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Interviews

9 décembre | 15h39

Pierre Samsonoff : "on veut que les clubs amateurs puissent voter pour exprimer leurs envies"

Du mardi 10 au mercredi 11 décembre les clubs amateurs seront appelés à voter pour élire le président de la FFF. Mercredi dernier nous avons rencontré Pierre Samsonoff, candidat à la présidence.

FFF Pierre Samsonoff

Pierre, si vous devez donner une définition d’« Être président de la FFF »….

C’est permettre à tous de jouer au foot dans de bonnes conditions et en s’amusant.

Qu’est-ce qui fait de vous LA bonne personne pour cette mission ?

Le premier point, c’est mon équipe. Qui est une équipe qui représente toute la diversité du football. Avec comme vous le retrouvez traditionnellement, des présidents de clubs pros, de Ligues et Districts. Mais aussi avec des présidents de clubs de niveau régional ou départemental, de Futsal, un joueur professionnel encore en activité, des arbitres, des éducateurs… On est une équipe très complémentaire et sensible à tous les footballs. Le deuxième point, c’est mon parcours. J’ai été dirigeant bénévole dans le football, pratiquement, tout le temps. Je sais ce que c’est un club, les difficultés que l’on peut rencontrer. J’ai eu la chance de travailler un temps à la Fédération Française de Football, c’est une maison que je connais bien et dont je sais toutes les qualités et les marges de progression.

En trois mots, qu’est-ce que vous dites à un président de club pour le convaincre ?

Le premier, c’est plus une phrase, « prendre son destin en main ». Nous ce qu’on veut, c’est que demain les clubs amateurs puissent peser sur les décisions prises par la fédération. Que toutes les décisions, en matière des réglementations, des aides financières, soient votées par les clubs pour que ça colle à leurs attentes. Le deuxième, c’est simplicité. On a besoin que les bénévoles continuent à s’investir dans les clubs, et pour cela il faut leur simplifier les choses en simplifiant les règlements, que l’informatique fonctionne etc. Ce sont des choses simples, mais qui peuvent leur pourrir la vie. Et je finirais par « aide, soutien et considération ». Parce qu’on a une fédération qui fonctionne aujourd’hui sous ses propres règles et qui est aujourd’hui distante et pas forcément très à l’appui de ce que font les clubs.

Nous ce qu’on veut, c’est que demain les clubs amateurs puissent peser sur les décisions prises par la fédération

Pierre Samsonoff

Vous évoquez une augmentation de l’aide pour les clubs amateurs par le biais du FAFA. Concrètement comment ça va se matérialiser ?

Il y a plusieurs types d’aides que l’on souhaite développer. On veut d’abord tripler les aides à l’emploi. C’est hyper important parce que c’est une des conditions de la qualité de l’accueil des licenciés. On nous dit que c’est réservé à des clubs de taille importante, ce n’est pas vrai. On peut mettre en place des groupements d’employeurs qui permettent à plusieurs clubs de partager un emploi. Et qu’on ouvre la perspective, avec les aides que l’on augmenterait, d’accession à des emplois salariés pour un nombre plus important de clubs. C’est un axe de travail qui est important pour nous. Ensuite, nous voulons avoir des aides qui s’adaptent à la réalité du terrain. Aujourd’hui, les cahiers des charges des aides sont hyper précis, ils empêchent d’intervenir dans des délais rapides sur des problématiques concrètes comme l’achat de minis buts, de mise aux normes d’éclairage etc. Il faut qu’on simplifie nos aides pour qu’elles aillent là où sont les besoins et dans des délais compatibles avec les attentes des clubs.

Vous souhaitez donner aux clubs amateurs plus de poids dans les décisions. Comment souhaitez-vous faire ?

En leur donnant le droit de vote tout simplement. La fédération a été contrainte parce qu’il y a une loi pour l’élection du président. C’est un premier pas et ce n’est pas la fédération qui l’a fait. Nous, on est convaincu du fait que ce n’est qu’un premier pas. Quand vous demandez un club amateur ce que c’est la fédération, il est bien en peine de répondre, parce que pour lui c’est quelque chose de très distant. Il y a beaucoup de décisions qui se prennent à la fédération qui ont un impact direct sur les clubs amateurs. Et on veut que demain, les clubs amateurs puissent voter pour exprimer ce dont ils ont envie sur ces décisions-là.

La place des bénévoles est également importante dans notre football. Comment aider les clubs et les instances à en attirer davantage et comment mieux mettre en avant le travail effectué par ces derniers ?

