29 octobre | 14h30
La Salésienne de Paris : Tout d’un grand
Avec plus de 1200 licenciés attendus pour cette saison 2021-22, « La Salé » est une place forte de la capitale. A l’occasion d’un sixième tour de Coupe de France historique, focus sur ce club du 17eme arrondissement qui grandit à vitesse grand V sans oublier toutefois ses valeurs qui lui sont chères. (Crédit Photo : Club)
Ce dimanche 31 octobre sera une date spéciale pour La Salésienne de Paris. Face à l’ESP Aulnaysienne (R1), la section football de cette véritable institution de la capitale, qui évolue en première division départementale, va disputer pour la première fois de son histoire, un sixième tour de Coupe de France, le dernier au niveau régional de la doyenne des compétitions. Une performance exceptionnelle, acquise grâce à un parcours sans faute, qui les a vu éliminer tour à tour Villennes-Orgeval (D3, 2-0), Epinay Académie (R3, 2-1), l’US Ponthierry (D2, 3-1) et le CO Vincennois (R1, 2-1). Pour le capitaine de cette équipe, le milieu défensif Cédric Marchal qui fédère comme personne son groupe autour de lui, on savoure : « On attend tous le rendez-vous de ce week-end et je peux vous garantir que la date est cochée dans le calendrier de chacun des joueurs, c’est une chouette expérience, une très belle aventure historique pour le club. On a un groupe qui travaille ensemble depuis six ans, qui a connu pas mal d’aventure avec le Covid et c’est une juste récompense car on est une vraie bande de copains, il y a une ambiance incroyable entre nous tous. » Même son de cloche pour celui qui occupe la fonction de Président depuis 2013, Aymeric de Tilly : « C’est incroyable car on n’avait jamais été aussi loin, on veut d’ailleurs profiter de ce moment historique pour faire une grande et belle fête du club. Cela représente l’aboutissement d’une génération qui est l'ossature de ce groupe senior. Ce sont des joueurs qui sont au club depuis 5 à 7 ans, voire toujours pour certains. C’est l'aboutissement d’une aventure humaine de pote, dans le cadre du club qui les a accompagnés durant toutes ces années. C’est un état d’esprit du groupe qui représente bien l’état d’esprit du club. »
Cédric Marchal, capitaine à l'autorité naturelle de La Salésienne de Paris,
Pour comprendre un peu mieux ce que peut être cet état d’esprit du club, il faut assimiler ce que représente La Salésienne de Paris. Place forte du 17eme arrondissement, La Salé est une association fondée en 1913, qui tente de répondre aux besoins de tous, des tout petits aux retraités. A travers plus de 10 sections, du football à la danse, du tennis au théâtre, du basket à la gymnastique, en passant par la toute dernière crée, le hockey sur gazon, l’association fondée par l‘abbé Chardon il y a plus de 100 ans, a un véritable caractère social, puisque le coeur de ses activités se révèle aux valeurs humaine qui lui sont chères, comme la convivialité, la solidarité et l’amitié. Aujourd’hui âgé de 47 ans, Aymeric de Tilly a passé toute sa vie à la Salésienne de Paris, puisqu’il y est entré tout petit en 1980. Il y a pratiqué de nombreux sports comme le football, le tennis ou encore le ski (l’association possède à Saint-Sorlin d’Arves son chalet de Cluny) et par la suite il y est devenu accompagnateur, éducateur puis membre du conseil d’administration depuis 2000, avant d’en être donc le président depuis 8 ans maintenant. Pour lui, il est primordial de respecter les valeurs de la Salé et de créer une vrai communauté, un véritable club omnisport qui fédère l’ensemble des adhérents : « On fait attention à ce que toute les sections soient concernés par les autres, on veut du partage et quand il se passe quelque chose pour l’une des sections, on veut que l’ensemble d’entre elles se mettent en ordre de bataille, du basket au tennis, en passant par les spectacles de fin d’année de Danse Modern Jazz ou Hip Hop. »
