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Portraits

13 janvier | 0h00

Malo Gusto, le Gone prêt à rugir de plaisir

Joueur espoir de l'Olympique Lyonnais, Malo Gusto possède un parcours singulier. Portrait de ce latéral droit reconverti qui monte les échelons à l'OL.

OL OL L1 Certifié Espoir Malo Gusto

Actufoot relance sa rubrique "Certifié espoir" en 2021 en présentant un joueur à fort potentiel chaque mois. Et en janvier, on débute par un joueur de l'OL. Jeune espoir lyonnais et déjà apparu dans le groupe de Rudi Garcia en Ligue 1, Malo Gusto a signé en décembre 2020 son premier contrat professionnel. Découvrez notre portrait de ce jeune latéral droit de 17 ans, international U18 tricolore, avec les confidences exclusives de ses proches.

Son avenir était déjà bien tracé. Comme un signe du destin, Malo Gusto est né à Décines le 19 mai 2003, commune de l’est-lyonnais et, quelques années plus tard, du nouveau stade de l’OL. Le Stade des Lumières dont le projet est né en 2007 et son centre d’entraînement voient le jour à partir de 2012 et les travaux se terminent à l’été 2016. Un été qui marque justement, la date d’arrivée au club de Malo Gusto, alors âgé de treize ans. C’est donc là, dans sa ville natale, qu’il va poursuivre son éducation et sa formation dans le football.

Et pourtant, enfant, ce n’est pas avec un ballon rond dans les pieds qu’il a débuté mais bien avec un ballon ovale entre les mains. Mis au rugby par son père, il rêve toutefois secrètement de devenir footballeur professionnel. « A mon grand regret, concède aujourd’hui avec le sourire son père Philippe, mais j’ai tout de suite vu le potentiel qu’il avait. » C’est à l’âge de neuf ou dix ans qu’il exprime son vœu à ses parents. Amusé par le rêve de son fils, son père lui a d’abord rétorqué : « Sinon, c’est rigolo mais est-ce que tu as un autre souhait ? « Non, non, je veux devenir footballeur professionnel », a assuré le bambin. » Déjà sûr de lui, le natif de Décines ne sait pas encore que cela sera le cas dans quelques années. Il va s’en donner les moyens et, le 17 décembre dernier, âgé de 17 ans, il concrétise la première partie de son rêve.

Revenons quelque peu dans le passé, à ses débuts. C’est à l’AS Villefontaine, club isérois à vingt-cinq minutes de Décines, que tout commence. S’il n’a pas fait d’école de football, ses qualités athlétiques, sa vitesse, son leadership naturel lui permettent de rapidement se démarquer en foot à 8. Repéré par le club de Bourgoin Jallieu lors de plateaux, club partenaire de l’OL, il y fera un stage quelques semaines plus tard. « Quand on a fait la détection, le premier qu’on a ciblé c’est lui. Chacun des éducateurs en charge de ce pôle était unanime sur ses performances, ses qualités et son potentiel », confie Manuel De Almeida, directeur sportif du club berjallien, qui a vu passé entre autres Maxence Rivera (ASSE) et Amine Gouiri (ex-OL, aujourd’hui OGC Nice).

Positionné en milieu offensif à ses débuts, Malo Gusto est alors un joueur très « adroit devant le but » et décisif. Son père développe : « Il était très vif, derrière, au milieu, devant, il courait de partout. (sourires)C’est un travail qui a été bien fait notamment à Bourgoin. Ils ont réussi à bien le canaliser. » Sa progression à Bourgoin alerte très vite les observateurs de l’OL qui l’invitent à participer à des séances durant la saison 2015-2016. A l’issue de cette saison, il quitte donc très vite le club tremplin qu’est le FC BJ pour la formation rhodanienne réputée pour sa qualité, à l’échelle française et européenne. Avec du recul, Manuel De Almeida souligne : « S’il n’était pas venu à Bourgoin, Malo ne serait peut-être pas dans un centre de formation aujourd’hui. Il est vrai que le plus dur n’est pas forcément d’intégrer le centre de formation, mais d’obtenir un contrat. C’est à ce moment-là que tout commence et le chemin est long. C’est à force de travail qu’il a passé 4 ans de formation et obtenu un contrat aspirant puis professionnel. »

