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17 octobre | 0h00

Tempête Alex : les clubs de foot de l'arrière-pays niçois touchés, le District à la rescousse

Le bilan est lourd pour les clubs de l'arrière-pays niçois après le passage de la tempête Alex. Le District Côte d'Azur a réagi pour aider ses clubs.

23 min.
ASR DCA ASS
Stades englouties, vestiaires infiltrés d'eau, buvettes saccagées... Le bilan est lourd pour les clubs de l'arrière-pays niçois après le passage de la tempête Alex. Le District Côte d'Azur se devait de réagir pour aider ses clubs. Focus.

Des clubs de foot touchés, d’autres coulés

« Je suis pompier professionnel, je travaille dans la salle des commandements qui a géré tout ça après la tempête. Je n’avais jamais vu ça, avec cette vitesse-là… J’ai répondu aux appels des gens qui ont disparu et des victimes, et j’ai envoyé sur le terrain les secours appropriés. Il y a eu un centre de commandement qui s’est monté, on a essayé de gérer la crise comme on a pu. Au départ on pouvait appeler, puis il y a eu une coupure de réseau, plus d’appel… » Ludovic Massolo, pompier au CODIS (Centre Opérationel Départementale d’Incendie de Secours) et président du FC des Vallées Var Vaire, est encore sous le choc plus de 15 jours après les événements.

Les dégâts sont considérables. Vies arrachées, maisons éventrées, ponts écroulés, voitures ensevelies et… stades englouties. Même le football, cette passion qui aurait pu servir à rebooster les habitants des communes touchées, a subi les conséquences de la tempête Alex du 2 octobre 2020.

« Toutes les routes ont été coupées, des joueurs n’ont pas pu venir aux entraînements«

Certains clubs de football, comme le FC des Vallées Var Vaire, s’en sont plutôt bien sortis alors qu’à l’inverse, à Saint-Martin-Vésubie, le stade n’existe plus. « Le club de Vallées Var Vaire n’a pas été touché, le stade non plus, par contre toutes les routes ont été coupées, des joueurs n’ont pas pu venir aux entraînements et on a dû reporter des matchs en U8, U9, U11 et U13, explique le président du club en rassurant, dès mardi on a réattaqué les entraînement pour Seniors et Vétérans, même si beaucoup ne sont pas venus car il y a une panne de réseau et des routes coupées. Aujourd’hui, on est même reparti à fond avec tous les petits ». Le FC des Vallées Var Vaire a tout de même pris la précaution d’organiser des réunions avec les éducateurs « pour les petits et leurs parents qui étaient choqués ».

Du côté de l’AS de Sospel, les dégâts ont été minimes même s’il y a eu « des infiltrations d’eau à la buvette et dans les vestiaires » nous informe Frédéric Dubar, secrétaire général du club. Mais au niveau des infrastructures, rien du tout, « un arbre à côté du stade a été abattu mais il est tombé du côté de la rivière » détaille un témoin. Seul gros problème pour le club de l’AS Sospel, c’est que le terrain a été réquisitionné pour les hélicos. « 10 jours qu’on n’a plus d’entraînement et pour les matchs de championnat, on est obligé de téléphoner au district pour jouer à l’extérieur » regrette le bureau du club.

« Le stade de Breil n’existe plus«

D’autres clubs de l’arrière-pays niçois, eux, ont affaire à des problèmes bien plus importants. C’est le cas de Club Sport Vésubie par exemple. « Nous, on a été très fortement touchés, le stade ressemble à une piste d’aéroport. On n’a pas d’électricité, pas d’eau, on vient à peine de récupérer la communication. On est en vie, c’est déjà ça » veut positiver le président Florian Guigonis, devant les journalistes de So Foot.

Le stade de Saint-Martin-Vésubie avant la tempête :

Le stade de Saint-Martin-Vésubie après la tempête :

Michel Gilli, président de l’AS Roquebillière, lui-même évacué le vendredi soir car piégé par la tempête, a vécu un moment agité. Les infrastructures de son club, aussi, ont été touchées, comme il l’a expliqué dans l’émission radio La Voix du Foot lundi dernier : « Nos vestiaires étaient dans le nouveau gymnase donc ils ont résisté car construits pour résister à une crue. Notre terrain par contre a été envahi par de la boue et du sable ». Le club est lui aussi à l’arrêt et pourra reprendre soit pendant les vacances scolaires, soit un peu après.

