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6 avril | 13h15

Thierry N'Joh Eboa : "L'argent ça ne fait pas tout, surtout en N2"

Le latéral gauche de Louhans-Cuiseaux réalise une saison pleine au sein d'une équipe qui s'est invitée dans la lutte pour le haut de tableau malgré des moyens modestes. Pour Actufoot, Thierry N'Joh Eboa parle de son poste, de son équipe, de son championnat et de son avenir. (Crédit photo : Sophie Descours)

NATIONAL 2 N2 C LOUHANS-CUISEAUX LOUHANS-CUISEAUX N2 Thierry N'Joh Eboa

Que peux-tu nous dire sur ta 2ème saison en Saône-et-Loire ?

Il reste 7 matches mais si on devait déjà faire un mini-bilan avant la fin de saison, on peut dire que ça ne s'est pas trop mal passé pour nous. A titre perso, j'enchaîne les matches, je me sens bien.

C'est au poste de latéral gauche que tu t'épanouis le plus, c'est ça ?

Exactement. C'est mon poste de prédilection. Maintenant, je peux dépanner ailleurs. Cette saison, vu qu'on a un effectif restreint, et pour pallier à des blessures ou suspensions, j'ai été amené à jouer à des postes auxquelles je n'aurais jamais imaginé jouer. Par exemple, latéral droit. Pour un latéral gauche, c'est super rare. Je l'ai fait à contrecœur au début et puis finalement je m'en suis bien sorti. Je me suis même senti bien à ce poste-là ! Il s'avère que j'ai pu me montrer décisif sur certaines phases de jeu alors qu'à gauche ce n'était pas le cas.

Quel regard portes-tu sur ce poste de latéral, qui ne cesse de gagner en importance dans un onze ?

Mon impact offensif dépend de la physionomie du match et de l'adversaire mais quand je peux apporter offensivement, je prends plaisir à le faire. Désormais, on demande à un latéral d'avoir des stats alors qu'avant on lui demandait de bien garder son couloir. En plus de défendre, il faut désormais posséder des qualités de contre-attaquant.

L'argent ça ne fait pas tout, surtout en N2. Quand tu veux jouer le haut de tableau, il faut créer un groupe, un état d'esprit. Chose que certains n'ont pas compris, pensant qu'un gros budget suffirait à décrocher la montée. Si c'était si facile, le PSG aurait déjà gagné la Ligue des champions !

Passer sur 3-4-3 ou du 3-5-2 avec un rôle de piston, ça te plairait ?

Le coach (Frédéric Jay ndlr) a déjà adopté ce système en cours de match, pour aller chercher un résultat notamment. Mais jamais au coup d'envoi. Personnellement, je n'ai jamais eu l'occasion d'évoluer à ce poste. Mais ça me tente, bien sûr, En plus, j'ai le coffre pour faire les allers-retours. Après, ce n'est pas un dispositif qui se met en place du jour au lendemain, il faut avoir les joueurs pour.

Parlons de cette poule C de N2. Qu'en penses-tu ? Tout le monde dit que c'est la poule la plus relevée des 4...

Tu m'as ôté les mots de la bouche. Pour moi qui ai connu pratiquement toutes les poules de National 2, celle où il y a les plus grosses équipes, c'est la poule du sud. C'est là où il y a les plus gros budgets et la plus grande homogénéité. Dans les autres poules, tu as 4 équipes max dont tu sais qu'elles joueront le haut de tableau dès le début de saison. Alors que dans celle-ci, tu en as peut-être 7 qui ont les moyens et l'effectif pour...

J'espère qu'ils (GOAL FC) ne connaîtront pas le même destin que moi quand je jouais à Sedan. On avait fait un début de saison parfait (13 victoires, 0 buts encaissés) avec 8 points d'avance sur le 2ème, Bastia. Finalement, on se fait rattraper, la saison est arrêtée et c'est Bastia qui monte en National.

Et parmi tous ces cadors, Louhans-Cuiseaux fait bien mieux que de la figuration.

Clairement. Nous avons l'un des plus petits budgets, l'un des effectifs les plus restreints et pourtant on a réussi à prendre énormément de points. Quand on voit des équipes comme Hyères ou Lyon - La Duchère batailler pour le maintien, on se dit qu'on s'en sort très bien. L'argent ça ne fait pas tout, surtout en N2. Quand tu veux jouer le haut de tableau, l'humain compte. Il faut créer un groupe, un état d'esprit. Chose que certains n'ont pas compris, pensant qu'un gros budget suffirait à décrocher la montée. Si c'était si facile, le PSG aurait déjà gagné la Ligue des champions ! En plus en N2, seul le 1er de chaque poule monte.

