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23 octobre | 0h00

Jérémie Bréchet (OL B) : "Ce groupe est quasiment le plus jeune de l'histoire en N2"

L'entraîneur adjoint de l'équipe réserve professionnelle de l'OL, Jérémie Bréchet, fait un premier bilan du début de saison des jeunes pousses de la N2.

15 min.
BRECHET
Jérémie Bréchet fait un premier bilan du début de saison des jeunes pousses de la N2. L'entraîneur adjoint de l'équipe réserve professionnelle de l'OL évoque aussi sa relation de travail avec Gueïda Fofana et les supposées tensions internes entre le secteur pro et celui de la formation en septembre.

L’OL vous a proposé de passer de la catégorie U17 à la N2 l’été dernier. Comment avez-vous accueilli cela ?

Ca a été une agréable surprise quand le directeur du centre de formation (Ndlr : Jean-François Vuillez) m’a contacté pour le poste, avec l’aval de Gueïda (Fofana) bien sûr. J’ai passé mon DES l’an passé donc il s’agit d’une progression pour moi. Les mouvements sur les catégories dépendent des contextes, des coaches et des besoins de l’Académie. J’ai pu avoir un public différent avec les U13 d’abord puis auprès des U17 et maintenant avec la N2.

Quel premier bilan tirez-vous sur le développement des joueurs de ce groupe ?

C’est un début de saison positif si on fait un retour rapide sur le contexte. Ce groupe est quasiment, si ce n’est le plus jeune de l’histoire de la N2. Il y a donc le facteur inexpérience qui entre en jeu puisque certains éléments jouaient encore en U17 la saison dernière. Ils sont cette année avec nous et parfois même avec les pros, c’est un gros changement. Il ne faut pas oublier non plus qu’on vit une saison tronquée par le dernier exercice. On voulait voir comment les garçons allaient réagir après une longue période d’inactivité. Tout ça fait que ces premières semaines sont cohérentes et je ne parle pas des résultats.

« En étant l’OL, on est obligé d’avoir des résultats et de maintenir le club en National 2 »

Justement, quelle importance ont les résultats dans le processus de formation des joueurs ?

Les résultats font partie de la formation. Il faut en avoir, et j’aurais peut-être dû commencer par vous répondre qu’en étant l’OL, on est obligé d’avoir des résultats et de maintenir le club en National 2. Et plus si affinités en cours de saison. Le staff a l’expérience de ce championnat et sait aussi que la N2 est un vrai combat chaque saison pour préparer les joueurs au monde seniors.

Le niveau des équipes amateurs augmente chaque saison. L’OL a-t-il fait aussi ce constat ?

Il suffit de regarder les classement des clubs pros pour s’en rendre compte. Les réserves possèdent des effectifs de plus en plus jeunes, le fait aussi que la Fédération a passé la jauge de 70 à 60 joueurs sous convention a un impact considérable. Aujourd’hui, on joue avec des 2003 voire 2004 en N2. Le mec passe du championnat U16 à des gars qui ont 30 ans et qui ont bourlingué en National ou en D2. C’est dur. D’une part, on est de plus en plus jeune et d’autre part, le niveau général des coaches et des structures amateurs a vraiment progressé. Les processus d’entraînement sont quasiment équivalents à ceux des pros. Ils s’entraînent tous les jours, ont des contrats fédéraux, peu de joueurs travaillent. Il y a un ruissellement du niveau vers le haut avec les joueurs qui ne passaient pas le cap en Ligue 2 ou en National et qui viennent jouer en N2. Personnellement, je trouve ça top car les matches que l’on dispute dans la poule Sud de N2 sont hyper formateurs.

« On ne peut pas en vouloir aux joueurs de passer à travers de temps en temps »

Qu’est-ce qui manque par exemple à vos jeunes lorsqu’ils sont battus (3-0) à Grasse, qui est une équipe construite et préparée pour jouer la montée à l’échelon supérieur ?

Si on juge le résultat brut, on se dit qu’on a pris une tôle. Mais la performance de l’équipe a été correcte voire bonne par moments. On a eu un peu de mal à se remettre en marche sur ce match qui venait après la trêve de deux semaines, coupure qui faisait suite à beaucoup de bonnes performances. C’est dur pour les jeunes d’être régulier, il faut gérer les corps, les têtes. Sur ce match précis, on prend trois buts sur coup de pied arrêtés dont un pénalty. Ca aurait pu finir à 3-2 ou 4-3 et même si on aurait perdu dans tous les cas, on ne peut pas en vouloir aux joueurs de passer à travers de temps en temps.

