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24 novembre | 17h15

Le cri du coeur de Nordine Aïssaoui

Nordine Aissaoui, entraîneur du Stade de Vallauris, a vu son équipe D1 être pénalisée de deux points. De plus, un de ses joueurs a été suspendu deux ans. Contacté par notre rédaction, il a accepté de se livrer sans concession.

Stade Vallauris Nordine Aissaoui STADE VALLAURIS D1

Le Stade Vallauris, qui a difficilement débuté sa saison, est dernier de son championnat (D1) avec une seule victoire. Le problème est que le club n'a désormais qu'un petit point après avoir écopé d'une pénalité de deux points. En plus de cela, un joueur a été suspendu deux ans conséquence d'incidents jugés trop sévèrement selon Nordine Aissaoui, entraîneur et manager du club.

Les mots de Nordine Aïssaoui dans leur intégralité

"Concernant les événements en question, je n’étais pas en charge de l’équipe à ce moment-là. J'étais le manager général et je n’avais vu aucune minute de ce début de championnat, de ces rencontres-là. J'ai dirigé cette équipe senior jusqu’à la pré-montée l’an dernier, où on avait fait d’excellents résultats et où on était premier au plan anti-violence.

Alors, oui, on avait des accrochages, lambda, mais comme tous les clubs de France peuvent avoir lorsqu’il y a dualité. Ce qui est logique parce que le jeu et l'enjeu font que, effectivement, quand il y a dualité, il y a une espèce de rapport qui s’installe... Mais, tout en étant courtois, en serrant la main des adversaires et des coachs à la fin du match etc... Cette équipe s'est toujours très, très bien tenue. Elle a été première sur les trois dernières années au niveau du plan anti-violence.

Oui, j’ai laissé l’équipe car cette année, j’avais mon projet familial, qui était la priorité dans le sens où je viens d’avoir un petit garçon. Donc, j’avais dit que je prenais du recul sur l’équipe première. Tout en dirigeant le club, je voulais quand même donner un peu plus de temps à mon fils et à ma famille. Malheureusement, je suis obligé de revenir faire le pompier de service pour restaurer un petit peu, d’une part, l’honneur du club et d’autre part, remettre l’équipe de façon hiérarchique dans un niveau de championnat plus convenable.

Maintenant, concernant les -2 et les sanctions qui ont été attribuées, puisque c’est la question que vous m'avez posée, je ne peux pas dire : "On ne mérite pas -2". Le District, en son âme et conscience, par le biais de sa Commission, a pris une décision assez forte je trouve. Mais, il l'a prise. Certainement, il voulait envoyer un message. Ça tombe bien, Vallauris est porteur de messages, on est souvent mis en avant en termes de sanctions démesurées, tout comme l'AS Moulins, la Bocca, la Trinité, ces clubs dits de "quartier". Mais, moi, je ne suis pas un quartier, moi, je suis un club village, je suis représentant de la septième ville du département. Et, à Vallauris, on a de très bons jeunes.

La preuve, c’est que l'on a été lauréat du challenge Jean-Charles il y a un an et demi où le président du District nous a félicités pour le travail engagé sur l'ensemble des catégories, notamment chez les jeunes. On a d'excellents résultats, qui sont avant tout humainq, puisqu’on a vraiment endigué le fléau qui, autrefois, oui, faisait que Vallauris était assujetti à avoir des sanctions parce qu'on se comportait mal. Mais depuis, il n'y a plus rien.

Là, voilà pourquoi je suis, quelque part, un peu désabusé. C est que derrière, on met des sanctions à des joueurs mais il ne peut pas y avoir de réparation. Et, c’est là où moi, je ne peux pas être en adéquation avec une sanction aussi disproportionnée que celle que le District met en place. Aujourd’hui, on sanctionne un joueur deux ans ! Moi, en tant que pédagogue, en tant qu'éducateur, comment voulez-vous que je rattrape un jeune qui a pris deux ans ? Deux ans, ça veut dire : "t’es voué à l’échec, reste dans la rue, dégage, plus personne ne veut de toi etc..."

Oui, peut-être qu’il a fauté, je n'étais pas là. Certainement, l’arbitre a fait un rapport en son âme et conscience, en disant que ce comportement-là était inapproprié. Très bien, certes, mais deux ans, c’est quoi ? Comment il répare sa faute ? Si on avait mis six mois plus six mois de "TIG" entre guillemets avec l’obligation pour le joueur de venir arbitrer pendant les les plateaux, venir sur des actions que le District mène... . Pour que la personne puisse comprendre que l’arbitre est un élément essentiel à la bonne tenue d’un match. Sans arbitre, il n'y a pas de rencontre. Et, oui, leur travail est un peu ingrat, ils ne sont pas mis en avant.

