Pourquoi es-tu resté près de deux ans sans jouer ?

Je me connais. Je suis quelqu’un qui a toujours mis beaucoup d’envie dans le foot. Je vis de ce sport depuis que j’ai 17 ans. Mais l’envie n’était plus la même qu’avant, pour aller à l’entraînement et me faire mal. Je ne voulais pas m’arrêter en pleine saison parce que je m’étais forcé. J’ai préféré dire au coach que je ne voulais pas repartir. J’avais des propositions pourtant.

Cet arrêt était-il forcément temporaire pour toi ou alors as-tu songé à arrêter définitivement ?

Il y a eu un peu des deux. Je me suis dit parfois : « c’est bon, j’arrête. J’ai tout donné pour le foot ». Je suis quelqu’un qui fonctionne beaucoup à l’envie, je n’aime pas tricher. D’autres fois, ce désir de jouer et de revivre l’ambiance du vestiaire revenait. Je me posais la question.

Quel a été le déclic pour te dire que tu voulais bel et bien reprendre du service ?

J’ai toujours joué au foot. S’il y a bien un mot qui peut caractériser ma vie depuis tout petit, c’est le football. Forcément, quand il n’y en a plus, ça crée quand même un manque. Même si je sais que je ne reprendrai pas à ce niveau là, lorsque je regarde des matchs de Ligue des Champions avec le Real, ça fait rêver. On peut retrouver ce genre de sensations à tous les niveaux. Ça a mûri dans ma tête, j'en ai parlé avec mes proches. Le déclic a été l’envie que ma famille et mes enfants me voient jouer. Mon fils ne m’a jamais vu jouer au foot.

Tu as 33 ans aujourd’hui, quel type de projet recherches-tu pour la suite de ta carrière ?

Un projet sérieux, avec si possible une équipe ambitieuse. Reprendre dans un contexte pas sérieux où l’on est cinq à l’entraînement, je ne peux pas, je pense que j’arrêterais. Je suis à l’écoute de toute proposition. Je ne pourrai pas donner le même temps que j’ai donné durant toute ma carrière, il faut composer avec le travail et la famille. Je ne veux pas d’un projet bancal. Je n’irai pas en district 4, sans paraître prétentieux, je n'accepterai pas tout et n’importe quoi. Si on me dit par exemple que l’on vise la montée et qu’il n’y a pas de quoi le faire, ça ne sert à rien. Je vais d’abord discuter avec l’entraîneur pour qu’il m’explique les contours du projet avant de prendre une éventuelle décision.

Tu cherches obligatoirement en Île-de-France ?

Oui. Je travaille, j’ai une vie de famille avec trois enfants. Je ne me vois pas voyager de droite à gauche.

As-tu déjà eu des propositions cette année ?

Oui, il y a un coach qui m’a appelé. Il va certainement reprendre du service cette année. Il a pris la température pour savoir s’il pouvait compter sur moi. C’est le seul coup de fil que j’ai eu pour l’instant. Car tout le monde pense que j’ai arrêté.

Tu as passé l’essentiel de ton temps en Île-de-France, pourquoi n’as-tu pas joué à l’étranger par exemple ?

Je n’avais pas l’envie. Je suis parti en D2 suisse à Nyon, l’essai s’est bien passé mais je ne me sentais pas de rester là-bas, je suis rentré au bout d’une semaine.

Comment définirais-tu ta carrière et ta mentalité en tant que joueur ?

Je suis très content d’avoir pu vivre du football autant d’années. Je suis fier de ce que j'ai fait. Je me suis tout le temps donné dans ce que je faisais. Après, quand je suis à fond physiquement, je suis un gagneur, quelqu’un qui ne lâche rien et qui veut tirer l’équipe jusqu’à son maximum pour aller chercher les meilleurs résultats possibles. Je suis exigeant avec les autres, parce que je le suis avec moi-même. Je déteste perdre, s’il fallait tricher pour gagner je ne dirais pas non, c’est sûr (rires).

Jusqu’à quel âge te vois-tu continuer ?

Ça dépend de beaucoup de choses, de l’hygiène de vie et de l’envie. Si ce n’est que sur le plan physique, ça dépend de la division, en Ligue 1, je te dirais une semaine (rire), en R2 je peux jouer jusqu’à 37 ans. En National 2, je dirais l’année prochaine. Ça dépend, c'est difficile à dire.

Elie Rollé