22 avril | 14h30
La technologie au service d’un football toujours plus rapide
La vitesse est un élément prépondérant du football moderne. Grâce à MyCoach Tracker, qui a compilé des données de « vitesse max » sur plus de 3000 matchs amateurs, on en apprend un peu plus sur ce domaine en fonction des tranches d’âge et des postes. Le préparateur physique et expert MyCoach, Nicolas Dyon, nous a aidé à les décrypter.
En 2019, Kylian Mbappé marquait les esprits en étant flashé à 38 km/h en vitesse de pointe sous le maillot du PSG lors d’un match de championnat contre son club formateur de l’AS Monaco. Lors du dernier Euro, c’est une pointe à 37,6 km/h face à l’Allemagne qui avait impressionné, mais également une moyenne de 34 km/h sur ses courses à haute vitesse durant toute la rencontre. N’est pas Kylian Mbappé qui veut et ces données, quand on les compare à d’autres, sont aussi à pondérer en fonction de leur source de capture, mais avec la démocratisation de la technologie GPS, on en sait plus aujourd’hui sur ce domaine. L’arrivée d’un outil comme MyCoach Tracker nous apporte une mine d’informations sur le sujet. Unique tracker GPS français sous label FIFA, il est homologué pour être utilisé en match et c’est ainsi que nous pouvons aujourd’hui analyser des données de vitesse max sur plus de 3000 matchs.
90% de génétique
Pour Nicolas Dyon, expert MyCoach et ancien préparateur physique, entre autres, de l’AS Saint-Etienne et de l’OGC Nice, les capacités de vitesse ont surtout trait au départ aux qualités intrinsèques d’un joueur : “Il y a forcément une très grande part de génétique quand on parle de vitesse, aux alentours de 90%. Un organisme doté de fibres rapides sera toujours plus performant à la base en termes de vitesse de course.” Il convient aussi de distinguer les différents types de vitesse que l’on retrouve dans le football afin de ne pas laisser penser que seule la vitesse de course entre en jeu. On peut ainsi parler de vitesse d’analyse, de vitesse de décision, de vitesse de programmation motrice, de vitesse gestuelle, de vitesse de réaction… Ces domaines, Nicolas Dyon en a fait une spécialité et partage d’ailleurs sa méthode de travail sur MyCoach TV avec toute une série de thématiques et d’exercices qui permettent de travailler ces différents types de vitesse.
Les exigences du poste jouent beaucoup sur les données captées par le GPS.
Nicolas Dyon, préparateur physique, expert MyCoach
Si l’on se concentre sur la vitesse de course, qui nous intéresse ici en premier lieu et que l’on nomme plus communément “vitesse max”, on constate déjà des différences assez logiques en fonction des âges et des postes. Ayant également participé à la conception de l’outil GPS avec les équipes techniques de MyCoach Tracker, Nicolas Dyon apporte ainsi une première pondération sur la mesure de la vitesse chez les moins de 14 ans, la première tranche d’âge des données transmises : “Avec les moins de 14 ans, il y a une notion de terrain à prendre en compte. Outre le fait qu’à cet âge-là on n’est pas encore totalement formé au niveau musculaire, donc pas encore au maximum de ses capacités, il faut aussi pondérer les chiffres obtenus par le fait qu’un bon nombre des utilisateurs de cette tranche d’âge évolue encore en foot à huit, donc sur un demi terrain. Forcément, cela offre moins d’espace pour avoir des courses lancées qui exploitent tout le potentiel du joueur."
Sur MyCoachTV, Nicolas Dyon propose tout un programme dédié à la vitesse en football.
34,8 km/h de vitesse max enregistrée chez les 14/17 ans !
