14 janvier | 19h06
Report : le protocole Covid de la FFF remis en question ?
Alors qu'on dénombre une bonne dizaine de rencontres reportées en National 2, et davantage en N3, due à la présence de joueurs testés positifs au Covid-19, la bonne tenue des championnats doit-elle passer par une refonte du protocole de la FFF ?
Encore 3 matches de National 1 reportés après les 4 de la semaine précédente, 12 en National 2, une quinzaine en N3 mais aussi en D1 Féminines et au sein des championnats nationaux de jeunes. Ce week-end du 14-15 janvier s'avère particulièrement impacté par la recrudescence de cas positifs au coronavirus en France et cela soulève inévitablement certaines questions sur la situation actuelle et la durabilité des compétitions dans les prochaines semaines, bien que la Ministre des Sports, Roxana Maracineaunu, ait récemment laissé entendre qu'une suspension n'était pas à l'ordre du jour.
Des différences entre pros et amateurs qui interrogent
Aujourd'hui, il semble clair que le protocole Covid mis en place au niveau fédéral atteint certaines limites. Mais quel est-il, déjà ? Pour obtenir le report d'une rencontre, un club doit présenter a minima 4 cas positifs dans son effectif. Le staff ainsi que les éléments suspendus ne sont pas pris en compte. Quant aux joueurs contaminés, ils doivent avoir disputé au moins un match en équipe première. "La FFF est très pointilleuse là-dessus. Si le quatrième de nos joueurs contaminés n'avait pas disputé un match en équipe fanion, nous n'aurions pas obtenu le report", nous a confié un club de N2 qui a préféré rester anonyme. De plus, il faut préciser que les clubs ne sont pas dans l'obligation de tester leurs joueurs avant les rencontres. Certains ont pris le parti de le faire régulièrement quand d'autres ne s'y prêtent pas. Un club de N3 habitué aux tests avant la compétition et dont ne nous dévoilerons pas l'identité, a décidé de passer outre cette semaine pour garantir la tenue de son match. L'incertitude sur l'effectif est donc la plus totale. A titre de comparaison, la LFP a présenté un nouveau protocole pour la L1/L2 avec l'obligation pour les joueurs de se tester. Bien que cela soit contraignant, ne faudrait-il pas instaurer la même mesure pour les championnat nationaux ? Et rehausser à 7 voire 8 le nombre de cas pour reporter une rencontre ? Quand il en faut 11 pour reporter un match de Ligue 2, 4 apparaît bien dérisoire pour des divisions inférieures composées certes de structures amateurs mais aussi de structures pros.
Je comprends qu'il y ait qu'un climat de doute qui s'installe, qu'on pense que des gens jouent avec le règlement parce qu'ils pensent que tu n'es pas prêt mais il faut se faire confiance.
Jérémy Deichelbohrer, entraîneur adjoint du Gazélec Ajaccio
Ce chiffre défini dans un premier temps au sein du protocole Covid fédéral a d'ailleurs fait l'objet d'une réflexion. Selon nos informations, la 3F, qui voulait augmenter la limite de 4 à 6, s'est heurtée au Ministère des Solidarités et de la Santé. Sa décision initiale n'est actuellement pas sans l'embêter. Car elle offre l'opportunité aux clubs de se reposer sur des cas de Covid pas forcément handicapant sportivement (par exemple : si 4 joueurs positifs n'ont joué qu'un match de N2) pour demander un report alors que la raison cachée peut aussi bien être que plusieurs joueurs majeurs sont blessés ou absents. Questionnés sur l'éventualité que certains clubs profitent du système dans des divisions où les enjeux sportifs et financiers sont cruciaux, plusieurs d'entre-eux interrogés nous ont confirmé leurs soupçons, qui ont aussi germé jusqu'à la Fédération. "Je comprends qu'il y ait qu'un climat de doute qui s'installe, qu'on pense que des gens jouent avec le règlement parce qu'ils pensent que tu n'es pas prêt mais il faut se faire confiance", témoigne Jérémy Deichelbohrer, l'entraîneur adjoint du Gazélec Ajaccio. Son équipe a actuellement cinq matches de retard en National 3 à cause du Covid, qui a tantôt contaminé ses adversaires puis son groupe. "On ne sait pas où se situer, se dire qu'on va jouer telle ou telle place en championnat. On a un effectif réduit donc nous, quand on a quatre ou cinq absents, on le ressent car on n'a plus que dix joueurs en équipe première. Jusqu'en février, on va peut-être disputer 10 matches et jouer tous les trois jours. Çà va être éprouvant mais ce qu'on dit aux joueurs, c'est que le championnat continue comparé aux années précédentes. On sait que les retards peuvent influer sur son issue, mais on est heureux de jouer au foot. C'est l'essentiel."
