6 juin | 13h20
Jean-Philippe Cheton : "Le projet a de belles perspectives !"
À la tête de la SAS du RC Grasse depuis trois ans, Jean-Philippe Cheton dément les rumeurs de départ le concernant et nous explique les objectifs du nouveau cycle de trois ans qui s'ouvre pour son club après la belle deuxième place de l'équipe fanion en National 2 (Groupe C) cette saison.
Président, comprenez-vous que les rumeurs sur un éventuel retrait de votre part, de réduction budgétaire ou encore l’annonce de huit départs puissent inquiéter sur l’avenir du club à court terme ?
Tout à fait, c’est d’ailleurs pour cela qu’il m’est apparu nécessaire de clarifier la situation du club. Cela va certainement vous paraitre paradoxal, mais pourtant notre projet n’a jamais eu d’aussi belles perspectives que lors de cette intersaison.
C’est-à-dire ?
Le propre d’un projet structuré est d’avoir une vision sur le moyen et long terme. Nous venons d’achever le premier cycle de trois ans qui avait plusieurs objectifs. Premièrement poser les bases d’une organisation professionnelle, chose faite aussi bien sur les plans juridique, administratif, commercial que sportif. Contrairement à de nombreux clubs, nous consacrons un maximum de 70% de notre budget au sportif afin de disposer d’expertise et de compétences dans tous les services du club. Quand Charles Kaboré ou Claude Puel disent que nous n’avons pas grand-chose à envier à un club professionnel dans notre organisation, j’avoue que c’est une fierté, car je me dis que nous sommes dans le vrai. Notre objectif est d’être structuré comme le niveau où nous souhaitons aller.
Notre volonté est de placer Grasse sur la carte du football national
Quels sont les autres objectifs ?
J'allais y venir. Deuxièmement, notre volonté est de placer Grasse sur la carte du football national. Nous avons voulu, en concertation avec l’Association, lier l’image du club à celle de la Ville. Le changement de logo était donc essentiel. Nous avons la chance que Grasse soit mondialement connue et il était naturel que notre logo soit en lien avec cette histoire. Mais au-delà d’un logo et des réseaux sociaux, la crédibilité se gagne sportivement et en terminant deuxième des deux derniers championnats nous avons prouvé une constance et gagné un respect chez nos adversaires. Enfin, il nous fallait crédibiliser notre ambition auprès de la Ville. Il s’agissait d’un enjeu majeur de ce premier cycle, car sans la Ville à nos côtés notre ambition est impossible. Aujourd’hui ce pari est gagné. Jérôme Viaud (Maire de Grasse et Président de la Communauté d’agglomération du Pays de Grasse) est convaincu que le football peut être un formidable vecteur sportif, social et d’image pour le rayonnement de Grasse et du bassin au niveau local, régional et national.

Sur le premier cycle de trois ans de la SAS du RC Grasse deux saisons ont connu une issue sportive avec deux deuxièmes place à la clé en N2 C pour Loïc Chabas et ses joueurs.
Justement que pensez-vous du rapprochement avec l’US Plan ?
J’ai participé à la première réunion avec les dirigeants des deux Associations, Gilles Rondoni et Olivier Brero, respectivement adjoint et directeur des sports de la Ville de Grasse. Il nous a été exposé la volonté municipale de mutualiser les énergies et les infrastructures. Même si je comprends que cela puisse être difficile pour certains d’avoir le sentiment de perdre une partie de leur identité (lire notre dossier du 27 mai sur le sujet : "RCG/USPG, un divorce avant le mariage ?"), je pense qu’il s’agit d’une bonne chose. Il faut penser à l’avenir et à nos enfants. L’idée est d’accueillir tous les bénévoles et licenciés qui auront envie d’écrire cette nouvelle page d’histoire du sport de notre ville.
Quoi qu'il advienne le Racing Club du Pays de Grasse va donc voir le jour ?
