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18 novembre | 12h42

Mamadou Keita : « Défendre est un art »

Véritable pilier de son club, le capitaine du FC Mantois 78 réalise un grand début de championnat, comme l’atteste sa position de leader du championnat des Etoiles Actufoot. L’ex de l’INF Clairefontaine se livre sur ce début de saison et nous éclaire sur la particularité de son poste de défenseur qui lui est si cher. (Crédit Photo : Icon Sport)

N3 IDF FC Mantois 78 N3 Mamadou Keita

Mamadou Keita est un nom bien connu dans le football francilien. Depuis plus de 10 ans, on le voit arpenter sa grande carcasse aux quatre coins de la région parisienne. Les championnats de N2 et N3 n’ont plus de secret pour lui. Sa fidélité au FC Mantois inspire le respect. Onze saisons, plus de 200 matches au compteur, un 1/16e de finale de coupe face au FC Nantes en 2016 : il est indissociable de l’histoire récente du club Yvelinois. Alors quand celui-ci est relégué en N3 après l’arrêt du championnat à 9 journées de la fin à cause du Covid, il n’imagine pas une seconde aller jouer ailleurs. Trop attaché à ce club qui met en avant le social et l’éducatif comme il nous l’avait précisé lors d’un entretien la saison passée.

Après 9 saisons en N2, c’est donc dans le championnat de N3 que l’on retrouve désormais Mamadou Keita. Alors que se profile une rencontre face au leader Brétigny, les troupes de Robert Mendy n’effectuent pas pour le moment le début de saison rêvé. Une seule victoire en sept rencontres, une onzième place, au bord de la zone rouge, mais pour autant le capitaine ne perd pas espoir et imagine même des lendemains heureux très rapidement. Une façon de positiver peut-être pour ce défenseur qui a horreur de la défaite. Très attaché aux valeurs de combat et de solidarité, il se retrouve parfaitement dans ce poste si particulier. Ce fan de la légende Nerazzurri, Javier Zanetti, nous livre ses secrets. Récompensé par 4 étoiles en 7 matches, il est au sommet de son art. Rencontre avec le roc des Yvelines.

Mamadou Keita, ce week-end vous vous déplacez à Brétigny, leader de la poule après un break dû à la Coupe de France. Quelles sont tes impressions avant cette rencontre ?

Je pense qu’il faut prendre les matches comme ils viennent sur ce championnat de N3. Toutes les rencontres sont difficiles à jouer, que tu ailles à Brétigny, Meaux ou aux Ulis, c’est la même chose. La vérité se fait toujours le jour J, sur le terrain. En ce qui concerne Brétigny, c’est une équipe solide qui va très vite vers l’avant. On va essayer de ramener quelque chose de là-bas car quoi qu’il arrive on doit récupérer des points, on n’a pas le choix.

Comment analyses-tu ce début de saison plutôt difficile du FC Mantois 78 ?

On a fait un début médiocre c’est vrai, même si au final on a perdu que deux rencontres. Celle d’ouverture qui était un peu un match de rodage face au Blanc-Mesnil et celle face au Racing, qui reste un gros accident. Nous avions vraiment fait un « No Match » ce jour-là (défaite 6-2, NDLR). On fait beaucoup de nuls, tout se joue en réalité sur des détails, car à chaque fois on se fait rejoindre à la marque. Une fois qu’on aura réglé cela, tout ira mieux pour nous. Il faut travailler sur notre efficacité défensive, mais je pense que cela va aller, une fois ce petit grain de sable enlevé.

Penses-tu connaître la cause de ce problème ?

C’est vraiment des erreurs d'inattention, un manque de concentration totale sur l’ensemble de la durée d’un match, qui fait qu’à chaque fois, on prend pions sur pions. C'est peut-être dû à la jeunesse de l’effectif à certains postes, mais cela va se régler. C’est d’ailleurs un mal pour un bien car si cela avait été un problème de niveau, on aurait su que ça allait être vraiment difficile mais là ce n’est vraiment pas le cas. Je suis optimiste, ce n’est qu’une question de temps.

Actufoot • FC Mantois N3 vs Aubervilliers

Le capitaine du FC Mantois 78 est l'un des moteurs du club Yvelinois

L’année dernière tu nous parlais du fait que la saison blanche était un mal pour un bien pour ton équipe. Gardes-tu le même avis ?

Si on parle d’un point de vue comptable, on est sensiblement au même niveau que l’année dernière, cependant, mon sentiment personnel, et je le partage avec pas mal de collègues ou d’adversaires, est que l’on a un meilleur niveau que l’année dernière. Ce n’est plus un problème de suffisance comme la saison passée, donc oui je persiste à dire que c’était un mal pour un bien. Une fois que la mayonnaise aura pris, d’ici un ou deux mois, on verra les choses différemment. Je pense qu’on a gagné un an.

Paradoxalement, malgré des problèmes défensifs, tu réalises personnellement un excellent début de saison, couronné notamment par une position de leader au classement des étoiles Actufoot …

Quand tu es un défenseur et que tu prends un but à chaque match, c’est frustrant. Alors c’est clair que ce classement peut sembler assez paradoxale, mais c’est vrai que physiquement je me sens mieux et je montre vraiment en puissance. J’imagine que c’est un peu révélateur et en tout cas ça fait plaisir d’être reconnu par les coaches adverses, et encore plus, ça fait plaisir pour les défenseurs au sens général. Ce n’est pas souvent qu’on nous met en avant.

J’aime vraiment étudier mes adversaires et je sais que je vais prendre du plaisir ... dès le début de la rencontre, je sais tout à propos de lui.