Un protocole trop laxiste qui ouvre la porte aux abus ?
A en croire les instances, la tentation de prétexter des cas positifs pour une équipe amoindrie par les blessures ou les suspensions existerait bel et bien. Et certaines tentent déjà de s'en prémunir. C'est le cas du District Côte d'Azur. Pour éviter de crouler sous les matches à rejouer, le Comité Directeur du DCA a décidé que toutes les demandes de report de rencontres seront soumises à l’analyse de la situation réelle des licenciés pouvant et ayant participé à la compétition concernée, en rejetant toute présentation de joueurs atteints du Covid qui n’auraient pas participé à au moins une des trois dernières rencontres de l’équipe.
Je peux comprendre que dans le cas de petits effectifs, la présence de deux ou trois cas de Covid qui vient s’ajouter aux blessures, ça puisse faire beaucoup. Nous devons regarder un ensemble de choses et être conciliants quand il le faut, aussi."
Arsène Meyer, président du District Lyon et du Rhône
"Ce n’est pas forcément idiot comme idée" réagit le président du District de Lyon et du Rhône, Arsène Meyer, par ailleurs à la tête de la commission des compétitions jeunes de la FFF, "En ce qui nous concerne, nous n’en sommes pas encore là. Nous nous en tenons à ce qui est demandé par le FFF, soit 4 cas de Covid avérés avec transmission des documents par un médecin agréée. Un club ne peut pas venir nous voir et dire « j’ai untel et untel covidés, on ne joue pas »" avertit-il, sans céder pour autant à la paranoïa : "Pour le moment, nous n’avons pas eu d’abus particuliers à constater. Les trois ou quatre cas de report nous ont paru relativement justifiés. Quoi qu’il en soit, l’idée du District Côte d’Azur peut nous intéresser au moment de la reprise totale des championnats. Je la soumettrai à mon comité directeur lundi. A la Fédé, et je fais pareil dans mon District, si il y a un doute, je fais passer la consigne de leur proposer de reporter leurs matches pendant les vacances scolaires. Je peux vous dire qu’ils y réfléchissent à deux fois" poursuit le boss du DLR, à qui on ne l'a fait pas. "Après, je peux comprendre que dans le cas de petits effectifs, la présence de deux ou trois cas de Covid qui vient s’ajouter aux blessures, ça puisse faire beaucoup. Nous devons regarder un ensemble de choses et être conciliants quand il le faut, aussi."
"Actuellement, 80% des licenciés ont la Covid-19, ce sont des cas positifs qui pourront jouer dans une dizaine de jours"
Ces reports en cascade touchent principalement les effectifs de clubs évoluant aux niveaux nationaux, testés davantage, pour le moment. Une affirmation justifiée par des reprises plus tardives selon Arsène Meyer : "Il n’y a pratiquement pas de matches en ce moment dans le District, sauf dans des poules de 13 ou 14 pour réussir à boucler la saison" admet-il, avant de terminer sur une note d'espoir. Pour tout vous dire, à la commission des compétitions jeunes, il apparaît que nous n’avons aucun match en retard. Seules 5 rencontres sur près de 140 ont été reportées pour cause de Covid. En huit ans de commission, je n’ai jamais vu aussi peu de reports à ce stade de la saison. Et au niveau du District c’est pareil, il n’y avait que 90 matches en retard en début d’année. Je n’ai jamais vu un total aussi bas en 30 ans de District." Le calme avant la tempête ?
Pour faire face à l'avalanche de reports causée par le variant Omicron, et si la solution n'était pas de décaler la rentrée footballistique ? Si certaines Ligues ne reprennent habituellement qu'en février en raison des conditions climatiques, d'autres pour lesquelles ce n'était pas le cas ont choisi de prendre les devants après une réunion entre la FFF, la LFA ainsi que les instances régionales et départementales. Comme celle des Pays de la Loire. "On a pris nos responsabilités et je ne pense pas qu'on se soit trompé [...] Actuellement, 80% des licenciés ont la Covid-19, ce sont des cas positifs qui pourront jouer dans une dizaine de jours. C'est ça aussi qu'on espère, que ça s'étale dans le temps" nous explique Didier Esor, président de la Ligue en question. Une décision prise en prenant compte donc de la réalité locale. Si la FFF a pu se voir reprocher de centraliser toutes les décisions depuis 2 ans, cette fois, il n'en est rien. Laisser passer l'orage bien au chaud ou jouer malgré tout : dans l'hexagone, à chaque niveau sa solution.
La Rédaction Actufoot
Thomas Gucciardi, Ethan Raccah, Simon Marachian, Harry Hozé, Joel Penet
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