Exactement. À partir du 1er juillet, ce nouveau club ne rayonnera plus uniquement sur Grasse, mais désormais sur tout le Pays de Grasse. Il ne faut pas avoir peur de rêver, il faut fédérer et construire. J’aime beaucoup l’expression de Mark Twain « ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait ». Ce pourrait-être le slogan du club de Villareal, ville de 50 000 habitants, qui a atteint les demi-finales de Ligue des Champions cette année. Ce club est passé en dix ans de la D4 à la D2, puis sept ans après vice-champion d’Espagne derrière le Real Madrid. Ils ont construit leur projet pierre par pierre en prenant le temps. Je vous rassure, je ne nous projette pas dauphin du PSG dans une quinzaine d’années, mais par contre je ne suis pas certain que le bassin économique et démographique grassois ait moins de potentiel que celui de Villareal. Il faut donc parvenir à convaincre les amoureux de foot, les institutionnels, les chefs d’entreprise de participer à cette aventure tous ensemble sans s’interdire aucune ambition.
Nous annoncerons prochainement l’arrivée au capital de plusieurs personnes dont une connue dans le milieu du football.
Est-ce compatible avec une baisse de budget ?
Comme dans la vie, l’argent est important mais pas capital. La preuve nous finissons deux fois deuxièmes avec le 6e ou 7e budget. Chaque année le club doit grandir et le projet avancer, mais une hausse de budget n’est pas le garant de cela. Au 1er juillet nous allons devenir le RC Pays de Grasse et par la volonté de Monsieur le Maire il n’y aura qu’un seul et grand club fédérateur à Grasse à partir de la saison prochaine avec le rapprochement avec l’US Plan. Ce sont des avancées capitales, bien plus importantes que l’aurait été une hausse de budget la saison prochaine sans ces grandes nouvelles. Financièrement nous allons vivre une saison de transition, mais non sans ambition.
À travers votre discours vous ne semblez pas être un président sur le départ comme on peut l'entendre ça et là...
Vous savez j’ai de nombreuses activités et forcément peu de temps à consacrer au football. Nous avons démarré cette histoire avec Thomas Dersy, ensemble dès le premier jour, et c’est lui qui gère le projet au quotidien en tant que directeur général. Nous sommes en contact plusieurs fois par jour et nous avons la même vision. Depuis le départ nous envisageons ce projet comme une aventure humaine. Romain Henry et le staff y ont adhéré. Nous avons rallié Jérôme Viaud et ses adjoints à nos côtés. Désormais notre objectif est d’ouvrir le capital à des investisseurs, locaux essentiellement, pour être encore plus fort et voir encore plus loin.

La montée en puissance du RC Grasse depuis trois ans a engendré un véritable élan populaire comme en attestent les belles affluences observées au Stade de La Paoute tout au long de cette saison 2021-2022.
Seriez-vous vendeur si un repreneur vous faisait une offre ?
Figurez-vous qu’une personne souhaitait reprendre la totalité de mes parts, mais ce n’est pas du tout ma volonté. En acceptant ma mission il y a trois ans je me suis aussi engagé à pérenniser l’existant et cultiver cet esprit identitaire propre à notre bassin. Nous annoncerons prochainement l’arrivée au capital de plusieurs personnes dont une connue dans le milieu du football. Constater l’intérêt que notre projet suscite auprès de chefs d’entreprise est une grande satisfaction et même une surprise à mes yeux. Le sport collectif, et le football plus spécialement, est une activité où la réussite est encore plus belle quand elle est partagée. Une réussite professionnelle ne vous procurera jamais la sensation de la joie d’un vestiaire après une victoire. C’est aussi cela que ces futurs actionnaires viennent chercher à nos côtés : une aventure humaine, du plaisir et de l’ambition. Ces actionnaires ont acté un investissement sur trois saisons qui va nous donner une vraie visibilité sur le nouveau cycle que nous allons entamer.