La formation, c’est aussi forger des hommes ?

Complètement. On se sert de ces matchs là et on apprend d’ailleurs plus des défaites que des victoires. On donne aussi de quoi réfléchir aux jeunes. Sur ça, Gueïda est très, très fort. Lorsque le groupe lui donne une tendance, Gueïda adapte les discours et les séances d’entraînements. Ca fait partie de la formation du jeune, on forme des footballeurs sur les aspects technico-tactique, physique, ok. Mais on forme aussi sur le mental, la performance, la gestion des émotions, l’apprentissage à la vie de travail adulte, l’autonomie. On est en plein dedans. Il y a plusieurs types de formations avec nos joueurs et c’est ce qui est top. Et on travaille avec un staff ultra compétent sur ces aspects.

Comment fonctionnez-vous avec Gueïda Fofana au quotidien ?

Comme j’ai fonctionné ces deux dernières saisons. Je suis adjoint, mon rôle est d’apporter mes compétences et mon aide au coach principal. Je dois me fondre dans le staff qui a fonctionnement bien établi.

« Gueïda Fofana est vraiment un entraîneur très, très compétent »

N’est-ce pas étrange parfois d’assister un très jeune entraîneur lorsqu’on possède une expérience finalement plus consistante que lui au haut niveau ?

Vous savez, dans le football, il faut parfois faire preuve de bons sens. Les choses se font toujours naturellement. Gueïda est le coach numéro 1 et même si on n’est pas toujours d’accord, il sait où il va. Son âge ne corrèle pas avec ses compétences pour coacher la N2. C’est vraiment un entraîneur très, très compétent. On est un staff très uni qui roule pour lui et c’est très bien comme ça. On n’a pas la même expérience et on a parfois des sensibilités différentes lors de nos discussions mais au bout du compte, on ne parle pas formation des coaches mais formation des joueurs.

Il ne souhaite pas s’exprimer dans les médias. Pourquoi ?

Il n’aime pas tellement ça, se mettre en avant dans la presse.

Quel type de coach est-il au quotidien ?

Il est très attentif à ce dont les joueurs ont besoin. S’il avait un groupe différent, il ferait peut-être différemment. Sa force c’est de s’adapter à son groupe. Après il a sa philosophie, son management propre à lui mais ce qui est intéressant, c’est que les joueurs donnent le ton et lui s’adapte.

« On en a fait toute une histoire pour pas grand-chose »

Comment composer avec les sollicitations de plus en plus régulières du groupe pro pour certains de vos meilleurs éléments ?

La situation est claire, les pros ont des besoins et on leur donne ce qu’il faut. On compose avec l’effectif qu’on a l’entraînement et on s’adapte. C’est le rôle de toutes les équipes de National 2 dans les structures professionnelles. Il n’y a aucun problème de ce côté-là.

Des tensions ont été évoquées en interne au mois de septembre entre le secteur pro et celui de la formation.

Des choses se sont dites mais ça a toujours été très respectueux. On en a fait toute une histoire pour pas grand-chose. Il y a eu un échange d’informations très cordial et c’était fini, on n’en parlait plus. La presse aime bien quand ça parle mais il n’y avait rien.

Quel est votre regard d’ex-défenseur central sur les profils de la recrue Cenk Ozkacar (2000), de l’étoile montante Sinaly Diomandé (2001) et de l’espoir Castello Lukeba (2002) ?

Ce sont des profils différents avec des histoires différentes. Cenk (Ozkacar) est en post-formation mais il a déjà joué avec les pros en Turquie. Il risque de jouer avec nous lorsqu’il ne sera pas avec le groupe pro. Il est gaucher et peut jouer aussi bien dans une défense à trois axiaux que dans une ligne de quatre. Il a une bonne technique et une capacité physique impressionnante. Il est fort comme un Turc comme on dit (sourire). Il faut qu’il se fasse un petit peu au rythme pour continuer sa progression. Castello (Lukeba) avance et apprend doucement aussi. C’est sa première saison en N2 donc il ne faut pas aller trop vite non plus. Il touche un peu à l’équipe pro comme d’autres joueurs, c’est un espoir du club et on a hâte de voir ce que va donner dans les deux années à venir. Sinaly (Diomandé) a du talent et sa force est son physique, sa puissance. Il est en avance par rapport aux deux joueurs qu’on a cités. Il a déjà joué en Ligue 1, à lui de faire en sorte de continuer à gratter du temps de jeu.

Propos recueillis par Thomas Gucciardi avec Simon Marachian

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