13 matchs, 13 victoires, 0 but encaissé. Malgré son élimination au 5e tour
de la Coupe de France, le CSSA réalise un début de saison exceptionnel. Le
coach, Sébastien Tambouret et deux joueurs importants de l'effectif nous
révèlent leurs "mystérieux pouvoirs" pour rester invaincu et garder leur
cage inviolée en championnat.
Sébastien Tambouret, comment expliquez-vous cette série incroyable ? (13 victoires en 13 matchs, 0 but encaissé) Il n’y a pas de recette magique ! Ce qui est super intéressant, c’est que
ça fait parler du club, des joueurs et du CSSA. On en parle en positif, on
en est tous fiers. En tant qu’entraîneur, on ne programme jamais une telle
série. On joue bien évidemment tous les matchs pour les gagner et ne pas
prendre de but ça aide (sourires). Cette série de 13 victoires est là et
elle fait du bien. Dans l’objectif fort qu’on a, qui est d’être premier en
N2, on sait qu’il faut faire une grosse saison. On a des joueurs avec du
talent, très intéressants du gardien jusqu’à l’attaquant. C’est incroyable
d’avoir un gardien comme Geoffrey Lembet qui a toujours évolué au niveau du
dessus et c’est normal vu ses qualités. J’ai aussi la chance d’avoir des
défenseurs qui aiment leur job. Quand je vois mes attaquants, avec en tête
Jérémy Bekhechi et Geoffray Durbant faire les premiers efforts défensifs,
quand je vois l’intensité que met mon milieu de terrain… Chacun se retrouve
à l’intérieur de ce projet. En permanence, on donne du sens à ce que l’on
fait. Quand on est en mode récupérer le ballon, on y est à fond ! J’aime
entendre mes joueurs répéter avant chaque match : « Aujourd’hui, les gars, on ne donne rien, on ne donne rien ». On sait que si on se permettait de donner, on risquerait de nous le
prendre.
Dans quel secteur devez-vous vous améliorer ? Offensif, peut-être ? Près de deux buts par match (23 buts en 13 rencontres), c’est déjà énorme
! On a le meilleur buteur du championnat (Geoffray Durbant, 13 buts, ndlr).
Les deux derniers matchs à domicile, on gagne 2-0. Le dernier à
l’extérieur, on en met trois… On est capable de marquer. Les adversaires
nous obligent à être encore meilleurs. On est des perfectionnistes, il y a
beaucoup de domaines où on peut s’améliorer. On est conscient que tout
n’est pas parfait mais en foot, le parfait n’existe pas. Je ne dirai pas
qu’on doit améliorer l’attaque, plus on marquera de buts, plus je serai
content bien sûr. Tous les jours, on se retrouve à l’entraînement parce
qu’on sait qu’on doit s’améliorer, que ça soit sur plan individuel ou
collectif.
L’élimination précoce en Coupe de France est-elle finalement positive ? Ça a été difficile de digérer cette défaite le soir du match. La Coupe de
France est importante dans l’ADN de Sedan. Le public et la ville aiment ça.
Cette année, ça s’est arrêté très tôt. On n’a pas fait ce qu’il fallait sur
ce match-là. Après, on est tellement programmé pour le championnat qu’on a
peut-être moins mis d’ingrédients. Cette élimination me permet, comme cette
semaine, de travailler différemment pour remettre l’ensemble du groupe à un
niveau physique presque identique. Ça permet aussi de donner du temps de
jeu à tout le monde avec des matchs amicaux. On est allé jouer à Metz et
aujourd’hui on reçoit la réserve de Valenciennes. J’ai besoin d’un maximum
de mes joueurs avec leurs « supers-pouvoirs » parce que le championnat est encore long et il reste encore beaucoup de
points à aller chasser.
Pouvez-vous viser le record de 28 victoires de la réserve de l’AJ Auxerre
(1994) ? C’est exceptionnel ! (rires) En tant que joueur et coach, je n’ai jamais
connu une aussi longue période d’invincibilité que ce que l’on connaît. Que
ça soit la presse de chez nous, que ça soit nous les acteurs, personne ne
peut dire quel est le record historique d’invincibilité du CSSA. On n’est
pas à la chasse aux records. Beaucoup d’équipes qui travaillent très bien
ont affiché leur ambition de monter dans cette poule A. On regardera
différemment cette série si bien-sûr l’objectif est atteint. Cette série
n’aura du sens que si on monte en National. S’il devait se passer autre
chose, ça ne servirait à rien. Concernant les séries, tant qu’on continue,
c’est qu’on est efficace et décisif en mettant la pression sur
l’adversaire. Si le 23 mai 2020, on a 1 point d’avance, je pense que tout
Dugauguez (stade de Sedan, ndlr) sera en fusion et très satisfait de ces
combattants que nous sommes.
