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15 janvier | 11h45

Stéphane Nado : "Lancer des jeunes, ça fait partie de l’ADN de l’AS Monaco"

Ses premiers mois auprès du groupe N2 de l'AS Monaco, le court intérim réussi à la tête de l'équipe pro, les jeunes qu'il a lancés en Coupe de France... Stéphane Nado s'est confié dans un entretien exclusif pour Actufoot. (Crédit photo : Icon Sport).

AS MONACO N3 AS MONACO AS MONACO L1 STEPHANE NADO

Environ six mois après votre arrivée à l'AS Monaco, quel premier bilan personnel êtes-vous en mesure d'effectuer ?

On sera à mi-saison samedi soir après le match contre Marignane à domicile (15e journée de National 2, 18h). Être à la tête de l’équipe réserve, c’est un beau projet de formation. L’objectif de départ est de faire progresser nos jeunes joueurs par la valorisation de chacun au quotidien. On peut le ressentir durant les entraînements, l'accompagnement et la vie de tous les jours. L'idée, c'est d'essayer de les développer avec l'objectif final de les amener vers l’équipe première.

Quels sont les facteurs vous permettant de juger leur progression individuelle mais aussi globale ?

Elle peut se mesurer de plusieurs manières et selon plusieurs indicateurs. Depuis cet été, beaucoup de nos garçons s’entraînent régulièrement avec les professionnels sur les dates FIFA. Certains ont pu participer à des matches de championnat voire d’Europa League en prenant place sur le banc comme Felix Lemaréchal, Maghnes Akliouche ou Florian Baranik. Quasiment chaque semaine, des garçons ont cette chance de s’évaluer au contact des professionnels et c’est hyper important pour une future carrière. C’est aussi une manière pour nous d’exister contre des adultes dans ce championnat de N2 bien plus difficile que le N3. On a d'ailleurs mis un peu de temps à s’adapter avec quelques difficultés dans les quatre premiers matches mais les garçons se sont bien accrochés. On ressent une belle progression qui nous a permis de faire une très bonne série et des prestations abouties sur cette première phase. Maintenant, j’aimerais bien qu’on aille encore plus loin dans notre capacité à prendre le ballon et imposer notre jeu. On va essayer de placer le curseur et le niveau d’exigence encore plus haut.

Cela nécessite de la personnalité chez eux ?

Les garçons ont pris confiance après une période d'appréhension liée aux risques qu'on prend dans le jeu. Quand on part du gardien pour construire et qu'on est en formation, on est souvent sous pression mais c’est une bonne situation pédagogique d’apprentissage. Cela permet de développer chez nos jeunes leur perception des décisions à prendre. Tout ce travail est mis à profit dans une perspective de progression des garçons. Vous l'avez dit, la personnalité c'est important quand on aspire à faire une carrière pro qui plus est avec l'équipe première de l'AS Monaco. A un moment donné, il faut de la personnalité, du caractère.

L’été dernier, l’AS Monaco a fait le choix de recruter plusieurs éléments plus expérimentés (Lucas Larade, Anthony Ranieri, Raphaël Pioton, Jean-Bernard Dionou) pour renforcer cette équipe réserve. Ca partait de quel constat ?

Le club s'est rendu compte qu'il y avait un trop gros déficit au niveau des jeunes générations notamment sur les profils offensifs. Ils l’ont fait toute la saison précédente et quand je suis arrivé, l’idée c’était de voir des garçons un peu plus matures dans ce secteur précis. On a aussi eu une opportunité avec Lucas Larade, un défenseur mais la priorité était devant. C’est pourquoi plusieurs garçons nous ont rejoint. C’est un avantage pour l’équipe, ils montrent l’exemple et poussent tout le monde vers le haut.

En termes de temps de jeu, c’est Lucas, un défenseur, qui joue finalement le plus (11 matches). Dans une logique de formation, les joueurs de l'Académie ont tout de même bien la priorité, non ?

