16 novembre | 14h04
G. Sanou : « Je peux encore apporter à la sélection »
Arrivé en France à l'ASSE à 18 ans, l'international Burkinabé Germain Sanou réalise une saison exceptionnelle dans les cages des Gobelins. Il se livre sur son club, son parcours chez les Verts qui ne s'est pas terminé comme il l'aurait voulu mais aussi sur la sélection des Étalons, qu'il espère retrouver très vite. (Crédit Photo : Paris 13 Atl.)
Même s'il n’aime pas qu’on dise cela, il est le symbole d’une défense de fer. Le dernier rempart d’une équipe qui impressionne de par sa solidité. Depuis qu’il a rejoint le Paris 13 Atletico à l’été 2020, la formation de Fabien Valéri n’en finit plus d’être la meilleure défense de son championnat. Est-ce qu’il en est l’unique raison ? Bien sûr que non. Est-ce un hasard ? Sûrement pas. Germain Sanou n’est pas un inconnu pour les passionnés du ballon rond. D’ailleurs, beaucoup se demandent pourquoi on ne le retrouve pas dans les rubriques L1 ou L2. Arrivé du Burkina Faso à Saint-Etienne en 2010, à tout juste 18 ans, en provenance du club partenaire, le centre Saint-Etienne Bobo, il compte 23 sélections pour son pays, a participé à 5 CAN (dont celle de 2015 dans la peau d’un titulaire) et c’est un gardien qui ne laisse pas indifférent les nombreux observateurs qui arpentent les terrains de National 2.
Après cinq saisons à Beauvais et une sans club, durant laquelle il a même songé à arrêter le football, Germain Sanou revit au Paris 13 Atletico. Depuis août, il est l’un des hommes forts du leader de la poule B. Six buts seulement encaissés, trois étoiles Actufoot, il impressionne par son sang-froid et sa capacité à commander sa défense de fer. De Bobo-Dioulasso au 13eme arrondissement de Paris, d’un Étalon à un Gobelin, rencontre avec un joueur à la carrière atypique, qui n’a pas fini de nous surprendre.
Germain Sanou, le Paris 13 Atletico est leader de son groupe, meilleure défense du championnat, c’est un début de saison parfait non ?
C’est vrai que pour l’instant, tout se passe bien, il va falloir continuer comme ça. On est un bon groupe, cela travaille bien, on fait vraiment tous les efforts, en tirant dans le même sens. C’est une très bonne équipe et je suis content d’y être.
Après un tel début de championnat, vous ne pouvez plus vous cacher. L’ambition c’est bien la montée, rassure-nous ?
Bien entendu si on a la possibilité de le faire et de la jouer, il ne faudra pas faire la fine bouche. Même si comme chaque saison le but c’est de se maintenir, on sait que si on continue à avoir ce niveau de performance, on pourra se retrouver tout là-haut en fin de saison. En tout cas, on va continuer à jouer à fond et on verra où ça nous mènera en fin de saison.
Comment expliques-tu cette force tranquille que dégage les Gobelins cette saison ?
Ce n’est pas que cette saison, depuis l’année dernière on a cette solidité. Cela n’est pas pour rien qu’on était premier au moment de l’arrêt avec seulement 4 buts encaissés en 9 matchs. On a une très bonne colonne vertébrale et quand je dis ça, je ne parle pas que des défenseurs. Nos deux milieux (Joël Saki et Dylan N’Zeza) font un travail exceptionnel. En attaque également, ils ne lésinent pas à la tâche. Ce travail collectif est une vraie caractéristique de notre équipe à la perte du ballon, tous les joueurs travaillent défensivement … et vice versa, quand on le possède, on essaye alors tous de se projeter au maximum.
Comment analyses-tu ce club que tu as rejoint il y a deux saisons maintenant ?
Le club essaye vraiment de bien faire les choses afin que l’équipe soit au top, pour un joueur c’est extrêmement important de se sentir considéré comme ça. Même si on n'a pas des gros moyens, on sent que le club essaye de travailler au maximum pour améliorer les choses et c’est essentiel pour un joueur de foot. Cela faisait 4 ans que le club me voulait, le projet sportif m’intéressait et quand le directeur sportif m’a contacté je n’ai pas hésité. On se sent bien ici, c’est plaisant. Je suis certain que dans le futur, de bonnes choses vont arriver pour le Paris 13 Atletico.
Et quelles sont tes ambitions personnelles ?
Pour être honnête, il y a deux ans, j’avais perdu la motivation pour le football. Mais je me suis ressaisi l’année dernière, en essayant de travailler encore plus. Je revis chez les Gobelins. En ce qui concerne le futur, je me dis que pourquoi pas un jour frapper à la porte des divisions supérieures. Ici ou ailleurs. Je vais tout faire pour y arriver en tout cas, je suis déterminé.
Encore aujourd’hui, quand on va à Saint-Etienne et qu’on demande aux suiveurs du club, ils ne comprennent pas ce qui est arrivé et personne n’est capable de dire pourquoi Germain Sanou n’a pas signé pro.
Germain Sanou, gardien du Paris 13 Atletico
Tu es arrivé en France à 18 ans, à Saint-Etienne. Quels souvenirs gardes-tu de cette époque ?