Le stade Louis-Dugauguez accueille le CSSA depuis l’année 2000 (Crédit
photo : Claude Lambert)
Comment arrivez-vous à gérer cet effectif et ne pas avoir un trop plein de
confiance ? C’est une constante auto-évaluation sur nos points forts et les points à
améliorer pour être plus performant dans les matchs à venir. J’ai la chance
d’avoir un groupe mature, avec des garçons qui ont un certain vécu et
surtout très à l’écoute, compétiteur. En sport, c’est difficile de définir
un résultat et encore plus en foot. Il faut se servir de l’histoire, pas
forcément la nôtre, mais on a tous en tête des exemples de champions
d’automne qui ne montent pas. Aujourd’hui, on est focalisé sur nous, on ne
regarde pas derrière. Le staff avec qui je suis, et les joueurs, on sait
qu’on doit se surveiller pour atteindre notre objectif de montée.
Vous êtes parti en 2013 de Sedan où vous entraîniez les U17 et U19 avant de
revenir en 2018. Que vous ont apporté vos expériences à Auxerre et Metz ? Ce n’est pas seulement les dernières expériences, c’est le vécu de tout
mon corps de footballeur et de formateur. Je ne suis pas arrivé dans un
club où tout est à faire. Le club est déjà bien structuré que ça soit sur
le médical, l’administratif, la direction, les joueurs, le staff…
Aujourd’hui, ce n’est pas simplement une seule personne, c’est le fait de
l’ensemble. Il y a beaucoup de travailleurs de l’ombre qui sont très
importants dans cette réussite. Aujourd’hui, du public jusqu’aux joueurs
sur le terrain, on aura tous un rôle à jouer, le tout c’est de le faire
bien. Toutes mes expériences, de joueur et d’entraîneur, font de moi la
personne que je suis avec, comme pour tout le monde, des qualités et des
points à améliorer. Le fait de ne pas être tout seul, bien épaulé par mon
staff, et d’avoir un groupe à l’écoute, fait qu’aujourd’hui on a un
objectif fort qui nous a réuni depuis le 1er juillet. On sait qu’on n’a pas le choix, on est dans l’obligation de
réussir.
La DNCG a décidé d’encadrer votre masse salariale cette semaine. Cela
va-t-il impacter votre recrutement ? On n’a pas envisagé de recruter car on est très satisfait de ce qu’on
fait. J’ai confiance dans l’ensemble des acteurs qui sont à ma disposition.
On a le constat du week-end avec les victoires mais je suis un privilégié
d’être avec eux toute la semaine. Ils ne lâchent rien à l’entraînement, ça
veut travailler car on sait tous qu’on doit s’améliorer. Mon recrutement
est déjà fait en interne. Les joueurs indisponibles en début de saison qui
reviennent sont la force vive qui vont apporter dans la suite de la saison.
Avez-vous peur de perdre des joueurs ? Avoir des certitudes au niveau recrutement, c’est compliqué (rires). On
sait les pistes que nous devons améliorer, on se projette dans l’avenir, ce
n’est pas pour perdre des joueurs. Dans le football, on ne peut jamais dire
personne ne partira. Aujourd’hui, on a des joueurs déterminés. On a un
objectif qui nous a réunis. Je ne vois personne quitter l’aventure en cours
de route. Il y a évidemment des personnes qui viennent observer nos matchs,
c’est normal. On fonctionne bien, ça veut dire qu’on a des profils
intéressants et j’en suis conscient. On ne peut pas le cacher parce que les
résultats sont là mais on le pensait déjà avant. C’est pour cela qu’on a
souhaité garder les meilleurs individus de la saison. Avec Julien Fernandez
(Directeur sportif, ndlr), on a recruté des joueurs bien identifiés. Ça a
fait bingo, la mayonnaise a pris de suite. Les joueurs sont sous contrat,
un gage d’assurance pour le coach et le club mais on est dans le football,
tout peut arriver.
Les Vert et Rouge prennent du plaisir aux entraînements comme en match
(Crédit photo : CSSA/Facebook)
Avez-vous pour objectif de rester invaincu lors des 2 derniers matchs de la
phase aller ? On n’en a pas parlé parce que le match le plus important, c’est déjà la
réception de la réserve de Reims. Comme on le fait depuis le début,
pourquoi parler du match d’après, se fixer un objectif sur deux matchs si
dès le premier on ne l’atteint pas ? Depuis le début de la saison, on n’a
pas fait de projection à deux ou trois matchs, on vit l’instant présent. On
essaye de donner du sens à ce que l’on fait. Je ne connais pas un coach qui
va commencer un match en se disant « mince, on va peut-être le perdre… ».
On va jouer pour gagner contre le Stade de Reims avec nos qualités, nos
principes, nos idées et notre identité. Ça sera la même chose à Mulhouse,
on ira en conquérant en essayant de jouer pour gagner avec nos qualités,
notre identité, nos options de jeu.
Ne pas encaisser de but, est-ce important pour votre groupe ? Je ressens cette détermination de ne rien donner, même le week-end dernier
quand le match est en très bonne voie, jusqu’à la dernière seconde. Les
mecs, ça leur tient à cœur de ne pas encaisser de but. C’est de la fierté
quand on est défenseur, gardien de but de sentir cette force et d’en faire
parler. Le coach que je suis a de la chance, tous les joueurs que j’ai à
disposition ont déjà encaissé un but (ironique). Ils savent ce que c’est,
cela ne changera rien à la suite de la saison pour atteindre notre objectif.