Cette précision faite, on constate néanmoins une pointe à 29 km/h sur les données du GPS MyCoach Tracker quand il est utilisé par des moins de 14 ans, tous postes confondus. La moyenne des données enregistrées sur l’ensemble des utilisateurs de cette même tranche d’âge est de 18,4 km/h, mais on peut donc, selon la première remarque de Nicolas Dyon sur la taille du terrain, estimer qu’elle serait supérieure avec 100% de pratique sur un “grand” terrain. Car dès que l’on passe sur les 14/17 ans, donc au football à 11, le bond est spectaculaire avec une pointe de 34,8 km/h enregistrée, qui constitue d’ailleurs le record toutes tranches d’âges et postes confondus des données captées par le GPS. Pour ce qui est de la moyenne, elle est de 24,5 km/h, soit légèrement inférieure à la tranche d’âge supérieure, qui concerne les 18/36 ans, soit la catégorie seniors dans son ensemble. Dans celle-ci, la vitesse max enregistrée par le GPS MyCoach Tracker est de 33,7 km/h, quand la moyenne est de 25,8km/h.
En toute logique, les performances de vitesse max baissent pour les données concernant les vétérans, soit les utilisateurs âgés de plus de 36 ans. Cependant, si la vitesse max enregistrée sur cette tranche d’âge diminue (32,8 km/h), la moyenne de tous les utilisateurs est légèrement supérieure (26,6 km/h), même si le nombre inférieur d’utilisateurs dans la population étudiée pondère ce chiffre. Les données apportées par MyCoach Tracker sur la vitesse max en fonction de l’âge viennent donc corroborer des notions que l’on a déjà habituellement. C’est à l’adolescence qu’un joueur commence à exprimer son potentiel de vitesse, puis entre 20 et 30 ans que celui-ci atteint son pic, avant que l’âge ne fasse son travail de sape et ne fasse diminuer ce même potentiel. Ce que nous apprennent les données MyCoach Tracker si l’on se réfère aux postes confirment également une certaine logique, mais vont aussi à l’encontre de quelques idées reçues.
Les latéraux et ailiers sont les plus rapides
“Les exigences du poste jouent beaucoup sur les données captées par le GPS. Les joueurs de côté qui ont beaucoup d’espaces à leur disposition affichent généralement des vitesses supérieures car ils ont les distances les plus adaptées à la prise de vitesse max”, explique Nicolas Dyon. À l’inverse, un milieu défensif ne bénéficie pas de ces espaces : “À ce poste, on a du monde partout autour de nous, derrière, devant, sur les côtés. On peut être amené à faire des courses longues, mais en moindre quantité dans un match, ce qui laisse moins de possibilités pour une prise de vitesse maximum.” Ainsi, toutes catégories d’âge confondues, ce sont les postes d’ailier ou de latéral qui fournissent toujours la vitesse maximum enregistrée, soit 29 km/h pour les moins de 14 ans, 34,8 km/h pour les 14/17 ans et 33,7 km/h pour les seniors. Une exception confirme la règle chez les vétérans où c’est un attaquant qui a réalisé la plus haute vitesse max enregistrée par MyCoach Tracker sur cette tranche d’âge, soit 32,2 km/h . Et si cela n’est pas le cas sur la moyenne, qui est bien souvent supérieure chez les attaquants ou les défenseurs centraux, aux alentours de 26,6 km/h chez les seniors notamment, on peut expliquer cela par une quantité de courses à haute intensité inférieure aux postes d’ailier ou de latéral : “Les joueurs de côtés sont ceux qui généralement effectuent le plus de courses dans un match, s’ils en faisaient moins, soit autant en moyenne que les attaquants ou les défenseurs centraux, où si les défenseurs et attaquants en faisaient autant qu’eux, probablement que leur moyenne serait supérieure.”
De plus en plus de coachs demandent à leur défenseurs de jouer haut et ont donc plus d’exigence de vitesse pour ce poste de défenseur central.
