27 janvier | 0h00
Régis Juanico & Dino Cinieri (députés de la Loire) : "Une décision prise en dépit du bon sens"
Les députés de la Loire Dino Cinieri (LR) et Régis Juanico (Génération.s) sont montés au créneau pour permettre aux clubs amateurs de déroger au couvre-feu.
Quelle démarche avez-vous engagé auprès des instances représentatives pour plaider la cause du football amateur ?
Dino Cinieri : D’une part, nous sommes intervenus auprès du directeur de cabinet et du secrétariat général de la Préfecture de la Loire pour demander l’obtention d’une dérogation au couvre-feu afin que les clubs amateurs puissent préparer au mieux leur 6ème tour de Coupe de France. De l’autre, nous avons soumis une question à la Ministre des Sports, Mme Roxana Maracineanu.
Qu’est-il ressorti de ces échanges ?
Régis Juanico : Le préfet de région nous dit qu’il faut nous conformer aux décrets et aux instructions, donc pas d’entraînements après 18h. C’est un sujet national, donc les préconisations sont remontées jusqu’à la cellule de crise interministérielle. Ils étaient censés prendre en compte ces cas spécifiques et y réfléchir mais nous sommes toujours dans l’attente et je ne suis pas sûr qu’une nouvelle décision soit prise d’ici la fin de la semaine connaissant la bureaucratie. Espérons maintenant une dérogation pour les 7èmes et 8èmes tours, même s’il y aura moins de clubs amateurs.
D.C : La décision de n’accorder aucune dérogation a déjà été prise par le Premier Ministre hier soir. Le Directeur de cabinet de la préfète de la Loire, Mme Catherine Séguin, me l’a confirmé cet après-midi. C’est malheureux mais c’est comme ça. Ils appliquent les consignes données plus haut. Je trouve cela inacceptable. Même si de nombreux clubs se sont manifestés, le couvre-feu s’applique donc aussi pour les amateurs qualifiés pour ce 6ème tour de Coupe de France. Nous sommes à nouveau intervenus auprès du Ministère des Sports dans la journée mais je doute qu’une issue favorable soit donnée à nos préconisations.
Malaise chez les clubs amateurs après la décision de reprise @coupedefrance : notre «coup de gueule» avec @LeseulG à @RoxaMaracineanu sur des matchs planifiés en pleine crise sanitaire #COVID19 : manque de préparation, risque sur l’intégrité physique des joueurs et de blessures ! pic.twitter.com/CfCfBfSKsA
— Régis JUANICO (@Juanico) January 24, 2021
Quel est votre position face à ce refus de dérogation au couvre-feu pour les formations qualifiées au 6ème tour ?
D.C : Il est inacceptable que des clubs amateurs avec une structure associative, des bénévoles, des entraîneurs, des éducateurs, qui sont parvenus à se qualifier pour ce 6ème tour, ne puissent pas s’entraîner correctement. Contrairement aux professionnels, ces joueurs travaillent et ils ne peuvent pas poser de demi-journées pour pouvoir s’entraîner.
Malgré les efforts de la Ligue Auvergne Rhône-Alpes et du District de la Loire, qui soutiennent les clubs, c’est tout le lien social, le côté compétition et le fair-play induits par le football amateur que l’on est en train de détruire. Dès lors, je comprends la position de certains clubs qui décident de déclarer forfait. Les qualifiés veulent donner tout ce qu’ils ont dans les tripes pour franchir ce tour, ce sont des matches à risques sur la plan de la santé, et cela m’attriste qu’on leur permette pas de défendre pleinement leurs chances.
R.J : Il y a un traitement à deux vitesses, entre les professionnels d’un côté et les amateurs de l’autre alors que la Coupe de France est une compétition avec des valeurs très fortes d’égalité des chances, on le voit lors de chaque édition avec les épopées de clubs moins forts sur le papier. Forcément, son image en prend un coup. Si vous ajoutez en plus l’absence de public et donc l’absence de revenus générés par la billetterie et aussi la buvette, cette compétition perd un peu de sa magie.
Qu’est ce qui bloque pour accorder ces dérogations selon vous ?
R.J : Les circuits de décisions sont très longs si ce ne sont pas les préfets qui prennent leurs responsabilités. Or, aujourd’hui, ces derniers ont plutôt tendance à ouvrir le parapluie et se couvrir sur le plan juridique au lieu de prendre ne serait-ce qu’un début de décision les mettant en difficulté. Dès que l’on renvoie les décisions aux échelons technocratiques ou bureaucratiques supérieurs cela engendre beaucoup d’indécisions. D’autant qu’aujourd’hui, les choses ne sont pas simples et beaucoup hésitent à accorder quelques dérogations que ce soit.
Gardez-vous l’espoir qu’un changement de position puisse se produire pour les tours suivants ?
R.J : Tout à fait. D’autant qu’il a été décidé que la Coupe de France se poursuivrait même en cas de reconfinement.
Que pensez-vous de la décision de l’US Feurs de déroger au couvre-feu et de s’entraîner après 18h ?
D.C : Je soutiens totalement la position de l’US Feurs, dans l’esprit sportif. Je rejoins dans ce sens celle du maire de la ville, Mr Jean-Pierre Taite. C’est aussi un combat que nous menons en commun avec Régis Juanico. Lui et moi sommes en liaison constante et travaillons main dans la main sur cette question. Regis est un ami, même si nous ne partageons pas les mêmes idées politiques, c’est un homme de dossier et je suis ravi de pouvoir travailler avec lui.
R.J : Il est clair que l’on ne doit pas déroger aux règles sanitaires en vigueur actuellement. Mais comme ce refus d’accorder une dérogation est une décision qui a été prise en dépit du bon sens… La FFF a communiqué le 19 janvier alors que l’instauration d’un couvre-feu généralisé à 18h a été décidé le 16 janvier. Qu’on ne me dise pas que l’on n’avait pas les éléments en tête. Il aurait fallu que le protocole édicté pour ce 6ème tour intègre la possibilité de déroger au couvre-feu. C’est pourquoi je comprends finalement la décision de clubs comme Feurs, qui se retrouvent dans une situation inéquitable et inégalitaire.
Propos recueillis par Simon Marachian
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