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Interviews

12 octobre | 16h40

H. Hamma : « Que les Dionysiens s’identifient à notre équipe »

Alors que son équipe est l'auteur jusque-là d'un très bon parcours (5e après 9 journées), le coach du FC 93 Himed Hamma s’est confié sans filtre, à l’approche de la fin du premier tiers de championnat. L’occasion pour lui de revenir sur la forme de ses troupes et la spécificité de son groupe. (Crédit Photo : FC 93)

NATIONAL 2 N2 B FC 93 FC 93 N2 HIMED HAMMA

Himed Hamma, avant le début du championnat, vous nous aviez déclaré qu’il faudrait 5-6 matches à votre équipe pour se rôder. Au vu des résultats, on peut dire que c’est désormais chose faîte ?

Il nous a fallu en effet un temps de travail qui est d’ailleurs nécessaire pour tous les groupes, mais, en ce qui concerne les bons résultats, il ne faut quand même pas éluder le facteur réussite. Cette saison, on a un groupe plus jeune par rapport à d’habitude. Sur les 26 joueurs, il y en a 17 qui n’ont jamais joué à ce niveau-là, donc la notion de temps est primordiale. Elle existe d’ailleurs encore aujourd’hui. Alors oui on gagne les matches, mais on a encore beaucoup de travail et d'axes d'amélioration, pas mal de lacunes aussi. On a également des garçons qui changent de poste ou de façon de jouer par rapport à ce qui leur a été demandé dans leurs anciens clubs, comme Bakary Camara. Il y a un temps d’adaptation qui est nécessaire pour tous les joueurs. On est dans la progression d’un groupe normal qui a été renouvelé.

Ce temps d’adaptation est-il valable également pour vous ?

Au vu de cette spécificité de mon groupe en ce qui concerne sa jeunesse, le temps d’adaptation est également valable pour moi bien entendu. Il faut être prudent, mais attention, je n'ai pas envie de l’être pour l’être. Ce sont des joueurs très jeunes, qui ne connaissent pas ce niveau qui est très spécifique, dans lequel on retrouve des anciens professionnels … Il y a une forme de roublardise que les miens n’ont pas. Dans le discours, je me dois donc de prendre ça en compte, d’être prudent. Mais en même temps, il y a la réalité du club d’aujourd’hui.

Quelle est-elle ?

C’est un club qui est en total construction et qui n’a pas l’étoffe pour aller plus haut pour l’instant. En termes d’infrastructures, de moyens financiers, humains, c’est tout nouveau. Je me dois de donner une certaine réalité, et je ne suis pas quelqu’un qui se cache. Je n'en ai pas l’envie. Quand j’étais à Sannois ou Drancy, et que je jouais la montée, je l’annonçais. Mais ici, tu ne peux pas le faire. Tu prends toutes les données du club en interne et tu sais que tu n’es pas prêt pour aller plus haut, il faut avant tout se stabiliser dans cette division-là. C’est important car cela va nous permettre par la suite d’engendrer de l’expérience et nous permettre de se construire humainement et financièrement.

Votre effectif a connu un été agité (16 arrivées, 17 départs), comment cela est-il géré ?

Le recrutement, c’est moi qui m’en occupe donc je sais où je vais. Ma fonction au DFCO, en tant que responsable recrutement sur la région parisienne m’a donné accès à un réseau très large, même en dehors de la région. Je regarde énormément de matches et j’ai des connaissances sur des joueurs qui se trouvent en province, et j’ai aussi la chance d’être connu par beaucoup de conseillers et d’agents, qui me contactent car ils savent que moi je n’hésite pas à faire jouer les jeunes.

Ici, tout le monde met la main à la pâte. On est peut-être encore amateur mais on essaye d’être professionnel dans notre travail

Himed Hamma, coach du FC 93

Que regardez-vous avant tout pour recruter un joueur ?

