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1 avril | 0h00

J. Vanschamelhout : "Les jeunes sont capables d'intégrer un projet de jeu"

Jonas Vanschamelhout, éducateur et coordinateur à l'Olympique Marcquois, expose les notions auxquelles sont confrontés les jeunes joueurs qu'il encadre.

32 min.
OLYMPIQUE MARCQUOIS
Au cours ces dix dernières années, Jonas Vanschamelhout, éducateur à l'US Ascq puis à l'Olympique Marcquois, a eu l'occasion d'observer de près le niveau sportif et l'approche psychologique des jeunes footballeurs. Selon lui, les U15 (et même les plus jeunes) sont confrontés à deux limites : l'aspect individuel qu'ils privilégient parfois en dépit du sens collectif, et le côté ultra-compétitif proposé par la DTN.

Pouvez-vous vous présenter et revenir sur votre parcours en tant que joueur et entraîneur ?

Je m’appelle Jonas Vanschamelhout et j’ai 30 ans. J’ai commencé dans le club de Ronchin puis j’ai été joueur et éducateur à l’US Ascq pendant cinq saisons et à Marcq cinq saisons également. A Marcq j’ai entraîné les U19 deux ans. J’ai aussi été adjoint de Fred Advice. Actuellement je ne joue plus. Je suis éducateur des U15 et coordinateur technique de U6 à U13. En parallèle, je travaille dans un collège à Marcq.

Comment en êtes-vous arrivé à travailler avec les jeunes ?

J’ai très vite concentré mon énergie sur le fait d’être éducateur, même si j’aimais aussi jouer. Le travail éducatif après des jeunes adolescents est quelque chose que j’apprécie particulièrement. J’ai rejoins Ascq à l’époque dans le but d’obtenir mon Brevet d’Etat à 20 ans, et j’ai appris le rôle d’éducateur à la faculté des sports de Liévin au travers d’un diplôme universitaire spécifique football dirigé par monsieur André Charlet qui m’a transmis cette passion. J’ai rejoint l’Olympique Marcquois sur proposition d’Anthony Herbaut pour passer un cap en tant que coach, en échangeant avec des entraîneurs dont j’apprécie beaucoup le travail comme Fred Advice, Samuel Goethals etc. Je me suis mis au service du club, ils m’ont confié la coordination depuis quatre ans, et j’ai récemment pris en charge la génération 2005 pour un cycle de deux saisons. Nous évoluons en U15 R1 qui est un championnat assez relevé et très compétitif.

Avez-vous remporté des titres au cours de votre carrière d’entraîneur ?

Avec les U19, on a été champions deux saisons de suite, et on a manqué d’un point la montée en U19 nationaux. En U15 cette saison, le classement est figé mais pour le moment nous sommes troisièmes. Je n’ai pas remporté de titre avec cette catégorie, mais le principal fait d’arme est d’avoir réussi à battre au moins une fois les trois équipes de club « pro » de la poule.

« La difficulté réside surtout dans le système « ultra-compétitif » proposé par la DTN »Jonas Vanschamelhout, éducateur U15 à l'Olympique Marcquois

Quelle est votre philosophie de jeu ?

Ma vision du football est tournée vers la dimension collective de ce sport. L’objectif est de créer des connexions entre les joueurs pour que l’équipe brille. C’est parfois complexe à mettre en place car beaucoup de jeunes perçoivent ce sport de façon individuelle. Selon moi, une bonne équipe, c’est une équipe qui créée beaucoup d’occasions et en concède peu. Il est important d’avoir des fondamentaux et je suis particulièrement passionné par le rapport de force tactique : réussir à analyser les forces et faiblesses de chaque équipe pour tourner le match à son avantage.

De quel entraîneur vous inspirez-vous ?

L’entraîneur modèle pour moi c’est Pep Guardiola. Je le trouve sans égal sur les plans trophées / qualité du jeu / héritage. On dissocie souvent le résultat du contenu mais, dans un sens ou dans l’autre, je pense qu’il faut les deux. L’un ne va pas sans l’autre.

Ces notions sont-elles applicables à de très jeunes joueurs ?

Les jeunes en pré-formation sont capable d’intégrer un projet de jeu. La difficulté réside surtout dans le système « ultra-compétitif » proposé par la DTN. Les jeunes sont ancrés dans un environnement trop « stressant » au niveau émotionnel pour leur âge.

Parvenez-vous à leur faire prendre du recul sur ce côté ultra-compétitif et leur faire retrouver le plaisir de simplement « jouer au football » ?

Il est impossible de les détacher du côté compétitif. Ils sont très attentifs au classement, et chaque adversaire « monte » sur le terrain pour obtenir des points. Le championnat U15 R1 est extrêmement relevé. Mon travail consiste à les faire aborder les matches avec du calme et les convaincre que c’est en maîtrisant au maximum ses émotions que l’on peut produire le meilleur football. On essaye de communiquer beaucoup avec eux. Je m’occupe principalement des messages collectifs, et mon adjoint Raph Vermeulen fixe régulièrement des objectifs individualisés en s’adressant à certains joueurs en particulier.

Quelles sont vos missions en cette période de confinement, sans football ?

La période est vraiment compliquée pour notre pratique, mais c’est aussi un moment où l’on réalise que certaines situations passent avant le football. J’ai communiqué deux, trois fois avec le groupe pour les inciter à s’entretenir physiquement, en adoptant une routine d’entraînement individuel et en faisant attention à soigner leur hygiène de vie : sommeil – alimentation.

A ce sujet, vous aviez publié un message sur la page Facebook du club (voir ci-dessus). Pourquoi ?

Je voulais passer un message de contexte à nos licenciés, pour leur souhaiter du courage et essayer de relativiser un peu. J’accorde beaucoup d’importance à la communication. J’ai toujours essayé de progresser dans ce domaine, car en tant qu’éducateur, la capacité à transmettre est importante et il faut se montrer crédible et persuasif pour convaincre un footballeur du chemin à suivre en l’installant dans un climat de confiance.

Comment voyez-vous-votre avenir d’entraîneur ?

À court terme ma priorité est de continuer à me développer dans le rôle de coach. Je commence à ressentir l’envie d’entraîner des adultes. Je me sens prêt à prendre la responsabilité d’une équipe de seniors, sans que ce soit une obsession. J’aime aussi les jeunes, alors cela dépendra des opportunités. Mon objectif à long terme serait d’en faire mon métier à 100%. J’essaye de progresser saison après saison, en sachant que c’est un milieu difficile d’accès et instable.

Propos recueillis par Harry Hozé

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