Mais certaines fois, les arbitres abusent de cette posture-là, de leur statut. Avec certains, on arrive à parler et à débloquer des situations, à échanger. Avec d'autres, on ne peut même plus échanger. Le problème, c’est que pour certains, ils n'ont plus ce côté humain, où on pouvait quand même échanger, avoir des points de vue différents comme à l'Assemblée Nationale. Mais, échanger, parce qu'avant tout, on est tous des éducateurs et on est tous porté par la fibre sportive et par le biais du football qui est socialisateur.

Comment, aujourd’hui, on n'arrive plus à se parler ? On nous monte les uns contre les autres, la preuve, c’est que l’actualité s’en charge. Depuis le COVID, on se regarde moins, on est moins attentif envers les autres, chacun tire la couverture de son côté, il y a moins d’échange, moins de partage. Tout le monde est lassé de tout, que ce soit dans le milieu professionnel ou dans la vie tous les jours. En ce moment, il est en train de jouer quelque chose. Nous, on est français et on est fier de l’être, et quand on est français, on communique parce qu’on est dans le partage et l’égalité, on est dans la fraternité. Mais, aussi dans la liberté de pouvoir penser certaines choses qui ne sont peut-être pas les mêmes qu'autrui. Quand on met deux ans à un joueur, on a arrêté de parler, de penser, on a arrêté d’être fraternel. Derrière, on ne répare rien, on n'envoie aucun message. Si ce n'est, écœurer les gens et les mettre un peu plus en bas d’un immeuble. C’est là où moi, je ne peux pas être d'accord avec ça.

Alors, oui on va prendre -2. Et, volontairement, je ne ferai pas appel, je ne le ferai pas car quand on va dans ses commissions, ces gens-là écoutent, saluent et louent notre travail. Parce que c'est nous qui sommes en première ligne, en échangeant, en essayant éduquer ce public-là. Mais, après que le verdict soit tombé, on voit que finalement tout ce qu’on a pu énumérer au cours de cette échange-là, où on a eu le sentiment d’être écouté... Derrière, une fois qu’ils nous ont vu, ils ont tout oublié, ils matraquent et mettent des sanctions démesurées. Moi, en qualité d’éducateur, je me dis : "Est-ce que le message qu’ils veulent faire passer, est-ce qu’ils y arrivent ?"

Pour moi, ils n'y arriveront pas, ils n'y arrivent pas et je ne pense pas que ce soit la bonne méthode. Qu'il y est sanction, oui ! Mais, qu'elle soit réparatrice, pour qu’on aille de l’avant et qu'on explique, qu'on vienne dans les clubs pour sensibiliser etc... Je peux l’entendre. Mais où sont ses actions là ? Quels sont les clubs qui sont toujours stigmatisés ? Quels sont les clubs qui, finalement, lorsqu’il y a des débordements ont des sanctions minimisées ? Quand je reçois un nombre de cartons par match, est-ce la même chose chez le voisin ? Ou est-ce que, finalement, on vient déjà avec l’envie de cartonner ? Alors non, l’envie de me victimiser n’est pas mon délire.

Et surtout, quand on fait quelque chose, il faut assumer. Comme je l’ai dit aux gars, vous avez déconné, il faut payer. Payer oui, mais avec réparation, payer à juste titre, pas exponentiel ou puissance huit. Parce que je tiens rappeler aussi, qu'aucun coup n'a été échangé avec l’adversaire, n’a été échangé avec les arbitres, seuls des mots, malencontreux peut-être, ont été formulés. Et, pour des mots, prendre 10, 7, 2 ans, - 2, wow... C'est ça la France de demain ?

Je vais reprendre l’équipe, ce week-end j’ai un match contre Cagnes-sur-Mer. On va montrer, j’espère, le vrai visage qui est le nôtre. D’abord sur le plan sportif, et ensuite sur le côté humain, ensuite on verra bien qui aura raison dans le temps mais si les mentalités n'évoluent pas... Malheureusement, on n’y arrivera pas. Finalement, notre première mission qui est avant tout, de passer des messages et d’être là les uns et les autres à travers le biais du sport est vouée à l'échec."

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