Effectivement c’est lui qui détient le plus de temps de jeu pour le moment. Lucas s’est imposé naturellement. Il faut aussi prendre en compte le fait que quelques-uns de nos joueurs devant ont été blessés d’où leur absence sur le terrain. Ce constat a été fait l'année dernière, il était ponctuel. Sur les prochaines saisons, l’AS Monaco souhaite jouer avec des équipes plus jeunes. C’est bien d’encadrer les jeunes avec des joueurs matures mais il y a un danger : avoir un effectif trop large avec des garçons sur certains postes qui peuvent éventuellement prendre la place d'éléments d'avenir à l’AS Monaco.

On entend souvent dire que le processus de formation est prioritaire comparé aux résultats que l'on peut obtenir à ce niveau. Quid à l'AS Monaco ?

Oui tout à fait ! Le travail et l’exigence quotidienne, ça nous prend une grosse partie de la semaine. Le match, bien sûr, reste important et complémentaire. On ne peut pas le dissocier, ça fait partie du projet de formation. D’ailleurs, on souhaite que nos garçons soient compétiteurs, qu’ils aient envie de gagner tous les jours à l’entrainement car c'est ce qu'on va leur demander en pro.

Ces séances vidéos sont aussi importantes pour le développement du joueur. Beaucoup sont visuels, ils ont le besoin de se revoir sur des séquences courtes, sur les ballons touchés ou des situations courtes. On s’appuie surtout sur ce que nous faisons et pas sur ce que fait l’adversaire, on a déjà assez à faire

La vidéo est devenue un outil indispensable dans le football. Comment l'utilisez-vous pour les débriefs ?

On s’appuie beaucoup sur la vidéo. Les matches sont filmés partout maintenant même en National 2 donc on récupère les images après le match et on debrief avec les garçons dans la semaine. On évoque les aspects positifs et négatifs du jeu, les différentes attitudes observées sur le terrain. On fait aussi des debriefs individuellement chaque semaine, on choisit 5 ou 6 joueurs pendant une demi-heure. Ces séances sont aussi importantes pour le développement du joueur. Beaucoup sont visuels, ils ont le besoin de se revoir sur des séquences courtes, sur les ballons touchés ou des situations courtes. On s’appuie surtout sur ce que nous faisons et pas sur ce que fait l’adversaire, on a déjà assez à faire.

Diriez-vous qu’ils sont demandeurs ?

C’est assez variable, ça dépend des joueurs. Globalement, ils sont quand même très visuels et intègrent mieux les choses en revoyant les vidéos mais il n'y a pas de vérité là-dessus.

Vos dirigeants ont récemment fait appel à vous pour diriger l'équipe professionnelle à QRM après le départ de Niko Kovac. Avez-vous eu le temps d'échanger avec Philippe Clement, d'effectuer une sorte de mini passage de témoin ?

On n’a pas encore eu l’occasion d’échanger mais c’est prévu très prochainement ! Il ne faut pas oublier qu’on travaille sur des sites différents pour les entraînements donc on ne se croise pas quotidiennement. Concernant l’intérim, j’ai trouvé les garçons impliqués, concernés dans l’idée du jeu et dans ce qu’on voulait mettre en place. Un jeu fait de pressing avec beaucoup d’intensité et de verticalité, à l'image de ce que je demande aux jeunes de la N2 depuis le début de l'année. Au cours de mon intérim, des garçons d'expérience ont été réceptifs et ont porté l’équipe notamment comme Ruben (Aguilar), Kevin Volland et Wissam (Ben Yedder). Ils ont porté les jeunes vers la victoire et j'ai apprécié l'état d'esprit.

Quand on est habitué à entraîner des jeunes et qu’on se retrouve, ne serait-ce qu’une ou deux séances avec des joueurs comme Ben Yedder, Fabregas ou Golovin, ça fait quelles différences ?

Notamment sur l’aspect technique mais aussi au niveau des placements, de l’orientation du corps. Tout ce travail est plus simple avec ces joueurs, on se rend compte pourquoi ils sont internationaux ! Par contre, ce n’est pas une première pour moi. En 2012, aux côtés de Corentin Martins, j’ai pu coacher une équipe de Ligue 1 (Brest) pendant un peu plus d’un 1 mois. J’ai aussi épaulé Corentin sur la sélection de Mauritanie pendant 1 an et demi. Par le passé, j’ai donc déjà évolué avec des seniors mais là on touche des joueurs de très haut niveau. C’est agréable d'autant plus quand dans le match, il se passe ce qu’on avait mis en place quelques heures plus tôt. J'ai vu une certaine joie, des sourires dans le groupe, c'était une expérience agréable à vivre.

