10 novembre | 16h31
Jean-Luc Arribart : « Si on monte, on s'adaptera très vite »
Officiellement nommé directeur du FC Versailles 78 le 8 novembre, dans la foulée de la démission de l'emblématique président Daniel Voisin, l’ancien joueur professionnel et actuel consultant pour Canal, + Jean-Luc Arribart, détaille les grandes lignes de la nouvelle ère du club des Yvelines. (Crédit photo : Icon Sport)
Vous venez d’être nommé directeur général du FC Versailles 78 (leader du Groupe A de National 2), qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet ?
C’est un projet excitant, même passionnant, d’organiser, consolider, structurer un club qui est déjà solide et qui a une très bonne réputation. Aussi, ce n’est pas n’importe quel club, c’est Versailles ! Même si c’est plutôt une ville culturelle et multisport, on est persuadé qu’il y a une place pour le foot ici, le club compte quand même plus de 1100 licenciés… Et avec tous ce que représentent les Yvelines, il y a un potentiel important. C’est en tout cas ce qu’on pense, nous. On est parti dans ce projet en se disant que Versailles est un « petit » club amateur en bonne santé, qui peut avoir des ambitions si on lui donne les moyens. Alors, à mon âge, je ne vais pas faire un projet sur vingt ans comme l’ancien président. Mais on va essayer de donner à Versailles des moyens pour rêver plus fort, pour reprendre l’expression d’un certain club parisien. On reste humble et très conscient que dans le football il y a une grande partie aléatoire. Ce n’est pas parce que l’on est déterminé, pas complétement idiot, et qu’on a un peu de moyens que l’on est sûr de gagner. On va essayer de bien faire les choses, en sachant qu’il faut des circonstances favorables pour aller au bout de nos projets. Le but c’est d’aller plus haut. Va-t-on y arriver ? Je ne sais pas. Mais on va essayer !
Sur quels sujets majeurs vous a-t-on missionné ?
Je vais intervenir directement et essentiellement sur l’équipe première. Au niveau des structures, de notre mode de fonctionnement, il va falloir améliorer les moyens matériels et recruter des moyens humains. Des profils pour m’aider dans cette mission. Mais on va grandir à notre rythme, en fonction des étapes qu’on pourra franchir. Dans un premier temps, le but est de doter Versailles de structures plus fortes. Au niveau de l’entraînement par exemple, on a des conditions à Porchefontaine (quartier sud-est de Versailles, NDLR) qui sont bonnes, mais pas suffisantes. On partage notamment notre vestiaire avec l’école de foot et le reste du club, et les joueurs ne peuvent pas laisser leurs affaires… On doit améliorer les conditions d’entraînement de nos joueurs, en créant un petit coin à nous, un peu comme le rugby l’a fait il y a déjà quelques années à Versailles. En se dotant d’un terrain à lui, d’un autre terrain synthétique, d’un vestiaire, … Il faut mettre ça en place, avec la ville et la région, et travailler avec eux pour que l’on se dote d’installations plus adaptées à notre équipe première.
Le FC Versailles 78 fait évoluer son organisation structurelle et nomme Jean-Luc Arribart au poste de directeur général.#communique #presse #fff #national2 #FCVersailles78 #GroupeCITY #footballhttps://t.co/Rt05YL5e4Q
— FC Versailles 78 👑 (@FCVersailles78) November 8, 2021
Existe-il l’idée, à plus long terme, d’alimenter l’équipe première avec une politique de formation plus poussée ?
L’équipe première c’est la vitrine, la locomotive du club. C’est comme ça qu’on imagine les choses. Mais toujours en partenariat étroit avec l’association. Et, évidemment, il y a des choses à dynamiser de ce côté-là, par exemple avec la réserve qui est en Régional 3. Il faudrait essayer qu’elle monte d’une ou deux divisions, ça serait beaucoup plus intéressant pour les joueurs de l’équipe première qui ne jouent pas beaucoup. Après, « la formation » à proprement parler, c’est autre chose. On peut parler de formation que si le club est professionnel. Il faut être en Ligue 2 pour parler de centre de formation et franchir une étape décisive. Pour l’instant, on ne rêve pas de ça, on va y aller progressivement, on ne va pas commencer à rêver de choses qui sont inaccessibles aujourd’hui. Ce qui est sûr c’est que l’équipe première est la locomotive du club et qu’on a envie qu’elle prenne de la vitesse, cette locomotive.
Quel état des lieux faites-vous de l’effectif en place et du travail réalisé par Youssef Chibhi jusqu’ici ?
On a une entière confiance en Youssef Chibhi. Les résultats plaident pour lui. Il faut un très bon travail depuis plusieurs années. Il a aussi su faire évoluer son effectif. Cette année, l’équipe a été renouvelée à plus de 70 %. Et aujourd’hui on est dans une très bonne dynamique sportive, grâce à lui. Donc il est au cœur du projet sportif, évidemment. Quand un entraîneur gagne, et qu’après onze matches il n’y a aucune défaite, … On serait drôlement mal embouché d’aller lui faire des reproches. On est ravi d’arriver dans un contexte aussi favorable sportivement. Je trouve que l’on a une opportunité terrible cette saison d’envisager de se bagarrer pour la montée. On est très bien parti. Même si, à ce moment de la saison, on ne fait pas les fanfarons. Notre seule certitude c’est qu’on a une équipe pour jouer la bagarre pour la montée. Il faut avoir cette ambition d’y croire fortement. C’est un trop bon départ pour ne pas avoir envie d’aller au bout. En gardant les pieds sur terre.