Mamadou Keita, défenseur et capitaine du FC Mantois 78

Comment analyses-tu ce poste si spécifique qui est celui de défenseur ?

C’est un poste vraiment spécial et difficile, qui plus est en N2/N3. Tu dois être très complet car tu te retrouves souvent face à des attaquants ou même des armadas offensives de plus en plus rapides. Chaque saison, cela va de plus en plus vite et maintenant on peut même ajouter le fait que sur les côtés, c’est devenu super tactique. Je pense que si tu n'es pas capable d’alterner entre l’anticipation, le défi physique, l’intelligence du jeu, cela va être très compliqué pour un défenseur dans cette division. D'où l'importance de l’expérience.

Mais comment t’adaptes-tu à cette évolution alors ?

Cette nouvelle génération a beaucoup plus de potentiel que la nôtre, en revanche et ce n’est pas péjoratif, je trouve qu’on est beaucoup plus intelligent, en termes de réflexion et de tactique. C’est pour cela qu’aujourd’hui j’arrive à tirer mon épingle du jeu, car la place du cerveau est primordiale. Après c’est vrai qu’au niveau du potentiel, c’est de mieux en mieux. Il n’est pas rare de tomber sur 4, 5, 6 joueurs devant avec d’énormes qualités. Une réelle supériorité. Ce n’est pas pour rien que je mentionne le cerveau, il faut arriver à contrer cela. Défendre c’est un art, qui se travaille perpétuellement. Comme les attaquants devant le but, ou le milieu de terrain à la création, défendre c'est stratégique, un vrai art, un poste si spécial.

Arrives-tu à prendre du plaisir en défendant ?

C’est clair ! Un duel remporté sur un attaquant c’est l’équivalent d’un but marqué pour moi. Même au-delà de ça, pour moi c’est un véritable défi. Plus l’attaquant est bon, plus j’aime ça. Si le mec au final ne me fait pas bosser, je suis limite déçu. J’ai toujours voulu me confronter aux meilleurs, peu importe le style. Physique, rapide … J’aime vraiment étudier mes adversaires et je sais que je vais prendre du plaisir. Dès le début de la rencontre, je sais tout à propos de lui. Pied droit, pied gauche, ses feintes, s'il me laisse le temps de revenir, sa capacité à dribbler, à prendre la profondeur, le jeu au corps … Il y a beaucoup de facteurs. Il faut savoir varier et apprendre de tous les profils. J’aime jouer avec l’attaquant.

Justement, avec ton expérience, quels sont les attaquants de N3 qui t'ont tapé dans l'œil ?

Mathieu de Oliveira (PSG), avec qui j’ai joué, est un vrai petit filou. C’est l’un des joueurs phares de la division. Gaucher, créatif, il est vraiment costaud. J’ai également été impressionné par l’attaquant d’Ivry, Arnold Vula. Il m’a vraiment surpris par son sang-froid devant le but et sa lucidité. Il est très intelligent, fin, c’est un joueur à suivre. Il n’a rien à redire, il y a de très bons joueurs dans cette division.

C’est impossible d’être un bon défenseur sans avoir l’amour de ce poste. C’est un état d’esprit, on ne le devient pas du jour au lendemain, si tu n’as pas cet état d’esprit tueur et combatif, tu ne pourras jamais y arriver.

Mamadou Keita, défenseur dans l'âme

En tant que défenseur, travailles-tu avec tes propres attaquants afin de les aider à percer quelques secrets ?

Ici, notre attaquant phare est quelqu’un qui a beaucoup d’expérience, Bruno Preira (34 ans, 2 buts cette saison, NDLR). Mais cela ne nous empêche pas de continuer à apprendre beaucoup l’un de l’autre. Ce qui est marrant puisque que l’on se connaît depuis petit. Il me fait bosser les un-contre-un et moi de mon côté je lui rend la pareille en travaillant sur ma vision de ce même un-contre-un, sur mon sens du jeu, mon ressenti. On débat ensuite à chaque fin de séance. J’essaye bien entendu de travailler également avec nos joueurs offensifs plus jeunes, à les rendre plus efficaces et insister sur le fait de ne jamais nous donner, à nous défenseurs, une deuxième chance. Car c’est vraiment ce point précis qui nous permet à nous de respirer, il faut que l’attaquant soit tueur et remporte d’emblée le duel … Si tu laisses la deuxième chance à un défenseur, c’est fini.

Actuellement, quel défenseur est au dessus du lot dans le monde professionnel ?

Selon moi, je dirais que le plus complet et le plus décisif est Marquinhos. Il a la relance, l’anticipation, le jeu de tête, c’est le prototype parfait du grand défenseur. On sent que cela vient des tripes, il aime ça.

Et cette passion pour le fait de défendre, est-elle innée ?

Non, non. J’ai commencé durant mon adolescence à jouer à ce poste. Je suis rentré à l’INF Clairefontaine en tant que milieu, j’en suis sorti en tant que défenseur. Mais il faut savoir qu’à la base ce n’était pas défendre que j’aimais, mais c’était juste qu’en réalité je n’aimais pas perdre. Il fallait donc trouver le poste adéquat pour remédier à cela. Après, avec le temps bien entendu, j’ai appris à aimer défendre. D’ailleurs, c’est impossible d’être un bon défenseur sans avoir l’amour de ce poste. C’est un état d’esprit, on ne le devient pas du jour au lendemain, si tu n’as pas cet état d’esprit tueur et combatif, tu ne pourras jamais y arriver. Il faut mieux passer ton chemin et passer à autre chose.

Propos recueillis par Reynald Trunsard

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