L’ASSE restera à jamais le club qui a été me chercher en Afrique. Ils m’ont bien intégré et donné des moyens. Je n’oublierais jamais qu’ils m’ont aidé moi et ma famille. Même si l’histoire s’est mal terminée, je garde de très bons souvenirs de mon passage là-bas. Honnêtement, ce n’était franchement pas loin d’être mes meilleures saisons.
Avec le recul, arrives-tu à expliquer cette aventure inachevée dans le Forez ?
Le plus important c’est que j’y ai fait deux très bonnes saisons et j’y ai beaucoup progressé. J’ai eu quand même la chance de jouer une finale de Coupe Gambardella en 2011 (défaite aux tirs au but face à l’AS Monaco, NDLR). Après, c’est comme partout … A l’arrivée, il y a des personnes qui doivent décider pour X ou Y raisons qui doit signer ou pas … Du plus profond de moi, je savais que je le méritais, d’ailleurs tout le monde le sait. Encore aujourd’hui, quand on va à Saint-Etienne et qu’on demande aux suiveurs du club, ils ne comprennent pas ce qui est arrivé et personne n’est capable de dire pourquoi Germain Sanou n’a pas signé pro. Beaucoup de choses se sont dites après (le président Roland Romeyer a mis en doute son mental à évoluer au plus haut niveau, NDLR). Mais moi je sais ce qui s’est passé et ce qui avait été dit avant, mais entre ce qui se dit et ce qui se fait, c’est une autre affaire. Moi je suis très croyant, je me dis que c’était peut-être mon destin et depuis je suis passé à autre chose.
Ta carrière est faite de sursaut. Comment arrives-tu à toujours rebondir ?
Il ne faut pas penser qu’à soi, c’est aussi simple que cela. Toute ma famille est au Burkina Faso, je sais que ma mère, même si elle est fière de moi, voudrait me voir encore plus réussir que ça. Je n’ai pas le droit de faire n’importe quoi. De plus, avec le temps je m’assagis, je suis un homme marié maintenant. Le plus important c’est qu’il faut tout le temps continuer à travailler et ne jamais s’arrêter et perdre espoir.
Ton poste est, on le sait, si important dans une équipe. Avais-tu des modèles qui t’on permis d’évoluer au cours de ta carrière ?
Quand j’étais un petit garçon au Burkina Faso, il y avait un très grand gardien international qui se nommait Abdoulaye Soulama. C’était l’un de mes modèles, on venait tous les deux du même quartier et plus tard j’ai eu la chance de jouer avec lui en sélection, j’ai eu la chance de le regarder faire, d’analyser ses entraînements. Paix à son âme car il est parti bien trop tôt (Abdoulaye Soulama est mort d’un cancer en 2017, à l’âge de 37 ans.) Avec le temps j’ai appris à apprécier d'autres grands gardiens comme Iker Casillas ou Gianluigi Buffon.
J’aimerais apporter beaucoup à ma ville, Bobo-Dioulasso, j’ai envie de donner en retour à ma ville ce qu’elle m’a apporté, c'est-à-dire énormément.
Germain Sanou, 23 sélections avec le Burkina Faso
Peux-tu nous parler de ta relation avec ton pays, le Burkina Faso, et la sélection.
Je fréquente cette sélection depuis mes 17 ans (il a débuté à 18 ans en 2010 face au Gabon, NDLR) et même si cela fait trois ans que je n’ai pas été appelé, je continue à travailler en espérant l’intégrer de nouveau. C’est une vraie fierté de représenter son pays, j’ai participé à 5 CAN avec les Étalons (de 2010 à 2017, NDLR), je sais que je peux toujours apporter à cette sélection et c’est avec plaisir que je la rejoindrai si le sélectionneur m’appelle.
Aujourd’hui c’est un match très important pour le Burkina Faso, qui rencontre l’Algérie ce mardi à Blida. Quel est ton avis sur cette rencontre décisive dans la course à la qualification à la Coupe du Monde 2022 ?
J’en parlais ce dimanche au téléphone avec mes potes de sélections, Hervé Koffi (gardien de Charleroi), Issa Kaboré (défenseur de Troyes) ou encore l’attaquant Zakaria Sanogo. Cela va être très difficile car il y a beaucoup de blessés (Bertrand Traoré, Charles Kaboré, Alain Traoré, Lassina Traoré…), mais je sais qu’ils vont tout faire pour passer. L’équipe est de qualité et j’espère qu’ils vont faire un très bon résultat là-bas.
Penses-tu déjà à ton après carrière et à ce que tu pourrais faire, ici ou ailleurs ?
C’est trop tôt pour y penser réellement, j’ai encore pas mal d’années de joueurs devant moi mais c’est certain que j’aimerais apporter beaucoup à ma ville, Bobo-Dioulasso. J’ai envie de donner en retour à ma ville ce qu’elle m’a apporté, c'est-à-dire énormément.
Ce week-end, c’est le retour du championnat avec un match face à Lens …
Oui, cela va être un très bon match face à une équipe qu’il faut prendre très au sérieux, car malgré un début de saison difficile on peut constater qu’ils reviennent bien. C’est un centre de formation, les petits jeunes vont vouloir prouver qu’ils ont l’envie d’aller plus haut, à nous donc de faire très attention et d’aborder le match de la meilleure des façons possibles.
Propos recueillis par Reynald Trunsard
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