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Interviews

23 juillet | 11h55

Stéphane Kunz : « Un club qui ne se prend pas pour ce qu'il n'est pas »

Avec 556 licenciés, le FC Roche Saint-Genest est le troisième club ligérien en nombre de licenciés dans la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes. Pour Actufoot, son président Stéphane Kunz explique la philosophie du club et les nouveaux défis auxquels il doit faire face.

LICENCIÉS LOIRE

Votre club fait partie des mastodontes régionaux en nombre de licenciés, quels sont les ingrédients de cette réussite ?

Je dirais qu'aujourd'hui nous avons la chance d'être reconnus pour la qualité de nos éducateurs. Il y a une certaine stabilité sur notre école de foot, avec des éducateurs performants. Nous avons un salarié en CDI, que nous avons embauché il y a deux ans mais qui était déjà au club depuis six. Il a fait un gros travail de fond concernant les éducateurs et l'école de foot en a tiré d'importants bénéfices. Cela se répercute sur les performances de nos équipes jeunes au fil des saisons. Aujourd'hui, nous avons des équipes évoluant au niveau ligue dans toutes les catégories, ce qui nous rend attractif pour nos licenciés et futurs licenciés.

Sur la saison qui se profile nous pensons ne pas perdre de licenciés sur l’école de foot

Stéphane Kunz

A cela s'ajoute le développement du football féminin depuis maintenant trois ans. Aujourd'hui, 17 à 18 % de nos licenciés sont des filles, même proportion dans l'encadrement et dans l'équipe dirigeante. Nous pouvons également mettre en avant la qualité de nos infrastructures. Nous avons une très belle pelouse à Saint-Genest, un très beau synthétique à Roche. Plus une autre pelouse, laissée malheureusement à l'abandon depuis quelques saisons mais qui est retravaillée depuis un mois.

La ministre des Sports a évoqué une perte globale de 20 à 30 % de licenciés tous sports confondus dans le pays, qu'en est-il dans votre club ?

Sur la saison 2020-2021, nous n’avons pas perdu de licenciés, sur la saison qui se profile nous pensons ne pas en perdre sur l’école de foot puisque nous avons constaté une assiduité aux séances. L’école de foot a eu la chance de s’entraîner presque normalement pendant la période que nous venons de connaître puisqu’elle n’était pas assujettie au couvre-feu et qu’il était plus simple de mettre en place du jeu sans contact pour ces catégories d’âges. Nous avons pu organiser 75 à 80 % des entraînements prévus. Alors, certes, il n’y avait pas les plateaux le week-end mais nous avons pu maintenir un rythme de pratique soutenu.

Les dernières catégories jeunes pourraient-elles être davantage impactées ?

Nous sommes plus inquiets pour les jeunes majeurs, c'est-à-dire les catégories U18-U20. Certains sont allés voir ailleurs, par exemple du côté de la musculation, d’autres sont allés davantage voir les copines (rires). Un autre motif d’inquiétude concerne les dirigeants. Ici aussi, certains d’entre eux se sont rendus compte qu’il existait une vie sans leur sport préféré : les grands-parents ont pu profiter de leurs petits-enfants par exemple. Donc reprendre un rythme dans lequel on se consacre beaucoup aux autres, quand on a été habitué à penser à soi, ce n’est pas évident.

Nous devons être justes avec les parents et les enfants

Stéphane Kunz


Quelle image rattache-t-on le plus souvent au FCRSG ?

Quand on prend du recul, on s'aperçoit que le FC Roche Saint-Genest est considéré comme un club familial, qui ne se prend pas pour ce qu'il n'est pas, qui essaye de gérer aussi bien la quantité que la qualité. Cette réputation prend ses racines dans l’histoire du club et le travail fourni en amont par nos anciens dirigeants. Les fondations reposent sur de nombreuses valeurs humaines fortes.

Justement, comment parvenez-vous à gérer la surabondance de demande d’inscription ?

Je dirais que c'est aujourd'hui notre principal défi. Nous faisons tout pour éviter la casse humaine après l'école de foot. Sur l'école de foot, nous accueillons tout le monde, nous sommes 40 en U6-U7, 60 en U8-U9, après on passe à cinq équipes U11, quatre équipes U13, donc tout doucement l'entonnoir se réduit. Nous sommes obligés de dire à certains enfants "il faut peut-être que tu te diriges vers un autre sport". Ce n'est pas dans notre philosophie, il faut que l'on apprenne. Mais nous devons être justes avec les parents et les enfants. Le niveau de pratique augmente en avançant dans les catégories.


Je ne pense pas que le Covid puisse porter préjudice à la pratique

Stéphane Kunz

Quand on arrive en U15, avec une équipe qui évolue en R2, il faut avoir pu jouer au niveau ligue en U14. Ce n'est pas toujours simple de concilier l'humain et le sportif, mais nous nous y attelons. Nous savons qu'il sera difficile d'aller chercher la R1 en jeune comme en Seniors, mis à part sur un phénomène de génération. Les contraintes sont d’abord financières : en Seniors, nous ne donnons pas de prime de match, nous préférons indemniser nos éducateurs et embaucher des salariés.

Le Pass' Sport mis en place par le gouvernement peut-il donner un coup de pouce ?

Pour moi, c’est de la politique tout ça. Il y a un effet d’annonce. Sur nos deux communes, la population est plutôt privilégiée, donc ces mesures ne devraient pas nous concerner. Mais je pense qu’on aurait d’abord dû aider les clubs. Donner un pass’ sport de 50 euros à une famille pour prendre une licence dans un club de foot, qui est le sport le plus populaire et où les licences ne sont pas très chères, je ne suis pas certain que cela fera pencher la balance. Pour moi, l’Etat aurait d’abord pu aider les clubs en aidant à former des éducateurs ou à créer différents types d’animation.

La pratique du football peut-elle se retrouver impactée sur le long terme par la crise sanitaire que nous traversons ?

Comme je l’ai dit, nous sommes un sport populaire avec des licences qui ne sont pas chères. Nous sommes un sport de contact certes, ce qui peut amener certains parents à se poser des questions vis- à-vis du covid, mais nous ne sommes pas non plus le rugby. D’autres phénomènes de société peuvent provoquer un désamour envers notre sport, mais je ne pense pas que le Covid puisse porter préjudice à la pratique.

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