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que pour ce parcours de Coupe de France de sa section football, cela marche. Si vous n’avez jamais été au stade Paul-Faber, n’hésitez pas car cela vaut le coup d'œil et l’ambiance y est chaude. Lors du match du cinquième tour, adversaires et officiels de la rencontre ont tous déclaré avoir été surpris par cet engouement. Cédric Marchal en est conscient et remercie ce public qui se prend de plus en plus au jeu : « J’aimerais saluer les supporters car c’était à chaque fois une fête énorme et c’est vraiment génial d’avoir autant de monde pour ces matches de Coupe de France. » Il poursuit en mettant en avant sa direction : « Notre président est un amoureux du club, le travail qu’il fait avec toute son équipe pour La Salésienne c’est tout à leur honneur et ça paye jusqu’à présent. Tout l’engouement qu’ils ont pu mettre autour de cet événement, c’est extraordinaire. » Pour le principal concerné, on la joue modeste : « Le foot amène plus de ferveur et c’est bien qu’on arrive à faire une grande fête qui concerne tout le monde. On est un club d’arrondissement, donc plutôt de proximité, familial ou des petits aux parents, on joue à la Salé. Il y a un vrai attachement, une fidélisation au club. Ce parcours est l’occasion de mettre en exergue tout ça et génère un engouement encore plus grand. »
Permettre aux jeunes filles de jouer au foot dans les mêmes conditions que celles des garçons.
Aymeric de Tilly, Président de La Salésienne de Paris et fervent défenseur du football féminin.
Il faut dire qu’avec une base de données de 13000 personnes, la force de frappe de La Salé est impressionnante. Rien que pour la section foot, on va atteindre pour cette saison post Covid, un nombre de licenciés compris entre 1200 et 1250, dont 160 féminines, ce qui le place à ce niveau là sur le podium en Ile-de-France. Pour faire marcher cette grosse machine, une équipe de 40 éducateurs est nécessaire. Pourtant, rien n’est facile, avec 90000€ à débourser pour accéder aux terrains de sport contre 13000€ de subventions de la Mairie de Paris, le club espère un peu plus de concession de la ville de Paris sur les différents stades du 17eme, mais en attendant il faut savoir être original et créatif : « On cherche surtout des structures pour bien travailler et bien accueillir. Pas forcément de l’argent mais des moyens, être dans de bonnes conditions de pratique sportive. Un algéco par ici, quelques petites installations par là, voir de quoi faire un peu de pub sur le club House ou un endroit pour poser le logo », précise le Président. Très investi, celui-ci ne manque pas de projets pour son club : « On va essayer de marcher sur trois jambes avec « Un Sport pour tous », en espérant ne jamais pouvoir refuser un enfant qui vient taper à la porte de La Salé. On aimerait continuer à performer sur les jeunes car on est de mieux en mieux et potentiellement d’aller jouer rapidement au niveau régional, mais aussi et surtout continuer d’être une place forte du football féminin, j’en suis un fervant défenseur. Permettre aux jeunes filles de jouer au foot dans les mêmes conditions que celles des garçons. »
Aymeric de Tilly lors du dernier tirage au sort au siège de la Ligue Paris-Ile-de-France.