Ceux qui ont trop de certitudes en football, se cassent souvent la gueule
Jean-Luc Arribart, nouveau directeur général du FC Versailles 78
Apporter quelques retouches à l’équipe en cours de saison, c’est envisageable ?
On ne s’interdit pas de prendre un joueur ou deux, selon les souhaits de l’entraîneur, pour renforcer l’équipe cette saison. Il peut y avoir des blessures, il y des postes qu’il faut peut-être renforcer, même si ça tourne vraiment bien. Il faut anticiper. Ensuite, pour la saison prochaine, si on monte on s’adaptera très vite, sinon on renforcera encore l’équipe pour arriver encore plus fort pour jouer la montée. Mais, encore une fois, on garde les pieds sur terre. J’ai le souvenir d’une discussion avec Marc Keller (président du RC Strasbourg, NDLR), l’année de la montée de National 2 à National, durant laquelle il me dit : « On n'a été premier que lors des vingt dernières minutes du dernier match. » Tout ça pour dire que la saison est longue, indécise et que parfois on transpire jusqu’au coup de sifflet final du dernier match. Ceux qui ont trop de certitudes en football, se cassent souvent la gueule.
Vous pensez également à recruter quelques personnes de confiance pour vous entourer ?
Oui, je vais faire venir avec moi deux ou trois personnes assez rapidement. Je suis en train de choisir soigneusement. Je n’ai pas envie de recruter pour recruter. J’ai besoin d’avoir quelques personnes de qualité qui vont travailler dur à côté de moi pour faire de cette équipe première de Versailles, une équipe ambitieuse.
Vous êtes actuellement consultant pour Canal + sur la Premier League. Les deux activités sont conciliables ?
Pour l’instant oui, je suis sous contrat avec Canal, donc je vais y terminer la saison. J’adore ce que je fais à Canal+ et j’adore le foot anglais, mais c’est vrai que ça m’oblige à manquer quelques matches le samedi quand je suis en Angleterre. Je peux me rattraper sur Fuchs Sports (qui diffuse sur internet les matchs de National 2, notamment), et puis j’ai les commentaires de l’entraîneur et de certains observateurs pour me faire des debriefs avisés. Donc pour l’instant c’est envisageable de faire les deux, ça ne le sera peut-être pas longtemps. On verra bien comment les choses se déroulent. On va laisser se terminer la saison et je prendrai une décision à ce moment-là.
Vingt-quatre heures avant votre nomination officielle, Daniel Voisin a démissionné après presque 20 ans de présidence. Quel regard portez-vous sur ce long mandat et sur la manière dont les choses se sont déroulées à son départ ?
Je connais trop peu Daniel Voisin pour parler de lui. Je sais simplement, comme on l’a dit dans notre communiqué, qu’il a fait du très bon boulot à Versailles, qu’il a pris le club dans un moment difficile au début des années 2000, et qu’il a été déterminant dans le redressement du club, et dans sa consolidation. On le remercie pour tout ce qu’il a fait, parce que faire ça en y mettant autant d’énergie et de passion… C’est un long mandat qui est remarquable. Il était d’ailleurs le premier à imaginer une nouvelle organisation pour Versailles parce que je pense qu’il avait conscience que le club avait atteint son plafond de verre. Avec les moyens du club avant l’arrivée de Fiducim, arriver en National 2 c’était formidable. Ça nous permet aujourd’hui de partir sur des bases saines et de pouvoir construire un autre projet. Démarrer une nouvelle aventure. Mais on n’oublie pas ce qu’il a fait.
Pour conclure, un 7e tour de Coupe de France se profile pour le club face à l’Olympique Lumbrois (R1), avec potentiellement un derby du 78 contre Poissy derrière, victoire impérative ce week-end ?
Je suis partagé sur la Coupe. C’est une récréation pour les joueurs, un match différent, ça permet aussi au coach de donner du temps de jeu à des joueurs qui jouent moins en championnat. Là, en plus, on est à deux matches des 32èmes et de l’entrée en lice des clubs de Ligue 1. Avec la perspective de peut-être de jouer le Paris Saint-Germain, Marseille, Lyon, … Ça pourrait être une formidable fête que le club a déjà connue à Montbauron avec Dijon, Lens... Cela attire du monde. Cela plait non seulement aux supporters mais aussi aux joueurs. Et financièrement, pour un club amateur, c’est aussi loin d’être négligeable. Mais, la Coupe peut mobiliser les énergies et la concentration des joueurs, et ainsi les détourner du but majeur qui reste le championnat. On le voit chaque année avec les équipes amateures qui vont loin. Elles sont extrêmement pénalisées en championnat. Il y a des blessures, les joueurs ne pensent plus qu’à la Coupe, à l’emballement médiatique qu’il y a autour. Je ne suis pas en train de dire que l’on va galvauder la Coupe de France, mais ça peut-être un piège. Mon souhait, ça serait de passer encore deux tours, puis de jouer le Paris Saint-Germain. Vous imaginez le bonheur des joueurs versaillais de se mesurer à Messi, Mbappé et Neymar ? On peut en rêver de ce scénario-là ! Mais avant il y a deux matches à gagner. On n’y est pas encore.
Propos recueillis par Augustin Delaporte
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