Très assidu dans son travail, Malo Gusto rejoint donc à tout juste 13 ans la formation de l’OL, à un âge important pour les relations amicales. « La chance de Malo c’est qu’on n’est pas loin. Il est né à Décines, on habite à Villefontaine, à 25 minutes du centre d’entraînement, il n’a pas été déraciné. Il est allé à l’OL parce qu’il avait le talent et parce que c’était à côté, pour qu’il soit proche de nous, relate son père. » Très proche de sa famille, de ses cousins et cousines, Malo Gusto revient les voir très régulièrement. Egalement compétiteur, ses débuts dans le rugby lui ont forgé ce caractère de combattif, d’accrocheur, « c’est un garçon qui n’aime pas perdre ».

Gusto de la même génération que Cherki

Alors qu’il s’est révélé au grand public peu après la publication de notre certifié espoir sur lui, Rayan Cherkis’est entraîné avec Malo Gusto ou encore Florent Da Silva avant d’être doublement surclassé. « Dès sa première saison à l’OL, en U14, Malo va rapidement être surclassé en U15 Elite avec ses deux copains de promotion Rayan Cherki et Florent Da Silva », nous décrit Aldo, un suiveur averti de la formation lyonnaise. Moins rapide que Cherki et Da Silva dans son apprentissage, Malo Gusto a tout de même toujours été parmi les meilleurs. Avec les U17 Nationaux, à 15 ans, dirigés alors par Pierre Chavrondier et Jérémy Berthod, deux anciens Gones. Dès la saison suivante, le jeune de la génération 2003 est promu avec les U19 Nationaux où il est positionné arrière-droit. « A l’époque, ses coachs l’essayaient à divers postes sur le terrain : milieu relayeur évidemment mais aussi, parfois, en 10 et même ailier droit. Ses performances n’en étaient nullement affectées, le Gone étant déjà au-dessus de la plupart des autres gamins. On sentait vraiment un potentiel important », relate notre interlocuteur.

Fan de l’OL dans son enfance, il suit les recommandations de ses parents en étant curieux de tout, en s’informant au maximum. Ainsi, il développe sa culture footballistique en suivant des équipes comme le Real Madrid, le Bayern Munich et particulièrement la Juventus Turin. « Il aime bien également suivre les matches de la sélection colombienne, et bien sûr l’Equipe de France », nous précise son papa, fier de l’évolution de son fils. Au niveau des joueurs, Malo Gusto apprécie beaucoup des joueurs comme Marcelo, Ronaldinho ou encore Neymar. Très fan donc des Brésiliens. « Moi, les dribbles et la technique c’est ce qui me fait plaisir dans le football. Je m’inspire de ces grands là », indiquait-il récemment dans une vidéo du club.

Vers un début en Ligue 1 ?

Replacé au poste de latéral droit, Malo Gusto sait qu’il doit encore s’améliorer. « Mon objectif c’est de continuer à m’intégrer au groupe, de bien travailler à ce poste parce qu’il reste deux, trois trucs à corriger en tant que latéral droit. Et peut-être faire un jour une entrée en Ligue 1″, explique-t-il, conscient de ses qualités et de ses défauts. « Il ne faut pas oublier que Malo n’a que sept matchs au niveau National 2. Il doit donc encore beaucoup travailler pour atteindre l’équipe une : notamment progresser dans ses interventions défensives et faire attention à ne pas trop vouloir en faire. En effet, son tempérament, son énergie lui font perdre, parfois, un peu de lucidité. Il lui arrive alors de se compliquer la tâche. C’est souvent le « petit travers » des joueurs généreux mais avec le travail et un peu plus d’expérience, cela se corrige », nous détaille Aldo qui assiste aux entraînements et aux matches de l’Académie.

