Pour la plupart des dirigeants et des éducateurs de clubs de Ligue 1 ou de Ligue 2, l'équipe réserve est le baromètre du niveau de la formation de leur club. Pendant plusieurs années, ces jeunes joueurs sont façonnés et développés afin d'arriver un jour en équipe de première, mais d'abord, ils doivent faire leurs preuves, que ce soit en U19 ou avec l'équipe réserve.

Une tendance qui se confirme d'années en années

Ces dernières saisons, nous observons une tendance qui tend à démontrer que les équipes réserve de clubs pros ont du mal à briguer le haut du classement dans leurs poules respectives. Il y a deux ans de ça déjà, sur quatorze réserves professionnelles engagées en National 2, seul la réserve du Stade de Reims avait réussi à terminer dans les cinq premiers de leur poule (4ᵉ avec 36 pts). Pour les autres, le LOSC II avait terminé 14ᵉ, tandis que Montpellier II et l'AS Saint-Etienne II avaient été reléguée en National 3.

Cette saison, à l'aube de la 23ᵉ journée de N2, cette tendance est toujours d'actualité. Dans le groupe A, la réserve du Stade Malherbe ainsi que l'En Avant Guingamp sont dans le ventre mou. Dans le groupe B, le Racing Club de Lens est avant-dernier avec seulement deux victoires en 17 matches tandis que la réserve de l'Olympique de Marseille est également à la peine, lanterne rouge de la poule C avec trois petites victoires en seize matches. Sur 13 équipes réserves de clubs professionnels, seul le FC Lorient est dans le top 5 de son championnat (2ᵉ avec 41 pts). L'Olympique Lyonnais II n'avait plus gagné (jusqu'à ce week-end) depuis décembre 2021, le Racing Club de Lens et Montpellier sont par ailleurs dans les profondeurs de leur poule. Le FC Lorient est la seule exception. Malgré que leur équipe soit à la peine en Ligue 1 (16è), la réserve lorientaise cartonne. Deuxième de la Poule 1 avec 12 victoires en 22 matchs, les Lorientais sont dans une situation quasi unique en France, mais on parle là d'une formation habituée à disputer le haut de tableau que ce soit en N2 ou en N3.

Des clubs amateurs mieux armés et mieux structurés

Tout d'abord, chaque équipe à sa propre stratégie, que ce soit sur du long ou du court terme. Les clubs les moins huppés de Ligue 1, pour qui le centre de formation est leur seul moyen d'attirer des joueurs, n'hésitent pas à surclasser plus rapidement que prévu certains de leurs meilleurs jeunes, qui font plusieurs apparitions avec les pros chaque saison. Au niveau de la cohésion d'équipe, les groupes évoluent souvent et il est parfois difficile de créer une alchimie et un élan collectif. Les équipes amateurs évoluent de leur côté avec des groupes plus restreints où il y a un peu moins de turnover.

Avoir beaucoup de jeunes dans les équipes professionnelles peut également être un désavantage. Le FC Lorient de son côté a fait le choix de recruter chaque année deux ou trois joueurs, âgés de 25 ans ou plus, afin de renforcer sa deuxième équipe. Ce sont des joueurs qui sont chargés d'encadrer les jeunes, ce mix entre joueurs issus du centre de formation et joueurs plus matures donnent aux Merlus un effectif de qualité. Enfin, le niveau de la N2 s'est renforcé ces dernières saisons. Beaucoup de clubs amateurs recrutent des joueurs qui ont fait leurs gammes dans les centres de formations d'équipes de Ligue 1 ou de Ligue 2, avant de se relancer en N1 ou N2 par la suite. Il existe bon nombre d'exemples sur des joueurs qui n'ont pas été conservées lors de leur année en centre de formation avant d'exploser dans un autre club. Au niveau du fonctionnement au quotidien, certains clubs agissent également comme de véritables écuries de Ligue 1, avec des entrainements quotidiens, des éducateurs très compétents qui mettent en des préparations de matches aux petits oignons.

Ces dernières années donc, les équipes réserves des clubs professionnels ne sont plus aussi fortes qu'auparavant, mais c'est surtout les clubs amateurs qui ont désormais toutes les cartes en main pour espérer monter à l'étape supérieure.