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Interviews

28 avril | 10h00

N.Morzelle : « J'aime bien l'idée de la fidélité à un club »

Nicolas Morzelle est blessé et ne reprendra l'entraînement que début mai mais il a apporté son expérience durant la saison à un effectif jeune (seulement 2 joueurs ont plus de 30 ans) de Jouy le Moutier en Départemental 2. Fidèle des fidèles, le milieu val d’Oisien continue d’apprendre avec le coach Badie. Entretien !

JOUY LE MOUTIER D2 Nicolas Morzelle

Nicolas, Jouy est sur le podium après 19 journées, l’équipe est-elle à sa place ?

C'est un championnat difficile à analyser parce qu'avec les variations du protocole sanitaire, les conditions de la compétition ont changé plusieurs fois (des équipes incomplètes, la crainte jusqu'en janvier de voir le championnat s’arrêter…). Quand on regarde le classement, on voit qu'il y a 3 équipes à peu près à égalité de points entre la 3e et la 5e place. Il y a une anomalie, c'est Bezons qui a qualitativement la meilleure équipe du championnat mais qui a mal commencé pour des raisons extra sportives. Devant, Champagne et Gonesse ont fait preuve de plus de régularité que les autres sans être impressionnants dans le jeu. Donc oui, nous sommes à notre place. Un peu trop irrégulier pour prétendre à la première place mais jouant quand même les premières places de ce championnat.

Dans le bilan sportif, il n’y a qu’un seul match nul, l’équipe manque-t-elle d’expérience ?

Oui c'est certain. Ce qui manque à notre groupe cette année, c'est effectivement de l'expérience. Nous avons des joueurs de qualité mais une moyenne d'âge très basse avec très peu de joueurs au-dessus de 25 ans. Ça joue sur les matchs où l'on ne peut pas gagner mais où il aurait fallu tenir le match nul. Surtout dans ce championnat serré dans lequel, sur la première moitié de l'année, beaucoup de match se sont joués à un but. Outre l'expérience, il aurait fallu que notre groupe de joueurs soit un peu plus étoffé pour prétendre jouer les premiers rôles. Les absences liées à des blessures, des suspensions ou des départs en cours d'année n'ont pas pu être compensées avec la même qualité (sans manquer de respect à personne, même pour les titulaires habituels, il est toujours préférable de savoir qu'on peut être remplacé à un moment, pour souffler ou parce qu'on a une période de moins bien, sans que la qualité de l'équipe baisse).

Racontes-nous ton parcours ?

J'ai commencé le foot en club à 5 ans. Je n'ai jamais arrêté depuis. C'était dans un petit village près de Besançon, Bouclans. Les premiers plateaux sur des terrains en sable, la neige de novembre à mars. Puis je suis parti en Guadeloupe, j'avais 7 ans. J'ai joué 5 ans là-bas, dans le club du Cygne Noir (entre Basse Terre et Baillif). Des terrains sans gazon et des gamins qui étaient nés avec un ballon dans les pieds. J'y ai énormément appris. J'ai été surclassé à 9 ans et j'ai commencé à jouer sur grand terrain. A l'époque on parlait des pupilles et des minimes. Ce n'était pas encore les u13. En tant qu'éducateur je ne ferais pas la même chose aujourd'hui. Physiquement et techniquement ce n’était pas une bonne chose. Comme j'étais le plus petit, j'ai dû développer d'autres qualités : le sens tactique et collectif, l'endurance. Retour en Hexagone à 12 ans. A Marines dans le Vexin. Premier match à Nesles la vallée en janvier, terrain gelé, ça change ! J'ai poursuivi à Marines. Je suis passé en senior à 17 ans. A 20-21, je portais le brassard. Je l'ai souvent porté par la suite mais aujourd'hui ça me semble plus logique que ce soit des plus jeunes pour faire le lien entre générations. C'est aussi à cette époque que j'ai passé l'I1 comme éducateur. Entre 2010 et 2014, comme je vivais sur l’agglomération de Cergy Pontoise, j'ai joué à Menucourt. Quatre superbes saisons avec 2 montées en première et 2 montées en réserve. En 2014 les coaches et beaucoup de joueurs sont partis. J'ai suivi le coach Yoann Hauquin à Eragny. Une courte expérience d'un an, beaucoup d’adversité et un style de jeu plus physique, plus rapide. Là aussi l'ai beaucoup appris même si je ne suis pas resté. Un ancien coéquipier de Menucourt m'a proposé de venir à Jouy. Et j'y suis depuis la saison 2015-2016. On a fait une montée en D1 inattendue (mais méritée) en 2018 avec le coach Christophe Luc, suivie hélas d'une descente l'année suivante. Et je suis toujours là. Aujourd'hui je ne me vois pas continuer ailleurs.

