Mikhail Turi confirme. Un peu plus de six mois après le titre de champion
de Belgique glané avec les U15 de Mouscron, le coach nordiste trône à
nouveau en tête du classement Elite, cette fois avec un nouveau groupe.
Pour Actufoot, il détaille les clés de cette réussite et livre sa vision
sur le travail de formation. Entretien.Mikhail Turi, on vous avait laissé sur un titre national avec les U15 de Mouscron. Comment s’est déroulée la suite ?On a repris la saison dans la continuité de la précédente. C’est-à-dire
avec peu de changements. En raison de la crise sanitaire notamment,
l’organigramme a été très peu modifié. Tout est resté plus ou moins en
place. Etant donné que tout fonctionne bien à Mouscron, on a voulu
continuer sur les mêmes bases, en prolongeant chaque entraîneur ou
éducateur dans sa catégorie respective. Avec la cellule de recrutement, on
n’a pas chômé pendant la période sans match. Et plus tard, lors de la
reprise des entraînements, à la fin du mois de juin, on a ressenti chez nos
joueurs une forte envie de reprendre, c’était agréable. Il y avait ce
sentiment de plaisir vis-à-vis du retour à la compétition et ce goût du
terrain retrouvé.Avec les U15, vous êtes aujourd’hui leader du championnat élite 2*, avec 7
victoires et 1 nul. Comment jugez-vous votre début de saison ?Le nouveau groupe est totalement différent du précédent, étant donné que
c’est une nouvelle génération chaque saison. Il y a beaucoup de nouveaux,
mais on a effectué un début de championnat tonitruant. On est invaincu
après 8 matches, et pourtant le groupe était en difficulté en U14 la saison
passée. Les joueurs viennent d’horizons différents, mais une alchimie s’est
créée et l’état d’esprit et la cohésion sont irréprochables. Ce sont des
ingrédients auxquels j’attache beaucoup d’importance. C’est ce qui fait
qu’une équipe se créée, avec une ambiance et un style propre à chacune.Avec 7 victoires en 8 matches, Mouscron trône en tête du championnat U15
Elite 2.Que pensez-vous de votre groupe ?Dans l’ensemble, c’est une équipe qui me plaît en terme de jeu et sur
l’aspect mental. Les niveaux athlétique et technique sont très bons, et en
plus de ça, les joueurs répondent à l’exigence de l’Elite. Ils
s’investissent énormément. La suspension des championnats entraîne un coup
d’arrêt, mais vu la mentalité de chacun et leur côté compétiteur, je ne me
fais pas de soucis pour la suite. On a envie d’aller de l’avant et on
espère continuer sur cette voie. Dans cette catégorie, on explose les
chiffres. A titre de comparaison, l’année dernière à la même époque, on
avait une défaite au compteur. Cette année ce n’est pas le cas, donc les
dirigeants sont contents.Quelles sont vos forces cette année ?Les jeunes s’inscrivent dans un processus de formation. Ils évoluent sur le
plan mental et les nouveaux venus prennent conscience de la concurrence.
Cela devrait s’accentuer par le confinement, qui leur permettra de prendre
un peu de repos et de revenir plus frais. Dans ma catégorie, il y a un
style de jeu bien défini. Une vie de groupe s’est installée et la mentalité
est partagée de tous. Le leitmotiv est de se dépasser, y compris dans la
difficulté. Tout le monde a son importance, et on ne se repose pas
uniquement sur quelques individualités. Tout ce qu’on a construit à ce jour
l’a été rapidement. On a repris autour du 15 août, on a vécu un mois et
demi de travail, et cela nous a permis de nous rendre compte des
difficultés et de bosser sur certains points.« Si on fait partie des meilleures équipes du championnat, ce n’est pas un
hasard »Comment analysez-vous cette réussite, avec ce nouvel effectif ?C’est la suite logique et l’aboutissement du travail effectué depuis
plusieurs mois. Lorsqu’il y a cet investissement et cette volonté de
réussir, avec cette rigueur, cela ne peut pas être considéré comme une
surprise. De mon côté, j’ai très vite vu ce qu’on était capable de
réaliser. Je dispose d’une belle équipe, qui joue bien, qui défend bien, et
derrière les talents offensifs peuvent plus facilement s’exprimer.Justement, l’aspect défensif semble être un critère important à vos yeux.
Après huit matches disputés, vous n’avez encaissé que quatre buts…Je pars du principe que pour bien attaquer, il faut bien défendre. C’est
une philosophie qu’il faut savoir appliquer ensemble. On a pris quatre
buts, et pour le coup c’était dans l’ensemble des buts gags. Autre fait
marquant : nous avons tenu cinq matches sans encaisser de but. C’est une
mentalité. J’aime bien voir de buts, quand mes équipes se projettent, mais
j’accorde aussi une grande importance à la défense. Si on défend bien,
l’adversaire a peu de chance de marquer. Et si on récupère le ballon
rapidement ou haut, on a à notre tour plus de chances de marquer. Pour
cela, il faut être très organisé. Cela requiert un bon bloc défensif et une
bonne projection. Devant, nous avons des joueurs rapides et puissants. Au
milieu ils sont techniques. Si on fait partie des meilleures équipes du
championnat, ce n’est pas un hasard.Quelle relation entretenez-vous avec vos joueurs ?Il faut savoir que si le joueur sent que l’entraîneur veut le faire
progresser, il va se donner à fond. De mon côté, quand je demande aux
jeunes de faire des efforts supplémentaires, ils vont le faire sans
rechigner. Dans l’ensemble, ils me font confiance, et me la rendent. Cela
va dans les deux sens. Je leur tends la main et eux sont demandeurs de
consignes ou d’avis.En U15 à Mouscron, « une vie de groupe s’est installée et la mentalité est
partagée de tous », assure Mikhail Turi.Quel regard portez-vous sur le travail avec les jeunes ?Travailler la formation est très enrichissant. Aujourd’hui, ce domaine, je
considère que je le maîtrise. A court, moyen et long terme, j’ai des
objectifs. Comme tout entraîneur je souhaite évoluer. Mais pour le moment
je suis bien à mon poste. Je l’ai privilégié à d’autres pour des raisons
personnelles. Toutefois, je ne m’arrête pas au titre remporté l’année
dernière. Je vise plus haut. Mais j’attends déjà la fin de saison. Je ferai
un bilan de la saison écoulée et j’aviserai. D’ici là, je profite du
confinement pour passer mon diplôme sur la préparation mentale pour la
performance du sportif. Cela constituera une nouvelle corde à mon arc, pour
apprendre et progresser.Comment envisagez-vous la suite de la saison ?La suite s’annonce un peu floue. Avec le confinement, c’est difficile de se
projeter. Avec mon préparateur physique, nous avons transmis un programme
pour que les jeunes restent dans une bonne condition physique. Je pense
qu’on reprendra les entraînements le 19 novembre, mais en ce qui concerne
les matches, on n’a pas d’infos. A mon avis, les championnats reprendront
en janvier, sous réserve de l’évolution des conditions sanitaires. Si on
reprend le 19, comme prévu, cela aura fait trois semaines d’arrêt. Après
une telle coupure, ce sera sans doute difficile de reprendre. C’est pour
cette raison que depuis le début de la saison je fonctionne semaine par
semaine.*En Belgique, le championnat U15 se joue sur le plan national, à l’image de
celui des U17 ou U19 Nationaux français. La formation du Royal Excel
Mouscron fait partie de la catégorie Elite 2.Propos recueillis par Harry Hozé