Ce dimanche c’est donc pour toute une armée de fidèles que vont jouer les joueurs de l’équipe fanion de la section football. Mais au-delà de la fête, il ne faut pas oublier qu’il y a un match et l’enjeu sportif est énorme. Et sur ce match, les chances de La Salé sont loin d’être nulles. Face à Vincennes, les troupes du coach Emmanuel Souloy ont prouvé qu'elles pouvaient battre un club de R1, division dans laquelle évolue l’ESP Aulnaysienne, qui se présentera à eux ce dimanche. Pas au mieux en championnat (1 nul, 3 défaites), ceux-ci ont dû passer à trois reprises par la séance des tirs au but pour atteindre ce sixième tour (face aux clubs de R2, Montreuil et Neauphle-Pont, ainsi que le club de D1 du FC Argenteuil). La mission n’est donc pas impossible pour les coéquipiers de Cédric Marchal qui sont eux au contraire sur un rythme incroyable en ce début de saison, avec 7 victoires en autant de rencontres. Pour autant, pour l’ancien entraîneur de l’UJA Maccabi ou encore des réserves du PFC ou d’Orléans, il faut s’attendre à un gros défi : « Face à Vincennes, on a fait le match qu’il fallait et on est passé mais il ne faut pas oublier qu’on va jouer une équipe très difficile, qui joue trois divisions au dessus de nous. De toute façon, j’aurais réagi de la même manière que ce soit Aulnay ou le Red Star, je ne vais pas préparer mon équipe d’une autre façon par rapport à d’habitude, hormis peut être sur le plan tactique car ce sont des matches qui se jouent sur des détails et que l’adversaire a des qualités. On va essayer de trouver l’équilibre pour essayer d'embêter cette équipe. » Au club depuis cet été, celui qui a connu une belle carrière de joueur au niveau N1/N2 (Évry, Noisy-le-Sec, Pau, Poissy, Rouen …), sait à quel point une aventure en Coupe de France est importante pour un joueur : « La Coupe c’est de base une aventure pour les joueurs, elle fait toujours grandir et apporte de la confiance. J’ai eu l'opportunité de faire plusieurs matches de Coupe quand j’étais jeune, par exemple avec l’AS Evry on a joué le Saint Etienne de Camara ou Angers en 1/16eme avec St Leu, et je sais ce que ça représente pour eux. »
Mon but ultime c’est de marquer l’histoire du club ... et si je pouvais le laisser en Régional, ce serait parfait.
Cédric Marchal, capitaine de La Salésienne de Paris, qui à 37 ans effectue probablement sa dernière année à ce niveau.
Très ambitieux, le coach Souloy rappelle à qui veut l’entendre qu’il est venu à ici pour monter, un souhait partager par son capitaine, qui n’est pas un novice dans le football, lui qui a été formé au Racing et avec lequel il a disputé un 1/4 de Final de Coupe Gambardella, avant de jouer au niveau régional à La Garennes-Colombes : « L’objectif premier c’est le championnat, mon but ultime c’est de marquer l’histoire du club, ce qu’on est en train de faire en Coupe mais aussi en championnat en le stabilisant plus d’une saison en D1. C’est ma dernière année normalement (il a 37 ans, NDLR) et si je pouvais le laisser en Régional, ce serait parfait. » Au sujet de son coach, celui que beaucoup désigne comme le symbole du club déclare : « C’est un nouvel entraîneur qui a sa vision de jeu et qui sait exactement où il veut aller. Il a dit qu’il savait comment nous faire gagner et jusqu’à présent ça paye. C’est une personne qui a eu beaucoup d’expérience en tant que joueur, il sait de quoi il parle et ça se ressent. » Du côté du Président, on est également satisfait de ce nouvel homme fort du banc : « Il nous apporte la petite touche du plus haut niveau que nous Salésien, on a pas trop connu. Même si c’est avant tout et surtout grâce aux joueurs qu’on est au 6eme tour, je ne sais pas si on y serait arrivé sans lui sur ce parcours-là cette année. » Alors qu’est-ce que ça change d’entraîner en D1, quand on a connu le niveau national ? Emmanuel Souloy a son idée sur la question : « Il faut savoir différencier l’approche du métier en fonction du niveau. Ici, c’est une autre approche, la vie privée est plus importante que le sportif. Il ne faut pas changer, il faut se bonifier mais c’est un bon groupe, des garçons top qui méritent qu’on parle un peu d’eux. Je suis très content d’arriver dans ce club, qui est sain. Ce sont des gens sérieux, certains ont connu le niveau régional, on ne change pas les choses, on les bonifie. »
Emmanuel Souloy, divulguant de précieux conseils lors d'une des dernières séances d'entraînement avant le choc tant attendu de Coupe de France.
