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3 novembre | 16h39

Pourquoi est-ce primordial de bien choisir sa paire de crampons ?

Supervisés lors de tests par Sylvain Blanchard, les U17 Nat de l’AS Monaco ont été sensibilisés sur l’importance du chaussage selon le type de terrain. A première vue banal, cet enseignement qui peut s’appliquer à tous doit permettre de réduire le risque de blessures et d’améliorer la performance. Alors, pourquoi s’en priver ? (Photo : Footpack).

AS MONACO AS MONACO U17 NAT Foot Amateur

"Avoir les crampons assortis à son maillot c'est super, ceux de son idole c'est génial, mais si en plus, on peut choisir ceux qui vont à l'Instant T, c'est magnifique" En quelques mots, Sylvain Blanchard, a résumé tout l'objet du protocole concocté mardi 2 novembre dernier avec Philippe Rouch (directeur de l'EPF, école d'ingénieurs) pour les U17 Nationaux de l'AS Monaco sur le synthétique de La Turbie. La « mission » du directeur médical du club de la Principauté était alors d'éduquer les apprentis footballeurs sur l'importance du choix de la chaussure à crampons (plastiques, moulés, cuir, lamellaire, type de semelle), en fonction de la surface sur laquelle ils sont amenés à évoluer. Avec deux grands objectifs affichés : prévenir les blessures et améliorer la performance. "Intégrer toutes ses notions liées à l'équipement et au matériel, c'est un maillon hyper important d'un futur professionnel de football », soulignait après la séance celui qui est également docteur en science et auteur de la thèse sur l'Influence des caractéristiques techniques de la chaussure à crampons sur l’interface terrain-joueur. « Puisqu'ils font partie des outils de travail primordiaux du footballeur, ce dernier doit faire un choix éclairé afin de se mettre dans les meilleures dispositions pour pratiquer au plus haut niveau", poursuivait-il. Et ça vaut aussi en amateur et chez les gamins qui ne doivent pas se faire mal à cause des chaussures »

Actufoot • Blanchard ASM

Sur les installations de La Turbie, Sylvain Blanchard (directeur médical de l'AS Monaco) et Philippe Rouch, directeur de l'EPF (école d'ingénieurs) ont supervisé les tests liés au chaussage réalisés par les U17 Nationaux (Crédit photo : AS Monaco)

Actufoot • Blanchard ASM

Sur les installations de La Turbie, Sylvain Blanchard (directeur médical de l'AS Monaco) et Philippe Rouch, directeur de l'EPF (école d'ingénieurs) ont supervisé les tests liés au chaussage réalisés par les U17 Nationaux (Crédit photo : AS Monaco)

Munis de deux, voire trois paires à l'occasion de leur séance du jour, les pensionnaires de « L’Academy » ont ainsi réalisé un petit circuit standardisé avec des mouvements qu'ils ont l'habitude d'exécuter (course en ligne droite, changements de direction/rythmes, sauts) à des vitesses très contrôlées. Les données de chacun ont été recueillies et analysées par plusieurs outils dont un bras robotisé. Equipé d’un ordinateur, il s'est chargé de reproduire ces mouvements afin d'avoir une vision globale. Un protocole rapide, efficace et applicable n’importe où et notamment sur l'hybride. "Il faut leur faire intégrer pour que ça devienne une démarche naturelle. Ca peut servir pour l'échauffement et c'est hyper rapide à faire, environ 10/12 minutes par paire. » Un questionnaire était ainsi proposé aux joueurs qui devaient consigner leurs sensations sur divers aspects pour chaque paire de crampons utilisée. En cas d'incertitudes, les résultats scientifiques obtenus (sur l’accélération, les niveaux de chocs, la rotation et les appuis latéraux par exemple) permettent de comparer voire trancher en faveur d’un modèle.

On veut vulgariser la connaissance, la rendre abordable

Sylvain Blanchard

Si les chaussures sont toutes cartographiées, le revêtement l'est aussi. Un autre bras robotisé autrement appelé « impacteur » a permis de tester toutes les couches de la surface ou encore l’absorption des chocs. « On observe s'il est raide, accroche trop ou pas assez par exemple. Ce sont des questions, une fois résolues, qui permettent déjà de faire le tri dans ce qu'on peut proposer aux joueurs dans leur choix de chaussures", décrivait Sylvain Blanchard.

Bien qu'ils espèrent pouvoir démontrer la fiabilité de leurs outils d'un point de vue scientifique, cela dans le but qu'ils soient utilisés dans le futur pour la caractérisation des terrains à l'échelle nationale et internationale, leur volonté n'est pas seulement de toucher les entités professionnelles comme l'AS Monaco en capacité de financer son coût, l'équivalent d'une "goutte-d'eau" à ce niveau selon Philippe Rouch. "Nous sommes avant tout des chercheurs qui voulons vulgariser cette connaissance et la rendre abordable, " assurait de son côté le médecin des Rouge et Blanc qui souhaite aussi collaborer avec les municipalités (pour que les informations liées au terrain remontent au plus grand nombre) et prône la formation des éducateurs. Les chaussures, ce n'est pas que du design. Ceux qui entraînent doivent transmettre cette notion à leurs joueurs, expérimentés comme jeunes, afin qu'eux-mêmes puissent intégrer dans leur apprentissage et leur réflexion le retour de sensation du terrain."

Actufoot • Jardinier ASM

Relié à un ordinateur, le bras robotisé ou "impacteur" permet notamment de tester toutes les couches de la surface ou encore l’absorption des chocs. (Crédit photo : AS Monaco)

Des contacts avec la FIFA

"Si on regarde les kilomètres parcourus, la vitesse, l'explosivité, les profils des joueurs, le foot d'aujourd'hui n'a strictement rien à voir avec celui d'il y a vingt ans", constatait par ailleurs le directeur de l'EPF, spécialisé dans les évaluations mécaniques et biomécaniques dans le contexte sportif. L'idée, c'est de déterminer la chaussure qui correspond le mieux au joueur, à son profil et au terrain. Il n'y a pas de mauvaise chaussure mais il y a de mauvais couplages, il faut bien se marier" détaillait-il en souriant. Les tests réalisés cette semaine sont amenés à se poursuivre avec les autres équipes élites de l'Academy monégasque (U19 Nationaux, N2), exposées elles aussi à une grande variété de surfaces de jeu tout au long de l'année. Suivis de près par la FIFA et World Rugby, ces travaux intéressent déjà des clubs étrangers en quête constante de nouvelles technologies. Et lorsqu'on lit que la Premier League a payé environ 166 millions de livres sterling aux joueurs blessés en 2018/19, soit 14% du total des dépenses salariales fixes dans la division, on peut comprendre pourquoi.

Thomas Gucciardi

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