S’il n’a pas encore joué avec l’équipe de Rudi Garcia, l’adolescent s’entraîne depuis cette saison régulièrement avec le groupe pro. Il compte également quatre bancs de Ligue 1 dont le premier remonte déjà au 18 octobre et le déplacement à Strasbourg. « A 17 ans, avoir un contrat professionnel, c’est une belle marque de confiance. Je pense qu’il aura sa chance, il faut aussi être patient. Malo Gusto est un bon profil, il va y arriver », assure plein d’enthousiasme Manuel De Almeida. « Le gone promet beaucoup mais doit s’aguerrir, c’est certain, et c’est pour ça qu’il est bien dommage que la réserve lyonnaise ne puisse poursuivre son championnat. Assurément, un « espoir » futur pour la TeamOL mais patience », acquiesce Aldo.

Rudi Garcia temporise

En octobre déjà, Rudi Garcia a été interrogé en conférence de presse sur son potentiel : « C’était beaucoup trop tôt pour lui, pour arriver à ce niveau-là. La marche est haute quand vous êtes à l’académie de l’OL : on ne cherche pas des joueurs de Ligue 1, mais de Ligue des Champions. Il a besoin de continuer à travailler avec nous et de passer un peu par la case National 2. La saison dernière, il y a très peu joué. C’était un U19, je le rappelle. » S’il doit encore progresser, ses qualités pourrait faire de lui un futur joueur de l’OL. « Si on le fait bien travailler et s’il confirme ce qu’on pense de lui, ça peut devenir un très bon joueur professionnel de l’Olympique Lyonnais. Quand il voit évoluer un Dubois, un De Sciglio ou même un Cornet reconverti latéral gauche, il progresse. Il est très à l’écoute et très agréable. » Des mots très sympathiques de la part du coach de l’équipe première pour un jeune qui n’était alors pas encore professionnel.

Il y a quelques jours, l’ancien entraîneur de l’AS Roma a complété ses propos : « Les jeunes de l’effectif pourraient avoir une possibilité en prêt. Je ne pense pas à Rayan Cherki, Maxence Caqueret, Melvin Bard ou Sinaly Diomandé, parce qu’ils sont dans le groupe. Je pense à Malo Gusto, à Florent Da Silva, Yaya Soumaré ou Cenk Özkacar. » Interrogé à ce sujet, son entourage nous indique toutefois ne pas être au courant d’un départ durant ce mercato hivernal. Encore lycéen, Malo Gusto passe cette année son baccalauréat Sciences et Technologies du Management et de la Gestion (STMG). Pour ses parents, le double projet mis en place avec l’OL est essentiel. « Il faut au moins qu’il ait son bac, après ça sera peut-être compliqué de continuer de suite des études, mais il pourra en reprendre plus tard », souligne Philippe Gusto, très attentif à cette partie du projet sportif.

Convoqué en Equipe de France à deux postes différents

La singularité du parcours de l’adolescent réside aussi en sa capacité d’adaptation. D’abord milieu offensif, il connaît sa première convocation en U16 sous les ordres de José Alcocer. Après une sélection en U17, en octobre dernier, il a été convoqué en U18 par Landry Chauvin, successeur de Jean-Claude Giuntini, mais cette fois en latéral droit. Si les confrontations amicales prévues contre les Pays-Bas ont été annulées en raison du contexte sanitaire, cette convocation est une marque des grands. Peu sont ceux qui ont été appelés à deux postes très différents dans les sélections jeunes.

« Même le staff de l’Equipe de France a trouvé qu’il s’était adapté à son poste de latéral droit, se réjouit Philippe Gusto. Ce qui est bien chez lui, c’est qu’il a réussi à intégrer ce changement de poste. Mine de rien, pour beaucoup d’enfants, ils se disent : « Pourquoi latéral droit ? C’est ingrat. » Mais en fait, c’est un poste très important et qui demande des capacités que peu de joueurs ont selon moi, notamment des capacités physiques. J’espère juste qu’il ne va pas trop perdre son côté offensif car il marquait beaucoup à Villefontaine puis à Bourgoin. »

Joueur offensif, reconverti en défensif, Malo Gusto dispose d’un bagage très intéressant pour percer au plus haut niveau malgré son jeune âge. Ses passages à Villefontaine puis à Bourgoin lui ont permis d’embrasser son rêve du côté de l’OL. Aujourd’hui professionnel, il doit encore franchir quelques étapes et engranger de l’expérience à son nouveau poste avant d’éclore au grand public.

Réalisé par Geoffrey Leplang (@LeplangGeoffrey)

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