Ses nombreux aller-retours sur tout le flanc droit du terrain du Stade Paul-André de Drancy font parler de lui aux quatre coins de l’Ile de France. Les suiveurs du foot francilien connaissent déjà son nom et il est sans conteste l’un des hommes clés, de ce qu’il qualifie lui-même de « surprenant » début de saison de la Jeanne D’Arc. Né en 2003, Lyes Aka, latéral droit, impressionne en cette première partie de championnat. Au-delà de sa fiche de stats qui fait de lui le deuxième buteur de la JAD avec quatre réalisations, il marque les esprits grâce à une activité tout bonnement exceptionnelle, qui est saluée par son entraîneur du groupe U19N du club dionysien, Nassim El Abdi : « C'est un pur produit du 93 et de Drancy, très généreux défensivement et qui détient aussi la capacité à dépasser le cadre de ses fonctions de latéral droit. » A l’heure où le club de Seine-Saint-Denis est actuellement 2ème de la poule A (derrière le PSG) et sur une impressionnante série de 10 rencontres sans défaites dont 4 succès de suite, il est tout naturel de s’intéresser de plus près à ce groupe qui est déjà en passe de devenir le tube de l’année. Et quel meilleur candidat pour cela que de partir à la découverte de l’un de ceux qui a le plus impressionné jusqu’ici.

Enfant du club, qu’il a rejoint à l’âge de 8 ans, on pourrait penser que Lyes Aka soit un privilégié au sein de l’effectif de la JAD, mais ce serait mal connaître son coach et l'intéressé lui-même. Bourreau de travail, il sait que son futur dans le football passe par un investissement à 100%. D'ailleurs, il ne se repose par sur ses acquis : « Il y a toujours des aspects à améliorer et ça, j’en suis conscient depuis tout petit en travaillant toujours plus. C’est pour cela que je vais tout faire pour réaliser une meilleure deuxième partie de saison et essayer d’améliorer mes statistiques, même si le but principal est d’aider l’équipe. J’ai toujours pensé en termes de groupe et cela ne changera jamais. » Un sens du collectif qui lui est très cher et d’ailleurs, on ne le retrouve pas seulement au sein de son équipe mais bel et bien au sein de l’ensemble du club. Désormais éducateur auprès des petits du club, afin de rendre à la JAD ce que le club lui a apporté, on ressent de la fierté dans son discours mais aussi beaucoup de respect, quand on lui parle de ce rôle qui lui tient à coeur : « J’ai toujours voulu redonner ce que l’on m’a appris à mois plus jeune, j’essaye de transmettre aux plus petits dorénavant et c’est pour cela que je fais quelque séance avec eux chaque semaine. Je pense d’ailleurs que c’est un peu grâce à cela que j’en suis là dans le club, cela m’apprend beaucoup. » Une véritable envie de faire comme ceux qui lui ont tout appris à Drancy, les Saloum Coulibaly, Bakary Sylla, Jimmy Fischer ou autre Rui Dos Santos, tous aussi important à ses yeux les uns que les autres.

Sur le terrain, ce latéral droit explosif, poste qu’il occupe depuis qu’il est « passé sur grand terrain » et qu’il n’imagine pas une seconde abandonner, apporte toute sa fougue et sa combativité. En fonction du schéma de son entraîneur, il peut se transformer en véritable piston droit et mettre à profit ses qualités techniques et de vitesse au service du secteur offensif, pour son plus grand plaisir comme il aime le rappeler : « C’est un poste que j’ai aimé et que j'expérimente depuis les U14. Je suis très offensif, je n’hésite pas à monter avec le ballon et faire énormément d'appels dans le dos de la défense. » Grand fan du joueur de Nice, Youcef Atal, qui est son véritable modèle au point de vue footballistique, il se retrouve parfaitement dans le jeu mis en place par son entraîneur, ou l’intensité est primordiale. Et pas seulement pendant les matches d’ailleurs : « Nassim a toujours voulu instaurer un style de jeu très compétitif, que ce soit en match ou à l’entraînement, c’est la même intensité partout. Tout le monde est motivé, le groupe est toujours complet à l’entraînement, il y a beaucoup de maturité et de caractère, c’est ça qui fait la différence. »

