La saison dernière vous terminez onzième à une place de la zone rouge, vous êtes aujourd’hui deuxième invaincu avec le même nombre de points que le leader brestois, comment expliquer ce changement ?

Sur les deux premiers tiers de la saison dernière, nous étions très bons, puis nous avons fait un dernier tiers catastrophique. Il y a bien sûr plusieurs explications, nous avions pas mal de blessés, le calendrier était beaucoup moins dense que sur la première partie de saison, mais globalement les joueurs avaient un petit peu lâché en fin de saison. L'année dernière, le début de saison était certes moins bon que celui que l'on réalise actuellement, mais il était quand même bon. Aujourd'hui, on essaye de se servir de cette expérience. C'est une équipe qui se connaît bien et est très solidaire, une vraie bande de copains enrichie par deux, trois recrues. On a donc gagné du temps dans tout ce qui est principes de jeu et animation défensive, offensive.

Cette solidarité existe-t-elle seulement depuis cette saison ?

Non, elle existe depuis toujours dans cette équipe. Il y a eu quelques recrues, un joueur arrivé du Stade Rennais (Winston André) qui nous apporte son vécu dans un club professionnel ainsi que son exigence et son ambition, c'est important et ça a bonifié le groupe. Nous avons aussi accueilli un très bon défenseur du FC Tours (Thomas Link) qui s'est super vite intégré, ainsi qu'un joueur du SAS Épinal (Grégory Gaget) toujours jovial et souriant qui apporte sa joie de vivre et qui a mis cinq minutes à s'intégrer. Autrement, le reste de l'équipe se connaît depuis quatre ans, c'est le même qui s'est hissé en huitième de finale de Gambardella l'année dernière et qui a remporté le challenge Jean-Leroy (championnat de France des sections sportives d'excellence) qui se conclut par une phase finale à Clairefontaine.

La saison dernière, vous aviez fait une bonne première partie de saison avant de lâcher finalement au cours de la deuxième. Aujourd'hui, votre début de saison est encore plus convaincant, comment faire pour ne pas vivre à nouveau le scénario de la saison passée ?

Là va être un peu la difficulté. Il faut que l'on fasse preuve de constance pour ne pas se faire peur comme l'année dernière. Il nous faut une prise de conscience, on a déjà l'expérience de la saison dernière. J'en parle régulièrement au groupe afin de leur dire de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Le groupe est plus étoffé cette saison, notamment devant. La saison passée mes deux attaquants se sont blessés au même moment, nous avions donc fini la saison sans attaquants, et sans finisseurs nous avions toutes les peines du monde à marquer un but. Avoir un peu plus de concurrence est donc une bonne chose, après il faut aussi concerner tout le monde.

La gestion du groupe est forcément différente de celle en structure professionnelle...

Il nous faut aussi faire avec nos limites de clubs amateurs, la plupart des joueurs sont étudiants. Avranches c'est une petite ville, la plupart d'entre eux étudient à Rennes ou à Caen, donc ils accumulent de la fatigue en revenant s'entraîner chaque mardi, jeudi, vendredi. D'autant plus sur certaines périodes de l'année, je sais que celle de la Toussaint et compliquée, la sortie d'hiver le sera aussi. Il faut qu'on arrive à gérer ces périodes creuses, que ce soit sur la gestion d'effectif ou du temps de jeu pour garder tout le monde concerné et essayer d'avoir un trou d'air moins important. Maintenant, c'est un championnat difficile donc nous sommes à l'abri de rien. C'est vrai que pour le moment tout va bien, mais là nous attaquons une série de matches compliqués. On a eu la chance de bien démarrer, donc à nous de capitaliser et de gérer le mieux possible la défaite qu'on n'a pas encore connue, mais forcément elle arrivera.

Vous affrontez d’ailleurs le leader Brest lors de la prochaine journée avec l’occasion de leur passer devant, comment abordez vous ce match ?

Pour le moment, on ne s'est pas focalisé sur cette rencontre. Brest est un club ami, on se connaît très bien avec l'éducateur. Je vais retrouver les joueurs ce mardi soir, on va d'abord débriefer ce qu'on a fait lors de la dernière journée, puis gentiment basculer sur la rencontre face à Brest. Nos principes de jeu restent inchangés, pas de prise de tête. Après, je connais mes joueurs, évidemment la première chose qu'ils font en ce moment après chaque rencontre, c'est de jeter un œil au classement, ils savent donc qu'en la faveur d'un bon résultat à Brest il se passera des choses. Je n'aurai pas besoin d'insister beaucoup là-dessus, ils seront au courant. On est en confiance, on essaye surtout de profiter, lorsqu'ils entrent sur le terrain les gars savent que s'ils mettent les ingrédients qu'il faut, ils peuvent rivaliser avec tout le monde. On ira pour faire le meilleur match possible, sans surjouer parce que lors de la dernière journée, face à une belle équipe de Guingamp qui nous a secoué, on était déséquilibré, nous étions partis sur autre chose, notamment en première mi-temps. Il a fallu recadrer un peu le groupe aux vestiaires parce que nous menions certes 1-0, mais si nous étions resté dans la même logique cela aurait été compliqué. Donc nous irons à Brest sans se prendre pour d'autres mais pour prendre du plaisir et progresser.

Sentez-vous de l’excitation chez vos joueurs à l'approche de ce type de rencontre ?

Non je ne sens pas d'excitation, mais c'est sûr qu'il y a de la bonne humeur à l'entrainement et des sourires. Comme on aime le dire "le groupe vit bien".

Comment définiriez-vous le style de votre équipe ?

Au début de saison, je pensais qu'on aurait un style très différent de l'année dernière. On était notamment en début de saison capable d'avoir la possession du ballon face à des équipes de notre calibre et jouer en attaque placée. Je me pensais plus avoir une équipe de transition cette saison, c'est ce qu'on a fait au début du championnat parce qu'on ne savait pas trop où l'on mettait les pieds, les gars savaient que ce serait diffèrent même s'ils ont vécu l'épopée en Gambardella. Mais depuis les rencontres face à Vertou (victoire 4-0) et Laval (1-1) en quatrième et cinquième journées de championnat, l'équipe a pris confiance en attaque placée et possession. Nous sommes plus une équipe qui tient le ballon en ce moment, bien que cela n'ait pas été le cas face à Guingamp. Je dirai qu'on arrive à avoir un style de jeu un peu hybride, quand on est capable de posséder le ballon et jouer dans le camp adverse on le fait, et quand il faut faire le dos rond et aller de l'avant à la récupération, pour l'instant on arrive à le faire aussi. Donc, en résumé, on s'adapte, la confiance fait que pour le moment tout va bien. Encore une fois, il sera intéressant de voir comment nous réagirons après une ou deux défaites que je souhaite le plus tard possible.

L’US Avranches est l’un des rares clubs amateurs français à aligner une équipe dans les championnat nationaux des U19 et des U17, à quoi cela est-il dû ?

C'est un travail de fond, nous avons des outils qui nous permettent de recruter des joueurs. Nous avons aussi des éducateurs stables au sein de chaque catégorie d'âge qui travaillent ensemble depuis longtemps. L'US Avranches dispose d'une équipe à chaque étage au plus haut niveau possible jusqu'aux U19. Nous avons des U14 en R1, U15 R1, U16 R1, ces trois équipes sont en tête de leur championnat pour l'instant. Il y a aussi les U17 nationaux, U18 R1 ainsi que les U19 nationaux. Tout cela avec des éducateurs qui travaillent dans la même dynamique, ce qui est pour nous une force.

Propos recueillis par Bilal BEY