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2 décembre | 16h50

Hugo Vidémont, le Marseillais qui a tout explosé en Lituanie

Après un long périple pour rejoindre la France en provenance de Lituanie, où il vient de glaner son deuxième titre de champion avec Zalgiris, le Marseillais Hugo Vidémont (28 ans), passé par Clermont et Ajaccio en Ligue 2, nous raconte les deux saisons exceptionnelles qu'il vient d'accomplir en Europe de l'Est.

EXPAT Hugo Vidémont

Quand on a terminé meilleur buteur et passeur d'un championnat qu'on a également remporté, que peut-on faire de mieux ?

Sur le plan personnel, c'est vrai que je suis très content parce que la saison est pleine. Collectivement, nous avions quatre objectifs : remporter la Supercoupe, décrocher une compétition européenne même si on savait que ce serait plus simple d'aller en Conference League qu'en Ligue des champions, gagner la Coupe et le championnat. On a réalisé les deux derniers mais on a perdu la Supercoupe aux tirs au but et pour l'Europe, on n'a pas réussi à se qualifier en play-off de la Conference League. Ca aurait été le rêve de tout le club.

Un 80% pour le club, du 100% pour toi ?

Statistiquement parlant oui. J'ai quand même joué huit matches de Coupe d'Europe entre les tours préliminaires et les barrages mais j'aurais adoré qu'on se qualifie pour la phase de groupes de la Conference. Ca représentait aussi un objectif personnel et collectif. En Ligue des champions, on est passé contre Linfield (Irlande du Nord) avant d'être battu par Ferencvaros, qui est quand même un ogre. Ensuite, on joue Mura (les Slovènes dans le groupe de Rennes) qui nous fait un hold-up sur les deux matches puis Bodö Glimt. C'est une super équipe qui a tapé la Roma (6-1) et on n'a vraiment pas été ridicules contre eux.

A t'écouter, la qualification a été loupée à peu de choses. Qu'est-ce qu'il vous a manqué ?

Du réalisme. Parce qu'on fait 0-0 à Mura et qu'on perd 0-1 à la maison avec énormément d'occasions dans les deux matches. En Norvège, on aurait aussi dû marquer donc c'est vraiment ces buts qui nous ont manqué pour jouer l'Europe.

On ressent quoi après avoir décroché un second titre consécutif de champion ?

C'est top et c'est aussi pour ça que je suis venu à Zalgiris, parce que c'est le plus gros club du pays. Même si quand je suis arrivé en 2019, ça faisait trois, quatre ans qu'il n'avait rien gagné. C'est magnifique, ça crée des liens. En fait, tu joues au foot pour ces moments-là.

Une nouvelle langue ? Je n'irai pas jusque-là (rires). Si je connais deux, trois mots, c'est déjà le bout du monde, et ça doit être des insultes d'ailleurs ! Plus sérieusement, j'ai pu parfaire mon anglais. Et j'ai découvert une autre mentalité, avec des coaches étrangers qui ont des méthodes d'entraînements différentes de chez nous, beaucoup basées sur la vidéo. Mon corps s'est aussi habitué au froid et puis j'ai vu grandir mon fils.

Hormis peut-être une nouvelle langue, qu'as-tu appris en matière de football et sur toi-même au cours de ces deux saisons ?

Une nouvelle langue ? Je n'irai pas jusque-là (rires). Si je connais deux, trois mots, c'est déjà le bout du monde, et ça doit être des insultes d'ailleurs ! Plus sérieusement, j'ai pu parfaire mon anglais. Et j'ai découvert une autre mentalité, avec des coaches étrangers qui ont des méthodes d'entraînements différentes de chez nous, beaucoup basées sur la vidéo. Mon corps s'est aussi habitué au froid et puis j'ai vu grandir mon fils.

Vilnius, une capitale dans laquelle il fait bon vivre avec sa famille ?

C'est une ville magnifique avec de superbes infrastructures pour les enfants notamment. Tu t'aperçois qu'en France, on est en retard par rapport à ça. A Vilnius il y a des parcs et des jeux pour les gamins à chaque coin de rue. J'avais déjà fait Cracovie en Pologne et là encore, j'ai découvert de super endroits. C'est quelque chose qu'on ne sait pas forcément.

Tu disais l'année dernière dans une interview pour So Foot qu'en Lituanie, c'est surtout le basket. La différence est telle ?

En fait, c'est un peu l'inverse de la France où ici, c'est tout pour le foot avec le basket qui vient après.

Tu as eu l'occasion d'échanger avec le basketteur français Joffrey Lauvergne ?

Non, pourtant Kaunas est une belle ville qui se situe à une heure. Je me suis créé de bonnes relations et fait des amis à Vilnius donc je n'ai pas forcément eu le temps, mais c'est vrai que ça aurait été cool.

Qu'est-ce qui t'a attiré dans ce championnat méconnu ?

J'ai toujours eu un rêve, celui de jouer l'Europe et il me permettait de le faire. Malheureusement, on n'a jamais réussi à aller en phase de groupes mais j'ai engrangé de l'expérience. Je souhaite à tout le monde de jouer des matches européens devant 30 000 personnes contre Ferencvaros dans une ambiance de fou. Et puis comme tu l'a dit tout à l'heure, l'optique de remporter des titres et des trophées.

J'ai envie de trouver le contrat qui nous conviendra, à moi, ma femme et mon fils. Je commence à recevoir quelques propositions intéressantes mais je ne sais pas du tout si je serai en Asie, aux Etats-Unis ou en Europe. Ce que je peux dire, c'est que la ville doit être un minimum grande pour qu'il y ait une école anglaise pour mon fils. Et que le projet soit intéressant au niveau du foot.

