Lors de son entrée en jeu au retour des vestiaires face à Lens en Coupe de France, Quentin Merlin a changé de dimension en réalisant ses premières minutes parmi l'élite du football, et c'était le prochain objectif dans son parcours de formation chez les Canaris et espère encore en atteindre d'autres. Remplaçant de Ludovic Blas, le milieu offensif s'est vu offrir 45 minutes de jeu malgré l'élimination des siens lors des 32emes de finale de la Coupe de France (défaite 4-2). Mais pour David Merlin, son père, l'émotion était bien plus grande au moment d'évoquer cet instant : "Il espérait rentrer mais pas autant je pense. C'est une bonne chose pour lui. J'ai ressenti une grande fierté, c'est énorme mais ça fait surtout bizarre de le voir à la télé. Tu sais que ça va arriver mais au moment de le voir, c'est inexplicable, c'est un sentiment que je souhaite à tout le monde, surtout quand cela est provoqué par son propre enfant."

Un match de Coupe de France qui avait été abordé entre père et fils. "On en a discuté, comme souvent avant et après les matchs, et c'est comme ça depuis toujours. Il m'a appelé avant d'arriver au stade et après le match et j'en suis hyper content. Je ne suis qu'un amateur mais il a peut-être besoin d'avoir ce ressenti, que l'on soit derrière lui. Même si ce n'est pas toujours facile, j'essaye d'être objectif et juste, quand il fait des erreurs, il faut savoir lui dire. Cela n'enlève en rien la fierté et la joie de le voir rentrer".

La tête sur les épaules avant le ballon dans les pieds

Ce qui marque dans son parcours au-delà de son talent, c’est le calme qui le caractérise au fur et à mesure des étapes franchies. Une abnégation qu’il puise tout d’abord dans son essence familiale : "Je donnerai tout pour la réussite de mes enfants, que ce soit avec Quentin, son frère ou sa sœur. On essaye d’inculquer certaines valeurs dont celle de ne pas oublier d’où on vient. On est tous quelque part issu du football amateur et ce sont des valeurs qui devraient être dans la tête de tous les joueurs. Il faut qu’il soit porteur de certaines valeurs pour devenir un homme. Je me battrai jusqu’au bout pour que ce soit le cas avec mon fils... Quentin a une trajectoire assez linéaire mais le plus important est qu’il est conscient de ce qu’il a fait et de ce qu’il est" résume celui qui le connaît le mieux aujourd’hui.

Quentin Merlin a conscience qu’il est un privilégié. Son père, qui le suit tout le temps, sait qu’il en a conscience : " Avec cette notoriété naissante autour de lui, cela nécessite parfois un petit recadrage, il est conscient qu'il est privilégié. Il le gère plutôt naturellement car il est très fusionnel avec son frère et sa sœur mais il sait aussi que je ne fais aucune différence entre eux. D'ailleurs, il est rentré ce soir, il partage son premier match chez les pros avec eux, comme il le faisait habituellement après ses matchs".

Un gars à l’image du club

Son entrée en jeu hier face à Lens marque un tournant dans sa jeune carrière. Faire ses premières minutes en professionnel, dans son club formateur et dans le contexte actuel du FC Nantes, avait tout d'un exploit. Et même si nous n’avons pu observer qu’une partie de sa panoplie, il s'est plutôt bien débrouillé. Mais comment gérer la pression autour du club à 18 ans ? Son père, qui a abordé la question avec lui, nous donne des éléments de réponse : "Sincèrement, on l'a abordé, mais il est focus sur son terrain, il sait qu'il faut tout donner pour réussir mais également pour arriver à l'objectif de victoire. Quentin s'occupe du terrain et avec ses agents, on s'occupe du reste. Par contre, ses décisions lui appartiennent. Il prend un grand plaisir à répondre du mieux qu'il peut aux supporters sur les réseaux sociaux mais sa priorité est bien définie. Il n'a que 18 ans !"

Un âge précoce qui ne l'empêche donc pas de taper aux portes du monde professionnel. S'il est entré en jeu ce mercredi, Raymond Domenech l'avait appelé pour participer aux entraînements avec le groupe pro il y a deux semaines, une opportunité qu'il a su saisir : "Après 2 jours d'appréhension et de découverte, il fallait qu'il s'habitue également à ses "nouveaux" coéquipiers. Ça s'est très bien passé et je pense que Quentin apprécie tout le monde et inversement. Il est satisfait de l'accueil qui lui a été réservé, il a disputé sept matchs en N2, et je pense que c'est important de passer par là pour se faire une place dans le football adulte qui n'est pas tout à fait le même que le foot jeune. Heureusement que la réserve a conservé des séances pour la continuité de l'apprentissage." explique avec humilité, David Merlin.

Issu du monde amateur, il aura foulé les pelouses de Ste Marie, un "club très familial" où son papa a également débuté. Repéré par Stéphane Guesdon à Nantes en U10, il fera une première saison chez les Canaris en U11 et devait y poursuivre son parcours de formation mais il a privilégié l'école et retourner jouer avec ses copains (qui le sont toujours) au club de Pornic Foot : "Quentin a eu un parcours dans des clubs amateurs, il est également passé par le Pôle espoirs avec Franck Maufay et jouait les week-ends avec Nantes" décrivait David Merlin. Depuis, le milieu offensif a également connu l'Equipe de France en jeunes (12 sélections entre U16 et U18). On l’a bien compris, celui qu’on compare à Jordan Veretout a largement de quoi s'imposer durablement... du côté de Nantes ?