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20 septembre | 11h50

Soungoutou Magassa, la nouvelle grande promesse du Rocher

A quelques jours du derby contre l'OGC Nice (vendredi, 21h) à Louis II, Soungoutou Magassa s'est exprimé en exclusivité au micro d'Actufoot 06, Monaco-Tribune et Radio Monaco. Titulaire dans le 3-5-2 d'Adi Hütter, le défenseur de 19 ans crève l'écran en ce début de saison. Il nous a parlé de son parcours et de son nouveau statut en Principauté.

AS MONACO AS MONACO L1 Soungoutou Magassa

A l'heure de donner sa première interview auprès de trois médias dont le nôtre, c'est un Soungoutou Magassa plutôt bavard et détendu qui s'est présenté mardi dans la salle de travail dédiée à la presse au Centre de Perfomance de la Turbie. Arrivé sur le Rocher en 2018 après avoir écumé plusieurs structures amateurs en région parisienne et tapé dans l'oeil d'une kyrielle de clubs pros (Nantes, Rennes, Lens, Saint-Etienne et le PSG, selon nos informations) qui l'ont rapidement identifié comme un joueur fort potentiel, le natif de Stains (93) habitué du tramway en Ile-de-France pour se rendre à l'entraînement a, cet été, "pris le bon train" selon ses propres mots pour s'imposer comme titulaire dès la préparation estivale dans le 3-5-2 d'Adi Hütter.

Alors qu'il sera très certainement titulaire vendredi soir pour son premier derby "d'adultes" contre l'OGC Nice, le droitier qui joue axial gauche de la défense à trois en enchaînant les minutes (445 sur 450 possibles, troisième total à l'ASM derrière Philippe Kohn et Caio Henrique) retrace son parcours et parle de son nouveau statut. Qu'il semble appréhender avec la même décontraction que l'interview qu'il nous a donnée.

Il y a quelques mois, on n'imaginait pas voir Soungoutou Magassa, 19 ans, titulaire sur un poste d'axial gauche à l'AS Monaco au sein d'une défense à trois. Comment perçois-tu ce changement de statut ?

Je n’ai pas eu beaucoup de temps de jeu la saison dernière mais elle a été très importante au contact du groupe professionnel dans mon apprentissage. J’ai su bien m’adapter et les anciens cadres comme Axel (Disasi), Benoît (Badiashile), Malang (Sarr) et Mo Camara qui est toujours là m’ont mis à l’aise. Cette saison, j’ai un peu plus d’expérience et pris le bon train lors de la préparation estivale, ce qui m'a permis de démarrer la saison comme titulaire en championnat.

Le public ne le sait pas forcément, mais ton parcours en Ile de France t'a amené à évoluer en défense centrale. A l'US Lusitanos Saint-Maur, ton ex-éducateur Sami Lamraoui nous a raconté que tu n'étais pas forcément le plus heureux d'y jouer au départ. Cela a changé avec le temps ?

J’ai toujours eu cette polyvalence et je prends du plaisir au poste de défenseur central, comme au milieu de terrain. Le coach (Adi Hütter) m’a donné l’opportunité de jouer derrière et je l’ai saisie. Sami, c'est l'un des éducateurs qui m'a le plus aidé et j'en profite pour le remercier. Au-delà du football, il pouvait me ramener chez moi après les entraînements car j’habitais loin du stade. Il me faisait jouer défenseur (de U11 à U13, ndlr) et c’est vrai qu'à cette époque, je n’affectionnais pas trop ce poste (sourires). Maintenant, je joue où le coach a besoin de moi et j'ai cette faculté de pouvoir vite m'adapter. Dans une défense à trois centraux, tu touches aussi davantage de ballons que dans une défense classique et je peux parfois me retrouver plus haut, dans une zone que je connais bien aussi.

Le Soungoutou de 13 ou 14 ans s'imaginait-il titulaire cinq plus ans tard dans un club important de Ligue 1 ?

Mon rêve était d’évoluer dans un grand club et je le fais aujourd’hui. J’ai toujours voulu m’imposer, être titulaire mais je suis quelqu’un d’instinctif, qui vit au jour le jour. Pour l’instant, tout se passe bien pour l’équipe et pour moi, j’espère que ça va continuer.

J’ai conscience qu’en football, tu peux très vite être fort un jour et moins bon le lendemain

Soungoutou Magassa, sur sa notoriété naissante

Comment réussir à garder les pieds sur terre avec cette notoriété naissante ?

Je suis une personne calme par nature, qui ne se pose pas trop de questions. Donc je suis assez en retrait par rapport à tout ça. Mon entourage proche tempère, il me répète que ce n’est que le début et qu’il ne faut pas s’enflammer. J’ai conscience qu’en football, tu peux très vite être fort un jour et moins bon le lendemain. J’essaie d’apprendre des plus anciens comme Maripan, Wissam (Ben Yedder) ou Youss’ (Fofana) qui me donnent beaucoup de conseils sur le terrain et dans la vie de tous les jours. Donc je ne prête pas trop attention à cette nouvelle notoriété.

Depuis tout jeune, tes facultés pour relancer proprement jeu court ou jeu long sont mises en avant par ceux qui t’ont entraînés. Sur quels aspects de ton football estimes-tu devoir t’améliorer ?