Un groupe de joueurs sérieux dont on peut trouver l’origine avec l’arrivée de l’ancien coach Samy Moussaoui, il y a quelques années. C’est d’ailleurs pour celui qui est son meilleur ami que Cédric Marchal a rejoint le club : « C’était la première expérience de Samy en tant qu'entraîneur d’une équipe une, On est arrivé en D4, j’y suis resté car cela m’a plus et on a fait quelque chose de pas mal. » Aymeric de Tilly n’oublie pas également ceux qui sont à l’origine de cette succes story : « C’est une belle récompense pour le groupe mais aussi certains coach qui sont passés avant. Samy qui est en grande partie à l’origine de ce groupe et de l’évolution de l’équipe première, ainsi que Louis qui a apporté tout son savoir faire footballistique et permis au joueur de progresser », avant d’ajouter « Je pense aussi à tous les coaches dans l’ensemble des catégories car c’est l’équipe fanion, celle dans laquelle les petits aimeraient bien joueur plus tard. Ce parcours est une preuve qu’on peut bien travailler et avoir des résultats en y mettant du plaisir et de la convivialité. »
Il faut qu’il y ait beaucoup de monde au stade et que nous, de notre côté, on représente au mieux le club.
Emmanuel Souloy, coach de La Salésienne de Paris, au sujet du match du 6eme tour de Coupe de France.
Ce week-end, La Salésienne de Paris a rendez-vous avec l’histoire, et pour le coup, le club voit les choses en grand. Le public est attendu dès 11 heures au Stade Paul-Faber, pour un tas d’animations pour les garçons et les jeunes filles, avec plein de jeux concours, de petits tournois, de la musique. Une boutique éphémère sera également installée, ainsi qu’un barbecue géant qui permettra à tout le monde de prendre des forces avant d’aller encourager les joueurs dans un match dont le coup d’envoi est prévu à 14h30. Même si la date n’est pas la meilleure pour ramener le plus de monde possible, toute l’équipe de La Salésienne espère un maximum de participants pour cette belle fête qui s’annonce. Mais pour le président Aymeric de Tilly, il n’y a aucun doute quand au succès de cet événement historique : « Si il y a du monde et un peu de soleil, on aura fait une belle fête et je sais que les joueurs vont faire le maximum pour que ça se termine aussi bien que les deux fois précédentes. Le plus important au club c’est que ce sont des belles personnes avec des vrai valeurs, de solidarité, partage, d’abnégation, détermination, de plaisir. »
Quant aux protagonistes de la rencontre, on est déjà dans le match. Le capitaine Cédric Marchal y va de son pronostic : « On va essayer de faire le max, tirer un gros cela aurait été génial mais là, cela nous laisse une petite chance, même si ça va être encore plus difficile que face à Vincennes. Allez, je dirais une petite victoire aux penaltys » Pour le coach Emmanuel Souloy, on espère avant tout ne pas avoir de regrets : « L’objectif c’est d’être le plus performant possible. Après quand on joue contre meilleur que vous, c’est le sport et le football et on acceptera si c’est le cas. Il faut qu’il y ait beaucoup de monde au stade et que nous, de notre côté, on représente au mieux le club. »
Une nouvelle fois, la Coupe de France va permettre à un club de rêver tout grand. Mais en ce qui concerne La Salésienne de Paris, c’est un petit peu plus que ça. Ce parcours met en lumière le travail fait depuis des décennies par des hommes qui ont fait d’une petite association de quartier une véritable institution dont les valeurs et l’importance au sein de la communauté parisienne ne sont plus à prouver. Rien que pour cela, La Salé mérite tout ce qui lui arrive. Maintenant, il faut profiter de cette belle fête et place au jeu.
Reynald Trunsard
Actualités Similaires
Restez informé !
Inscrivez-vous à notre newsletter :