Quantcast

Sponsorisé

Interviews

29 janvier | 0h00

Hugo Mazure (préparateur mental) : "Il faudra mettre son cerveau de côté"

A quelques jours de l'échéance Coupe de France, Hugo Mazure, préparateur mental et joueur en R1, donne quelques clés pour être prêt psychologiquement.

9 min.
CDF

Sponsorisé

Alors que le sixième tour de Coupe de France approche à grand pas, les clubs amateurs se préparent tant bien que mal à cette échéance. En plus des contraintes liées aux entraînements, les joueurs peuvent faire face à des difficultés psychologiques, auxquelles Hugo Mazure, préparateur mental, tente d'apporter des solutions.

Son expérience de footballeur amateur, additionnée à celle de préparateur mental dans laquelle il s’est lancé il y a quelques années, lui permettent d’avoir une vision approfondie sur le du sujet. A l’image de ses équipiers, adversaires et autres participants, Hugo Mazure, 22 ans, aborde le sixième tour de Coupe de France avec une préparation physique très légère. Afin de compenser ce manque, ce préparateur mental diplômé, qui est également joueur à l’US Saint-André en Régional 1 (Nord), propose des solutions pour, au moins, être prêt « dans la tête ».

Dans quel état d’esprit peuvent se trouver les joueurs à quelques jours du 6e tour de Coupe de France ?

De manière générale, le sentiment qui règne est surtout de l’anxiété. Mais pas tellement du stress. Et cela est dû à un manque d’activation. Cela fait un moment que les joueurs ne sont pas retrouvés sur les terrains, ensemble. Il ont le plaisir de retrouver les terrains mais sont anxieux, car il faut se fixer à nouveau des objectifs et on constate, en raison de la situation, une perte de rythme social. Habituellement, les entraînements et les matches en hiver permettent de limiter la casse durant cette période. Mais cette fois-ci, on aura une hausse du bien-être général, du fait de retrouver les collègues, couplée à une baisse de motivation induite par le huis-clos décrété pour les matches. Cela pourra se ressentir davantage encore chez les joueurs qui sont focalisés sur le résultat et qui aiment quand la foule se fait entendre.

En quoi cette situation peut-elle influer sur les performances des joueurs et des équipes ?

C’est justement la grande question qui se pose : les joueurs vont-ils parvenir à se remobiliser et bien entrer dans leur match ? Je crois justement que cette situation inédite pourra permettre de retrouver les fondamentaux du football. Le manque d’automatismes causé par le peu d’entraînements peut permettre de jouer davantage avec l’instinct et, parfois, créer des surprises. Aussi bien pour les joueurs que pour les équipes. D’ailleurs, cela peut être bénéfiques pour les plus petites d’entre elles. Malgré un éventuel manque de confiance en soi chez certains, une appréhension sur les premiers efforts, et une motivation à la baisse, la vérité du terrain pourra être tout autre que celle que l’on imagine.

Quel doit être le discours du coach au cours de cette semaine et avant le match ?

En ce qui me concerne, si j’avais été entraîneur, j’aurais déclaré forfait. En dix jours, c’est bien trop compliqué de se préparer, aussi bien physiquement que mentalement. Et beaucoup de joueurs ne seront pas prêts. En revanche, et au-delà de ça, il y a au moins cet esprit de groupe qu’il faut retrouver. Le coach doit parvenir à motiver ses joueurs et les remettre en confiance. En quelques sortes, il faudra mettre son cerveau de côté et beaucoup jouer sur l’instinct. Certes, il va falloir mettre en place une tactique, mais elle ne suffira pas à elle seule.

Du fait de son statut d’autoentrepreneur, Hugo Mazure intervient auprès de clubs et de sportifs. Ici, il est avec Cyriaque Louvion (à droite), joueur de National du Thonon Evian Grand Genève FC.

Quel conseils pourriez vous donner aux entraîneurs et aux joueurs ?

Chacun devra, de son côté, chercher à retrouver le maximum de confiance en soi. L’entraîneur aura quant à lui la mission de remobiliser ses troupes. Pour cela, des exercices de team building peuvent s’avérer efficaces pour les coaches. Car il s’agira de retrouver un semblant de liaison. Et à côté de ça, ils pourront également mettre en place des séances de motivation, en regardant des parcours de Coupe de France ensemble ou en se fixant des objectifs. Enfin, il existe des exercices de cohérence cardiaque et de respiration ventrale, que l’on peut trouver sur internet ou sur des applications.

On connaît aussi l’importance de l’imagerie mentale dans le domaine de la préparation mentale. Comment la travailler compte tenue de la situation ?

L’exercice principal est de s’imaginer et se visualiser dans une situation de vainqueur. C’est ce que l’on appelle l’imagerie de confiance. Cela consiste à fermer les yeux, et se remémorer ou se projeter dans des situations de réussite ; par exemple lorsque l’on remporte un match, que l’on marque un but ou que l’on réalise un sauvetage. Le but est de n’attirer que du positif pour avoir un regain de confiance en soi.

Ces exercices peuvent-ils être pratiqués en dehors de situations liées au football, dans la vie de tous les jours ?

C’est même recommandé. Mettre l’accent sur le bien-être mental général est important. La reprise du foot impliquera une source de satisfaction pour certains, mais dans l’ensemble on fait tous face à une perte de rythme social qui engendre une baisse du moral. Communiquer avec les gens, s’ouvrir aux autres, leur parler, même à des inconnus dans la rue, est à ce titre important. Aussi, pratiquer l’imagerie mentale au quotidien, en se souvenant de moments de cohésion en famille ou avec des amis, peut être bénéfique.

Restez informé !

Inscrivez-vous à notre newsletter :