6 février | 0h00
FC Côte Bleue-Marignane Gignac FC : l'avis des anciens sur une fusion (6/6)
Pour clôturer notre dossier sur l'éventualité d'une future fusion entre le FC Côte Bleue et le Marignane Gignac FC, Actufoot a fait appel aux anciens des deux clubs pour connaître leur avis.
Il fait maintenant partie des « anciens » du Marignane Gignac FC. Il a d’ailleurs été la victime de ce rapprochement avec le FC Côte Bleue puisque démis de ses fonctions d’entraîneur de la N2 lors de la conférence de presse à la mi-décembre 2020. Il a alors vu Christian Delachet et l’ancien entraîneur du FCCB, Mohamed Sadani, prendre sa place. Patrice Eyraud reste gentleman et dit ne pas en vouloir à son ancien club : « Avec Marc Vicendone, ça se passait très bien, je suis parti en bons termes. C’est sûr, ça ne fait pas plaisir de vivre cela, mais j’étais un peu au courant et je me doutais quand même que cela se passerait s’il y avait un rapprochement » nous a-t-il avoué.
Quant à son successeur, il le connaît bien. Mohamed Sadani a toujours eu beaucoup de réussite là où il est passé. « Le coach a déjà sa réputation dans la région et au niveau National, c’est un bon entraîneur. L’arrivée d’autres joueurs peut aussi être un plus. Mais il y a déjà de quoi faire dans le groupe. Marignane-Gignac est un club où on ne met pas de pression particulière, il a la confiance des présidents, avec M. Delachet ils ont toutes les cartes en main pour que ça réussisse » a réagi le désormais ex-patron de la N2. Pas de rancœur, Patrice Eyraud a compris la situation et le projet des deux clubs : « Je ne garde que de bons souvenirs avec beaucoup de super personnes que j’ai connues pendant toutes ces années, maintenant il faut passer à autre chose. Je veux les remercier, c’était une très belle aventure humaine, ce qui fait qu’on a eu une belle aventure sportive également ».
Une situation compliquée pour les deux clubs
A la recherche d’un nouveau défi, celui qui a amené Marignane-Gignac en National avant de redescendre en N2 l’année d’après, se dit « prêt à repartir ». « C’est assez compliqué pour tout le monde, pour tous les clubs. Il y a l’incertitude de la reprise donc pour le moment je suis en standby. Ça permet de prendre du recul et de récupérer, nous a expliqué Patrice Eyraud. C’est le Covid qui a fait que ça se passe comme ça aussi. Pour le président de Côte Bleue, c’était compliqué car ça n’avançait plus là-bas, c’est pour cette raison qu’il a voulu le rapprochement ». Du côté du MGFC, ce n’était pas la grande forme non plus. Lors du premier confinement, Marc Vicendone avait été alarmiste quant à la situation financière de la structure. « Notre club se voit donc privé de 440.000 euros de recettes, entre le sponsoring annulé et les subventions retardées » avait annoncé le président à l’époque.
« Vu les moyens qu’on avait depuis deux ans, c’était vraiment compliqué… L’année dernière, on a changé beaucoup l’effectif » confirme l’ex-entraîneur du club marignaco-gignacais qui aurait apparemment aimé travailler dans les mêmes conditions que vont l’être ses successeurs : « L’arrivée de nouveaux moyens, oui, c’est un peu frustrant, ça aurait permis de travailler autrement. Il manquait un peu de maturité et de cohésion dans le groupe, mais c’était un bon groupe quand même. Quand on change sans arrêt, ce n’est pas facile… » C’était donc bien le moment d’agir. Les deux équipes fanions sont d’ailleurs mal placées en championnat. Le MGFC est avant-dernier de N2, juste devant la réserve de l’OM et le FCCB est en milieu de tableau de N3 à quelques points des dernières places. « Je comprends, à un moment donné qu’il y ait eu un intérêt de la part des deux clubs pour se rapprocher et pourquoi pas fusionner. Financièrement et sportivement, c’était de plus en plus compliqué pour tout le monde » concède l’ancien coach de la N2 du MGFC.