L’AS de La Roya connaît le même triste sort, Raul Carton, son secrétaire général, nous a fait l’état des lieux : « Le club va entre Breil, Fontan, St Dalmas, Tende, toute la Roya. Tout ce qui est au dessus de Breil, il n’y a aucun moyen de communiquer avec eux. Le stade de St Dalmas a été impacté, il est situé à côté du cimetière qui est parti à l’eau et une partie du stade a été détruite. Le stade de Breil n’existe plus je pense dans la mesure où le camping situé à proximité a disparu. Les enfants, même ceux de Breil, sont partis pour la plupart. Le club est en suspens jusqu’au début de l’année prochaine. On a demandé au District d’arrêter la compétition au moins jusqu’à la prochaine phase des championnats. Il n’y a plus moyen de s’entrainer à moins de se déporter à Sospel, mais c’est compliqué. On s’est mis en sommeil parce qu’on a autre chose à penser ».

Le foot amateur, une grande famille…

Juste après la catastrophe, le football azuréen s’est mobilisé. On a vu les supporters de l’OGC Nice de la Populaire Sud débarquer à Breil-sur-Roya avec pelles et brouettes pour aider à désencombrer les routes. On a vu le Club de supporters de l’AS Monaco et les Ultras Monaco 1994 organiser une récolte de fonds au profit des victimes. On a vu un appel aux dons de la Selecioun. L’AEF de Côte d’Azur s’y est mis en organisant des plateaux afin d’aider les sinistrés.

Puis les gros clubs du coin ont pris le relais, le VSJB FC a envoyé au Palais Nikaïa deux ambassadeurs de choix, en la personne de Sébastien Frey et de Fayçal Sahour, pour distribuer les produits récoltés par le club. Les petits clubs ont aussi mis la main à la patte, parfois plus que les grosses écuries azuréennes d’ailleurs. L‘Entente St Sylvestre-Nice Nord a réuni une centaine de packs d’eau pour les victimes, sans compter les denrées alimentaires données par les licenciés du club. Tout le département a montré que la solidarité était une valeur importante du ballon rond.

« Le club de St André m’a appelé pour me demander des nouvelles »

« Il y a une énorme solidarité. J’ai un joueur qui travaille avec moi, on est sur le pont depuis trois jours, sans eau et sans électricité. Il y a eu une entraide entre joueurs, notamment plus bas dans la vallée. On a fini chez l’habitant. Dans les autres villages, ils ont pu s’entraider, en récupérer un ou deux » a raconté Florian Guigonis, Président du Club Sport Vésubie, à So Foot. « Le club de St André m’a appelé pour me demander des nouvelles. Aussi, on a joué contre équipe St Isidore en U15, ils devaient faire entre 2h et 2h30 de route pour venir nous voir. Ils nous ont dit que s’ils devaient le faire, ils le feraient. On a vraiment apprécié » remercie le président du Vallée Var Vaire.

Dans cette situation, la solidarité entre clubs de l’arrière-pays est encore plus forte. « La solidarité va se mettre bien en place, j’espère en tout cas. Avec nos clubs amis, on essaie de s’entendre parce qu’on est en difficulté dans les vallées. C’est un peu foutu pour eux, là. Ou en tout cas, ce n’est vraiment pas la joie. Ce qui risque d’arriver, c’est qu’on aille les soutenir, histoire que leur club soit encore viable le temps qu’ils aient de nouveau un stade, s’ils arrivent à en avoir un » a déclaré Fabien Bernaud, trésorier, entraîneur et joueur à Sospel. Deux joueurs, pompiers volontaires de Sospel, sont également partis à Breil-sur-Roya pour aider les victimes.

Le District au secours des clubs de l’arrière-pays

Ne soyons pas fatalistes, même si la situation s’y prête. Heureusement, le football amateur est essentiellement constitué de bénévoles, ce qui limite les pertes financières. Cependant, les dégâts matériels sont colossaux et quelques clubs vont obligatoirement subir, juste après les pertes dues à la Covid-19, des conséquences économiques.

« On ne peut plus faire de matchs à domicile, la buvette ne marche pas, donc forcément il y a un petit manque à gagner, révèle le patron de l’AS Sospel, Parents et joueurs commencent à gronder donc on a peur de perdre nos jeunes licenciés ». A ce signal d’alerte, le District Côte d’Azur n’a pas tardé pour réagir. Juste après la tempête, le président Edouard Delamotte a appelé tous les clubs de l’arrière-pays niçois pour connaître l’ampleur des dégâts et surtout soutenir ces associations en peine.

