14 avril | 16h46
Jean-Claude Ngando : « Les Etats-Unis, une terre d'opportunités »
Passé par Amiens et au Paris FC où il n'a pas réussi à percer, Jean-Claude Ngando (22 ans) est parti tenter sa chance l'été dernier aux Etats-Unis grâce à Elite Athletes Agency et FFFUSA. Conciliant football et études dans une université de Caroline du Nord, très épanoui et en réussite, le jeune attaquant nous a parlé de son parcours atypique.
Moins d'un an après ton arrivée aux USA, ton acclimatation s'avère on ne peut plus réussie. Pourquoi ça marche si bien pour toi avec l'UNC Greensboro (UNCG) ?
Je rends grâce à Dieu car je ne pensais pas que ça allait se passer aussi bien. Je suis venu avec une certaine confiance en moi mais de là à imaginer tout ça... je n'ai pas forcément d'explication précise. J'ai beau avoir travaillé, je n'ai pas envie de m'auto-congratuler pour tout ce qui m'arrive de positif. Il faut savoir que je n'avais plus joué au foot depuis huit mois avant de venir. J'étais même dans l'idée d'arrêter après mon passage au Paris FC. Lorsque je pose le pied aux Etats-Unis, je ne suis pas "fit" du tout, je ne ressemble plus trop à un joueur de foot.
Comment t'es-tu remis à niveau ?
J'ai couru un petit peu mais quand je suis arrivé le 9 août, le premier match arrivait une semaine après ! C'est-à-dire pas de préparation contrairement en France où tu as le temps de te retaper pendant un mois ou cinq semaines. Je n'ai pas joué les cinq premières journées de championnat et la saison est courte (août à décembre). Je ressentais de la frustration mais je savais que je n'étais pas prêt. Alors, je prenais le temps de bosser physiquement à côté et de faire du travail invisible pour être prêt le jour où on allait faire appel à moi. Quand j'ai commencé à jouer, ça a pris direct. J'ai marqué et fait des passes décisives rapidement, tout s'est enchaîné. J'ai reçu plusieurs "awards" récompensant le meilleur joueur de la semaine.
Pour autant, tout n'a pas été si rose ces dernières années et ton parcours atypique en est la preuve. Comment le résumerais-tu, d'ailleurs, dans les grandes lignes ?
Je suis arrivé en centre de formation archi-tard. D'abord, j'ai beaucoup joué autour de chez moi, notamment à Espérance Paris 19e durant plusieurs années. Ensuite, je suis parti à Brétigny avec l'intention de jouer avec les U17 Nationaux mais je me retrouvais surtout avec la réserve. J'ai passé des détections pour aller à Torcy où j'ai intégré les U19 Nationaux. A titre personnel, ce n'était pas une super saison parce que je n'avais pas marqué un seul but alors que je suis un joueur offensif. Un jour, on joue Laval à domicile et ce match de Gambardella change tout. Je ne croyais pas qu'il allait m'aider et pourtant, une semaine après je reçois une invitation d'Amiens. J'y suis allé sans pression et ça s'est super bien passé. Je n'étais pas très chaud de signer la convention d'un an qu'il m'avait proposée mais j'ai finalement accepté.
Le football, c'est plus que du talent, c'est le physique et le mental et je n'avais pas tout ça
Le club te propose ensuite rapidement un contrat stagiaire mais tu ne l'acceptes pas de suite. Pourquoi ?
Je me suis dit qu'au vu de mes performances, je pouvais avoir plus. J'étais U19 mais je m'entraînais parfois avec les pros et je jouais avec la réserve de temps en temps. Après mon bac, Christophe Pélissier m'annonce que je vais venir m'entraîner avec lui donc je ne pars même pas en vacances. Derrière, ça ne s'est pas passé comme je le voulais. Le football, c'est plus que du talent, c'est le physique et le mental et je n'avais pas tout ça. On me mettait en confiance par rapport à mes qualités mais j'ai eu beaucoup de problèmes avec le coach de la réserve et le directeur du centre de formation. Normalement, quand t'es jeune et que t'entraînes avec les pros, tu joues en réserve le week-end. Moi, ce n'était pas le cas.
Comment l'as-tu vécu ?
J'étais frustré de voir que les qualités qu'on percevait chez moi et me permettaient de m'entraîner avec Christophe Pélissier ne suffisaient pas pour jouer en B. Je savais que ça allait péter. Mes relations étaient mauvaises avec les coaches et je le prends aussi pour moi, car j'étais un petit peu arrogant et insolentt. Pas intéressé par la vie du club et des gens. Je me suis mis en retrait tout seul par rapport à ma situation. Des bêtises de jeune que je ne ferais plus aujourd'hui.
Ma nouvelle priorité était d'avoir un bagage qui allait m'accompagner toute ma vie et pas seulement être un footeux
Jean-Claude Ngando a joué deux ans au centre de formation d'Amiens. Il a tutoyé les pros entraînés alors par Christophe Pélissier
Malgré ces complications, tu persistes à Amiens.
