Nommé le 8 mars dernier à la tête d'une équipe de l'OM tout juste humiliée
par Canet-Roussillon en Coupe de France, Jorge Sampaoli se sert des trois
derniers mois de championnat comme d'un laboratoire en prévision de la
saison prochaine. En pleine course pour une qualification européenne grâce
aux premiers résultats probants obtenus sous la conduite de l'Argentin, les
Olympiens doivent encore absorber la méthode et les principes de jeu de
leur entraîneur, dont on perçoit tout de même facilement l'amorce. (Crédit
photo : Icon Sport).
Devant Reims-OM vendredi dernier, il n’était franchement pas scandaleux de
constater qu’on assistait à un mélange de rien et de pas grand-chose des
deux côtés du terrain, jusqu’à l’ouverture du score rémoise signée Mbuku,
lâché au marquage par Thauvin sur corner. Les premières périodes, c’est un
peu la (mauvaise) constante du Marseille de Sampaoli qui détient malgré
cela une moyenne de 2,29 points par match, meilleur ratio pour un
entraîneur qui débute au club depuis… Marcelo Bielsa en 2014-2015. Si
l’équipe phocéenne tarde en effet à se mettre en route, à déployer son jeu
avec intensité et exercer ses phases de pressing avec efficacité, elle est
brutale une fois réveillée. Dernièrement, Montpellier, Lorient et donc
Reims en ont fait les frais.
16 – Jorge Sampaoli a glané 16 points après ses 7 premiers matches de Ligue
1 à la tête de Marseille (5 succès, 1 nul, 1 défaite), meilleur départ pour
un entraîneur de l’OM depuis Marcelo Bielsa en 2014 (16 points également).
Sorcier. #SDROM pic.twitter.com/4dO7eLY79x— OptaJean (@OptaJean) April 23, 2021
Dans la réaction plus que dans l’action
Lors de ses trois derniers matches, l’OM a attendu d’être mené au score
pour réagir. A chaque fois qu’il a égalisé, il a enchaîné avec un deuxième
but coup sur coup. Deux buts en trois minutes à Montpellier (43e, 45+1),
deux contre Lorient (53e, 56e) et encore deux en quatre minutes à Reims
(41e, 45+1). C’est d’ailleurs à cette 41e minute à Auguste-Delaune que le
Marseille version Sampaoli a marqué son but le plus rapide. Sur les 15
marqués depuis l’arrivée de l’Argentin, trois l’ont été dans le temps
additionnel de la première mi-temps (!) et dix en seconde période. « Comme avec Marcelo (Bielsa), on a l’impression que ça peut basculer d’un
côté comme de l’autre, tellement on donne, on ne calcule pas. Pour
l’instant, ça bascule de notre côté, on va s’en réjouir. Mais il faut
continuer à travailler car notre première mi-temps n’a pas été celle qu’on
voulait », déclarait Dimitri Payet après la victoire (3-1) contre Brest. Le numéro 10
aurait pu tenir le même discours sur les matches qui ont suivi, signe que
les Olympiens ont encore collectivement beaucoup de repères à trouver.
L’identité de jeu, la clé de voute de Sampaoli
Porteur d’une philosophie de jeu offensive, Jorge Sampaoli s’évertue depuis
sa prise de fonction à répéter l’importance pour lui de redonner une
identité de jeu à l’OM. « On essaie de retrouver l’identité de l’équipe, de retrouver le respect
pour le maillot de l’OM qui est si important, c’est ça la clé du grand
changement de comportement de l’équipe depuis que je suis arrivé. » Presser haut, récupérer, exploser vers l’avant, telle peut être résumée
l’identité voulue par l’Argentin pour son Olympique de Marseille. Depuis sa
première contre Rennes, il a expérimenté plusieurs dispositifs avec une
base fixe de trois défenseurs axiaux. En 3-4-1-2, 3-4-3 ou 3-5-2, il
densifie l’axe, valorise les sorties de balles et l’apport des pistons.
C’est ainsi qu’il a fait de Leonardo Balerdi, son meilleur relanceur, un
titulaire indiscutable et exploite à merveille les qualités offensives de
Pol Lirola.
Lirola-Thauvin, Payet-Milik, duo gagnants
Le défenseur prêté avec option d’achat par la Fiorentina enchaîne les
grosses prestations notamment sur le plan offensif. Son association avec
Thauvin est synonyme de grande promesse, en attestent leurs combinaisons
décisives contre Lorient et à Reims. Installé dans un rôle de numéro 8,
l’international français, essayé également sans succès comme piston gauche,
travaille un peu plus dans l’ombre que par le passé, laissant, pour le
moment, les clés du camion et le statut de vedette à son meilleur ennemi
Dimitri Payet. Rayonnant physiquement et techniquement, le Réunionnais
semble retrouver en meneur de jeu la grâce qu’il avait sous la conduite de
Marcelo Bielsa. Avec sa vista et un Milik clinique pour conclure les
actions, l’OM peut voir entrevoir de belles choses sur le front de
l’attaque.
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Des velléités offensives apparentes mais un équilibre qui reste fragile
Dominateur en termes de possession de balle lors de six des sept rencontres
disputées (57% de moyenne), l’OM a tiré 81 fois au but (31 tentatives
cadrées) mais concède aussi beaucoup de frappes (80). Le système à trois
axiaux n’est pour l’instant pas gage d’équilibre total et certains
Marseillais paraissent parfois encore trop naïfs ou tendres dans leur façon
de défendre. Delort et surtout Moffi, auteur d’un doublé au Vélodrome,
l’ont prouvé récemment en perforant une charnière pourtant densifiée.
Sampaoli aimerait voir à l’oeuvre Jordan Amavi qui pourrait être le pendant
parfait de Lirola à gauche. Mais l’ex-Niçois, de retour à l’entraînement,
n’aura au mieux que trois matches avant les vacances. Sa prolongation,
comme celle de Thauvin, voulue par leur technicien, représente un enjeu
important en prévision du prochain exercice. Au milieu, le retour de
Valentin Rongier pourrait donner encore un peu plus de volume et
d’efficacité au pressing souhaité par l’ancien sélectionneur du Chili.
Offensivement, le duo Payet-Milik fait des étincelles. Conserver le premier
dans cette forme et réussir tout simplement à garder le second,
l’entraîneur marseillais en rêve certainement. Car d’ici trois semaines,
les expériences de laboratoire prendront fin pour laisser place aux
chantiers d’un mercato qui s’annonce aussi passionnant qu’animé.