Vous la saviez forcément de courte durée. Il faut ainsi savoir profiter de ces instants où l'on se trouve un peu plus dans la lumière ?

Oui c’était court, on m’avait bien donné l’objectif de la qualification en Coupe de France sur le match du dimanche. J’étais très content d’être sollicité et de voir que l’on me faisait confiance pour cette mission. L’objectif final a été réussi grâce aux joueurs et notamment la manière dont ils ont joué en gardant un bon état d’esprit. Je retiens beaucoup d’éléments positifs.

En tant qu’entraîneur d’une équipe réserve, sait-on pertinemment qu'on peut être amené à monter auprès du groupe pro ou est-ce quelque chose qui vous tombe dessus ?

Cette mission n’était pas du tout dans mon esprit quand j’ai signé à Monaco cet été (sourires). Dès mon arrivée, j’étais tellement focalisé sur la progression de mes joueurs donc je ne me suis pas projeté sur autre chose. Vous savez, les semaines sont bien chargées en National 2 ici à La Diagonale. Bien sûr, il faut s'avoir s'adapter que ce soit avec les jeunes ou les pros, c'est la première qualité à avoir lorsqu'on est formateur ou entraîneur de football. Quand c'est arrivé, j'ai senti que j'entrais dans une autre sphère mais ça s'est bien passé car le club est très structuré. Je pense aux garçons qui nous ont accompagnés à la vidéo et j'ai eu la chance d'avoir Damien Perrinelle qui connait l'effectif. Toutes ces personnes nous ont aidé à préparer et à gagner le match à QRM.

Quand c'est arrivé, j'ai senti que j'entrais dans une autre sphère mais ça s'est bien passé car le club est très structuré

Vous avez lancé dès le coup d'envoi Félix Lemaréchal et Yllan Okou tandis que Maghnes Akliouche et Soungoutou Magassa sont également entrés en jeu. Pour deux d'entre eux (Okou et Magassa), vous resterez l'entraîneur qui les aura lancés chez les pros.

Très honnêtement, on s’appuie énormément sur la formation. Beaucoup de grands noms sont sortis du centre de formation et nous avons actuellement des joueurs formés ici qui jouent en équipe première comme Benoît Badiashile ou Eliot Matazo. Lancer des jeunes, ça fait partie de l’ADN de l’AS Monaco.

C'était important de pouvoir observer certains de vos jeunes joueurs de N2 dans un contexte différent ?

Oui, je n’ai aucun soucis à mettre des jeunes joueurs en situation, cela prouve leur niveau, leur capacité à s’adapter à plus de vitesse et de justesse. Quand ce sont des joueurs avec beaucoup de qualités, je ne me prive pas de les faire jouer même s’ils ont seulement 17 ans. Si on revient sur Yllan et Soungoutou, ils étaient sur une bonne dynamique avec des prestations accomplies en N2. Concernant Magassa, il a encore une marge de progression mais il a du potentiel. C'était important pour moi de le valoriser lui et l'Academy après les bonnes séances qu'il avait effectué en amont du match..

La poule C de N2 est impactée par quatre reports de match ce week-end. Comment appréhendez vous cette deuxième partie de saison dans cette période d'incertitude ?

On essaie d'occulter un peu ce qui se passe au niveau de la crise sanitaire. Ces 15 derniers jours, on s'est bien préparé avec notamment le match amical disputé contre Aubagne le week-end dernier pour justement se mettre dans des bonnes conditions pour la réception de Marignane. On reste sur la même logique que pour la première partie de la saison : la progression de nos joueurs avec des exigences supplémentaires. On va essayer de développer au maximum leurs compétences en matière d'intensité, de concentration, de rigueur et d’application. On peut rigoler avant et après mais pendant les séances, il faut avoir un maximum d'exigence pour progresser individuellement et développer nos joueurs. Le but est qu’ils soient un maximum à montrer leurs qualités aux entraînements et lors des matches avec Philippe Clement.


Propos recueillis par Thomas Gucciardi

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