Ma philosophie est simple, c’est de pouvoir créer un groupe avec une forte identité francilienne, voire dionysienne. Après bien entendu, on ne ferme pas la porte à des joueurs qui viennent de l’extérieur. Idris Kadded en est un parfait exemple, lui qui vient de Lyon. Je fais également, et c’est la base, en fonction de mon projet de jeu. Je prend aussi en compte le peu de moyens que l’on a. Il faut savoir qu'on n'a pas la possibilité de s’entraîner le matin comme les Gobelins, Saint-Maur ou Fleury. On est plus dans le cas de figure d’un club comme l’ESSG ou Sainte-Geneviève. Et encore, chez nous on s’entraîne à 20 heures, car on a les petits qui sont là avant nous parce que j’ai estimé que le temps des jeunes n’était pas suffisant. On est encore totalement amateur, tous mes joueurs travaillent. On est plus proche de la N3 que de la N1 en termes de structuration, pour l’instant.

Cela donne encore plus de valeur à votre bon parcours … existe-t-il un secret FC 93 ?

On a un staff complètement fourni avec une cellule de performance qui a été mise en place. Il y a des gens extraordinaires dans ce staff, des gens qui donnent beaucoup de leur temps pour peu de choses, sauf la passion. Ils sont là, investis H24, toute la semaine. Ici, tout le monde met la main à la pâte. On est peut être encore amateur mais on essaye d’être professionnel dans notre travail, afin que les joueurs ne ressentent pas ce décalage avec les autres clubs.

Pour revenir à l'effectif, on note quand même au milieu de cette jeunesse, la présence de quelques anciens, pouvez-vous revenir sur leur apport ?

Il est primordial, même si on connaît ma philosophie qui est de partir du principe qu’à performance égale, valeur égale, c’est un jeune qui joue. Mes anciens le savent. Rodolphe Mabunda par exemple, se retrouve dans un secteur de jeu dans lequel il y a beaucoup de concurrence. D’ailleurs le dernier match, il était sur le banc et celui d’avant il n'a pas joué car c’est un garçon né en 2001 qui était à sa place. Rodolphe le sait et il l’accepte, c’est quelqu’un qui a une excellente mentalité, et un investissement irréprochable. Farid Beziouen en est un autre exemple, d’ailleurs en ce qui le concerne, son niveau de performance et d’investissement technique et physique est incroyable. Quand tu le vois jouer, tu ne sais pas qu’il a 35 ans. C’est très important d’avoir la présence de tels joueurs dans le groupe, mais ils doivent être conscients de la réalité. Je leur ai dit à l’un ou à l’autre, si vous voulez être respecté dans un vestiaire, il faut être performant, la jeune génération ne respecte que la performance, elle ne respecte pas la carrière. Ce que tu as pu faire avant, ils s’en foutent, ils veulent que tu sois à l’instant T meilleur qu’eux.

C’est un discours assez cash ...

Je suis un entraîneur direct, avec moi il n’y a pas de filtres. J’ai une relation très proche avec mes joueurs mais en même temps cela ne m’empêche pas de mettre un cadre et d’instaurer une forme de discipline. Je tiens mon groupe, malgré mon jeune âge. Même les joueurs d’expérience sont dans le même moule que les plus jeunes. Peu importe si ça fait un peu vieux jeu mais je fais très attention à cette proximité et ce respect qu’il doit y avoir entre les jeunes et les anciens. Je suis le seul maître du vestiaire et je vais être attentif au fait qu’aucun clan ne se forme. Le groupe doit bien vivre. Si j’estime comme l’année dernière qu’un joueur porte atteinte au groupe, je n’hésiterai pas à m’en séparer.

Faire progresser l’équipe collectivement et individuellement, c’est tout ce qui m'intéresse.

Himed Hamma coach du FC 93

Votre équipe marque beaucoup mais encaisse aussi pas mal de buts. Comment l’expliquez-vous ?