J’aime toujours apprendre. Ça n'arrive pas avec tous les coachs mais c'est le cas avec Jérôme. Même à 35 ans, on peut toujours en apprendre sur le jeu

Nicolas Morzelle

Tu as 35 ans, qu’est-ce qui te fait encore courir ?

La première chose c'est le plaisir de l'effort collectif et du dépassement de soi. J'ai toujours aimé pratiquer du sport mais si je me suis épanoui dans le foot, c'est parce que c'est un sport collectif. Le plaisir qu'on peut prendre à réussir un effort collectif, dans la qualité du jeu offensif mais aussi dans le comportement défensif, c'est ce qui me fait encore courir. On n'y arrive pas toujours mais quand on y parvient, c'est un vrai kif. Depuis les catégories jeunes, j'ai joué à tous les postes mais je me suis fixé en milieu défensif ou relayeur depuis quelques années. C'est un type d'effort que j'apprécie, le côté "travailleur de l'ombre". Si l'équipe joue bien et que je fais bien mon boulot, on ne va pas trop me remarquer mais ce que je vais faire va aider les joueurs plus offensifs à se mettre en valeur.
Et puis j'aime toujours apprendre. Ça n'arrive pas avec tous les coachs mais c'est le cas avec Jérôme. Même à 35 ans, on peut toujours en apprendre sur le jeu. J'ai toujours eu cette curiosité de mieux comprendre le jeu.

Jérôme (Badie) est un coach très méthodique, très cadrant, qui ne laisse rien au hasard

Nicolas Morzelle

Comment le coach a-t-il réussi à te conserver ?

Il n'a pas vraiment eu besoin de me persuader. J'avais envie de continuer encore un peu en senior si mon corps me le permettait. Mais c'est vrai que j'ai été très vite convaincu par la méthode et le discours. Notamment cette idée que même si on n'est pas des pros, pendant les quelques heures que durent les entraînements et les matchs, on peut y mettre la même rigueur, le même sérieux (à notre niveau bien sûr, sans se prendre non plus pour ce qu'on n'est pas). Ce qui n'empêche pas le plaisir, bien au contraire. Parce que plus on progresse, plus on réussit des choses collectivement, plus on prend plaisir. C'était déjà ma vision du foot en club amateur, je me suis donc retrouvé dans le discours du coach. Et puis il m'a fait confiance même si j'étais nettement plus âgé que le reste de l'équipe. Ça compte la confiance.

Peux-tu nous en dire plus sur lui, ses méthodes et le style de jeu qu’il prône ?

Jérôme est un coach très méthodique, très cadrant, qui ne laisse rien au hasard. Et bien qu'ayant entraîné à plus haut niveau, il sait très bien s'adapter à notre niveau tout en restant exigeant.
Avec Jérôme il y a d'abord une grosse préparation physique et ensuite un gros travail tactique à l'entraînement. Il cherche d'abord à ce que son équipe ait une cohérence. Que quand on la voit sur le terrain on se dise "ces gars-là savent ce qu'ils font, ils ne sont pas dans l'improvisation".
On travaille par cycles de quelques semaines et les résultats se voient le dimanche. Par exemple, en début d'année, il y a eu un gros travail sur le positionnement des lignes sur le terrain en phase défensive. En l'espace de 2-3 semaines, on est passé de 3 buts encaissés par match à 0 ou 1. Bon la série a malheureusement pris fin. Mais ça a donné confiance à tout le monde. Ce qu'on travaille à l'entraînement, on le retrouve le dimanche. Voilà ce que je dirais. Il n'y a pas forcément de style de jeu défini chez Jérôme parce qu'il doit aussi s'adapter à l'effectif, mais il y a une grande connaissance du jeu et une grande rigueur tactique qu'il essaie de nous inculquer.

C’est un club qui a de l'ambition (dans le jeu et la qualité de la formation notamment pour les plus jeunes)

Nicolas Morzelle

Qu’est-ce que tu apprécies particulièrement dans ce club ?

C'est ma 7eme saison à Jouy le Moutier. J'aime bien l'idée de la fidélité à un club même si ça n'a pas toujours été possible pour des raisons extra sportives.
A Jouy, j'ai apprécié l'accueil du groupe (plus âgé) qu'il y avait à l'époque. Aujourd'hui je suis plus dans la transmission aux plus jeunes mais c'est aussi positif.
Et puis c'est un club qui a de l'ambition (dans le jeu et la qualité de la formation notamment pour les plus jeunes) sous l'impulsion du président Francisco, tout en restant à taille humaine. Le club propose aussi toutes les pratiques du foot (féminin/masculin, handifoot, Futsal...) C'est ce que j'ai apprécié quand j'étais éducateur au sein du club. J'ai deux petites filles. Si elles veulent pratiquer le foot plus tard, j'aimerais que ce soit à Jouy le Moutier.

Propos recueillis par Farid Rouas

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