulon. « Je pense aussi que ce côté famille lui importe beaucoup et c’est pour ça qu’il n’a pas été plus loin. Le foot amateur, ça reste la base de la formation. Et comment un formateur comme lui peut-il se séparer de sa passion ? » Il ne peut pas. Et c’est ce qui fait de lui, un de ces coachs qui brillent dans l’ombre.
Ethan Raccah
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