Marc Vicendone avait besoin d’un nouveau souffle
Patrice Eyraud nous apprend aussi que le président avait un peu besoin de souffler : « Marc Vicendone avait comme priorité de passer la main au poste de président. Celdran va un peu prendre le relais. Cela fait 10 ans qu’il est président, il a donné beaucoup d’investissement et à côté, il a aussi un travail et sa vie » dévoile l’ex-entraîneur. « Mais ce n’est pas que ça. Le club est très bien structuré au niveau des Jeunes et des Seniors mais il manquait un peu de moyens financiers, il y avait besoin de ça » affirme l’ancien pro de l’OM. Et si le Marignane Gignac FC avait aussi quelque chose à gagner de cette fusion ? Peut-être. Et même si ça lui ferait plaisir qu’une telle alliance se mette en place avec le FC Côte Bleue, l’ancien joueur de Marignane-Gignac et actuel attaquant de Sedan, Alexandre Ramalingom, qui a connu le monde professionnel juste après son aventure en Provence, pense qu’il n’y avait « pas forcément besoin de ça pour progresser, il y avait déjà ce qu’il fallait pour passer un cap ».
On parlait d’une envie plus prononcée de finaliser une fusion du côté de Côte Bleue, mais pour Franck Priou, natif de Marignane et ancien entraîneur du club en 2014 avant la fusion avec l’AS Gignac, il y a obligatoirement un intérêt de la part du MGFC : « Le président Vicendone est une personne intelligente, qui ne fait pas n’importe quoi. La situation est délicate pour tous les clubs. S’allier avec Gignac puis Côte Bleue, cela permet d’être plus fort sportivement et d’avoir une masse de joueurs plus importante. Financierement, le président de Côte Bleue va arriver et apporter son soutien. Si c’est bien géré et qu’il n’y a pas de guerre en interne, je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas ». Patrice Eyraud est d’accord avec lui : « Le sportif est lié au financier. Pour les seniors N2, aujourd’hui, quand on voit les budgets, on voir que pour rivaliser, le nerf de la guerre c’est l’argent. Quand on a les moyens, on peut se tromper, mais on peut aussi aller chercher les joueurs qu’on a envie d’avoir ».
Une identité « élargie » ?
Il n’est jamais facile de concrétiser un projet de fusion, les deux clubs en sont témoins puisqu’ils ont déjà vécu cette transformation il y a quelques années. « Ce n’est jamais facile la cohabitation. On vu certains clubs où c’était compliqué. Mais des rapprochements et des fusions, il risque d’y en avoir de plus en plus, prévient Patrice Eyraud. Comme à chaque fois, c’est légitime, il y a la crainte d’une perte d’identité. Il y en a aussi certains qui se posent des questions sur leur poste. Ça fait toujours partie des complications d’une fusion. C’est normal, il y a quelqu’un qui arrive et qui veut travailler avec ses hommes. Moi, j’ai pris beaucoup de recul, je suis passé à autre chose, mais en interne il y a certainement encore des inquiétudes. Quand il y a d’autres personnes qui arrivent, il y a toujours des inquiétudes. J’ai été le premier à en payer les conséquences » témoigne celui qui a aussi entraîné le FC Martigues.
Et si la fusion se mettait en place, le Marignane Gignac FC associé au FC Côte Bleue totaliserait plus de 1300 licenciés. Forcément, il y a de quoi craindre un chamboulement de l’identité des clubs. Sous quelles couleurs joueront alors les deux entités réunies ? En rouge et bleu ? En blanc et noir ? Avec quatre clubs qui n’en forment plus qu’un, on pourrait imaginer un arc-en-ciel… « Ça peut être une bonne idée, ça fera un plus gros club, mais c’est sûr qu’en terme d’identité, c’est plus élargi » appuie l’ancienne vedette du MGFC, Alexandre Ramalingom. « Quand j’étais à Marignane, il y avait quand même du public au stade, une population qui aime le foot et qui est présente pour soutenir ses joueurs. Avec un vrai grand stade avec des tribunes, ce serait encore plus attractif, ça attirerait plus de monde. L’US Marignane c’était bien, mais il faut évoluer avec le temps » pense l’actuel coach de la N3 d’Endoume, Franck Priou.
S’ouvrir et élargir son identité pour mieux progresser, pas sûr que tout le monde l’accepte, mais il faudra peut-être faire le forcing. Surtout du côté de Côte Bleue qui doit encore convaincre Marignane-Gignac de son réel apport. Quoi qu’il arrive, un retour en arrière semble difficile maintenant que Christophe Celdran est devenu co-président du MGFC et qu’il a ramené avec lui son entraîneur Momo Sadani ainsi que six cadres de l’équipe N3 du FCCB. Mais Marc Vicendone, un peu surmené, semble vouloir profiter de la force de son nouvel allié pour souffler. Et si finalement Côte Bleue n’avait pas tout à gagner à fusionner avec un autre club voisin ? En tout cas, pour Osama Haroun, manager du FC Côte Bleue de 2009 à 2016, « Le temps que la fusion se fasse avec Marignane, le FC Côte Bleue sera déjà mort ».
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