Moi ce qui m’intéresse c’est que la personne qui vient voir le FC 93 prenne du plaisir dans les tribunes, qu’on gagne ou qu’on perde. C’est d’ailleurs comme ça que je présente les choses aux joueurs en début de saison. Donner du plaisir aux gens. On ne peut pas être toujours parfait, que ce soit offensivement ou défensivement, donc il y a cette notion de déséquilibre qui est assumée. Il faut que les gens qui viennent dans ce département-là, s'identifient à cette équipe-là. Par la générosité, l'agressivité dans le bon sens du terme, dans le jeu, dans le dépassement de fonction. Tout ce qui caractérise la Seine-Saint-Denis. Alors, oui c’est clair, on prend des buts, qui émanent souvent d’erreurs individuelles, parfois par manque de lucidité parce que justement il y a cette forme de générosité, mais je pense que ça vaut le coup de l’accepter car cela donne du spectacle. Il y a très peu de 0-0 ici.

Ce bon début de championnat change t-il à court terme les ambitions fixées en pré-saison ou est-ce encore trop tôt ?

Je pense que jusqu’à la phase retour, je vais continuer à regarder ce qui se passe derrière nous. On est un cas qui illustre bien ce championnat, on a connu un début de saison en dent de scie mais en enchaînant trois matches, on se retrouve en haut. Cela va très vite, c’est un niveau tellement compliqué à lire. Je reste donc focus sur l’objectif principal qui est le maintien. On va d’ailleurs se construire dans cette difficulté-là, je veux que les joueurs soient en permanence en difficulté pour progresser. Après j’ai un deuxième objectif qui est de faire progresser l’équipe collectivement et individuellement. C’est tout ce qui m'intéresse.

Pour vous, il y a une différence entre jouer en N2 et être un joueur de N2, pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

On en est un bon exemple. Ici, on a plein de joueurs chez nous qui jouent en N2. Des 2000, 2001, 2002, qui ont moins de 21 ans et qui n’ont pas encore l’expérience suffisante pour être un joueur de N2. Au contraire d’un Damien Boudjemaa, ou encore d’un Bakari Camara, qui eux ont aligné près de 200 matches dans ce championnat. C’est un niveau qu’ils connaissent par cœur. D’ailleurs quelqu’un comme Boudjemaa en venant chez nous, doit apprendre ce nouveau rôle qui est d'encadrer les jeunes sans être forcément un titulaire à part entière. C’est vraiment différent que de se retrouver au milieu de 15 contrats fédéraux aux Lusitanos, qui sont eux tous des joueurs de N2. Mais Il est présent à chaque fois que je fais appel à lui, c’est vraiment important.

Le FC 93 reste sur six rencontres sans défaites

Cette semaine, vous allez affronter au 5eme tour de Coupe de France l’US Ivry (N3). Quelle importance accordez-vous à cette compétition ?

La Coupe est importante car elle me permet de concerner tous mon groupe à la compétition. De plus, ce week-end, je vais avoir énormément d’absents, certains vont purger des matches de suspension comme Farid (Beziouen), Bakari (Camara) et Idris (Kadded). A cela, il faut ajouter la liste de nos blessés (El Anrif Mhadjiri et Abdeljalil Hachem), à laquelle vient de s’ajouter lors du dernier match face à Haguenau, Bilal El Hajjam, qui vient de subir une fracture du poignet. La Coupe va donc me permettre de donner du temps de jeu à des gars qui ont très peu joué, de les évaluer. Qui plus est, on va affronter une équipe très en forme de N3 qui est en fait un club de N2 à la base. Depuis trois ans, que ce soit avec Mohamed Tazamoucht, ou maintenant Patricio D’Amico, ils se donnent les moyens d’y revenir.

La semaine d’après, pour clôturer le premier tiers du championnat, ce sera un gros rendez-vous face au Paris 13 Atletico …

C’est un match qui va nous permettre de se jauger face à une équipe expérimentée de haut de tableau. Car pour le moment, on a rencontré qu’Epinal dans ce style-là. On a certes battu Reims mais c’est particulier car c’est une équipe très jeune. C’est un gros test, d’ailleurs dès le début de saison, je les avais placés en favoris. Mais, quel que soit le résultat sur ce match là, je n’oublie pas l’essentiel et je regarde en premier lieu la production de mon équipe afin de voir si elle progresse dans les domaines ou j’ai constaté pas mal de failles et de difficultés. On a pas de pression particulière car après ce match là, il va rester encore 20 matches. La saison est longue.

Propos recueillis par Reynald Trunsard

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