Ton contrat s'achèvera à la fin du mois (le 31 décembre). C'est quoi tes envies pour la suite ?

J'ai envie de trouver le contrat qui nous conviendra, à moi, ma femme et mon fils. Je commence à recevoir quelques propositions intéressantes mais je ne sais pas du tout si je serai en Asie, aux Etats-Unis ou en Europe. Ce que je peux dire, c'est que la ville doit être un minimum grande pour qu'il y ait une école anglaise pour mon fils. Et que le projet soit intéressant au niveau du foot.

Tu cites l'Europe mais pas précisément la France. Il y a une raison à cela ?

Le problème de la France, c'est que financièrement, c'est du brut au net. J'ai eu quelques contacts avec des clubs de Ligue 2 mais au niveau salarial, ce n'est pas ce qu'il y a de plus intéressant par rapport à l'étranger. Bien sûr, si je rentre en France je ferai un effort financier parce qu'il y aura l'école pour mon fils et que ma femme sera contente de revenir. Il faudrait voir et réfléchir si jamais je devais recevoir une offre concrète mais pour l'instant, ce n'est pas le premier objectif.

En quoi le Hugo Vidémont qui a flambé en Lituanie est-il différent de celui qui a joué une centaine de matches de Ligue 2 avec Ajaccio et Clermont il y a quelques années ?

Au niveau du tempérament. Je pense avoir gagné en maturité, j'ai moins de coups de sang aussi depuis la naissance de mon fils. Je me suis un peu assagi et c'est un peu ce qui m'a manqué en France. Sinon, en termes de qualité sur le terrain, je suis toujours le même joueur créateur, provocateur. Celui qui aime bien dribbler, les un contre un, marquer ou faire la dernière passe.

Le problème, c'est qu'on m'a menti quand je suis arrivé là-bas. On m'a dit qu'il n'y avait pas de retard de salaire et quand j'ai demandé à un joueur si tout était bon, il m'a dit : "Mais comment ça c'est bon, on n'est pas payés depuis trois mois"

Ta première expérience à l'étranger a tourné court à Cracovie.

Ca reste une superbe expérience parce que la ville est top et le club a une dimension immense en Pologne. Le problème, c'est qu'on m'a menti quand je suis arrivé là-bas. On m'a dit qu'il n'y avait pas de retard de salaire et quand j'ai demandé à un joueur si tout était bon, il m'a dit : "Mais comment ça c'est bon, on n'est pas payés depuis trois mois". Juste avant, j'étais avec mon agent et le directeur sportif et avant de signer, j'avais demandé si tout était ok sur le plan salarial parce que sinon, je prenais mes affaires et je rentrais. Il m'avait expliqué qu'il n'y avait aucun souci à se faire, qu'ils n'allaient quand même pas recruter des joueurs s'ils n'en avaient pas les moyens. Au premier entraînement, mon voisin de vestiaire m'a dit tout le contraire.

Tu as réagi comment ?

Ca a été un peu chaud avec le directeur sportif. J'ai fini par avoir tout ce qu'ils me devaient mais je n'ai pas aimé comment ça s'est passé. Le fait qu'ils aient menti, les retards de salaires. Même si je n'ai peut-être pas fait tout ce qu'il fallait sur le terrain.

Le côté positif, c'est que tu n'as pas été effrayé à l'idée repartir dans ce coin de l'Europe...

Ca m'a donné de l'expérience dans le sens où derrière, je prenais le temps de me renseigner en parlant au moins à un joueur de l'effectif pour savoir s'il n'y avait pas de problèmes au niveau des salaires.

A Tubize (D2 belge) entre 2017 et 2019, tu joues beaucoup mais avec des statistiques bien différentes de celles d'aujourd'hui. Comment tu l'expliques ?

Si tu me mets dans une équipe qui n'a pas ballon, je suis mort. Même à Zalgiris, si on affronte un adversaire et qu'on ne joue pas au football, je ne peux pas exister. Je n'ai pas un immense coffre pour défendre par exemple. En Belgique, j'ai joué le bas de tableau pendant deux saisons et c'était très compliqué pour les joueurs offensifs, même si ce n'est pas une excuse et que j'aurais pu faire mieux. Mais le fait est là : on a terminé dernier, on n'avait pas le ballon et moi, défendre ce n'est pas mon truc. Je suis un joueur technique, qui aime créer et avoir de l'espace donc si tu me prives de tout ça, je ne vais pas apporter grand-chose.

Mentalement, tu as aussi passé un cap et pris conscience de tes qualités de finisseur en Lituanie ?

Je suis un joueur qui a besoin de confiance sinon je suis assez timoré. Comme je l'avais à Ajaccio quand j'ai pratiquement joué mon meilleur football. Si tu me la donne, je vais te la rendre sur le terrain. Je l'ai eu à Zalgiris même si j'ai dû aller la chercher. Après, j'ai évolué dans mon jeu, je suis plus attiré par le but qu'avant et j'ai beaucoup progressé là-dessus.

On n'y a pas encore fait mention, mais tu es originaire de Marseille et on n'a pas spécialement trouvé de liens footballistiques te concernant avec cette ville et les clubs dans le coin. En existent-ils ?

Je suis né à Marseille mais ma mère a été mutée assez tôt à Clermont-Ferrand. J'ai fait toutes mes classes au Clermont Foot 63 mais maintenant, je n'ai plus du tout d'attaches là-bas. Ma famille est dans le sud, mes cousins sont à Marseille. Je passe toutes mes vacances ici en me partageant avec la Corse d'où ma femme est originaire. Et je suis un grand supporter de l'OM ! Marseille, c'est ma ville (sourires).

Thomas Gucciardi

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