Nicolas Dyon, préparateur physique, expert MyCoach
On peut tout de même être étonné sur les valeurs affichées concernant les défenseurs centraux, avec des vitesses max dépassant les 32 km/h dans toutes les catégories d’âge (hors moins de 14 ans). On a souvent en tête des profils de joueurs assez lents, notamment en raison d’un gabarit plus imposant. Une remarque valant aussi pour les attaquants, même si l’on peut y trouver une plus grand variété de profils. Pour Nicolas Dyon, il y a de l’idée reçue dans cette vision : “Les défenseurs centraux répètent moins les courses à haute intensité que les ailiers ou les latéraux, mais cela ne veut pas dire qu’ils n’en font pas. Quand ils doivent gérer des appels en profondeur, il y a une prise d'espace qui peut les amener à de grandes vitesses.” L’approche tactique d’une équipe a aussi son importance : “Si le coach veut un bloc bas, explique-t-il, il y a forcément moins de potentiel pour exploiter la vitesse max. En revanche, si le coach veut un bloc haut, l’espace à combler dans le dos de la défense demande plus de capacités de vitesse. L’évolution du football va dans ce sens avec de plus en plus de coachs qui demandent à leur défenseurs de jouer haut et ont donc plus d’exigence de vitesse pour ce poste de défenseur central”.
Mieux travailler la vitesse grâce au GPS
Si les données de vitesse max n’ont pas été enregistrées par MyCoach Tracker concernant les gardiens de but, on peut tout de même imaginer que le jeu d’un gardien moderne exploite aussi plus les qualités de vitesse de course qu’auparavant. Reste à savoir comment un coach, un préparateur physique ou joueur souhaitant se perfectionner peut y parvenir et surtout mesurer les progrès effectués. Pour Nicolas Dyon, même si la génétique reste prépondérante comme énoncé en préambule, progresser est toujours possible en améliorant la technique de course, mais plus encore encore en travaillant tous les aspects périphériques à la vitesse max : “En réalisant des exercices qui améliorent la vitesse de réaction, la vitesse gestuelle ou encore la vitesse de démarrage, on met forcément plus de chances de son côté pour améliorer sa vitesse max.” Quant à l’outil GPS, il permet de mesurer ce travail avec une efficacité inégalable. “C’est ce qui est super intéressant pour le foot amateur qu’un produit comme MyCoach Tracker soit désormais à la disposition des joueurs. Déjà parce que l’utiliser est une première démarche vers la progression, mais surtout parce que cela permet de mieux connaître ses capacités et donc de mieux diriger le travail à effectuer pour les améliorer.”
Alexys Bosetti utilise MyCoach Tracker au quotidien pour, entres autres indicateurs, travailler sa vitesse, un élément clé de son jeu d'attaquant.
Sur la base des premiers mois d’utilisation de l’outil, Nicolas Dyon a déjà des idées d’amélioration en tête : “La première chose c’est d’affiner les données en fonction de l’aire de jeu, ce qui nous permettra une approche encore plus fine des données récoltées. Et puis, si nous avons avant tout travaillé pour lancer un produit utilisable en match, notamment officiel, c’est à dire répondant aux exigences réglementaires, le GPS est également un outil très intéressant pour l’entraînement.” Pour les coachs adeptes de la méthode intégrée, qui privilégie le travail physique avec ballon, il permet notamment de mesurer le niveau d’investissement physique des joueurs durant une séance. “Les joueurs aussi sont de plus en plus curieux et demandeurs. On vit aujourd’hui dans un environnement où la technologie est partout et la pratique sportive peut aussi en bénéficier”, précise Nicolas Dyon. Ce dernier poursuit : “Il y a aussi la notion de tests et c’est un axe que nous allons creuser pour que cet outil, concernant notamment la vitesse max, puisse aussi permettre de se situer pour mieux orienter la progression des utilisateurs.” L’idée est de pouvoir intégrer un mode de tests dans le produit afin de mesurer la vitesse max sans ballon, avec ballon, mais aussi l'accélération maximale qui exprime la capacité à changer de vitesse. Des nouveautés permettant de récolter de la donnée brute pour ensuite orienter tout le travail visant à améliorer la vitesse. On l’a compris, dans un football qui va toujours plus vite, génération après génération, la technologie est un atout considérable. Qu’elle soit désormais à la disposition de tous est une aubaine et nous ne sommes probablement qu’au début de l’histoire…
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