J’ai toujours eu c’est vrai une bonne qualité de passe des deux pieds ainsi qu'une bonne puissance de frappe. Je dois encore améliorer ma concentration, me développer physiquement et travailler d’arrache-pied pour gommer mes petites erreurs de jeunesse. J’ai encore beaucoup d’étapes à franchir.

Le fait de jouer régulièrement en ce début de saison favorise-t-il naturellement ta progression ?

S’entraîner est une chose, jouer des gros matches en est une autre. Par l’exemple, je demandais l’an dernier à jouer avec le Groupe Elite lorsque je ne jouais pas avec les pros. Ce que je voulais, c’est être sur le terrain et le fait de faire 90 minutes à chaque fois m’a permis de progresser. C’était une première pour moi de jouer des matches à forte pression comme celui à Old Trafford contre Manchester United, et ceux face à Arsenal et West Ham. Ils m’ont permis d’engranger de l’expérience supplémentaire, différente aussi du National 2, qui est un football d’adultes avec plus de duels et de contacts. Le Groupe Elite, c’est la continuité de notre année U19 avec un travail du staff effectué précisément sur le joueur et son développement. Les semaines où on ne joue pas nous permettent d'insister sur l'aspect individuel.

Le style d'Adi Hütter, comment le décrirais-tu ?

Il est exigeant et nous demande toujours beaucoup d’intensité et d’efforts lors des entraînements. Il faut jouer vite vers l’avant, gagner les seconds ballons, c’est un style de jeu auquel l'équipe a vite adhéré. Pour l’instant, on est premiers, on joue bien et il faut que l’on continue dans ce sens. Personnellement, j’aime mettre de l’impact, jouer vers l’avant et prendre certains risques avec le ballon donc c’est un style qui me plaît.

Actufoot • Magassa 3

Fin avril, Soungoutou Magassa a prolongé son bail jusqu'en 2027 avec le club de la Principauté, où il est arrivé en 2018 en provenance du Paris 13 Atlético. (Photos : Thomas Gucciardi).

Tu devrais disputer vendredi soir à Louis II ton premier derby contre l’OGC Nice, qui sort d’une grosse prestation à Paris. On s'attend naturellement à un gros match et peut-être à une équipe de l’ASM revancharde après la claque de l’an passé (0-3) ?

Nice, c’est un derby et un match qu’il ne faut pas perdre ! C’est le match de l’année pour nous, un gros événement pour le club. Il faut impérativement mouiller le maillot pour le gagner. Si on reste dans le même état d’esprit que les matches précédents, il n’y a pas de raison que ça se passe mal. On va tout faire pour rendre fiers les supporters, le club, les dirigeants et le staff.

As-tu des inspirations, des modèles dans la planète foot ?

Dans le vestiaire il y a de grands noms comme Wissam (Ben Yedder), Taki (Minamino), Maripan, Youssouf (Fofana) ou Zakaria qui vient d’arriver. Ils ont joué dans des grands clubs et ont beaucoup d’expérience. Ce sont des sources d’inspiration pour un jeune joueur comme moi. J'aime aussi beaucoup le style de jeu qu'avait Patrick Vieira, ainsi que des joueurs élégants comme Luka Modric et Toni Kroos.

Chez les Magassa, le foot est-il une sorte de tradition familiale ?

Moi, j'ai commencé à jouer dans mon quartier et le père d'un de mes amis a conseillé de m'inscrire dans un club. C'est comme ça que tout a débuté. Dans mon entourage, personne ne joue vraiment au football à part moi mais c’était aussi le rêve de certains proches. C’est pour ça que j’ai pour mission de les rendre fiers et j’espère qu’ils pourront vivre à travers moi les sensations qu’ils ont toujours voulu avoir.

L'oeil de Sami Lamraoui (son ex-éducateur à Saint-Maur et au Paris 13 Atlético)

"Soungoutou était déjà hyper à l'aise sur le jeu court et long, capable de résister au pressing, il avait de la personnalité et du caractère", se souvient celui qui a entraîné le grand espoir de l'AS Monaco à Saint-Maur puis au Paris 13 Atlético. Il savait aussi gagner des mètres et possédait une taille et une morphologie intéressantes à son âge. Avec moi, il a connu une position de jeu évolutive. A 10 ans, je profitais de sa qualité de relance pour l'utiliser derrière et ça a pu le frustrer, car il aimait porter le ballon et ça le démangeait un peu. A partir du foot à 11, je l'ai fait monter dans un rôle de numéro 6 car j'estimais que le faire jouer dans la densité lui permettrait d'augmenter son volume de courses et sa capacité à faire les efforts sans ballon, car il avait tendance à utiliser sa bonne lecture des trajectoires pour en récupérer. Son éclosion à ce niveau était-elle prévisible ? S'il loue les grosses qualités de son ancien protégé, celui qui est également recruteur préfère rester mesuré. Prévoir qu'un très jeune joueur finira par être titulaire en Ligue 1 à 19 ans est toujours délicat. Soungoutou faisait partie des meilleurs profils à son poste sur la région IDF, donc bien sûr qu'il avait a minima le potentiel pour réaliser le parcours qui est le sien actuellement."

Thomas Gucciardi, à la Turbie

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