La montée en National n'est jamais acquise. GOAL FC n'a plus que six points d'avance, comment vois-tu la fin de saison ?

Quad tu es premier, c'est toi qui a la pression. Leur avance s'est réduite de 10 points à 6 points en quelques semaines. Derrière, le FC Martigues est en mode chasseur. Maintenant, GOAL FC a son destin en mains, à eux de faire le taff pour valider cette montée. On les a joués il y a trois semaines (0-0), on voit que c'est costaud. On les a mis en difficulté, on avait à cœur de les bousculer chez nous. J'espère qu'ils ne connaîtront pas le même destin que moi quand je jouais à Sedan. On avait fait un début de saison parfait (13 victoires, 0 buts encaissés) avec 8 points d'avance sur le 2ème, Bastia. Finalement, on se fait rattraper, la saison est arrêtée et c'est Bastia qui monte en National.

On m'a sorti une phrase cruelle mais réelle il n'y a pas longtemps : "tu es plus proche de la fin de ta carrière que du début". Il ne faut pas se voiler la face, c'est un fait. C'est pourquoi, j'aimerais goûter au niveau du dessus.

Évoluer en National, c'est un objectif pour toi ?

On m'a sorti une phrase cruelle mais réelle il n'y a pas longtemps : "tu es plus proche de la fin de ta carrière que du début". Il ne faut pas se voiler la face, c'est un fait. C'est pourquoi, j'aimerais goûter au niveau du dessus. Avec Louhans, on était dans les trois premiers pendant un moment, on parlait de monter. En plus on est une bande de potes, on passait pas mal de temps ensemble en dehors du foot. C'est comme ça que tu construis un groupe pour aller chercher la montée. Au club, j'avais même proposé une "Performance Manager". C'est quelqu'un qui s'occupe de la partie invisible du travail du footballeur. J'en ai parlé aux dirigeants et au staff, ça les a branché. Elle intervenait une ou deux fois par mois pour nous donner des conseils. J'avais donc l'espoir de monter avec Louhans cette saison, ça risque d'être compliqué même si tout reste encore possible. En tout cas, le National est un objectif pour moi.

Ton parcours n'est pas linéaire. Peux-tu nous en redonner les grandes lignes ?

J'ai bougé un peu partout c'est vrai. Je viens de la région parisienne. Puis je pars pour le centre de formation de Bastia à 15 ans, où je signe 3 ans aspirant, et j'y reste jusqu'à mes 21 ans. Après, comme tout joueur qui ne signe pas pro dans son club formateur : retour à la case départ. Je rentre donc chez papa et maman et je décide de me bagarrer dans le monde amateur, où j'ai beaucoup appris. J'ai passé notamment 3 ans à Saint-Malo et je sortais de la meilleure saison de ma vie avec Sedan, où on commence par 13 victoires en 13 matches et aucun but encaissé. Puis j'ai rejoint Louhans à l'intersaison 2020.

Dans le monde amateur on se connaît tous. Il y a des gars dans d'autres clubs de ma poule qui me disent qu'ils s'entraînent et qu'après chacun fait sa vie. Personne ne se voit en dehors du foot. Et sur le terrain, ça se ressent.

On m'a dit que tu étais un ambianceur dans le vestiaire... Vrai ou faux ?

Je sais pas comment tu as eu cette info mais c'est clairement le cas ! (rires) Dans le vestiaire, je suis le DJ. Parce qu'un vestiaire où il n'y a pas de musique, c'est un vestiaire mort pour moi ! Je suis aussi celui qui lance les cris de guerre après les matches. J'aime quand il y a de la vie. Dans le monde amateur on se connaît tous. Il y a des gars dans d'autres clubs de ma poule qui me disent qu'ils s'entraînent et qu'après chacun fait sa vie. Personne ne se voit en dehors du foot. Et sur le terrain, ça se ressent. Plus tu passes du temps avec tes coéquipiers, plus il y aura de la solidarité sur le terrain. Un vestiaire dans lequel chacun est dans son coin, ça ne peut pas fonctionner pour moi.

Propos recueillis par Simon Marachian

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