Je fais des essais à Concarneau (N1) qui est chaud pour me faire un contrat fédéral. Mais je voulais quand même m'asseoir avec Amiens malgré ma saison difficile. Le directeur sportif de l'époque John Williams m'appelle et m'explique qu'il veut me garder, en me disant que c'est à moi d'aller chercher le contrat pro. Jusque-là, Amiens représentait un échec pour moi et je voulais vraiment y réussir donc j'ai décidé d'y rester. Ca a été le meilleur choix de ma vie car même si je n'ai pas signé pro, c'est à partir de là que j'ai compris ce qu'était vraiment la foi. Je suis vraiment devenu chrétien durant cette deuxième saison à Amiens et ma vie, mon comportement, mes relations et mes attitudes ont changé. Je voulais partir en laissant un beau témoignage, celui d'un bon garçon et d'un bon joueur de football. C'est ce que j'ai fait.
Derrière, arrive le Covid...
On m'a proposé l'Espagne et d'autres offres à droite et à gauche mais c'était compliqué de voyager. J'étais bloqué à Paris et je me demandais ce que j'allais faire de ma vie. Je ne savais faire qu'une chose, jouer au foot ! Ma foi m'a permis de ne pas tomber dans la dépression et de savoir que des choses positives allaient arriver. Entre temps, j'ai travaillé dans plusieurs endroits comme JD Sports pour ne pas subir le temps. En juin 2020, Elite Athletes m'avait contacté dans l'optique de me faire venir aux Etats-Unis mais je n'étais pas intéressé parce que dans ma tête, ce n'était que le foot, pas l'école. Je n'étais pas prêt à ça donc je signe au Paris FC en octobre avec un coach qui me connait. Le Covid repart de plus belle, je dispute un seul match et la saison se termine à nouveau. Je savais qu'avec ce contexte, je n'allais pas pouvoir rester au-delà de cette saison. J'étais devenu lucide, je n'étais plus ce gamin qui rêvait.
Quelques mois plus tard, Elite Athletes apparaît soudain comme une évidence...
Il y a eu des événements dans ma vie dont le placement dans le coma d'un de mes meilleurs amis qui m'a fait beaucoup réfléchir. Je comptais rappeler Nicolas Jeausseran d'Elite Athletes pour lui faire part de mes plans et dans le même timing, je reçois un message de FFFUSA qui revient vers moi pour prendre des nouvelles. C'était un signe du destin. A ce moment-là, je rentre dans le projet non pas pour jouer au foot, mais pour aller à l'école. Certes, c'est le foot qui me permet d'obtenir une bourse, mais j'y vais pour reprendre mes études. Ma nouvelle priorité était d'avoir un bagage qui allait m'accompagner toute ma vie et pas seulement être un footeux. Eliott (Giordano-Lesieur, directeur de la communication d'Elite Athletes) me parle d'UNCG et en l'écoutant, je me dis que c'est là-bas que je veux aller sans même connaître d'autres universités. C'était une conviction forte alors que je ne connaissais rien de la Caroline du Nord.
Quel accompagnement propose l'Agence ?
Ils sont incroyables car ils ne te délaissent jamais. Mon anglais était zéro avant d'arriver ici et Elite Athletes a toujours été là pour me soutenir dans mes démarches et mon intégration. Au niveau du VISA, tout a été parfaitement géré. En fait, on est comme une équipe. Il y a des échanges et une relation de confiance. Le joueur n'est pas une marchandise qu'ils veulent vendre.
Ce que je kiffe aux Etats-Unis, c'est que c'est une terre opportunités. La mentalité, les infrastructures, les équipements, tout est fait pour que les gens réussissent. Le projet est trop gros pour dire c'est un échec si tu ne signes pas en MLS.
L'université de Caroline où tu étudies la psychologie, ça ressemble vraiment à ce qu'on voit dans les séries par exemple ?
Ce n'est pas un cliché (rires). C'est comme une petite ville dans une ville. Je ne suis pas dans la plus grande université d'un point de vue des dimensions mais ça reste impressionnant. Dedans, c'est une vie entre jeunes adultes surveillés mais qui s'auto-gèrent. Ce qu'on te demande, c'est d'aller et d'être bon à l'école. D'être bon dans tout ce que tu fais et entreprends, en fait. Ce que je kiffe aux Etats-Unis, c'est que c'est une terre opportunités. La mentalité, les infrastructures, les équipements, tout est fait pour que les gens réussissent. Entre coéquipiers, il n'y a pas de haine. On veut tous jouer mais la concurrence est saine. Le coéquipier qui ne joue pas, tu vas l'encourager et vice-versa.
On te sent investi dans tes projets scolaires. Comment perçois-tu la Draft qui se présentera cet été ?
Le foot se passe vraiment bien pour moi et je vais participer à la Summer League. Si j'ai la possibilité d'aller à la Draft, je pense que j'irais. La MLS, ça fait rêver. On a eu la chance d'assister au premier match de Charlotte FC à domicile devant 73 000 personnes (74 479 en réalité, ndlr) et c'était exceptionnel. Je me suis dit que c'était là où je voulais être. C'est le foot qui a emmené toutes ces personnes ici.
La MLS, c'est le Graal, non ? Car l'assurance, c'est de repartir avec un diplôme en poche...
C'est ce que j'explique à tout le monde. Ce n'est pas parce que tu arrives ici que tu vas aller tout droit en MLS. Tu peux être bon mais ne pas savoir ce qui va se passer. Le projet est trop gros pour dire c'est un échec si tu ne signes pas en MLS. Tu obtiens un diplôme, apprends couramment l'anglais, tu te fais un réseau et tu peux même rencontrer la femme de ta vie (sourires).
Propos recueillis par Thomas Gucciardi
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