6 septembre | 10h00
Partenariats : le modèle controversé des Girondins de Bordeaux (4/4)
De 500 à 3000 euros, voilà la somme que doivent débourser les clubs de football amateur de la région souhaitant souscrire aux trois meilleures offres du "cercle de Nouvelle-Aquitaine" mis en place par les Girondins de Bordeaux en janvier 2020. Unique, cette politique de partenariats a vivement été critiquée à son lancement. Explications.
Le 16 janvier 2020, lorsque le FC Girondins de Bordeaux annonçait le lancement de son "cercle de Nouvelle-Aquitaine" par le biais d'un partenariat (finalement resté à l'état d'annonce mais jamais signé) avec le Pau FC, cela n'avait pas manqué de faire réagir. Des plus petits clubs de district et de régional jusqu'à la Ligue de Football de Nouvelle-Aquitaine, plusieurs voix s'étaient élevées pour dénoncer l'incohérence de la méthode mise en place par celui qui était, à cette date, le 13e de Ligue 1.
En cause : la politique développée et, surtout, l'aspect payant de la plupart des formules proposées dans le système de partenariat établi par le club Marine et Blanc. Pour rappel, l'offre de base, appelée "club labellisé", est gratuite. Elle permet d'avoir un suivi des jeunes, propose des matches amicaux inter-district et des animations pour mettre en avant le club. Les trois autres sont payantes, et coûtent, pour les clubs amateurs (!), entre 500 et 3000 euros.
Je viens donc de voir cette fiche. En tant qu’amoureux des #Girondins et du foot en général je suis consterné ! Comment ce club a-t-il pu tomber si bas ! Le monde amateur a besoins de l’argent du monde pro... pas l’inverse ! Ou passé ce club que j’aimais tant ? #fcgb pic.twitter.com/Wa1Hq6ZyLN
— JULIEN BEE (@JULIENBEE) January 23, 2020
Pour le pensionnaire de Ligue 1 et ses partenaires amateurs, les avantages sont divers. Des prestations sportives, parmi lesquelles des détections de talents de la région ou un référentiel technique établi par Souleymane Cissé sont notamment au programme. A cela s'ajoute un volet administratif, prenant la forme, entre autre, d'un accompagnement commercial et en communication. Enfin, d'autres privilèges sont proposés. Ainsi, des places VIP et des places classiques pour plusieurs rencontres peuvent être offertes, des visites du centre d’entrainement des Girondins sont organisées, et une mise en valeur du club via les médias du FCGB est établie.
"C'est un changement de culture (populaire aux Etats-Unis, ndlr) en passant de l'associatif au professionnel, se défendait Antony Thiodet, alors directeur de la stratégie commerciale stade et réseau du club bordelais, dans le quotidien Sud-Ouest, assurant par ailleurs que l'enjeu n'est pas vraiment économique mais territorial. Débourser une somme est engageant sur la durée. Ce qui est gratuit n'a pas de valeur. Et puis, cela nous engage aussi. On doit répondre au cahier des charges, sinon nos partenaires partiront et pourront, à juste titre, nous critiquer."
Un changement de culture pour certains, une ineptie pour d'autres
Mais justement, certains d'entre eux n'ont pas attendu pour émettre des jugements négatifs. "C’est la première fois quand même qu’un club propose ça, c’est fantastique, s'exclamait Gilbert Brisbois au micro de RMC Sport dans les jours ayant suivi la mise en place de ce si fameux mais non moins controversé cercle. A contrario, à Marseille, Jacques-Henri Eyraud, on ne peut pas lui enlever ça, il a fait quelque chose sur le parrainage où c’est l’OM qui donne des sous aux clubs amateurs. Là, Bordeaux, ils demandent des sous aux clubs amateurs… Evidemment, les clubs amateurs du coin voient ça, et se disent qu’on est chez les fous, donc ils sont tous vent debout contre les Girondins."
On était évidemment surpris que ces partenariats prennent la forme d'une prestation payante
Christophe Fauvel, président du Bergerac Périgord FC
Pour des raisons différentes, Christophe Fauvel, lui aussi, s'était étonné des formules proposées par le club présidé par Frédéric Longuépée. "On était évidemment surpris que ces partenariats prennent la forme d'une prestation payante. Généralement, ce sont les clubs pros qui soutiennent les amateurs. Et encore, passé cette surprise, nous avons relevé deux points défaillants, rembobine aujourd'hui le président du Bergerac Périgord FC, en National 2. Le premier est que l'on n'évoque pas suffisamment l'aspect sportif, que ce soit concernant la formation des jeunes ou le suivi pédagogique. Le deuxième, sans vouloir manquer de respect aux clubs de district, c'est que nous estimions que les clubs de N2 méritaient un traitement particulier et une convention différenciée, compte tenu de la volonté de professionalisation de nos structures."
Il n'empêche que, malgré ces aspects critiqués, certains clubs amateurs y ont trouvé leur compte. En novembre 2020, ils étaient 140 sur les 1450 de la région Nouvelle-Aquitaine à avoir adhéré à ce partenariat. Sur son site internet, le Racing club de Bordeaux Métropole voyait en cette union "une reconnaissance de la qualité du travail de l’école de football duRCBM", et ajoutait qu'elle s'inscrivait "pleinement dans le projet sportif du club, qui vise à mettre en valeur la richesse et le potentiel de ses jeunes licenciés et d’évoluer vers une qualité de formation encore plus ambitieuse."
La barre des 100 clubs partenaires a été atteintes .#Girondins pic.twitter.com/4PHpnV4Hok
— Le_FCGB (@Le_FCGB) February 24, 2020
En bon président de la Ligue de Football de Nouvelle-Aquitaine qu'il est, Saïd Ennjimi soulignait, quelques mois plus tard, l'ineptie que constituait cette politique. "On a prévenu que la financiarisation entre les clubs d'Aquitaine et les Girondins de Bordeaux n’était pas une bonne mesure. Nous avons été dernièrement entendus. Le club s'est rendu compte que ça n’était pas la bonne manière de procéder, de façon à ce qu'il n'y soit pas seulement 140 clubs, mais plutôt 500, 600, 700. Je rappelle que nous avons 1450 clubs au niveau de la Nouvelle Aquitaine. Le débat sur la financiarisation n'était pas le bon, insistait alors le dirigeant au micro France Bleu Gironde, en novembre de l'année dernière. On est très content de savoir aujourd'hui que les Girondins de Bordeaux ont pris une autre optique."
Contacté par nos soins, le club au scapulaire a confirmé cette information, sans donner davantage de précisions sur ce changement entrepris, et ce malgré nos relances. Avançant la raison du contexte sanitaire, notre interlocuteur nous a sobrement indiqué que cette politique est "en train d'être remodelée, réajustée". En raison de son lancement à un moment assez délicat, soit juste avant le premier confinement, cette méthode n'a pas pu être bien mise en place et s'avérer efficace auprès des clubs amateurs. A qui voudra bien le croire.
Harry Hozé
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