D’abord, en les aidant. Quand vous avez un bénévole dont le quotidien est d’être confronté à des règlements incompréhensibles ou des problèmes informatiques qui vont l’empêcher d’avancer, c’est une manière rapide de le dégoûter. Le coeur du sujet, c’est d’avoir des outils qui fonctionnent, des règlements simples et des formations adaptées. Au-delà de ça, on peut avoir une vision plus ambitieuse du bénévolat. Il y a des gens qui développent des compétences incroyables dans leur engagement bénévole et qu’ils ne sont pas reconnus et dont ils ne peuvent pas se prévaloir par exemple dans leur vie professionnelle. Il y a des dispositifs que l’on peut mettre très simplement en place de reconnaissance de compétences dans le cadre de l’engagement bénévole. Ça leur permettra de bénéficier de tout ce qu’ils font dans leur club dans le cadre de leur activité professionnelle.

Dans votre programme, vous mettez en avant le développement du football féminin, par quoi cela passe-t-il ?

Ça passe par le fait d’arrêter de passer par une logique quantitative qui est complètement absurde et qui conduit à des catastrophes. La question est de savoir dans quelle condition on accueille les filles. Il faut qu’on ait une offre de pratique qui correspond à leurs envies. Qu’on ait de plus en plus de compétitions qui permettent de les garder à l’âge où on arrête la mixité. Il faut qu’on ait des installations. Qu’on travaille avec les collectivités pour adapter des vestiaires notamment pour les accueillir, il faut qu’on ait des éducateurs, des éducatrices formées pour accueillir les jeunes filles. Il faut qu’on ait un changement culturel à tous niveaux, y compris dans les clubs, et qu’on arrête de considérer que l’équipe féminine, c’est celle qu’on met sur le dernier créneau de la journée ou dans les moments où il reste de la place. Il faut que ça devienne une partie intégrante du fonctionnement d’un club. C’est le cas dans certains clubs, mais pas partout, il faut qu’on accompagne ce mouvement-là. Ce n’est pas en décrétant un objectif du nombre de licenciés qu’on arrivera à le faire. Ça risque même d’être contre productif, puisque je ne suis pas sûr du tout qu’on accueillerait ces licenciées dans de bonnes conditions.

Aider les clubs pros ? il y a vraiment urgence pour éviter des faillites de clubs professionnels

Pierre Samsonoff

Vous souhaitez également mettre fin à vieux serpent de mer, avec la mise en place de cette fameuse Ligue 3. Qu’est-ce que cela va changer pour les clubs de cette division ?

Alors vous avez raison de parler d’un vieux serpent de mer parce que j’ai découvert que l’idée venait de M. Diallo au mois de septembre. J’ai un colistier, Jacques Piriou (président de l’US Concarneau, ndlr), qui se bat sur le sujet depuis 2017, c’est donc un propos assez étonnant. Ce que ça va changer, c'est que la fédération va devoir s'adapter aux besoins de ces clubs. C’est-à-dire rechercher des voies de développement économique, plus que ça n’est le cas aujourd’hui. Leur mettre à disposition des expertises aussi dans tous les domaines où ils peuvent en avoir besoin. Adapter les pratiques. Quand vous avez des joueurs qui prennent 7 matches de suspension, là où un pro pour le même geste ne va en prendre que deux, ça va créer des conditions très inéquitables pour les clubs de national. Et puis c’est la garantie d’harmoniser les statuts, de protéger davantage les clubs et donc de les mettre dans une situation dans laquelle ils auront plus de facilité à se structurer.

Vous souhaitez également aider le football pro, n’avez-vous pas peur que ce soit au détriment des clubs amateurs ?

C’est une mesure d’urgence. Et c’est une mesure transitoire sur la prise en charge des frais d’arbitrage. Sincèrement, et c’est pour ça que j’ai voulu le dire de manière transparente pour que tout le monde soit au courant y compris le football amateur de cet engagement là. C’est mon choix, ce n’est pas forcément celui de tout le monde. Il faut être transparent sur le sujet, il y a vraiment urgence pour éviter des faillites de clubs professionnels. Je pense que c’est le bon sens de le faire aujourd’hui à titre transitoire et c’est indispensable. Si ce n’avait pas été le cas, l’arbitre serait devenu une variable d’ajustement des difficultés économiques du football professionnel. Ça ne me semble pas sain compte tenu de ce qu’on veut promouvoir en terme de développement et d’augmentation du niveau de notre arbitrage de haut niveau.

Propos recueillis par Ridha Boukercha

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