Depuis notre arrivée au club, aucun joueur n’a signé au RC Grasse pour l’argent, car chacun d’entre eux avaient des offres supérieures ailleurs au moment de s’engager avec nous.
Il se fera sans des cadres historiques de ces dernières années…
En effet, il n’est jamais simple lorsque l’aventure s’arrête avec des joueurs historiques comme peuvent l’être Nat (Robalo), Romain (Andrea) ou Frank (Delerue), mais également avec des joueurs exemplaires comme Fabien (Dao Castellana). Pour autant il faut avoir une réflexion globale, tenir compte de l’affect sans pour autant qu’il vous fasse perdre votre objectivité. Sans parler des qualités de chacun qui sont indéniables, on ne peut avoir une politique sportive où l’on souhaite promouvoir des jeunes talents, se projeter sur l’avenir et jouer avec une défense à trois de 33 ans de moyenne d’âge. Il faut trouver le juste équilibre. Depuis notre arrivée au club, aucun joueur n’a signé au RC Grasse pour l’argent, car chacun d’entre eux avaient des offres supérieures ailleurs au moment de s’engager avec nous. D’ailleurs, je suis flatté lorsque j’apprends il y a quelques jours que l’AS Cannes ou des clubs de notre poule de N2 font des propositions impressionnantes à certains de nos joueurs, et je suis fier quand Herman Ako par exemple décide de décliner et nous donne son accord pour les trois prochaines saisons. C’est un signe fort d’un joueur cadre dans la force de l’âge. Cela prouve qu’il croit au projet et que nous sommes dans le vrai. Je peux rassurer nos supporters, nous serons toujours compétitifs la saison prochaine et vous pourrez le constater avec les renouvellements et les signatures à venir dans les prochaines semaines.
Quels sont les objectifs de ce nouveau cycle que vous nous avez évoqué ?
Le premier va être d’effectuer au mieux la transition actuelle du RC Pays de Grasse en impliquant le club sur des actions sociales sur le bassin, que le business club du RC Pays de Grasse devienne un acteur majeur économique et que les résultats rendent fiers nos supporters. Sportivement, nous avons entrepris lors de cette intersaison un rapprochement avec l’Association afin d’avoir une politique sportive pyramidale commune. Dans ce sens, Loïc Chabas portera le projet à la tête d’une commission sportive étoffée et compétente.
Nous comptons également renforcer notre identité locale avec le recrutement des meilleurs jeunes joueurs des Alpes-Maritimes, à l’image d’Axel Gnapi et Samkou Camara l’été dernier. L’annonce de deux signatures le confirmeront très bientôt.

En parallèle de son ancrage local, le club grassois travaille actuellement sur un rapprochement avec le Burkina Faso par l'intermédiaire de l'ancien marseillais et néo-niortais, Charles Kaboré.
Récemment Thomas Dersy a représenté le club lors d'un voyage au Burkina Faso à l'invitation de Charles Kaboré. Quel était le but de ce déplacement ?
En parallèle de cette identité locale, l’ouverture que nous souhaitons avoir sur un autre pays, une autre culture, est en train de se mettre en place avec ce rapprochement avec le Burkina Faso. Thomas Dersy est allé avec Charles Kabore dans son pays pour rencontrer le Ministre des Sports et découvrir plusieurs académies. Dans ce cadre un jeune espoir Burkinabé devrait nous rejoindre à la reprise de l’entrainement au mois de juillet.
Un dernier mot président ?
Notre principal défi d’ici la fin d’année 2022 est de réussir notre ouverture de capital. Elle va s’effectuer en deux étapes, une fin juin et une autre fin décembre. La première est quasiment finalisée avec des actionnaires qui vont apporter énormément au projet par leur passion, leur réseau et leur envie de participer à cette aventure. L’objectif de cette ouverture de capital est d’avoir une visibilité financière pour accompagner le club dans son développement et viser l'accession en National durant ce cycle des trois saisons à venir.
Actualités Similaires
Restez informé !
Inscrivez-vous à notre newsletter :