« Tous se sont occupés de nous. Il faut le signaler, un soutien total du district ! J’étais même étonné que le président Delamotte m’appelle en personne. il nous a dit qu’il allait décaler tous nos matchs, et il m’a même proposé des dates pour les rattraper » félicite le président du FC des Vallées Var Vaire. L’entraide et l’optimisme seront les meilleures réponses à cette catastrophe, et ça, le football azuréen l’a bien compris.


Edouard Delamotte « On a monté un fonds de solidarité »

Edouard Delamotte ITW

M. Delamotte, avant la tempête, on a été mis au courant que quelque chose de grave se préparait. Les écoles et lycées ont même fermées leurs portes. Comment avez-vous réagi pour les clubs de la Côte d’Azur ?

On est resté derrière. On a pris la température. En effet, la tempête était attendue sur le département à tel point que le préfet avait décidé de fermer les écoles. Face à ça, il n’y avait plus grand chose à dire aux clubs. Tout est fermé ! Que pouvait-on dire de plus ? On a maintenu les plateaux de samedi et du dimanche, ça s’est joué normalement sauf à Roquebillière et dans les Vallées, mais personne n’attendait cette bombe là-haut. Le préfet avait fermé les écoles, mais si on avait su que ça allait faire ça… Ils auraient évacué les gens des immeubles si on avait su avant que ça allait être aussi fort.

Mais vous avez tout de même appelé tous les clubs, tant bien que mal, pour prendre des nouvelles…

Effectivement, dès que nous avons eu l’info, j’ai appelé les clubs, avec beaucoup de difficulté, car beaucoup n’étaient pas joignables. Les lignes fixes étaient foutus en l’air, les portables ne fonctionnaient pas non plus. On a eu le président de Breil il y a quelques jours, on a pris le soin de voir ce qui se passait. Les procédures sont mises en place ! On a pris des dispositions pour que les équipes qui ne pouvaient pas jouer et qui viennent des Vallées ne soient pas « punies » d’un forfait au cas où elles ne peuvent pas venir. On reportera les matchs sinon on les mettra en congés, le temps qu’il faut. On ne pourra pas remettre toutes ces rencontres donc il y aura des matchs perdus, mais ils ne seront pas sanctionnés.

Est-ce que vous allez aider ces clubs ?

Parallèlement à tout cela, on travaille dans l’intimité. On a monté un fonds de solidarité, ce qui fait à la louche au départ minimum 20.000 euros. On va donner de l’argent ! La situation n’est pas du tout identique selon les clubs, pour la Vésubie il n’y a plus du tout de terrain, ni d’équipement, donc on va rééquiper la Vésubie. Pour Roquebilière, il y a un problème pour enlever la boue sur le terrain, mais le matériel est sauvegardé, donc eux on va leur faire une bourse de frais de déplacement s’ils doivent se déplacer pour jouer. A l’AS de la Roya, ils ont tout perdu, on va entièrement rééquiper le club.

Comment avez-vous réuni cet argent ?

Ce fonds de solidarité a été décidé lors du comité directeur. Tous les clubs qui étaient absents à la dernière assemblée se voient administrativement punis d’une amende de 80 euros. On a décidé que ces amendes allaient alimenter ce fonds de solidarité, pour servir les club sinistrés.

D’autres solidarités se sont organisées ?

Le District de l’Aude à Carcassone, un district ami que nous avions aidé lorsqu’il y avait eu les inondations, nous a adressé un chèque de 1000 euros que nous avons abondé sur ce fonds de solidarité. On en est à pas loin de 5000 euros, mais ça va continuer ! Il y a aussi l’opération par l’AEF à laquelle nous allons participé. On va mettre les moyens d’assistance pour cette opération et tous les droits d’engagement seront administrés sur le compte des clubs et le district doublera les inscriptions. D’une manière efficace et ordonnée, on a tout fait pour que les enfants de la Vallée puisse jouer au foot.

Vous avez été réactifs.

C’est notre rôle. J’étais il y a quelques jours avec le secrétaire général de l’AS de Sospel. Il n’a pas de dégâts particuliers. Par contre, ils sont en rade de terrain car il est bloqué par Enedis pour mettre tout le matériel de dépannage. C’est un dossier que je suis particulièrement avec le comité directeur. Est-ce qu’on a été réactif ? On ne va pas attendre l’été pour faire en sorte que les gens rejouent au foot. Si on ne réagissait pas, nous, district, on aurait aucune raison d’être là. C’est tout a fait normal qu’un district vienne s’inquiéter du sort de ses clubs et vienne mettre en place un programme de soutien.

Keevin Hernandez

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