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Interviews

9 février | 20h35

Régis Bogaert : « aujourd’hui, je suis champion d’un continent »

Le Sénégal vient de décrocher son 1er titre de champion d’Afrique. Nordiste d’origine, Régis Bogaert en est l’entraineur-adjoint depuis 2011 aux côtés du sélectionneur, Aliou Cissé, ancien lillois. Dans cet entretien, Régis Bogaert nous raconte comment il vit ce moment historique.

SENEGAL Régis Bogaert

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Que retenez-vous de tous les moments vécus depuis la fin victorieuse des tirs aux buts ?

Les premiers moments que l’on garde, ce sont ceux vécus sur le terrain du stade d’Olembé à Yaoundé. On apprécie le coup de sifflet final. On sait que l’on va recevoir la coupe et que tous les efforts que l’on a pu accomplir se concrétisent. On profite au maximum de ces instants. Avec les joueurs, nous sommes restés longtemps assis sur la pelouse à discuter et à savourer. On sait qui on est et d’où l’on vient. On sait les difficultés que l’on a rencontrées pour finalement ramener le trophée à Dakar (Sénégal). La deuxième chose extrêmement importante, c’est que nous étions aussi un peu en mission. Tout le monde connaissait la valeur du football sénégalais mais à ce jour il n’avait toujours pas de palmarès. Nous savions qu’avec cette génération-là, on pouvait monter sur la plus haute marche. Nous en avions conscience. Même si pour la plupart ce sont des joueurs qui évoluent dans de grands clubs européens, les attentes du pays étaient grandes. Il y avait donc de la satisfaction mais aussi du relâchement. Dans les vestiaires, c’était essentiellement entre nous. Il y avait beaucoup de sérénité et des envies de profiter de ces moments ensemble. Ensuite, nous sommes rentrés à l’hôtel. Là, les joueurs n’ont pas dormi de la nuit. Il y a eu beaucoup de bruit et de chants. Nous nous sommes lâchés. Le lendemain, nous avons pris l’avion. On savait que Macky Sall, le président de la République sénégalaise, nous attendait. La cérémonie de protocole d’accueil a duré environ une heure. Enfin, il y a la traversée de Dakar. Cela nous a pris plus de six heures ! Les rues étaient tellement envahies que l’on n’a pas pu avancer. Nous sommes arrivés au palais présidentiel à une heure du matin dans la nuit du lundi 7 au mardi 8 février. Les joueurs cadres et le staff technique ont été reçus par le président de la République. Le lendemain après-midi (mardi 8 février), toute la délégation et les proches ont été invités au palais.

Comment vivez-vous personnellement ce moment historique ?

Je réalise vraiment. Avec Aliou Cissé, le sélectionneur sénégalais, je suis très proche. Nous en avions déjà parlé longuement. Il y avait une telle force en lui pour plein de raisons. En 2002, en tant que joueur capitaine, il a été quart de finaliste de la coupe du Monde puis finaliste de la CAN perdue aux TAB. C’était notre troisième tentative après 2002 et 2019. C’était donc impossible de passer à nouveau à côté de ce Graal. Nous savons par où nous sommes passés et toutes les attentes. Cette fameuse pression existait vraiment et était très forte. Pour ma part, je l’ai dit à mon épouse, je prends conscience que j’ai gagné quelques titres dans ma petite carrière mais aujourd’hui, je suis champion d’un continent même si je ne suis qu’entraîneur-adjoint et donc numéro deux. C’est comme si je faisais partie du staff de l’équipe de France et que j’étais champion d’Europe ! C’est la même chose. Au plus profond de moi-même, je l’espérais car j’ai travaillé toute ma vie pour atteindre ce niveau-là. Ce que je sais le mieux faire : c’est le football. Je sais aussi que c’est un monde où la reconnaissance n’est pas facile à obtenir. Grâce à la confiance d’Aliou Cissé, j’ai connu trois coupes d’Afrique des Nations, des Jeux Olympiques et une coupe du Monde.

Actufoot • Sénégal Régis Bogaert entraîneur adjoint 2

Régis Bogaert ( à gauche) et Aliou Cissé (à droite)

Quelle pierre à l’édifice pensez-vous avoir apportée ?

Avec Aliou, nous avons toujours travaillé ensemble, à la fois sur l’identité de l’équipe notamment en matière d’organisation de jeu. Il y a une réalité qu’il a fallu intégrer. Nous avons donc des garçons qui évoluent dans de grandes formations européennes. Quand ils reviennent ici, il faut s’imprégner à nouveau de la réalité africaine et de la manière de jouer sur ce continent qui est différente de l’Europe. Cela nous semble plus simple de jouer en coupe du Monde que des formations comme le Zimbabwe, le Malawi ou encore le Burkina Faso. Ce qui va faire la différence, ce sont les attitudes et les comportements que l’on va tous avoir. Il a fallu que j’apporte mon propre ressenti au coach. Lui a une grosse expérience en tant que joueur et moi en tant qu’entraîneur. Nous avons une telle complicité que nous sommes capables de nous dire les choses et c’est ce que l’on a fait très régulièrement. Ce qui me passionne, c’est la dynamique d’équipe mais aussi le coaching de groupe. C’est aussi la préparation mentale. Il y a eu une grande réflexion tactique pour donner quelques éléments à notre équipe.

Vous allez retrouver l’Egypte pour le 3e tour des barrages de Coupe du Monde (24 et 29 mars prochains). Comment percevez-vous ces échéances ?

Cela s’annonce à la fois très passionnant mais aussi très difficile. Je pense que l’Égypte a réellement un profil permettant de bien jouer en Afrique et de contrarier beaucoup de monde. Ils ont une ossature défensive habituée à ces joutes africaines. Devant, ils ont trois garçons de talent : l’exceptionnel Mohamed Salah, Mostafa Mohamed et Omar Marmoush. Nous, nous venons de vivre un pic émotionnel très élevé. Il va falloir vite retrouver une certaine forme de stabilité. Le challenge est à notre portée.

Actufoot • Sénégal Régis Bogaert entraîneur adjoint 3

Quel lien gardez-vous avec le football des Hauts-de-France ?

J’ai deux clubs amateurs de cœur. Il y a l’US Lesquin que j’ai entrainé durant dix ans mais aussi Wasquehal de 2009 à 2011. J’y ai fait de belles rencontres et nous sommes régulièrement en contact. Il y a aussi bien entendu le LOSC. J’y ai côtoyé les entraîneurs qui m’ont appris le métier. J’aurais aimé devenir coach professionnel. Je suis encore en contact avec Jean-Michel Vandamme (manager général du centre de formation). Nous sommes de la même génération. Sous forme de boutade ou presque, on se dit que ce serait bien de finir par travailler ensemble.

Pensez-vous retrouver à terme un poste d’entraîneur ?

Si je devais me définir aujourd’hui, je pense être une personne capable de construire quelque chose. Si l’on veut me faire venir, c’est soit dans ce domaine ou bien reprendre en main une situation qui est aujourd’hui délicate. J’ai un de mes anciens joueurs de Lesquin qui est désormais directeur sportif de Dunkerque. J’avoue que si un jour le club nordiste avait besoin d’un coup de main et faisait appel à moi, je ne serais pas contre.

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