Une différence au point de s’imaginer participer aux Play-Off en fin de saison ? Pour l’instant en deuxième position derrière le PSG, les jeunes pousses dionysiennes sont en position de se qualifier. Lyes, en tout cas, s’y voit bien : « Plus les matches avancent, plus les Play-Off rentrent dans nos têtes. On sait qu’au fond de nous on peut le faire. » Très ambitieux et compétiteur, il ne fait pas de complexe, même quand il s’agit de parler de l’armada parisienne, avec qui ils ont partagé les points en championnat (3-3) : « Je n’ai pas ressenti d’écart car sur ce match-là, le coach avait mis en place un bon plan de jeu avec un gros pressing en première période. D’ailleurs, on en met deux à ce moment-là. Après, on verra au match retour. Maintenant, ils savent qu’on est deuxième. »

Disputer les Play-Off, ok … et ensuite ? Comme ses potes de la génération 2003, il est en fin de cycle et c’est le monde senior qui va s’ouvrir à lui. Si l’intéressé avoue préférer se focaliser sur le championnat U19N que de monter en N3 dès cette saison, il ne dit pas non pour connaître dans le futur une cape en équipe fanion de son club de cœur. Mais, il ne faut pas se mentir, l’ambition principale est toute autre, et c’est bien un contrat professionnel que ce supporter de l’OM vise l’été prochain. « Drancy a toujours été là pour moi depuis que je suis jeune et c’est vrai que jouer ici en senior serait beau, mais j’ai toujours voulu connaître le monde pro et le fait de signer dans un club professionnel c’est mon objectif. »

Lui qui a déjà fait des essais en U17 Nationaux du côté du Havre ou de Troyes, préfère cependant se focaliser actuellement sur son jeu et le travail, reportant à plus tard les éternelles tractations en coulisse. De plus, si tout se passe bien pour lui en ce moment, il est loin d’être arrivé et il le sait bien. D’ailleurs, son coach ne se prive pas de lui rappeler, comme avant ce match face à Chambly fin novembre : « C’est un entraîneur qui m’a beaucoup fait évoluer, il a toujours été derrière moi. Il dit toujours les choses droit dans les yeux pour te faire progresser. Par exemple, à la veille de Chambly, on fait une mauvaise séance, moi compris et je le ressens. Il vient à la fin me prendre à part et me dit d’améliorer ma qualité de centre et de me focaliser là-dessus …cela a porté ses fruits et je réalise une passe décisive sur un centre le dimanche. » Un entraîneur qu’il a côtoyé en U11 et avec qui il a gagné la coupe de Seine-Saint-Denis, au Stade de France. De quoi te forger des souvenirs plein la tête toute ta vie. « C’est plaisant de le retrouver cette année. On peut essayer de récidiver cette performance d’avoir gagné un titre », ajoute Lyes, toujours ambitieux. Cette proximité, on la ressent aussi du côté de Nassim El Abdi, même si celui-ci n’hésite pas à pointer les défauts de son jeune joueur : « Il doit passer un palier sur nos temps de possession dans notre camp, il en est conscient et on y travaille. Il y arrivera car c'est un joueur qui adore s'entraîner et ça c'est primordial à son âge ! »

Une maturité, de l’ambition et du travail, on a connu pire cocktail pour y arriver. Lyes Aka se fait petit à petit un nom dans le football francilien et il est bien décidé à continuer à faire de son côté droit une zone de turbulences pour les prochains adversaires de la JAD, avant pourquoi pas de poursuivre son prometteur destin ailleurs. A l’heure des cadeaux de Noël, il ne se cache pas et souhaite simplement : « Réaliser mon rêve d’être footballeur pro et atteindre les Plays-Off, ce qui serait exceptionnel pour le club et pour nous en tant que joueurs. » On a hâte d’être en 2022 pour voir si cela va se réaliser, mais au vu de l’investissement du garçon, il y a de moins en moins de place laissée au doute.

Reynald Trunsard